Le blog BD de Josq

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Derniers coups de coeur

Par Josq
Note: 3/5
Couverture de la série Mémoire morte
Mémoire morte

Découvrir une nouvelle œuvre de Marc-Antoine Mathieu est toujours à double tranchant. Il y a l'aspect grisant d'entrer une nouvelle fois dans son univers si particulier, si fascinant. Et il y a la crainte d'aller plus du côté de ses essais ratés (Otto, l'homme réécrit) que de ses coups de maître (Julius Corentin Acquefacques, évidemment). Je dirais qu'ici, on est un peu entre les deux, même si on penche plus du côté de ses œuvres réussies. L'univers est très proche de Julius Corentin Acquefacques, voire est exactement le même (un "Akfak" est mentionné un moment). Le dessin est du Mathieu tout ce qu'il y a de plus classique, et l'univers graphique auquel il a recours est connu. On se retrouve assez bien dans cette sorte d'extrapolation poussée à l'absurde de notre société. Nous sommes dans un monde régi par une sorte d'entité mystérieuse, où tous les hommes qui se promènent dans la ville sont dépendants d'une sorte de petite boîte noire qui leur dicte leur conduite. Évidemment, le parallèle est transparent, ce qui rend la lecture plutôt agréable, car on comprend bien ou MAM veut nous emmener. Et en même temps, n'est-ce pas là la limite de l'œuvre ? Certains parallèles sont parfois géniaux (ces boîtes noires qui happent l'identité des gens, ce transfert de la mémoire vers des boîtes informatiques qui entraînent l'amnésie des humains), et prennent en plus une résonance particulière à l'heure du développement sauvage et massif de l'IA. Mais ce discours n'est-il pas un discours vraiment facile ? C'est toujours très convenu de dénoncer les murs que les hommes construisent entre eux, et Mémoire morte n'entre jamais en profondeur dans cet aspect du sujet. Ce qui donne un peu l'impression de ces discours creusards d'hommes politiques qui ne veulent fâcher personne et s'attaquent aux murs et frontières bâties entre les hommes sans jamais en analyser les causes et proposer de solutions concrètes... Sur l'aspect "dépendance vis-à-vis du numérique", le discours vu d'aujourd'hui est relativement convenu, mais pour le coup, pour une bande dessinée de 2000, il devait l'être beaucoup moins à l'époque. Et surtout, j'aime bien ce rapport que fait l'auteur entre la manière dont on confie notre mémoire à l'informatique, ce qui, finalement, nous fait perdre tout souvenir, jusqu'à en perdre le langage. Et à ce titre, la phrase qui clôt le récit est véritablement glaçante, tant elle est lourde de sens, et tant elle, au moins, n'a pris aucune ride...

27/04/2025 (modifier)
Par Josq
Note: 4/5
Couverture de la série Tom et William
Tom et William

Un étrange ovni que celui-ci ! Lefeuvre signe ici une œuvre à la fois très complète et un peu courte. Très complet, l'univers de Lefeuvre l'est indéniablement. Les prémisses du récit sont captivantes à souhait, et les diverses ramifications qu'il emprunte par la suite sont très bien trouvées et pleines de sens. Les multiples personnages inventés et mis en scène par l'auteur sont tous intéressants, et Lefeuvre sait quoi en faire. Et en même temps, la bande dessinée n'aurait pas manqué d'une vingtaine de pages en plus, voire d'un développement sur 2 ou 3 tomes. Une fois le concept lancé, on peut le développer à l'infini, et il aurait été agréable de pouvoir se promener davantage dans cet univers, une fois qu'on en a bien compris les codes. Mais bon, ça ne m'empêchera par de relire ce one shot ! Ce qui rend Tom et William aussi réussi, malgré quelques séquences d'une trop grande confusion narrative, c'est évidemment son magnifique dessin. Le trait extrêmement rigoureux de Lefeuvre alterne à merveille entre le réalisme et une stylisation évoquant certains types de comics. C'est très pertinent vu le sujet, et surtout incroyablement élégant. Alors certes, la lecture de ce one shot est un peu trop rapide, et on aurait aimé que l'auteur développe davantage les innombrables potentialités de son univers, mais en attendant, c'est agréable à lire, original et bien trouvé. Voilà une BD qu'on n'a pas l'impression d'avoir déjà lu mille fois mais qu'on a diablement envie de relire !

