Le blog BD de Josq

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Derniers coups de coeur

Par Josq
Note: 3/5
Couverture de la série Les Sous-sols du Révolu
Les Sous-sols du Révolu

Découverte d'un nouveau Marc-Antoine Mathieu que je ne connaissais pas. Il y a toujours quelque chose de grisant à replonger dans son univers si singulier, et Les Sous-sols du Révolu ne manquent pas à cette tradition. Toutefois, il manque un récit à tout cela. Il y a ici, comme toujours chez Mathieu, des dialogues très bien écrits, le discours est toujours poétique, absurde et touche constamment juste. Ces grandes dissertations sur ce qui fait une œuvre d'art sont souvent excellentes, mais je les aurai trouvées encore plus fortes si elles avaient été mises au service d'une intrigue, et de péripéties donnant une unité à tout cela. En l'état, Les Sous-sols du Révolu est "juste" un bon voyage dans les entrailles fantaisistes d'un musée fantasque. C'est amusant, souvent très bien trouvé, mais parfois un peu vain.

20/10/2023 (modifier)
Par Josq
Note: 4/5
Couverture de la série Les aventures de Philip et Francis
Les aventures de Philip et Francis

J'ai toujours eu peur d'ouvrir cette parodie de Blake et Mortimer. D'une part, la saga de Jacobs fait partie des sagas les plus cultes de mon enfance, et d'autre part, j'ai souvent du mal avec cette volonté de désacraliser une icône, d'en détruire l'image simplement pour en tirer quelques rires. Mais force est de reconnaître que Veys et Barral font cela très bien. Pas parfaitement, mais très bien ! Le dessin de Barral reprend assez bien les codes jacobsiens, de manière bien moins rigoureuse, mais tout-à-fait appropriée au ton des récits. On y retrouve en tous cas toute l'essence des bandes dessinées initiales, et ce d'autant plus qu'il s'amuse parfois à aller chercher des cases entières des albums précédents (qui sont d'ailleurs intégrés à la chronologie de cette parodie, comme si ces récits prenaient place après). Mais ce qui fait vraiment le sel de cette saga, ce sont les scénarios de Veys, qui s'y entend à merveille pour reprendre les codes narratifs de Blake et Mortimer et les pervertir savamment de manière à instaurer un humour souvent très craquant, qui n'est pas loin de hisser cette saga au rang de classique instantané, à mes yeux. On se prend à rire (voire à exploser de rire !) un nombre de fois suffisamment raisonnable pour pardonner les gags trop gros ou trop convenus qui surviennent par moments. De fait, si quelques baisses de régime font souffrir le récit (notamment des allusions trop évidentes comme celle à Orange mécanique dans le tome 3), Pierre Veys réussit à si bien susciter notre sympathie qu'on n'a qu'une envie, c'est de continuer à tourner les pages pour retrouver l'hilarité qui nous a saisi juste avant. Et ce qui est bien, avec cette trilogie, c'est qu'à chaque coup, ça marche.

17/10/2023 (modifier)
Par Josq
Note: 3/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Journal Tintin - Spécial 77 ans
Journal Tintin - Spécial 77 ans

