J'avoue que je ne comprends pas bien les autres avis (d'où mon avis vu que je ne viens quasiment plus sur le site :) ), vu que fun home est un vrai coup de coeur pour moi... j'ai trouvé cette histoire passionnante d'un bout à l'autre.
Peut-être que le fait que le point de vue soit féminin a aidé, en tous cas je me suis sentie dès le début impliquée dans cette histoire et proche de la narratrice. Et voir petit à petit au fur et à mesure réinterpréter son enfance et son adolescence à l'aune de la révélation de l'homosexualité de son père, et de montrer comment en filigrane ce sont les pressions sociales qui l'ont au final rendu étranger à sa famille, et quel désastre cela a été pour tous, n'est pas une histoire que j'ai souvent lue. Et là je l'ai trouvée très finement analysée.
Les quelques réflexions féministes qui parsèment le bouquin m'ont beaucoup plues aussi, les anecdotes sur sa puberté aussi.
L'aspect "reportage" sur une certaine époque, et notamment sur la façon dont étaient perçus les homosexuels et comment ils se débrouillaient, était passionnant en soi, aussi.
J'ai aimé le ton, aussi - factuel, non dénué d'humour, et refusant l'émotion facile.
Une excellente BD, en ce qui me concerne.
Je ne lis plus beaucoup de BDs, et le nombre de BDs qui m'étonnent et m'enthousiasment est devenu assez faible.
Mais j'avais envie de poster un avis sur Lastman, parce que c'est mon gros coup de coeur du moment.
Lastman, c'est hyper bien foutu, fun à chaque page. C'est impossible de faire dessin et découpage plus dynamiques, et les dialogues sont d'une fluidité exemplaire, les personnages extra... et le scénario est super potache, mais avec un petit truc en plus, hyper malin, hyper plaisant. Et une terrible envie de lire la suite à la fin de chaque tome !
Lastman, c'est un vrai manga à la française, le premier probablement : pas une pâle copie, mais une œuvre personnelle et ambitieuse qui a bien digéré les codes du mangas pour mieux les mettre en œuvre.
Et contrairement à ce qui a été écrit plus bas, je trouve pour ma part que le tome 3 est le meilleur à ce jour.
Bref, Lastman, c'est bon, mangez-en !
Si ce manga n'avait pas été du même auteur que Beck, je ne sais pas si je l'aurais acheté. Encore que, je voue une adoration infinie à Shakespeare, ça aussi ça a dû jouer.
Mais c'est une très agréable surprise pour le moment, j'avoue être sous le charme même si je ne sais pas trop où Harold Sakuishi veut en venir... vu le titre j'imagine que sa thèse est que Shakespeare était en réalité un groupe de personnages, nous verrons bien.
Pour le moment, le manga est centré autour de Li, une jeune chinoise étrange, émigrée dans le Liverpool du 16ème siècle. Douée d'un don de divination qui lui a valu la haine des siens et une gorge mutilée par son propre père, elle va faire la rencontre de deux jeunes anglais marchands de sucre. Et de leur serviteur, un brave homme pieux qui va se prendre d'une affection paternelle pour elle.
L'un des deux anglais, Lance, se passionne pour l'écriture de pièces de théâtre populaires, et découvre très vite chez Li un don inné pour la poésie...
7 shakespeare est un manga doué d'une narration exemplaire, et qui se lit avec énormément de plaisir. J'avoue trouver le choc des cultures entre la Chine et l'Angleterre au 16ème siècle très intéressant, et bien rendu. Harold Sakuichi évite la caricature, et se fait manifestement plaisir avec ce manga, beaucoup plus calme et serein que ne l’était Beck. Je pense que le rythme de parution est plus cool, aussi, ce qui lui permet de peaufiner ses dessins.
Bref, c'est très frais. Pas encore un coup de coeur, ça dépendra de la suite des évènements. Mais il me tarde de lire la suite.
Le nouvel Angyo Onshi est un manga considéré comme culte par beaucoup. Mais je ne fais pas partie de ce public...
