Auteurs et autrices / Interview de Arnaud Quéré
Un cochon qui crie au loup nous parle de son copain Anne sur un air de paradis. Ce n'est pas un manchot pour faire échec aux automates.
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Bonjour, J’ai 37 ans, Je travaille comme indépendant. Mon copain Anne est mon 7ème album de BD. Je suis aussi illustrateur dans le milieu du jeu (vidéo et de société), la presse et l’édition.
Tiens c’est marrant ton parcours, puisque tu as exercé dans à peu près toutes les professions dérivées du graphisme et de l’image : projectionniste, game designer, illustrateur indépendant et dessinateur de bandes dessinées. Quelle est la prochaine étape ?
Réussir à rentrer comme « gag-man » chez Carambar. Non, sérieusement j’aimerais bien trouver du temps pour me consacrer un peu plus à la sculpture. J’en fais en amateur depuis pas mal de temps et je trouve ça passionnant.
On apprend dans ton album Mon copain Anne que tu es très facétieux… Quelle est la blague qui te fait le plus rire ?
Oula ! C’est très dur d’en choisir une. Peut-être celle qui consiste à remplir d’eau les bouteilles de bière dans les soirées et de les remettre au frigo…Remarque celle qui consistait à faire croire aux nouveaux employés d’une société de jeu vidéo où je travaillais qu’il n’y avait pas de toilette dans les locaux et qu’il fallait aller sonner à l’étage dans une société voisine (qui soit disant était au courant) me plaisait beaucoup.
Un petit mot au sujet du "Dur boulot du manchot", à paraître chez Carabas ?
« Le dur boulot du manchot » est sorti chez Carabas il y a un an sous le titre « Le Manchot ». J’en ai fait un autre depuis dans cette collection des « Petits chats carrés » : « Mulot mulot 7 » qui doit sortir en mai. Cette fois j’ai fait appel à un scénariste (Céka), c’est lui qui m’a proposé une histoire autour de la petite souris qui va chercher les dents. Il l’a transformée en sorte d’agent secret. Après Le Cochon qui crie au loup, ce sera donc mon troisième album dans cette collection sans texte pour enfant, elle me permet de travailler dans un style cartoon.
Comment définirais-tu ton style ? As-tu des modèles en matière de dessin ?
J’ai un peu de mal à définir mon style graphique, disons que j’essaye d’en pratiquer plusieurs, que ce soit le cartoon donc pour les petits carrés, la « bd belge semi-réaliste » dans la série Echec et automates et le « croquis réaliste » dans mes bd autobiographiques. Les dessinateurs que j’apprécie beaucoup ne sont pas forcément dans le style que je pratique. J’aime beaucoup le travail de Goetting, Avril, Blutch, Blain, Baudoin, Giraud, Watterson, Smith et les deux plus grands pour moi, Sempé et Franquin. Et bien d’autres encore.
Qu’est-ce qui t’a donné envie de faire un album destiné à la jeunesse tel que "Le Manchot" et Le Cochon qui crie au loup ? As-tu envie de recommencer ?
Le concept de la série est très intéressante : pour les petits, un format carré, et pas de texte. Du coup l’expression des personnages est très importante, il faut arriver à être très expressif et très clair dans la narration. Ça me permet aussi de prendre un style « cartoon » que j’ai toujours aimé pratiquer. J’ai d’ailleurs fait des études de dessin animé (Le cft Gobelin ). J’espère bien continuer à en faire pour Carabas.
Concernant Echec et automates, tu y fais preuve d’un graphisme vraiment particulier, très inventif. C’est Philippe Ségard qui t’a dirigé, ou il t’a lâché la bride sur le plan graphique ?
En fait, c’est moi qui lui ai proposé cet univers graphique, j’avais cette Venise sans eau, envahie par la végétation en tête depuis pas mal de temps. J’avais déjà en tête pas mal des perspectives que l’on découvre dans l’album. Mais ses univers à lui n’étaient pas si éloignés et c’est sans doute pour cela que ça a tout de suite collé.