Oui, ça y est ! Voilà le nouveau numéro du journal Tintin après... 35 ans d'absence ! "Tout vient à point à qui sait attendre", non ? Pour se faire pardonner cette longue attente, le numéro fait 400 pages, c'est rentable, au moins. Pour l'occasion, plus de 80 auteurs et dessinateurs se sont réunis afin de rendre un hommage à l'hebdomadaire. Et c'est franchement réussi ! On retrouve ce plaisir d'une autre époque, de tourner les pages en se demandant ce que la suite nous réserve, on retrouve nos héros favoris dans des aventures diverses et variées, toujours avec beaucoup d'humour et un ton bon enfant. Le principal problème, c'est qu'en généralement 4 ou 6 pages, il est difficile de développer une bonne histoire digne de ce nom et les auteurs d'aujourd'hui n'ont visiblement pas la facilité de leurs illustres prédécesseurs. Si certains s'en tirent extrêmement bien, beaucoup d'histoires ont tendance à finir un peu en queue de poisson ou sur un petit "tout ça pour ça ?". Le plaisir est là, mais il aurait été vraiment intact avec des histoires plus abouties. L'autre petit problème est la modernisation de certains héros qui ne passe pas toujours bien. Evidemment, ce ne sont pas toujours des pastiches, mais souvent des relectures. Si, par exemple, Michel Vaillant, Blake & Mortimer ou Bernard Prince ont le droit à des reprises qui leur font honneur, d'autres héros peut-être moins connus comme Olivier Rameau, Spaghetti ou Tounga ne bénéficient pas de ce traitement de faveur. Ce qui fait qu'à 80 auteurs/dessinateurs, forcément, le résultat est très inégal et plusieurs histoires ne suscitent pas tout l'intérêt qu'on espérait ressentir. Néanmoins, l'album complet est très agréable et bien pensé malgré tout, et c'est avec un plaisir non dissimulé et une jolie nostalgie qu'on se plonge dans ces pages qui ressuscitent certains de nos héros préférés, pas toujours avec une égale réussite, mais avec toujours beaucoup de cœur.

12/10/2023 (modifier)
Par Josq
Note: 3/5
Couverture de la série Le Fulgur
Le Fulgur

Christophe Bec dans une trilogie d'exploration sous la terre, ça pouvait promettre un spectacle grandiose et épique. Et de fait, si le spectacle est là, il manque pourtant quelque chose. J'aurais du mal à mettre des mots sur ce qui manque précisément, mais le fait est que j'ai eu du mal à me passionner pour ce récit. Il est plutôt bien monté, intéressant à suivre, et on ne s'ennuie pas trop, mais il y a ce petit quelque chose en plus qui est absent. Les fans inconditionnels de Jules Verne devraient toutefois y trouver leur compte, tant l'hommage à Voyage au centre de la Terre (et peut-être dans une moindre mesure à Vingt mille lieues sous les mers) est réussi. Là-dessus, rien à redire, si on aime l'exploration époque XIXe, c'est très bon. Les personnages sont fidèles aux archétypes auxquels on est en droit de s'attendre, les monstres marins sont bien présents et les dédales mystérieux au fin fond de la Terre réussissent à susciter notre intérêt. Mais voilà, le souci de Christophe Bec de tout expliquer scientifiquement - certes très fidèle à l'esprit vernien - finit par se révéler assez pesant, et par atteindre la narration, qui perd en efficacité. Comme le récit ne contient que peu de retournements vraiment renversants, on lit ça d'un bout à l'autre en se laissant volontiers embarquer, mais en sachant très bien que ça se laissera oublier assez vite. Et que, finalement, le plus beau, dans tout ça, c'est les couvertures des trois tomes.