La principale raison de son succès est à mon avis le dessin de Yang Kyung-il. Effectivement, il a un joli coup de crayon, mais pour ma part je trouve le dessin trop propre, trop chargé, trop classique, trop plein d'esbrouffe... bref je le trouve sans âme.
Mais ce qui m'a fait bloquer sur ce titre (et j'ai TOUT lu par politesse vis à vis de l'ami qui me les a prêtés), c'est vraiment le scénario.
J'ai trouvé l'histoire souvent malsaine par son côté hyperviolent et complètement gratuit, son nationalisme sous-jacent, ce côté "je rends la justice en massacrant tout sur mon passage"...
Symptôme de ce côté malsain : le personnage de Sando. Jeune fille au corps adolescent qui se balade à 95% nue (juste un cache-sexe et un cache-téton et une grande cape "trop cool"), avec de grands yeux innocents qui massacre tout à tour de bras. Jeune fille totalement soumise à son maître, hyperviolente, mais d'apparence fragile tout en étant nue... un drôle de mélange qui m'a franchement rebutée.
Et puis il y a les ficelles scénaristiques : pendant 10 tomes, le scénariste refuse de livrer au lecteur ce que TOUS les protagonistes savent (ce qui s'est passé quelques années auparavant), histoire de créer un suspense plus qu'artificiel. Cela m'a profondément énervée.
Autre gros reproche : on ne comprend quasiment jamais les motivations des héros. Il y a trop de surenchère dans les combats, ça en devient vraiment n'importe quoi.
Bref, trop violent, trop malsain, trop superficiel... j'ai vraiment pas aimé.
J'ai rarement eu autant le sentiment d'une note injuste qu'en lisant l'avis de ThePatrick sur ce manga. Certes le début du premier tome est un peu déroutant, mais la suite est extraordinairement forte et bouleversante.
Cette série réussit l'exploit de parler de handicap avec un réalisme parfois quasi documentaire, sans pathos, ni bons sentiments dégoulinants, ni militantisme. Il y est avant tout question d'humains à la personnalité très travaillée, soumis à rudes épreuves, et qui s'en tirent (ou non) par la force de leur caractère.
En fait je me retrouve en tous points dans la critique de Ro. Inoue nous prouve encore une fois qu'il n'est pas seulement un (très) grand dessinateur, mais surtout un grand auteur. Le sujet est anti-glamour au possible, et pourtant il le rend absolument passionnant, et émouvant.
Un gros coup de coeur, pour une oeuvre qui en plus se bonnifie avec le temps.
C'est un livre assez sombre et intime que nous livre là Cyril Pedrosa. Il a complètement fini de "lâcher" son dessin, et nous livre ici une série de planches magnifiques, à la limite du carnet de croquis, très expressives et spontanées.
L'histoire par contre est très personnelle mais très diluée, et pas forcément toujours passionnante pour qui n'est pas l'auteur : l'album fait 260 pages mais se résume assez vite. Cela reste un très bel album, malgré des longueurs et quelques passages un peu creux - d'autres très bonnes séquences compensent largement.
Mais rien que pour le graphisme cet album vaut le détour. Plus le temps passe et plus le dessin de Pedrosa mûrit, et c'est un bonheur de le voir progresser d'albums en albums.
Fans de dessin léché s'abstenir, cependant...
Bon. Pour résumer l'état d'esprit dans le quel j'ai lu bakuman, je n'ai pas aimé Death Note, mais j'aime beaucoup le dessin d'Obata, et en tant que dessinatrice amateur amatrice de manga depuis toujours le thème d'adolescents qui cherchent à devenir auteurs de manga titillait ma curiosité...
