Le blog BD de Fanfan Villeperdue

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Derniers coups de coeur

Couverture de la série Le Démon des glaces
Le Démon des glaces

Moi qui ne suis pourtant pas un fan de Tardi, j’ai vraiment adoré le début de cette histoire. Dessin très léché parfois à la limite de la gravure, contrastant avec des bouilles de personnages très stylisés dans le style caractéristique de Tardi, découpage audacieux utilisant souvent des cases arrondies, des médaillons ou des inserts, didascalies longues mais bien écrites qui donnent au récit un charme suranné, scènes marquantes dès l’ouverture du récit, mystère qui s’épaissit au fur et à mesure, hommage très appuyé à Jules Verne, bref, cela avait tout pour me plaire… jusqu’à la fin du chapitre V. Dans le chapitre VI, on a l’explication de tout cela. L’idée centrale (celle de l’iceberg) est amusante mais je pense que l’auteur aurait dû s’en tenir là. Tout le reste est un peu too much… Je sais que certains voient cela comme du second degré par rapport aux récits de ce genre, mais les premiers chapitres m’avaient placé dans une autre ambiance et me laissait espérer une fin plus onirique. De la même façon, le basculement du personnage principal tombe comme un cheveu sur la soupe. Cela pourrait peut-être prendre son sens s’il y avait une suite à ce récit, mais il n’y en a pas. Ou alors, c’est aussi un pied-de-nez par rapport aux standards narratifs habituel ; mais si c’est le cas, je n’ai pas été très réceptif à ce type de second degré dans ce contexte. Quand au chapitre VII qui clôt l’histoire, tout s’y termine de façon un peu trop abrupte et, en l’absence de suite, je ne dirais pas qu’il s’agit d’une conclusion réellement satisfaisante. Bref, cela reste pas mal, mais c’est vraiment dommage que la fin soit aussi décevante.

20/01/2021 (modifier)
Couverture de la série Au bord de l'eau
Au bord de l'eau

L’adaptation est un art difficile, qui recèle de nombreux pièges. Par ailleurs, et sans vouloir être médisant, je pense qu’elle demande plus de travail de réécriture que celui qui a été fourni ici, et également plus de recul par rapport à l’œuvre originale. Cela se voit dans les nombreux passages avec une voix off, qui, plutôt que de dégager des scènes marquantes, se contentent parfois de nous résumer l’histoire avec quelques illustrations derrière. Du coup, c’est assez froid et didactique. Le dessin peut paraître assez joli de prime abord, mais il lasse rapidement, notamment à cause des effets de flou qui sont d’assez mauvais goût. Je n’ai maintenant plus rien contre le travail à l’ordinateur qui a fait beaucoup de progrès ces dernières années, mais ici, je trouve qu’il n’est pas maîtrisé. Au final, malgré le côté accrocheur des dégradés, il se révèle plutôt pauvre, à part pour quelques dessins, notamment le dessin introductif du tome 1 qui est magnifique et qui fait rêver à ce que cette BD aurait pu être. On n’est pas loin de la publicité mensongère… Par ailleurs, l’utilisation de photos, pas toujours bien retouchées, est regrettable. Enfin, je n’ai pas du tout apprécié le découpage. La volonté de vouloir sortir à tout prix du caractère rectangulaire de la planche conduit ici à des tics de mise en page agaçants, notamment celui de faire dépasser du cadre les cases supérieure gauche et inférieure droite dans un grand nombre de planches. Le côté arbitraire de ces choix de découpage rompt souvent l’équilibre esthétique de la planche : en termes moins élégamment choisis, on peut dire que ça m’a un peu donné la gerbe. Malgré toutes ces critiques, cela reste lisible, et je ne donne pas la note minimale car cela a le mérite de nous faire découvrir un classique de la littérature chinoise. Mais comme, en plus, cette série s’arrête avant même que la véritable histoire ne commence, je n’en recommande évidemment pas l’achat.