10/10/2023 (modifier)
Par Josq
Note: 2/5
Couverture de la série Carême
Carême

Mais qu'est-ce que Christophe Bec a voulu nous raconter avec cette histoire ? Alors d'accord, je vois bien le côté "histoire d'amitié entre deux marginaux", l'un par choix, l'autre par souffrance. Je suppose qu'il faut se réjouir devant cette belle amitié faite de petits riens, et qu'on doit trouver touchants ces personnages qui cherchent leur place dans un monde trop grand pour eux. Bon, tout ça, je veux bien le voir. Mais... de là à en faire une histoire, il y a un pas. En fait d'histoire, Carême n'est qu'une suite d'événements, souvent très vaguement connectés entre eux, qui ne fait que nous montrer l'évolution d'une relation entre deux hommes qui n'arrivent plus à se détacher l'un de l'autre. C'est cette absence de fil directeur qui est censé faire le fil de l'histoire, et pour moi, c'est cette absence de fil directeur qui lui nuit terriblement. Une bonne bande dessinée doit avoir un discours, ou savoir justifier son absence de discours. Avec Carême, on est pile entre les deux. On voit bien la volonté de Christophe Bec de mettre en place une métaphore transparente et un peu steampunk de notre monde au XIXe siècle, mais il n'en tire STRICTEMENT rien ! Tout cela est vide, d'un vide absolu qui fait peur à voir. Tout doit tourner autour d'une relation qu'on doit trouver émouvante, sauf qu'on a oublié de nous rendre les personnages attachants. Je ne les déteste pas, mais je n'arrive pas à trouver le caractère qui devrait nous faire ressentir l'empathie que l'auteur recherche visiblement. Tout ça est trop lisse, et le texte n'a pas la poésie que Bec croît y avoir mis. C'est d'un style beaucoup trop naïf, qui fait plutôt penser à un amateur essayant vaguement d'écrire un roman dans la veine de Balzac ou de Poe sans avoir compris ce qui en faisait l'élégance et l'efficacité. Tous les éléments sont là pour une bonne histoire, mais tout semble avoir été dispersé pêle-mêle en espérant que ça suffirait à créer une bonne histoire. Sauf que non. Et comme le dessin ne sauve rien du tout. Alors oui, il y a parfois quelques belles planches, mais dans l'ensemble, je n'accroche pas. Le trait de Mottura manque singulièrement d'élégance, et il n'arrive pas à rendre hommage au monde créé par Bec. Les visages et les corps tordus ne dégagent rien. Guère arrangé par l'aspect informatisé qui lisse tout sur son passage, la bande dessinée n'est pas un supplice à lire, elle est juste sans saveur. Donc sans être un immonde navet, Carême ne ressemble qu'à un coup d'épée dans l'eau. Aussitôt lu, aussitôt oublié, et on passe à autre chose.

20/09/2023 (modifier)
Par Josq
Note: 3/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série L'Ombre des Lumières
L'Ombre des Lumières