Et, rendue au quatrième tome, j'avoue que j'aime beaucoup. La série s'améliore, même, puisque le vrai point intéressant de ce manga est celui du monde de l'édition et le processus créatif de la réalisation de BD à succès, et cet aspect est de plus en plus présent. Cet aspect là est très bien traité, intelligemment, les différents essais des héros sont plus que crédibles, on sent que leurs idées ont plein de potentiel, que les remarques de leur directeur éditorial sont pleines de bon sens et les aident à s'améliorer. L'enthousiasme passionné des héros et de leurs rivaux est communicatif, et j'ai aimé le fait qu'il se forge entre eux une sorte d'amitié compétitive et une émulation qui les pousse toujours plus haut.
Non, si ce manga a un défaut, en plus de son histoire d'amour débile ("ne nous revoyons plus tant que nous n'aurons pas réalisé notre rêve" pffff), c'est qu'il est franchement misogyne. Cette misogynie était déjà latente dans Death Note, là elle devient carrément explicite : on a ainsi droit à une grande explication comme quoi la première de la classe n'a rien compris à la vie, que les filles brillantes font peur aux garçons qui fondamentalement cherchent une fille jolie, discrète, gentille et soumise pour devenir une future bobonne au foyer qui soutiendra son aimé dans la réalisation de son rêve, rêve auquel tout doit être sacrifié... le premier tome abonde de grandes théories de ce genre.
Les quelques personnages féminins, dont on sent qu'ils n'ont été rajoutés que pour remplir un certain "quota-fille", sont donc une "discrète-jolie-gentille-mais-timide", censée faire fantasmer le lecteur, une sportive à gros seins et petite culotte qui se rend utile en préparant des bons petits plats aux héros, et une jeune scénariste qui pour le moment est froide et prétentieuse (j'ai cependant espoir que son portrait se nuance par la suite).
Mais, bon, on peut prendre cela comme une lorgnette vers un certain pan réac de la culture japonaise, avec son apologie terrifiante du surmenage s'il est au service d'un rêve... ainsi, il semble que les héros soient en passe de reproduire le propre schéma familial dans lequel ils évoluent : père totalement absent car travaillant d'arrache-pied et mère au foyer, au service de sa famille (enfants compris). C'est plutôt intéressant à observer d'ailleurs, même si parfois cela fait un peu frémir.
Bref, il semble loin le temps où les garçons japonais fantasmaient tous sur Minami Asakura, l'héroïne de Touch, qui était tout à la fois gracieuse, brillante et volontaire... ! D'ailleurs, dans Touch, s'il était aussi question de la réalisation du rêve du héros, c'était plutôt une métaphore du passage de l'adolescence à l'age adulte. Rien d'aussi profond chez "Bakuman", ici on reste totalement au premier degré. Mais bon, c'est malgré tout prenant, intéressant et addictif, ce qui est déjà bien.
Edit : tiens, je n'avais pas lu la critique de Ro, mais manifestement on a tiqué sur les mêmes aspects !
Quel bel album que ces noceurs !
Graphiquement, tout d'abord, car c'est cet aspect qui saute aux yeux : c'est original, innovant, beau et expressif. En quelques coups d'aquarelle qui se mélangent sans s'embrouiller, Brecht Evans déploie un monde qui a un pied dans la réalité et l'autre dans l'onirisme, avec un sens de l'économie du trait et de la couleur qui ne peuvent que laisser admiratif.
Mais, paradoxalement, du fait même de cette originalité graphique, l'album peut faire un peu peur au premier abord, aussi me demandais-je en entamant la lecture : y a-t-il une histoire ? Est-elle compréhensible ? Intéressante ? Est-ce que ce graphisme ne rendrait pas confuse la narration ?
J'étais un peu dubitative je l'avoue, à tel point que j'ai attendu 1 mois avant de m'y atteler.
Eh bien j'avais tort : cet album se dévore, et malgré les apparences est très facile à lire et procure un grand plaisir de lecture. Les personnages sont bien vus et originaux, notamment ce charismatique et insaisissable Robbie qui attise toutes les convoitises... et, bien sûr, l'ambiance est envoutante.
Une lecture originale et chaudement recommandée, donc, et qui vient de recevoir un très mérité "prix de l'audace" au dernier festival d'Angoulême, intitulé qui peut surprendre mais qui prend tout son sens à la lecture du livre.