20/01/2021 (modifier)
Couverture de la série Le Maître de Benson Gate
Le Maître de Benson Gate

(Après lecture des tomes 1 à 4) C’est une série qui se laisse lire, mais qui est bien loin de l’excellent Il était une fois en France du même scénariste. Les scènes se succédaient, que ce soit les révélations sur les magouilles des uns et des autres, ou bien celles de règlements de comptes et autres flingages, sans que je sois vraiment passionné par aucune d’entre elles. Globalement, la narration est souvent trop rapide, on a l’impression de sauter du coq à l’âne sans que des scènes vraiment fortes se dégagent (j’avais le même reproche pour W.E.S.T du même scénariste, d’ailleurs). Je trouve l’évolution du personnage de Richard assez ratée et artificielle. Par ailleurs, le dessin ne rend pas toujours l’identification des personnages évidente, d’autant plus que les personnages secondaires ne sont pas vraiment marquants. Le passage sur la cathédrale au milieu de la jungle, dans le tome 4, m’a paru tomber un peu comme un cheveu sur la soupe. Il y a aussi pas mal de clichés du genre que je n’ai pas tellement appréciés. Bref, ce n’est pas mauvais mais je n’ai pas vraiment accroché. Il faut dire que je suis un peu lassé par ces séries sur des dynasties de mafieux et/ou d’hommes d’affaires véreux qui, à moins d’une vision très personnelle ou d’un talent narratif exceptionnel de l’auteur, ont un peu tendance à toutes se ressembler.

18/01/2021 (modifier)
Couverture de la série Le Sourire du clown
Le Sourire du clown

Pour commencer, on ne peut que saluer l’originalité de cette série. Cette ambiance de cité urbaine perdue sur la colline, sa mentalité de microcosme, avec ses bons et surtout ses mauvais côtés, tout cela est très réussi. Le dessin tire un peu sur le style de Boucq, le côté caricatural en moins. L’édition, sur papier épais, est de très bonne qualité, ce qui ajoute au charme de l’ensemble. L’histoire est très sombre et on reconnaît bien la patte de Luc Brunschwig. Cela a même un côté assez outré, mais c’est suffisamment bien écrit et riche pour convaincre. Dans l’ensemble, soyons francs : je ne pense pas que le but de cette série soit d’être réaliste. Il s’agit davantage d’une espèce de fantaisie sombre, où aussi bien chaque personnage, à titre individuel, que la communauté dans son ensemble, fonctionnent de manière totalement dysfonctionnelle. Je ne dirais pas que les personnages sont réalistes, mais ils sont crédibles, au sens où on y croit et on ressent une réelle empathie pour eux. Il y a un peu d’abus dans l’utilisation des flashbacks, mais je chipote. Globalement, cela reste une très bonne histoire, bien menée et bien mise en images. J’hésite entre trois et quatre étoiles, mais l’originalité me fera arrondir à la note supérieure.

14/01/2021 (modifier)
Couverture de la série Le Gardien des Ténèbres
Le Gardien des Ténèbres

Je n’ai pas encore lu le diptyque London, dont ce one-shot est apparemment la suite, mais ce n’est pas nécessaire pour entamer ce récit. Nous avons là affaire à une histoire fantastique tout ce qu’il y a de plus classique. La lecture n’est pas désagréable, loin de là, mais cela reste peu surprenant. Par ailleurs, le clin d’œil de la fin, qui aurait pu être sympathique s’il ne s’était agi que d’un clin d’œil, est tellement amené avec des câbles d’amarrage qu’il tombe complètement à plat. Le dessin est correct et a le mérite de l’originalité, mais il reste un peu plat également. Bref, un emprunt correct en bibliothèque, qui vous fera passer une bonne fin de soirée pas prise de tête. Mais je n’en recommanderai pas l’achat pour autant.