Bon, on est plus sur un 3,5/5, c'est juste que je ne note qu'un seul tome sur les trois à paraître et que l'histoire est donc incomplète, mais il y a là un merveilleux potentiel pour se diriger tout droit vers le chef-d'œuvre ! Une nouvelle bande dessinée d'Alain Ayroles, c'est toujours la fête pour un bédéphile. C'est donc tout naturellement que je me suis précipité en librairie et je n'ai pas trop été déçu ! Encore une fois, Ayroles accouche à la fois d'un bel objet et d'une histoire puissante. Les jeux de pouvoirs et de domination qu'il met en scène sont savamment mis en place avec l'art qu'on lui connaît. Ses personnages sont intelligemments écrits, et même si on est parfois dans le domaine de la caricature, il sait faire sortir les protagonistes de cette ornière. Ainsi, notre perception des personnages principaux change constamment, au fur et à mesure qu'on découvre leurs vilenies ou leur excessive naïveté. L'univers du XVIIIe siècle français est en cela très bien rendue, avec l'hypocrisie qu'on lui connaît. L'auteur menace toutefois régulièrement de réduire le siècle des Lumières à cette hypocrisie, et c'est à mon sens un peu dommage, car il bénéficie quand même d'une richesse culturelle indéniable. Certes, Ayroles la met bien en scène mais toujours à travers ce prisme de l'hypocrisie d'une élite déconnectée du vrai peuple. D'un côté, on est contents de voir cette description d'une noblesse d'Ancien Régime, qui n'invoque le progrès, la philosophie et la culture que pour mieux se conforter dans un entresoi détestable, à milles lieues des vertus invoquées au sein même d'une religion affichée qui ne signifie plus rien à leurs yeux, ou d'un athéisme étonnamment plus dogmatique encore que la religion qui le précéda. D'un autre côté, le récit aurait pu laisser davantage de place à ces gens honnêtes, égarés dans ce monde qu'ils ne peuvent plus comprendre et qui refuse de leur accorder la moindre attention. A voir, toutefois, comment les personnages et le récit évolueront, car on est habitué avec cet auteur à voir nos sentiments évoluer du tout au tout entre le début et la fin de ses histoires. Il est donc impossible à l'heure actuelle de dire si son chevalier de Saint-Sauveur restera aussi détestable qu'il ne l'est jusqu'à la fin, ou s'il trouvera une forme de rédemption au contact du Nouveau Monde. Ce contact avec le Nouveau Monde est d'ailleurs une des grandes surprises du récit pour ma part (mais révélé dès la lecture de la 4e de couverture, puisqu'il suffit de lire le titre des deux tomes à venir pour le comprendre). Je ne m'attendais pas à ce que le récit explore le lien entre l'Ancien Régime et les colonies américaines, cela promet un récit captivant par la suite. En même temps, cette idée de mettre en scène les territoires outre-Atlantique est à mon avis une des limites de la bande dessinée, dans le sens où on est obligé de faire la comparaison avec Les Indes fourbes, et de constater que celui-ci en jouerait presque le rôle de préquelle s'il ne prenait place quelques siècles après. En effet, on a constamment l'impression d'avoir déjà lu quelque part cette histoire de fripouille magnifique (mais plus ignoble ici) qui touche la gloire, déchoit et s'exile de l'autre côté de l'Atlantique. Bien évidemment, un auteur a le droit d'écrire des variations sur un thème commun, et il y a en outre fort à parier que le récit des deux tomes à venir s'éloigne largement des Indes fourbes, mais à la lecture de ce premier tome, je trouve qu'il y a trop de points communs pour avoir l'impression de lire une histoire vraiment originale. C'est ce qui explique que je ne sois pas (encore ?) monté à 4 étoiles sur 5. Au dessin, Richard Guérineau n'a pas le génie de Juanjo Guarnido, mais il a néanmoins une jolie patte graphique, qui colle bien avec l'univers d'Ayroles. Manquant peut-être un peu de finesse par rapport au raffinement extrême du XVIIIe siècle français, je pense qu'en revanche, le dessin sera parfaitement adapté aux décors du Canada qui nous attendent dans les tomes à venir. Elégant, mais brutal quand il le faut, le dessin de Guérineau accompagne en tous cas parfaitement les retournements de situation et autres jeux de manipulation sournoise qui ponctuent le récit. Bref, donc un premier tome qui finit nécessairement sur un cliffhanger (très réussi) rendant l'exercice de la critique compliqué, car on a bien conscience de ne pouvoir commenter qu'un tiers d'une histoire qui cache probablement encore la majorité de ses enjeux et de son potentiel. On est donc d'autant plus pressé de voir la suite arriver. En espérant qu'elle sera au niveau des prémices posés ici !

14/09/2023 (modifier)
Par Josq
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Bernard Prince
Bernard Prince

Mais quelle merveille ! A chaque fois que je découvre une nouvelle série de Greg, j'en suis toujours aussi enchanté. Certes, Bernard Prince n'a pas le génie de Comanche et la même profondeur des personnages, peut-être lorgne-t-on davantage du côté d'un Luc Orient sans la science-fiction. Mais voilà une vraie bande dessinée d'Aventure ! Greg a parfaitement compris ce qui faisait le génie des grands récits d'aventures, et il en reprend les codes à merveille. Le rythme est toujours soutenu, les relations entre les personnages bien menées, mais surtout, c'est la qualité extrême des scènes d'action qui éblouit. Chacun des tomes que j'ai lu se caractérise facilement par une scène d'action mémorable qui permet de l'identifier tout de suite. En outre, Greg en profite pour mêler la plupart du temps une catastrophe naturelle au récit, le pompon se situant sans aucun doute dans le tome 10, Le Souffle du Moloch où l'auteur met en place une intrigue humaine déjà captivante sur le vol d'un bateau et la libération du virus de la peste dans des îles du Pacifique, qu'il fait rejoindre une intrigue centrée sur une éruption volcanique. C'est dire à quel point le final est dantesque, et de fait, on n'est pas déçu ! On se demande presque comment il est possible que personne n'ait encore fait un film avec les différentes histoires de cette saga ! Il est vrai qu'une des grandes forces de la série est aussi graphique et on imagine mal ce que serait Bernard Prince sans le fabuleux dessin d'Hermann. Son trait toujours expressif et ultra-réaliste joue pour beaucoup dans le côté spectaculaire des récits. Sa mise en scène est ample et rend au texte de Greg tous les honneurs qu'il mérite. L'alliance entre les deux est décidément un des plus puissants combos que j'ai vus en BD ! Bref, si la saga n'échappe pas au déjà-vu par moments (difficile de ne pas voir une dynamique Tintin/Capitaine Haddock dans le duo Bernard Prince/Barney Jordan), Greg prouve une nouvelle fois tout son génie en s'alliant avec le non moins génial Hermann et redonner à l'Aventure ses lettres de noblesse. A consommer sans modération !