Grande fan de Peeters devant l'éternel, je me suis jetée avec avidité sur cet opus. Je l'ai dévoré, car comme toujours sa narration vous happe dès la première case pour ne vous lâcher qu'à la dernière, après une lecture en immersion totale. L'histoire est intrigante, le graphisme parfaitement adapté, bref sur la forme c'est -comme toujours serais-je tentée de dire- du grand art.
Et puis, une fois reposé, on se met à songer au fond. Et, s'il ne laisse pas indifférent (ce qui est en soi un gage de qualité), il n'est pas toujours satisfaisant. Je partage totalement l'avis de Ro. Sauf que, si le fait de ne pas connaitre tous les tenants et les aboutissants ne m'a pas vraiment gênée (j'aime les récits surréalistes), le traitement de ce qui arrive aux "enfants" dans ce récit m'a gênée, et au final gâché un peu ma lecture.
Déjà, au départ, leurs dialogues sonnent faux. Puis vient leur évolution psychologique, qui ne me semble pas crédible... il faut dans la vraie vie plusieurs années d'adolescence pour passer mentalement à l'âge adulte, notamment concernant la question de la sexualité. Dans "Château de sable", les enfants semblent accepter tout naturellement ce qui leur arrive, assumer leur corps d'adulte et leurs désirs nouveaux comme s'ils étaient totalement naturels... comme si les changements du corps conditionnaient totalement les changements de l'esprit. Des générations d'ados honteux et mal dans leur peau laissent penser que c'est un peu plus compliqué que ça, même si je ne suis pas une grande spécialiste en psychologie.
Mais bon, il serait dommage de s'arrêter à ça, parce qu'au fond il y a bien plus dans ce livre. Mais c'est toujours un peu dommage de lire un livre original et intéressant, puis de se dire une fois qu'on l'a reposé qu'il aurait pu être tellement plus que ça.
Attention, il y a un peu tromperie sur la marchandise ! Les requins marteaux lancent leur nouvelle collection "BD cul" avec ce "Comtesse" d'Aude Picault, avec leur humour corrosif typique (et un poil racoleur en l'occurrence) en ornant ce livre d'un bandeau rouge pétard avec marqué en énorme "SEXE - interdit aux puceaux de moins de 18 ans", histoire de voir si vous assumez pleinement vos lectures lorsque vous passez en caisse. En plus, sur la couverture, la comtesse vient de dessiner une bite et a les fesses à l'air en 4ème de couv (subtilement mises en évidence par une mise en relief du carton)...
Bref, tout est fait pour faire croire que le livre déborde d'humour gras et de pornographie crade et susceptible de choquer un public non averti, comme on dit.
Alors que, bon, il n'en est rien. "Comtesse" est érotique, certes, mais plutôt dans le genre subtil que frontal. Le dessin et le propos sont toujours élégants et jamais vulgaires.
Aude Picault dépeint la frustration de la comtesse et le froufrou de ses robes pour nous livrer des scènes amusante et piquantes, dans l'esprit des tableaux coquins de Fragonard, en un peu plus explicite. On est plus dans la description du fantasme féminin que dans le registre pornographique, et, à mon sens, elle arrive parfaitement à rendre l'imaginaire érotique féminin, bien plus que Aurelia Aurita et son très cru (et très raté à mon avis) Fraise et Chocolat.
Personnellement, j'apprécie beaucoup, mais j'ai trouvé l'album trop court, d'où ma note et mon conseil de ne pas acheter, parce que bon il est tout de même assez cher et vite lu. Le propos est subtil et le graphisme bon, quoique moins abouti à mon avis dans ce registre que dans les autres excellents albums de Picault que sont Moi je (tome 2), Transat, ou Chicou-chicou.
En résumé, "Comtesse" est une bonne lecture, très au-dessus de ce que produit habituellement ce genre de littérature, mais pas inoubliable pour autant.