13/01/2021 (modifier)
Couverture de la série Cuervos
Cuervos

Dans cette série, on suit le destin de Joàn, un gamin des rues colombiennes qui deviendra un membre important de la mafia puis un homme politique. Chaque tome concerne une période de sa vie : son enfance, ses dix-sept ans, son âge adulte et enfin son âge mûr. L’histoire est assez captivante au début. La ville de Medellin est décrite d’une façon particulièrement glauque, et l’absence de tout sens moral du personnage principal (et de certains autres) est bien rendue. Par la suite, c’est un peu moins passionnant, mais cela reste une lecture agréable. D’un côté, j’aime bien le fait que chaque tome effectue un saut important dans le temps, ce qui permet de faire avancer l’histoire de manière significative sans rallonger la sauce inutilement. De l’autre, j’ai trouvé certains passages un peu rapides, et on a parfois un peu l’impression de survoler certains arcs scénaristiques. Aussi bien en BD qu’en film ou en roman, les récits de mafiosos sont nombreux, et certains autres comprennent des scènes plus marquantes que les trois derniers tomes de cette série. Comme cela a déjà été dit, certains cadrages sont originaux mais cela ne facilite pas toujours la lisibilité. Au final, il s’agit tout de même d’une bonne série, que je prendrai plaisir à relire à l’occasion.