27/04/2025 (modifier)
Par Josq
Note: 3/5
Couverture de la série La Cage aux cons
La Cage aux cons

Dès les premières pages, on se sent embarqué. La narration en voix off est ultra-efficace, et tout le côté "film noir/comédie policière des années 50" est plutôt bien fait (jusqu'au logo Delcourt sur la 1re page qui parodie le logo Gaumont de 1948). Il y a de jolies punchlines, les personnages sont bien brossés, et les prémisses du récit extrêmement intrigantes. Sans compter que le nombre réduit de cases par planche fait de cette bande dessinée un tourne-pages digne de ce nom ! Bref, la magie opère indéniablement. On est pris et on n'a qu'une envie, arriver au fin mot de l'histoire, surtout que les avis qu'on trouve ici et là nous vendent tous un twist impossible à prévoir ! Et de fait, ils ont globalement raison. Seulement, c'est là que tout s'effondre... Sans être une catastrophe absolue, le twist est d'une facilité que n'égale que son manque total de vraisemblance (sans parler d'une assez forte chute dans le mauvais goût). Je n'arrive pas du tout à y croire. Alors certes, on serait dans une pure comédie parodique qui jouerait la carte de l'absurde, ça aurait pu très bien passer. Peut-être les plus cinéphiles se souviendraient-ils de l'hilarant Un Cadavre au dessert (avec rien de moins que Truman Capote, David Niven, Maggie Smith, Alec Guinness, Peter Sellers, Elsa Lanchester et James Cromwell !), qui s'amusait à abattre les cartes les plus délirantes pour finir par nous emmener dans un festival de grand n'importe quoi absolument réjouissant. Ici, le twist m'a vraiment fait penser à ce film, sauf que le ton n'y est pas assez absurde pour nous faire accepter n'importe quel twist. Ou alors il aurait fallu l'étoffer pour le rendre plus crédible... Cela ne signifie pas que La Cage aux cons soit une mauvaise bande dessinée. Mais je dois bien avouer qu'elle n'est pas du tout aussi marquante que je l'aurais souhaité. Reste le souvenir d'une lecture plaisante, très bien écrite et assez bien menée, mais dont, à la réflexion, j'aurais préféré ne pas lire la fin.

26/04/2025 (modifier)
Par Josq
Note: 3/5
Couverture de la série La Terre verte
La Terre verte

Aïe, aïe, aïe... 4, c'est trop ; 3, c'est trop peu. Et je ne peux tempérer ma note par un coup de cœur qui n'est pas venu. Pour autant, on est loin de l'échec, Ayroles signe à nouveau une bande dessinée qui se lit très agréablement et où l'on retrouve le verbe haut si caractéristique de l'auteur. Et pourtant, j'ai ressenti moins de passion à lire cet album que l'ensemble des autres d'Ayroles... Après réflexion, je crois que le problème, c'est la redite. Pourquoi avoir choisi de poursuivre l'histoire de Richard III dans sa version shakespearienne ? Ce lien encombre finalement plus le récit qu'autre chose. Car, quand on connaît la pièce de Shakespeare (ou la fidèle adaptation cinématographique qu'en tira Laurence Olivier en 1955), il est difficile de concéder à Ayroles le même génie que son très illustre prédécesseur. Et si l'auteur de De Cape et de Crocs, Garulfo et D a déjà allègrement brillé par le passé, la lutte qu'il livre pour se montrer au niveau de Shakespeare est trop ardue pour qu'il en sorte la tête haute. On peut au moins reconnaître à Alain Ayroles de s'en sortir sans ridicule. Son pastiche de Shakespeare fonctionne par moments, et les dialogues sont ponctués de ces étincelles de génie qu'on lui connaît. Certaines répliques deviennent cultes aussitôt qu'on les lit ! Mais voilà, quand on a lu Sept Missionnaires et Les Indes fourbes, on a un peu l'impression que leur auteur tourne en rond. Que nous apporte de neuf La Terre verte ? Finalement pas grand-chose... D'autant que La Terre verte n'a pas la somptuosité visuelle des Indes fourbes. Hervé Tanquerelle est loin d'être mauvais au dessin, bien évidemment, mais quand on songe au génie de Guarnido ou à la fluidité du trait de Guérineau (pour rester sur le Ayroles récent), ce récit n'en a pas l'ampleur. Le Groenland n'apparaît le plus souvent que sous l'apparence d'un village de pêcheurs modeste, on ne voit et on n'imagine que peu les grandes étendues glacées balayées par le vent et la neige. Et puis, surtout, je ne m'attarde jamais dessus, mais ici, la police d'écriture des textes m'a sorti du récit. Je me rends compte que c'est important, parfois, le lettrage. S'il n'a pas l'élégance qui convient à l'époque choisie, cela crée un étrange décalage, pas forcément de bon aloi. Bref, rien de catastrophique. La Terre verte est une histoire qui se lit très agréablement et où l'on retrouve la patte typique d'Ayroles. Mais justement, c'est trop typique. C'est fait avec beaucoup de talent, mais le génie commence à disparaître sous l'effet de la répétition... Et finalement, après Les Indes fourbes, L'Ombre des Lumières et maintenant "La Terre verte", c'est-à-dire trois récits historiques de colonisation, de chute/rédemption (ou rédemption/chute) et de chocs des cultures, me vient une question à l'esprit : où est passé le Alain Ayroles qui était capable tour à tour (voire simultanément) de nous emmener écouter des poésies sur la lune en se battant à l'épée, trembler face au baiser mortel du vampire de l'époque victorienne, et pleurer sur le sort d'un ogre de contes de fées plus occupé à collectionner les porcelaines qu'à manger des humains ? Cet Ayroles-là me manque. On va tout miser sur le tome 3 de sa trilogie Les Chimères de Vénus...