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Fun Home - Une tragicomédie familiale
J'avoue que je ne comprends pas bien les autres avis (d'où mon avis vu que je ne viens quasiment plus sur le site :) ), vu que fun home est un vrai coup de coeur pour moi... j'ai trouvé cette histoire passionnante d'un bout à l'autre. Peut-être que le fait que le point de vue soit féminin a aidé, en tous cas je me suis sentie dès le début impliquée dans cette histoire et proche de la narratrice. Et voir petit à petit au fur et à mesure réinterpréter son enfance et son adolescence à l'aune de la révélation de l'homosexualité de son père, et de montrer comment en filigrane ce sont les pressions sociales qui l'ont au final rendu étranger à sa famille, et quel désastre cela a été pour tous, n'est pas une histoire que j'ai souvent lue. Et là je l'ai trouvée très finement analysée. Les quelques réflexions féministes qui parsèment le bouquin m'ont beaucoup plues aussi, les anecdotes sur sa puberté aussi. L'aspect "reportage" sur une certaine époque, et notamment sur la façon dont étaient perçus les homosexuels et comment ils se débrouillaient, était passionnant en soi, aussi. J'ai aimé le ton, aussi - factuel, non dénué d'humour, et refusant l'émotion facile. Une excellente BD, en ce qui me concerne.
Lastman
Je ne lis plus beaucoup de BDs, et le nombre de BDs qui m'étonnent et m'enthousiasment est devenu assez faible. Mais j'avais envie de poster un avis sur Lastman, parce que c'est mon gros coup de coeur du moment. Lastman, c'est hyper bien foutu, fun à chaque page. C'est impossible de faire dessin et découpage plus dynamiques, et les dialogues sont d'une fluidité exemplaire, les personnages extra... et le scénario est super potache, mais avec un petit truc en plus, hyper malin, hyper plaisant. Et une terrible envie de lire la suite à la fin de chaque tome ! Lastman, c'est un vrai manga à la française, le premier probablement : pas une pâle copie, mais une œuvre personnelle et ambitieuse qui a bien digéré les codes du mangas pour mieux les mettre en œuvre. Et contrairement à ce qui a été écrit plus bas, je trouve pour ma part que le tome 3 est le meilleur à ce jour. Bref, Lastman, c'est bon, mangez-en !
7 Shakespeares
Si ce manga n'avait pas été du même auteur que Beck, je ne sais pas si je l'aurais acheté. Encore que, je voue une adoration infinie à Shakespeare, ça aussi ça a dû jouer. Mais c'est une très agréable surprise pour le moment, j'avoue être sous le charme même si je ne sais pas trop où Harold Sakuishi veut en venir... vu le titre j'imagine que sa thèse est que Shakespeare était en réalité un groupe de personnages, nous verrons bien. Pour le moment, le manga est centré autour de Li, une jeune chinoise étrange, émigrée dans le Liverpool du 16ème siècle. Douée d'un don de divination qui lui a valu la haine des siens et une gorge mutilée par son propre père, elle va faire la rencontre de deux jeunes anglais marchands de sucre. Et de leur serviteur, un brave homme pieux qui va se prendre d'une affection paternelle pour elle. L'un des deux anglais, Lance, se passionne pour l'écriture de pièces de théâtre populaires, et découvre très vite chez Li un don inné pour la poésie... 7 shakespeare est un manga doué d'une narration exemplaire, et qui se lit avec énormément de plaisir. J'avoue trouver le choc des cultures entre la Chine et l'Angleterre au 16ème siècle très intéressant, et bien rendu. Harold Sakuichi évite la caricature, et se fait manifestement plaisir avec ce manga, beaucoup plus calme et serein que ne l’était Beck. Je pense que le rythme de parution est plus cool, aussi, ce qui lui permet de peaufiner ses dessins. Bref, c'est très frais. Pas encore un coup de coeur, ça dépendra de la suite des évènements. Mais il me tarde de lire la suite.