13/01/2021 (modifier)
Couverture de la série Freaks' Squeele
Freaks' Squeele

Mon appréciation a connu de grosses variations au cours de cette série. Pour une fois, ma critique sera essentiellement constituée de spoilers, donc voici un résumé de mon avis pour ceux qui ne voudraient pas voir l’intrigue divulguée. Après un premier tome qui transpire un peu trop le récit pour adolescents mais qui reste agréable, les tomes 2 à 4 installent une ambiance très intéressante et le récit est captivant. Hélas, dans les trois derniers tomes, les idées sont moins intéressantes et la narration plus confuse. Je recommande donc l’achat jusqu’au tome 4, où le lecteur pourra trouver une fin satisfaisante, mais je ne recommande pas les trois derniers. La série est organisée en chapitres et je dirais que ceux-ci forment des arcs, qui ne correspondent pas toujours au découpage en tomes. Attention, début des spoilers... Chap. I-V (T. 1) : Les débuts Le synopsis de cet arc est classique : nos trois héros, Xiong Mao, Chance et Ombre, arrivent à leur université de super-héros et ils forment un groupe de TP qui semble de prime abord être celui des losers, mais qui évidemment se révélera plus héroïque que tout autre. Ils subissent une première épreuve qui ne se déroule pas tout à fait comme prévu, puisqu’au lieu d’un monstre de classe « B », c’est un monstre de classe A qui a été libéré. Ensuite, il y a une deuxième épreuve aux bains publics, où chacun doit récupérer un maximum de paréos de ses adversaires par tous les moyens (eh oui). Par ailleurs, quelques relations se mettent en place, que ce soit avec l’apparition de Fei Long qui révèle quelques éléments du passé de Xiong Mao, ou la rivalité entre celle-ci et Amanite, qui lui vaudra d’ailleurs d’être virée de l’internat. Au niveau de l’ambiance, on reste dans un récit très adolescent, avec notamment une obsession sexuelle passée sous la forme de l’humour qui m’a laissé un brin perplexe. Les allusions à d’autres œuvres sont nombreuses, mais parfois un peu trop appuyées : par exemple, un personnage qui s’appelle Fei Long (Street Fighter) et qui utilise la Fureur du Dragon (Saint Seiyia), c’est un peu too much… Ceci dit, c’est assez rondement mené, donc la lecture n’est pas désagréable. Chap. VI-XI (T. 2-3) : Devenez les maîtres du monde Malgré une scène d’ouverture où l’humour nichon/foufoune/poils refait son apparition, la suite de cet arc est beaucoup plus intéressante. Le directeur de l’école demande aux étudiants de faire un projet d’études où ils doivent se mettre dans la peau de super-vilains. Il y a beaucoup de moments intéressants : le déménagement des héroïnes dans la taverne d’Ombre, le début des rencontres oniriques entre celui-ci et l’Ours, la salle des archives avec ses montagnes de bouquins, le personnage d’Halifax, armure sans chevalier qui souhaite à tout prix trouver un cœur. L’idée des bonhommes en pain d’épice est encore une référence à des œuvres préexistantes, mais je l’ai trouvée très bien exploitée et dégageant une chouette ambiance. Sous des dehors légers, la série devient aussi un peu plus politique par moments. Par ailleurs, les allusions amusantes se multiplient, y compris à des trucs a priori improbables. Par exemple, je soupçonne que la question « Combien y a-t-il de boulangeries dans une commune de plus de cent mille habitants ? » soit une allusion à un célèbre exercice que le physicien Enrico Fermi posait à ses étudiants, « Combien y a-t-il d’accordeurs de piano à Chicago ? ». Enfin, la révélation finale est très bien vue. Tout cela se termine par une bonne baston avec les élèves de Saint-Ange, l’école rivale. J’ai beaucoup aimé les costumes grotesques des héros (chap. XI planche 20), en particulier celui de Fei Long, une armure ridiculement déshabillée qui parodie celles qu’ont souvent les personnages féminins dans l’heroic fantasy. Chap. XII-XVI (T. 3-4) : Le Duel À la suite des événements de l’arc précédent, l’école Saint-Ange provoque un duel avec la FEAH, celle de nos héros. Les champions des deux écoles seront respectivement Ange et Chance. On suit tout d’abord deux histoires en parallèle : l’entraînement de Chance, qui contient notamment la scène du tango avec Funérailles, et la descente aux Enfers de Xiong Mao et Ombre pour forger l’épée qui permettra à Chance de remporter la victoire. Enfin, on en vient au duel proprement dit. Il s’agit pour moi de l’apogée de cette série. L’ambiance est très intéressante, notamment dans le passage aux Enfers. L’humour reste présent mais il y a à la fois un souffle épique et un côté onirique qui me séduisent parfaitement. Tout ceci se termine par l’épilogue de la saison 1, intitulé « Pas de vacances pour les héros », où on a un aperçu des parcours futurs de chacun. La série pourrait tout à fait s’arrêter là, même s’il reste des pistes scénaristiques ouvertes. Cependant, comme cet arc se termine au milieu du tome 4, on sera de toute façon amené à lire l’arc suivant. Chap. XVII-XIX (T. 4) : L’enlèvement du Directeur Cet arc est un peu plus brouillon, même s’il contient un passage que j’ai beaucoup aimé, la tirade de Funérailles (p. 84-85). Il s’agit essentiellement d’une course-poursuite, mais ça se laisse bien lire. Comme la fin de cet arc coïncide avec celle d’un tome, c’est sans doute le meilleur moment pour arrêter cette série. Chap. XX-XXIII (T. 5) : Nanorigines, ou : la gueule de bois Le coup des héros qui ont perdu la mémoire et qui découvrent peu à peu ce qui s’est passé est un ressort scénaristique classique, qui peut très bien fonctionner, dans des genres très différents allant du film "Very bad trip" à la série XIII (excellente jusqu’au tome "XIII contre I"). Malheureusement, ici, il n’est pas très bien exploité, car au final, ils apprennent presque tout d’un seul coup à la fin, ce qui fait qu’au lieu d’avoir un récit direct des événements, on a tout simplement un récit indirect qui est un peu rébarbatif. Je regrette aussi que l’accent soit de plus en plus porté sur le personnage de Chance et moins sur celui de Xiong Mao, que je trouvais plus intéressant. Chap. XXIV-XXVIII (T. 6) : Clémentine, ou : la descente aux Enfers Il y a deux arcs en parallèle : la descente aux Enfers et la lutte d’Ombre et Xiong Mao dans la forêt. Accessoirement, il y a aussi Lynette dans son QG, mais essentiellement, on s’en fiche. L’arc de la forêt est un peu anecdotique. Celui aux Enfers aurait pu être intéressant, mais il pèche par une narration un peu molle et linéaire. Un tel sujet aurait mérité un traitement plus mystique ou philosophique à la Jodorowsy (malgré tous les travers qu’on peut lui reprocher, mais qui font aussi la force de ses récits). Par ailleurs, sans vouloir chipoter, dans l’Enfer de Dante, il y a neuf cercles et non sept… Cette inexactitude est un peu bizarre, à une époque où Wikipedia permet de vérifier ça en trente secondes. Chap. XXIX-XXX (T. 7) : A-move & Z-movie, ou : les Obliterators Ce dernier tome est assez confus et franchement dispensable. Dommage, donc, que cette série s’essouffle sur les trois derniers tomes, car le milieu de la série était vraiment excellent.