Dans Un Air de paradis, tu racontes avec beaucoup de simplicité et de sobriété tes souvenirs d’enfance. Cependant je trouve que tu aurais pu ordonner un peu plus tes anecdotes… C’était voulu ?
Oui, mon but était que le lecteur se retrouve dans ses propres souvenirs. C’est pour cela qu’il n’y a pas de « personnage principal », je voulais que le lecteur prenne cette place. J’ai donc sélectionné mes souvenirs les plus « universels ». Je voulais aussi donner un côté « souvenirs en vrac » mais enfiler les anecdotes les unes après les autres ne fonctionne pas du tout. Il y aurait un gros problème de rythme. Il m’a fallu justement être très ordonné pour donner l’impression de ne pas l’être.
Certains ont dû taxer cet album de naïveté, quelle est ta défense ?
J’assume pleinement un petit côté naïf dans ces albums. Ça rend l’atmosphère encore un peu plus légère. Et puis ce sont les souvenirs d’un enfant avec le plus souvent son regard de l’époque, donc forcément un peu naïf.
Tu continues cette introspection dans Mon copain Anne, où l’amitié tient une place très importante. Vas-tu continuer dans cette veine ? Peut-être un album consacré à ton métier de dessinateur et d’illustrateur ?
J’ai plusieurs idées, que ce soit effectivement mon regard sur le métier de dessinateur (les études, le boulot etc.) mais aussi un autre projet sur « comment je me voyais grand quand j’étais petit », et de comparer bien sûr avec ce que je suis devenu.
Tu dis que tu bosses dans le jeu vidéo ; à quels jeux as-tu collaboré ? Comment cela se passe-t-il ? De même pour les jeux de société...
J'ai travaillé 3 ans à plein temps dans le jeu vidéo, j'étais designer papier, c'est à dire que je faisais le design des personnages et des décors des jeux sur lesquels je travaillais. Mais j'ai aussi touché à la modélisation 3D, la texture, le story-board et l'animation. J'étais directeur artistique quand j'ai quitté le monde du jeu pour me consacrer à mon travail d'illustrateur. J'ai travaillé sur "NY Race", "Castleween", "le vilain petit canard et moi", "Championsheep rally", et bien d'autres jeux arrêtés en pleine production, (car ça arrivait souvent à l'époque).
Je continue de temps en temps à faire quelques designs quand l'occasion se présente et que le travail me correspond.
Illustrer les jeux de société est un boulot que j'aime beaucoup, j'ai collaboré avec 4 sociétés différentes : Asmodée, Interlude, Foxmind et Tilsit, sur des jeux de cartes ou de plateaux. Mon travail est d'habiller le plateau de jeu et/ou les cartes. En général le créateur du jeu à déjà un thème en tête, et pas mal de contraintes liées au bon déroulement du jeu. J'essaye de donner un petit plus supplémentaire au jeu tout en gardant l'esprit de celui-ci. Je suis en train actuellement de terminer mon 13ème jeu, et j'espère avoir l'occasion d'en faire beaucoup d'autres.
Es-tu joueur toi-même ? Si oui, quels sont tes jeux préférés ?
Oui, je suis moi-même très joueur, que ce soit les cartes ou les jeux de plateau. Je vous conseille « Les Evadés de Cartagena », « Syllabus », « 6 qui prend », « Coloreto », « Kezako » les « Dames chinoises ». Mais la liste est longue.
Quels sont tes projets ?
Continuer à travailler dans le jeu, poursuivre mes séries bd dans la presse (les kalicopains pour « Qualicanard » et « Albert Ezina » pour « Qualisurf » ). En ce qui concerne la bd, une suite à Mon copain Anne et Un Air de paradis pour Des Ronds dans l’O, mais aussi une fiction dont je suis en train de terminer le scénario, et une bd jeunesse avec Céka, l’histoire d’un petit Touareg.
Arnaud, merci.
Merci.
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