18/04/2025 (modifier)
Par Josq
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Zaroff
Zaroff

L'enthousiasme de notre ami Agecanonix était tel que je ne pouvais pas passer à côté de cette bande dessinée ! Après avoir découvert le merveilleux film de 1932 récemment, je me suis donc lancé dans cette suite dessinée, et indéniablement, c'est du très, très bon boulot ! Faire revivre ce personnage détestable et fascinant n'était pas chose aisée, mais Sylvain Runberg a trouvé un excellent point de départ, permettant de renouveler les bases du scénario original tout en perpétuant l'univers dans la grande continuité de ce qu'instaurait le film de Pichel et Schoedsack. Cette idée d'opposer au général Zaroff une autre psychopathe permet de mettre en scène un nouveau duel où, cette fois, il devient difficile de déterminer qui, des deux adversaires, est la proie et qui est le chasseur. Les personnage sont très bien dessinés, et surtout très nuancés, par leurs actes et leurs dialogues, joliment écrits. Ainsi, Zaroff se découvre une âme en étant obligé de sauver la famille de sa sœur, mais pour autant, il ne devient pas un "gentil". Cela reste un psychopathe, un chasseur qui aime le goût du sang, mais au fond duquel sommeille toutefois un homme loyal. Heureusement, le scénario nous offre donc également les personnages de la sœur du général russe et de ses enfants, auxquels on aura moins de scrupules à s'attacher qu'au personnage principal. Le second tome, avec son intrigue plus axée "guerre, espionnage", tend peut-être un peu trop à faire de Zaroff un héros dont on questionne moins régulièrement les actions, sans parler du recours assez facile (quoique logique) aux nazis comme grands méchants inexcusables du récit. Toutefois, le scénario nous rappelle toujours, de manière ponctuelle mais prenante, les horreurs dont le comte est capable, notamment dans un cliffhanger particulièrement réussi. Le récit est raconté sur un ton très réaliste, et prend le temps de développer chacune de ses péripéties, malgré quelques raccourcis narratifs vraiment pas méchants (genre la civière qui surgit de nulle part sans précision d'une quelconque ellipse temporelle ayant permis sa confection), un défaut qui sera quelque peu exacerbé dans le deuxième tome. Dans le premier tome, la crédibilité est donc bien de mise dans ce duel entre deux esprits tout aussi tordus l'un que l'autre, à la fois terrifiants et envoûtants. Dans le second tome, il manque peut-être à opposer à Zaroff un esprit aussi brillant que lui pour que le récit soit de la même qualité. Dans tous les cas, le récit est parfaitement servi par le dessin de François Miville-Deschênes, d'une précision ahurissante et donc d'une beauté stupéfiante. Vraiment, chaque case est un pur plaisir à regarder. Je n'aime pas toujours quand le dessin est hyper-réaliste (à la Bergèse dans les Buck Danny de 2005-2006, par exemple), mais ici, Miville-Deschênes réussit à faire quelque chose de très fluide. Notamment, l'alchimie entre les personnages et les paysages (élément essentiel dans les histoires mettant en scène le comte Zaroff) est admirable, il n'y a pas le côté trop statique qu'on trouve souvent quand le dessin essaye d'être le plus réaliste possible. Ici, pas un trait en trop, l'équilibre est parfait ! Seul (très) léger reproche : il est peut-être un peu trop propre par rapport au ton du récit. Quand ça devient vraiment sanglant, on a parfois un petit peu de peine à ressentir l'impact d'une blessure ou d'un coup de griffe. Ou encore le visage blessé du général Zaroff est bien trop lisse par rapport à ce à quoi on aurait pu s'attendre. Mais bon, ça n'entame pas la qualité incroyable du dessin. Ainsi, alors que le pari de reprendre la nouvelle initiale et le film de 1932 avec la même intensité semblait perdu d'avance, Runberg et Miville-Deschênes réussissent pourtant à créer un résultat à la hauteur des œuvres initiales. Rien n'est édulcoré, aucun élément de base n'est trahi, et la continuité est parfaitement entretenue jusqu'à des cliffhangers de grande qualité, qui résument parfaitement l'esprit de cette bande dessinée : ne rien trahir, trouver le juste équilibre. Clairement, c'est une mission accomplie pour les deux auteurs !