Le Nouvel Angyo Onshi
Le nouvel Angyo Onshi est un manga considéré comme culte par beaucoup. Mais je ne fais pas partie de ce public... La principale raison de son succès est à mon avis le dessin de Yang Kyung-il. Effectivement, il a un joli coup de crayon, mais pour ma part je trouve le dessin trop propre, trop chargé, trop classique, trop plein d'esbrouffe... bref je le trouve sans âme. Mais ce qui m'a fait bloquer sur ce titre (et j'ai TOUT lu par politesse vis à vis de l'ami qui me les a prêtés), c'est vraiment le scénario. J'ai trouvé l'histoire souvent malsaine par son côté hyperviolent et complètement gratuit, son nationalisme sous-jacent, ce côté "je rends la justice en massacrant tout sur mon passage"... Symptôme de ce côté malsain : le personnage de Sando. Jeune fille au corps adolescent qui se balade à 95% nue (juste un cache-sexe et un cache-téton et une grande cape "trop cool"), avec de grands yeux innocents qui massacre tout à tour de bras. Jeune fille totalement soumise à son maître, hyperviolente, mais d'apparence fragile tout en étant nue... un drôle de mélange qui m'a franchement rebutée. Et puis il y a les ficelles scénaristiques : pendant 10 tomes, le scénariste refuse de livrer au lecteur ce que TOUS les protagonistes savent (ce qui s'est passé quelques années auparavant), histoire de créer un suspense plus qu'artificiel. Cela m'a profondément énervée. Autre gros reproche : on ne comprend quasiment jamais les motivations des héros. Il y a trop de surenchère dans les combats, ça en devient vraiment n'importe quoi. Bref, trop violent, trop malsain, trop superficiel... j'ai vraiment pas aimé.
Real
J'ai rarement eu autant le sentiment d'une note injuste qu'en lisant l'avis de ThePatrick sur ce manga. Certes le début du premier tome est un peu déroutant, mais la suite est extraordinairement forte et bouleversante. Cette série réussit l'exploit de parler de handicap avec un réalisme parfois quasi documentaire, sans pathos, ni bons sentiments dégoulinants, ni militantisme. Il y est avant tout question d'humains à la personnalité très travaillée, soumis à rudes épreuves, et qui s'en tirent (ou non) par la force de leur caractère. En fait je me retrouve en tous points dans la critique de Ro. Inoue nous prouve encore une fois qu'il n'est pas seulement un (très) grand dessinateur, mais surtout un grand auteur. Le sujet est anti-glamour au possible, et pourtant il le rend absolument passionnant, et émouvant. Un gros coup de coeur, pour une oeuvre qui en plus se bonnifie avec le temps.
Portugal
C'est un livre assez sombre et intime que nous livre là Cyril Pedrosa. Il a complètement fini de "lâcher" son dessin, et nous livre ici une série de planches magnifiques, à la limite du carnet de croquis, très expressives et spontanées. L'histoire par contre est très personnelle mais très diluée, et pas forcément toujours passionnante pour qui n'est pas l'auteur : l'album fait 260 pages mais se résume assez vite. Cela reste un très bel album, malgré des longueurs et quelques passages un peu creux - d'autres très bonnes séquences compensent largement. Mais rien que pour le graphisme cet album vaut le détour. Plus le temps passe et plus le dessin de Pedrosa mûrit, et c'est un bonheur de le voir progresser d'albums en albums. Fans de dessin léché s'abstenir, cependant...