11/01/2021 (modifier)
Couverture de la série Le Sculpteur
Le Sculpteur

L’auteur du "Sculpteur", Scott McCloud, est loin d’être inconnu, puisqu’on lui doit "L’Art Invisible", une BD présentant, avec beaucoup de pédagogie, une réflexion passionnante sur l’art de la narration en BD. En commençant la lecture de cette nouvelle production, j’étais donc à la fois rempli d’espoir (que ce soit bon) et d’appréhension (que le passage de la théorie à la pratique soit décevant). Eh bien, autant le dire tout de suite : c’est une bien belle œuvre que voilà. Le personnage central, David Smith, est un sculpteur qui possède un certain talent et qui a connu une brève période de gloire alors qu’il était encore à la fac. Oublié depuis, il peine à rebondir et sombre dans la déprime. La Mort, qui lui apparaît sous les traits de son défunt oncle Harry, lui propose un choix : mener une existence longue et ordinaire, ou recevoir un mystérieux don mais n’avoir que 200 jours pour l’utiliser avant de mourir. Ce don, David le découvre le lendemain, et il accepte le marché : il est désormais capable de modeler à mains nues la matière solide selon son bon vouloir, d’une manière qui est à la limite entre la sculpture et la télékinésie. Il y a donc des inspirations venant des classiques de la littérature fantastique et de l’épopée : Faust par exemple, mais on pense surtout au héros Achille de l’Iliade, qui doit choisir si son existence sera courte et glorieuse ou longue et ordinaire. On est même tenté de faire le rapprochement avec les comics de super-héros : on éprouve une réelle sensation de jubilation lors des utilisations de ce pouvoir exceptionnel. Mais ici, point de super-ennemi à défaire, simplement des œuvres d’art à réaliser. Car à partir de son postulat de base, l’auteur va imaginer un certain nombre de situations où ce pouvoir va s’exercer. Les sculptures imaginées par David foisonnent d’idées et on les découvre au fur et à mesure avec un grand plaisir. Cependant, qu’on ne s’y méprenne pas : il s’agit d’un roman graphique avant tout, qui accorde une place centrale aux états d’âme successivement traversés par le personnage principal. On y évoque le côté arbitraire de la célébrité, la quête artistique, les relations d’amour et d’intérêt et, tout simplement, l’éternelle question du sens de l’existence. Au cours de cette période, David rencontre une femme, Meg, dans des circonstances dont je ne dirai rien mais qui donnent lieu à une scène assez hallucinante. Meg va prendre de plus en plus de place dans sa vie, mais aussi dans son parcours vers la maturité (une autre similitude avec Faust, d’ailleurs, qui doit sa rédemption à Marguerite). S’il fallait émettre une critique, je dirais que cette relation prend un tout petit peu trop de place dans l’histoire, mais cela reste très mesuré. Également, certaines indications autobiographiques données dans la postface m’ont semblé de trop ; personnellement, j’estime que ces informations ne me regardent pas et que l’œuvre se suffit largement à elle-même. Mais je chipote, car l’ensemble reste très bon. C’est un récit très particulier, à la fois très humain, onirique, philosophique, et une belle et triste histoire d’amour. Bref, un excellent moment de lecture, dont certaines scènes vous trotteront en tête un certain temps…