20/04/2021 (MAJ le 16/02/2025) (modifier)
Par Josq
Note: 3/5
Couverture de la série Hope one
Hope one

Avec ses couvertures très engageantes, l'annonce d'un huis-clos spatial oppressant et la promesse d'un récit vite achevé en deux tomes, je me suis laissé séduire sans grande surprise par Hope One, qui semblait avoir tout pour me plaire. Et finalement, c'est un peu plus complexe que ça. Est-ce que j'ai aimé ? Oui, sans aucun doute. Est-ce que j'ai été déçu ? Probablement, oui. Est-ce que je suis satisfait d'être déçu ? Bizarrement, j'ai encore envie de dire oui... Il faut dire que 'Fane effectue des choix narratifs particulièrement clivants dans son récit, et moins on en sait, mieux ce sera, même si on augmentera également nos chances d'être particulièrement frustré à l'arrivée. On laissera donc le lecteur en juger. En l'état, 'Fane nous propose un scénario plutôt malin, assez bien ficelé, mais qui laisse peut-être entrevoir un peu trop vite certains éléments qui nous aiguillent vers la fin. Une fin qui plaira aux uns, pas aux autres, mais qui a toutefois le mérite de la cohérence. On y croit volontiers, et même si, au fur et à mesure de la lecture du second tome, on comprend peut-être un peu trop tôt de quoi il en retourne, reconnaissons que l'efficacité est entretenue jusqu'au bout. Une efficacité due principalement à des personnages bien croqués, notamment dans le tome 2, avec son duo d'enquêteurs très convaincant. L'ambiance à la Fargo fonctionne bien, et fait oublier la frustration d'être redescendu sur Terre un peu trop vite après la fin engageante du premier tome. De quoi, en tous cas, nous faire oublier le changement de dessinateur, guère très grave mais légèrement décevant dans la mesure où il ne se fait pas dans le bon sens, le trait de 'Fane surpassant sans aucun doute celui de Grelin. Malgré tout, vue la structure narrative du récit, changer de dessinateur entre les deux tomes semble tout à fait logique. Bref, difficile de recommander cette lecture à qui que ce soit. Pour ma part, ça a plutôt fonctionné, mais il faut bien prévenir un éventuel futur lecteur qu'il ne trouvera pas ici ce à quoi il pourrait s'attendre. Et à la réflexion, c'est quand même plutôt une qualité.

