Auteurs et autrices / Interview de Vincent Pompetti

Vincent Pompetti avait été remarqué pour Planète divine et Raspoutine. Avec Tarek au scénario, il reprend la série Sir Arthur Benton, saluée par la critique et le public. Rencontre avec un esthète.

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Vincent Pompetti Bonjour Vincent, pourrais-tu te présenter en quelques mots ?
D’origine italienne, je suis né et ai vécu en Belgique jusqu’il y a 7 mois, et maintenant je vis en Bretagne. Je pense donc avant tout être un citoyen sans drapeau, ce qui est une chance. Plus il y a multiplication de points de vue, plus le potentiel de souplesse est important.

Quels sont les auteurs, les artistes qui t’inspirent ?
Edmond Dulac, John Bauer, Vermeer, Rembrandt, Alma-Tadema, Waterhouse, Arthur Rackham, Mondrian.
En bd je dirais Harold Foster et Alex Raymond.

Tu débutes en 2002 avec Planète Divine. Est-ce que peut se lire comme un diptyque ou bien y aura-t-il une suite ?
Non il n’y a pas de suite. La collection n’était pas destinée à faire des séries, c’était un, deux, ou trois albums maximum.

Comment as-tu rencontré Tarek ?
A un salon du livre à Paris, lors d’une dédicace. Il a jeté un œil sur un de mes projets et est venu me proposer ensuite de travailler avec lui. A ce moment-là, il avait déjà Raspoutine en tête (que j’ai choisi d’abord pour le personnage), et on est rapidement tombés d’accord sur une histoire tournant autour des pirates.

Accéder à la fiche de Raspoutine Plus tard, tu travailles donc avec Tarek sur Raspoutine. Pourquoi ne pas nous avoir fait profiter de tes sublimes couleurs directes sur cette série ?
Parce que l’essentiel en bd est d’être au service de ce que l’on raconte, et tout de suite, Tarek voyait l’histoire au trait noir délié, avec de la couleur en aplat, pour donner un ton un peu orientaliste/art nouveau à ce récit du début de siècle en Russie. Je prends du plaisir dans ce graphisme aussi, et Emmanuel Proust abondait dans ce sens.

Je savais également que je ferais la majorité de mes futurs albums en couleurs directes, et l’expérience du trait me semblait indispensable pour le métier, donc la décision me semble logique.

Après, c’est une question de goûts, certains lecteurs ont acheté Raspoutine parce que c’était des amateurs du trait et non de la peinture…

La série s’est close avec le tome 3, sorti en juin. A chaud, quels sont tes sentiments sur Raspoutine ?
C’était enrichissant, car je ne connaissais pas grand-chose de cette planète à part qu’est la Russie. Le travail de documentation m’a permis d’approfondir cela sur plusieurs points de vue, politique ou historique.

Concernant la série elle-même, c’était un exercice d’équilibriste, il fallait illustrer à la fois des séquences feutrées, un personnage hors norme, des faits historiques, tout cela s’articulant autour du fait que Raspoutine a agi comme un révélateur dans son monde, sur qui on projetait des idées et qui en renvoyait d’autres.

Accéder à la fiche de Oeil Brun Oeil Bleu Vous avez fait ensuite Oeil Brun Oeil Bleu, un one shot sur la piraterie. As-tu utilisé beaucoup de documentation pour cet album ? D’une manière générale, en utilises-tu pour tes séries ?
Oui, l’univers des bateaux est très excitant à dessiner, mais mis à part la culture filmique, je ne suis pas né dedans, et dessiner un navire à voile est difficile à appréhender, puisqu’à moins d’être marin, on n’a pas de notions des dimensions ou de l’utilité de telle ou telle chose, au contraire d’une voiture ou d’une maison.

J’ai donc accumulé beaucoup de documentation et pris le temps de la digérer.
D’une manière générale la documentation fais partie de la discipline nécessaire pour arriver à bien placer la créativité.

Je crois que Jijé disait qu’il commençait par dessiner de mémoire, puis replaçait des ombres d’inspiration photographique pour avoir ce mélange harmonieux de réalisme et d’interprétation.


Certains lecteurs trouvent que cette histoire se termine un peu abruptement. Aurais-tu aimé faire une suite ?
Oui et non.
Il est vrai que ce projet était extrêmement plaisant à réaliser et qu’il aurait pu durer un peu plus, mais le ton léger et fantastique donné par Tarek me paraît bien dosé. Cela dépend de ce que l’on attend d’une histoire, et dans celle-ci, qui contient une dose de fantasmagorie, les retournements à la fin paraîtront satisfaisants, originaux ou rapides selon que l’on rentre dans la logique du récit ou pas. C’est subjectif.

Accéder à la fiche de Sir Arthur Benton Et te voilà sur le second cycle de Sir Arthur Benton. Comment es-tu arrivé sur ce nouveau projet ?
En bout de course ! Peu après avoir commencé « Œil brun », Tarek m’appelle pour me proposer cette suite. Stéphane Perger ne désirait plus continuer, et les sujets tels que la 2ème guerre mondiale, l’espionnage ou la guerre froide m’intéressent énormément depuis longtemps. D’ailleurs j’étais bon lecteur de la série !

Il y a eu un moment de réflexion, car reprendre le dessin et les personnages d’un camarade très talentueux est risqué, mais je ne suis pas du genre à regarder en arrière, et la perspective de travailler la complexité géopolitique de l’époque avec Tarek, stakhanoviste de l’Histoire, m’a rapidement galvanisé.

As-tu des contacts avec Stéphane Perger, le créateur graphique de la série ?
Oui, Stéphane et moi nous entendons très bien, il s’est d’ailleurs généreusement investi dans la maquette du dossier qui se trouve à la fin de l’album.

Une date de sortie est-elle arrêtée ?
Oui, pour octobre. Les premières dédicaces seront le salon du livre de Blois et St-Malo (qui verra également une exposition de Oeil Brun Oeil Bleu)

Une planche du 2eme cycle de Sir Arthur Benton As-tu d’autres projets ? Tu as fait Planète Divine en tant qu’auteur complet. Souhaites-tu écrire des histoires pour d’autres dessinateurs ?
Effectivement, j’ai des projets personnels en cours qui tournent autour de l’anticipation et la Science-fiction, mais il est un peu tôt pour en parler.

Ecrire pour d’autres, je me pose parfois la question. Si j’ai quelque chose à dire que je ne peux pas dessiner, peut-être bien, mais c’est encore vague.

Pour des questions ou des actualités, j’ai également ouvert un blog récemment : pompetti.canalblog.com

Vincent, merci.
Merci à vous
Interview réalisée le 19/08/2008, par Spooky, avec la participation de Miranda.