Bakuman
Bon. Pour résumer l'état d'esprit dans le quel j'ai lu bakuman, je n'ai pas aimé Death Note, mais j'aime beaucoup le dessin d'Obata, et en tant que dessinatrice amateur amatrice de manga depuis toujours le thème d'adolescents qui cherchent à devenir auteurs de manga titillait ma curiosité... Et, rendue au quatrième tome, j'avoue que j'aime beaucoup. La série s'améliore, même, puisque le vrai point intéressant de ce manga est celui du monde de l'édition et le processus créatif de la réalisation de BD à succès, et cet aspect est de plus en plus présent. Cet aspect là est très bien traité, intelligemment, les différents essais des héros sont plus que crédibles, on sent que leurs idées ont plein de potentiel, que les remarques de leur directeur éditorial sont pleines de bon sens et les aident à s'améliorer. L'enthousiasme passionné des héros et de leurs rivaux est communicatif, et j'ai aimé le fait qu'il se forge entre eux une sorte d'amitié compétitive et une émulation qui les pousse toujours plus haut. Non, si ce manga a un défaut, en plus de son histoire d'amour débile ("ne nous revoyons plus tant que nous n'aurons pas réalisé notre rêve" pffff), c'est qu'il est franchement misogyne. Cette misogynie était déjà latente dans Death Note, là elle devient carrément explicite : on a ainsi droit à une grande explication comme quoi la première de la classe n'a rien compris à la vie, que les filles brillantes font peur aux garçons qui fondamentalement cherchent une fille jolie, discrète, gentille et soumise pour devenir une future bobonne au foyer qui soutiendra son aimé dans la réalisation de son rêve, rêve auquel tout doit être sacrifié... le premier tome abonde de grandes théories de ce genre. Les quelques personnages féminins, dont on sent qu'ils n'ont été rajoutés que pour remplir un certain "quota-fille", sont donc une "discrète-jolie-gentille-mais-timide", censée faire fantasmer le lecteur, une sportive à gros seins et petite culotte qui se rend utile en préparant des bons petits plats aux héros, et une jeune scénariste qui pour le moment est froide et prétentieuse (j'ai cependant espoir que son portrait se nuance par la suite). Mais, bon, on peut prendre cela comme une lorgnette vers un certain pan réac de la culture japonaise, avec son apologie terrifiante du surmenage s'il est au service d'un rêve... ainsi, il semble que les héros soient en passe de reproduire le propre schéma familial dans lequel ils évoluent : père totalement absent car travaillant d'arrache-pied et mère au foyer, au service de sa famille (enfants compris). C'est plutôt intéressant à observer d'ailleurs, même si parfois cela fait un peu frémir. Bref, il semble loin le temps où les garçons japonais fantasmaient tous sur Minami Asakura, l'héroïne de Touch, qui était tout à la fois gracieuse, brillante et volontaire... ! D'ailleurs, dans Touch, s'il était aussi question de la réalisation du rêve du héros, c'était plutôt une métaphore du passage de l'adolescence à l'age adulte. Rien d'aussi profond chez "Bakuman", ici on reste totalement au premier degré. Mais bon, c'est malgré tout prenant, intéressant et addictif, ce qui est déjà bien. Edit : tiens, je n'avais pas lu la critique de Ro, mais manifestement on a tiqué sur les mêmes aspects !
Les Noceurs
Quel bel album que ces noceurs ! Graphiquement, tout d'abord, car c'est cet aspect qui saute aux yeux : c'est original, innovant, beau et expressif. En quelques coups d'aquarelle qui se mélangent sans s'embrouiller, Brecht Evans déploie un monde qui a un pied dans la réalité et l'autre dans l'onirisme, avec un sens de l'économie du trait et de la couleur qui ne peuvent que laisser admiratif. Mais, paradoxalement, du fait même de cette originalité graphique, l'album peut faire un peu peur au premier abord, aussi me demandais-je en entamant la lecture : y a-t-il une histoire ? Est-elle compréhensible ? Intéressante ? Est-ce que ce graphisme ne rendrait pas confuse la narration ? J'étais un peu dubitative je l'avoue, à tel point que j'ai attendu 1 mois avant de m'y atteler. Eh bien j'avais tort : cet album se dévore, et malgré les apparences est très facile à lire et procure un grand plaisir de lecture. Les personnages sont bien vus et originaux, notamment ce charismatique et insaisissable Robbie qui attise toutes les convoitises... et, bien sûr, l'ambiance est envoutante. Une lecture originale et chaudement recommandée, donc, et qui vient de recevoir un très mérité "prix de l'audace" au dernier festival d'Angoulême, intitulé qui peut surprendre mais qui prend tout son sens à la lecture du livre.