08/02/2025 (modifier)
Par Josq
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série HSE - Human Stock Exchange
HSE - Human Stock Exchange

Malgré son concept fort, j'avoue n'avoir pas été immédiatement séduit par cette série. Le premier tome fonctionne, mais en choisissant de nous immerger très progressivement dans son univers, met du temps à faire démarrer l'intrigue. On se perd un peu dans le jargon technique, dans les échanges financiers, et on se demande si on va arriver à suivre. Et puis le tome 2 arrive, et là, on sait qu'on va adorer. Le récit s'envole, les personnages se creusent, et les tournants pris par la narration deviennent un peu moins prévisibles, presque surprenant par moments. Et surtout, Dorison sait exploiter à 200% le fond de son sujet ! Après son premier tome d'exposition, il pose les vrais dilemmes dans ce tome 2 assez brillant, on comprend mieux où il veut nous mener. A ce titre, l'implacable tome 3 clôt merveilleusement la série, d'une manière parfaitement cohérente, toujours avec la profondeur qu'on attend d'un tel récit dystopique. La réflexion sur l'humanité, le libre arbitre, et notre avenir est vraiment bien menée et nous pose de vraies questions, sans que jamais, on ne se fasse écraser par un didactisme pesant. Le dessin d'Allart est très efficace et participe bien à nous immerger dans cet univers d'hypocrisie et de faux-fuyants. De belles couleurs, un trait souple, un réalise jamais excessif, on y est, on y croit. Bref, tout cela est très beau, et si, finalement, je n'ai eu qu'une petite réserve à la fin de cette lecture, c'est que, quelque part, j'ai eu un peu l'impression d'avoir déjà vu cette histoire. Le lien n'est pas évident de prime abord, mais quand on a vu The Truman Show, il est vraiment difficile de ne pas y voir de grosses résonances avec le tome 3. On est loin du plagiat, bien évidemment, mais tout de même, les parallèles sont très nombreux, même si j'éviterai de les lister ici pour ne pas gâcher la surprise d'éventuels futurs lecteurs. Ce rapprochement un peu trop évident à mes yeux, est loin de disqualifier la série, mais cela lui enlève ce petit côté vraiment unique qui caractérise les grands chefs-d'œuvre. En l'état, on a déjà une excellente trilogie, agréable à lire, et très bien menée, qui nous fait déjà envisager avec le plus grand plaisir la perspective de la relire un jour. C'est déjà énorme.

07/02/2025 (modifier)
Par Josq
Note: 3/5
Couverture de la série Kosmos
Kosmos

S'il faut retenir une chose de cet album de Perna et Bedouel, c'est indéniablement sa beauté graphique ! Comme beaucoup de pages sont sans dialogues, on a tout le loisir d'admirer la vision de l'espace et de la lune proposée par Fabien Bedouel, c'est particulièrement élégant, et de ce fait, très immersif. C'est le principal intérêt qu'on en retirera car, finalement, sur le fond, Kosmos n'a pas grand-chose à nous proposer. On comprend bien l'idée de la réflexion sur les fake news et les théories du complot, c'est d'ailleurs une bonne idée, mais on comprend moins l'intérêt d'inventer une nouvelle théorie montée (à ma connaissance) de toute pièce pour aborder le sujet. Ce sera moins pertinent de partir en guerre contre les complotistes, après ça... Ce qui m'a plus accroché, en revanche, c'est la réflexion intéressante sur le patriotisme et la propagande, qui finissent par écraser les vies d'hommes ou de femmes avec leur consentement. Une terrible réalité effleurée ici, de manière toutefois assez profonde. Cela donne une vraie force aux personnages principaux, et c'est plutôt un bien. Et même si, à la fin de l'album, j'avais un peu envie de dire : "Tout ça pour ça ?", je ne peux pas bouder le réel plaisir que j'ai eu à tourner les pages de ce récit spatial pseudo-historique, qui se lit fort agréablement.

06/02/2025 (modifier)
Par Josq
Note: 3/5
Couverture de la série Le Meilleur Job du Monde
Le Meilleur Job du Monde