08/01/2021 (modifier)
Couverture de la série Mutafukaz
Mutafukaz

(Après lecture des tomes 1 à 3 et du tome 0, "It came from the moon") Je regrette de ne pas avoir apprécié davantage cette série car elle n’est pas du tout inintéressante. Son principal atout est son graphisme, qui réalise un cocktail très personnel d’influences comics, manga, franco-belge et de visuels inspirés des tags. Les transitions de style sont très bien gérées, à tel point qu’on n’est pas vraiment dérangé quand on passe de la couleur au noir et blanc (mode manga) ou vice-versa. Il y a des trouvailles graphiques très sympathiques. Par exemple, j’ai bien aimé que quand on voit dans un rétroviseur une voiture qui explose, l’onomatopée est, elle aussi, écrite en mode miroir. Dommage, d’ailleurs, que cette idée soit utilisée une seconde fois un peu plus tard, ce qui brade un peu l’effet. Sur le principe, l’univers pourrait me plaire, avec cette ville de Dark Meat City ravagée à l’extrême par les gangs et la pauvreté. Les personnages des catcheurs justiciers s’intègrent parfaitement dans cet univers outrancier. L’histoire principale avec les extra-terrestres n’est pas d’une originalité folle, mais peu importe, ce n’est qu’un prétexte pour faire agir tout ce petit monde. Malheureusement, une énorme partie des tomes que j’ai lus se résume à des scènes de fusillade et de course-poursuite. Déjà que ça m’ennuie prodigieusement au cinéma, alors en BD… À cause de cette focalisation excessive sur l’action, cet univers que j’aurais pu apprécier n’est pas assez exploité. Son côté outrancier, ainsi que l’hommage qui est réalisé à la littérature et au cinéma de genre, aurait d’ailleurs mérité d’être traité avec beaucoup plus d’humour et, dans l’idéal, d’autodérision par rapport au genre lui-même. Là, en-dehors de quelques passages, il n’y a pas grand-chose qui m’a fait sourire, et au final je me suis surtout ennuyé. Au final, j’aurais bien mis voire pour l’originalité de la recherche graphique, mais plutôt pour le scénario et la narration. Malheureusement, comme je n’ai pris que peu de plaisir à la lecture, ma note finale sera seulement . Je lirai peut-être les derniers tomes s’ils me passent sous la main, mais ce ne sera pas une priorité. Le tome 0 utilise un style résolument différent. Alors que les autres tomes sont entièrement dessinés par Run, celui-ci est dessiné par Bicargo, dans un style volontairement vieillot et en noir et blanc. La narration s’inspire des séries désuètes d’aventure et de science-fiction, avec un certain nombre de clichés qu’on retrouve avec amusement et une narration assez ampoulée usant de longues didascalies. L’ensemble est assez réussi, mais le récit manque de construction et, en particulier, la fin est extrêmement décevante.

07/01/2021 (modifier)
Couverture de la série Nous, les morts
Nous, les morts

Alors là, j’avoue que je suis plutôt passé à côté. Le principal mérite de cette série réside dans son originalité. Même si les uchronies et les croisements entre genres sont dans l’air du temps, il faut reconnaître que le cocktail proposé ici ne ressemble à rien d’autre : au XVIème siècle, l’Europe subit une épidémie qui transforme les morts en zombies. 500 ans plus tard, les « Inkas » dominent l’Amérique ; et l’Empire Han, l’Asie. Le traitement des zombies est différent des standards habituels : ce ne sont pas simplement des dégénérés qui ne pensent qu’à bouffer du cerveau, ce qui aurait pu donner lieu à des situations intéressantes. Mais croiser les genres est un exercice difficile, qui n’est pas toujours aussi réussi que dans la très bonne série Millénaire. En l’occurrence, je ne me suis pas vraiment senti impliqué par les différentes péripéties racontées. Je suis resté indifférent aux différents personnages, à tel point qu’en lisant le tome 4, quelque temps après les trois premiers, je ne me souvenais plus vraiment qui était qui ; et à vrai dire, ça ne m’importait pas plus que ça. Par ailleurs, j’ai trouvé que cette série était souvent inutilement violente et vulgaire ; en un mot : bourrine. Comme le scénario, le dessin a le mérite de l’originalité, mais je n’accroche pas vraiment : déjà, je ne le trouve pas très beau, et en plus, il accentue le côté souvent peu subtil des personnages. Bref, j’ai du mal à comprendre l’engouement pour cette série. Ce n’est peut-être tout simplement pas mon truc…

07/01/2021 (modifier)