Château de sable
Grande fan de Peeters devant l'éternel, je me suis jetée avec avidité sur cet opus. Je l'ai dévoré, car comme toujours sa narration vous happe dès la première case pour ne vous lâcher qu'à la dernière, après une lecture en immersion totale. L'histoire est intrigante, le graphisme parfaitement adapté, bref sur la forme c'est -comme toujours serais-je tentée de dire- du grand art. Et puis, une fois reposé, on se met à songer au fond. Et, s'il ne laisse pas indifférent (ce qui est en soi un gage de qualité), il n'est pas toujours satisfaisant. Je partage totalement l'avis de Ro. Sauf que, si le fait de ne pas connaitre tous les tenants et les aboutissants ne m'a pas vraiment gênée (j'aime les récits surréalistes), le traitement de ce qui arrive aux "enfants" dans ce récit m'a gênée, et au final gâché un peu ma lecture. Déjà, au départ, leurs dialogues sonnent faux. Puis vient leur évolution psychologique, qui ne me semble pas crédible... il faut dans la vraie vie plusieurs années d'adolescence pour passer mentalement à l'âge adulte, notamment concernant la question de la sexualité. Dans "Château de sable", les enfants semblent accepter tout naturellement ce qui leur arrive, assumer leur corps d'adulte et leurs désirs nouveaux comme s'ils étaient totalement naturels... comme si les changements du corps conditionnaient totalement les changements de l'esprit. Des générations d'ados honteux et mal dans leur peau laissent penser que c'est un peu plus compliqué que ça, même si je ne suis pas une grande spécialiste en psychologie. Mais bon, il serait dommage de s'arrêter à ça, parce qu'au fond il y a bien plus dans ce livre. Mais c'est toujours un peu dommage de lire un livre original et intéressant, puis de se dire une fois qu'on l'a reposé qu'il aurait pu être tellement plus que ça.
Comtesse
Attention, il y a un peu tromperie sur la marchandise ! Les requins marteaux lancent leur nouvelle collection "BD cul" avec ce "Comtesse" d'Aude Picault, avec leur humour corrosif typique (et un poil racoleur en l'occurrence) en ornant ce livre d'un bandeau rouge pétard avec marqué en énorme "SEXE - interdit aux puceaux de moins de 18 ans", histoire de voir si vous assumez pleinement vos lectures lorsque vous passez en caisse. En plus, sur la couverture, la comtesse vient de dessiner une bite et a les fesses à l'air en 4ème de couv (subtilement mises en évidence par une mise en relief du carton)... Bref, tout est fait pour faire croire que le livre déborde d'humour gras et de pornographie crade et susceptible de choquer un public non averti, comme on dit. Alors que, bon, il n'en est rien. "Comtesse" est érotique, certes, mais plutôt dans le genre subtil que frontal. Le dessin et le propos sont toujours élégants et jamais vulgaires. Aude Picault dépeint la frustration de la comtesse et le froufrou de ses robes pour nous livrer des scènes amusante et piquantes, dans l'esprit des tableaux coquins de Fragonard, en un peu plus explicite. On est plus dans la description du fantasme féminin que dans le registre pornographique, et, à mon sens, elle arrive parfaitement à rendre l'imaginaire érotique féminin, bien plus que Aurelia Aurita et son très cru (et très raté à mon avis) Fraise et Chocolat. Personnellement, j'apprécie beaucoup, mais j'ai trouvé l'album trop court, d'où ma note et mon conseil de ne pas acheter, parce que bon il est tout de même assez cher et vite lu. Le propos est subtil et le graphisme bon, quoique moins abouti à mon avis dans ce registre que dans les autres excellents albums de Picault que sont Moi je (tome 2), Transat, ou Chicou-chicou. En résumé, "Comtesse" est une bonne lecture, très au-dessus de ce que produit habituellement ce genre de littérature, mais pas inoubliable pour autant.