Je dis souvent qu'avec Christophe Bec, c'est tout ou rien. Mais parfois, c'est tout et rien. Avec Le Meilleur Job du Monde, c'est totalement le cas. Le premier tome commence d'excellente manière. Le concept est accrocheur, l'atmosphère réussie, on a vraiment envie de comprendre de quoi il retourne réellement, et ce qu'il se passe sur cette île mystérieuse... Le problème est qu'à la fin du 1er tome, on a déjà toutes les clés en mains ! Même s'il nous reste à comprendre le but du méchant au travers de son étrange plan, on a compris tout le reste, et rien jusqu'à la fin du 3e tome ne viendra nous contredire. Bec aurait tout de même pu veiller à distiller de manière un peu plus équilibrée les différents twists du récit. En l'état, dès le 1er tome, on sait où on a mis les pieds, et la lecture des deux tomes suivants ne fait que le confirmer, sans jamais réussir à nous emmener là où ne s'y attend pas. C'est bien dommage, car passé le tome 1, on commence à se lasser, donc. Tout est tellement programmatique et très cliché qu'on sait exactement où le récit va nous balader. Et quand on referme le 3e tome, on se demande quand même un peu : "Tout ça pour ça ?". Mais bon, reconnaissons-le, la lecture n'est jamais totalement déplaisante. Bec sait tout de même écrire un scénario, et le dessin de Fonteniz est plutôt élégant. Suffisamment, en tous cas, pour qu'on continue à tourner les pages de cette trilogie qui se laisse bien lire (et surtout, très rapidement). De là à dire qu'on s'en souviendra dans quelques mois, il y a un pas.

01/02/2025 (modifier)
Par Josq
Note: 4/5
Couverture de la série Shubeik Lubeik
Shubeik Lubeik

Au vu de l'avis de la semaine, il m'a semblé que je pouvais difficilement passer à côté de cette bande dessinée. Et bien m'en a pris, car même si je suis un peu moins enthousiaste que les deux avis précédents, je confirme la réussite de l'œuvre ! Deena Mohamed signe ici une œuvre assez fascinante, tout d'abord par son ampleur, elle dure quand même 500 pages ! Dans ces 500 pages, l'autrice met en place 3 intrigues successives, qui se recroiseront un peu, mais qui sont presque complètement indépendantes les unes des autres. Dans ces trois récits différents, on trouve en outre des personnages qui, parfois, racontent leur histoire, ce qui crée des récits dans le récit, reprenant une structure assez typique des contes, notamment orientaux. Comme souvent lorsqu'on compile plusieurs récits différents, la comparaison entre eux s'impose, et il faut bien reconnaître que les 3 arcs narratifs principaux ne présentent pas la même force. Comme Spooky, je pense que c'est la deuxième histoire qui est la plus faible. Non qu'elle soit mauvaise, mais j'ai trouvé qu'elle tournait un peu en rond, et passait énormément de temps à dire des choses qui pouvaient être dites en beaucoup moins de temps. En revanche, le 1er arc narratif est franchement efficace, même si j'ai trouvé sa résolution un peu trop rapide. Je n'étais pas loin de me dire "tout ça pour ça ?", mais le regard qu'il porte sur les problématiques abordées et la société dans laquelle vit l'autrice est très intéressant. Mais Deena Mohamed a eu l'élégance salvatrice de garder le meilleur arc narratif pour la fin, et c'est sans grande surprise le 3e récit qui emporte pleinement l'adhésion. On y découvre le passé du personnage principal des deux arcs précédents, et d'un autre qui restait jusque-là spectateur. A partir de là, la bande dessinée s'envole vraiment vers les cimes, et même si je trouve la conclusion de l'album très légèrement frustrante, on est tout de même passé par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel avant, en termes d'émotion. Malgré son trait épais, le dessin de Deena Mohamed nous plonge dans un univers d'une finesse bien réelle, où les personnages sont incroyablement crédibles. Chaque ligne de dialogue est pleine de sens et de réalisme, et nous promène ainsi dans un monde auquel on croit dur comme fer. Les rapports entre les personnages sont délicatement esquissés, et nous ouvrent peu à peu leur âme. J'avoue que j'aurais quand même voulu être davantage ému, dans l'ensemble, mais encore une fois, j'ai été à peu près comblé par le 3e arc narratif, d'une efficacité assez redoutable. Ainsi, si Shubeik Lubeik ne figure pas au rang des plus grands chefs-d'œuvre que j'ai lus, il se montre tout de même à la hauteur de ce que je pouvais en espérer. Deena Mohamed nous offre un récit plein de vie, qui nous donne quelques belles leçons sans aucun moralisme. Peut-être un ton légèrement trop tire-larmes par moments, mais vu comme on s'est attaché à ses personnages, on ne lui en veut pas.

29/01/2025 (modifier)