29/08/2023 (modifier)
Par Josq
Note: 4/5
Couverture de la série Batman - Beyond the White Knight
Batman - Beyond the White Knight

J'avais eu un tel coup de cœur à la lecture de Batman - White Knight que le comics de Sean Murphy avait bondi au rang de mes BD cultes instantanément. Le récit de Batman - Curse of the White Knight m'avait bien plu mais il m'a fallu deux lectures pour j'apprécie son génie narratif à sa juste valeur. Avec Beyond the White Knight, Sean Murphy nous offre donc une nouvelle itération de son univers, qui modifie encore les codes et les arcs narratifs en empruntant une direction totalement inédite, toujours plus radicale. Mais bizarrement, en s'enfonçant dans les méandres de la radicalité scénaristique la plus extrême, Sean Murphy semble avoir du mal à renouer avec l'impact hallucinant que pouvait avoir le récit du premier tome. On est désormais habitué aux tropes de l'auteur et à sa manière de reprendre des histoires et personnages connus pour en tirer quelque chose de totalement nouveau, et c'est peut-être en cela que Beyond the White Knight aura du mal à renouer avec l'impact génial de White Knight. Toutefois, le récit de ce nouveau tome nous offre bel et bien des surprises de taille, et on ne peut qu'en remercier Sean Murphy. Reprenant visiblement les personnages de la série animée Batman Beyond (que je ne connais absolument pas, pour ma part), l'auteur reprend son univers après une ellipse de dix ans et nous montre ce que sont devenus les personnages dans un Gotham modernisé, ville du futur digne d'une vision de Blade Runner mais sans les couleurs. Honnêtement, cette version futuriste de la ville ne sera jamais exploité plus que comme un cadre d'action quelque peu modifié, mais en ce qui me concerne, cela me suffit. L'intérêt de l'ellipse réside ailleurs : cela permet à Murphy d'opérer une césure, qu'il gère admirablement, dans l'évolution des personnages. Autant Curse of the White Knight révélait une continuité remarquable avec White Knight, illustrant les dérives des différents personnages, autant Beyond White Knight choisit l'effet inverse en nous montrant non pas comment ils évoluent, mais ce qu'ils sont devenus. Ainsi, on s'intéressera à des personnages quasiment nouveaux, tant ils sont cette fois poussés jusqu'au bout de la logique qui les anime, continuant de brouiller les limites qu'on croyait pouvoir poser entre "gentils" et "méchants". Je n'ai toutefois pas réussi à totalement me décider sur le sort (extrêmement clivant) que l'auteur a réservé au Joker. C'est indéniablement novateur et original, mais est-ce tout-à-fait pertinent ? Du moins cela nous permet-il de plonger au fond de la psyché des deux personnages principaux, et c'est toujours intéressants. Au niveau du dessin, on reste sur le style désormais connu de Sean Murphy, avec ses graphismes anguleux et sombres, ultra-efficaces. Son trait sûr et envoûtant crée une atmosphère unique en son genre. Comme Ro, je regrette néanmoins qu'on n'ait pas davantage de grandes planches, ça aurait été sympa. Mais ça reste vraiment joli. Sinon, en termes de péripétie, on est sur du très classique. Les héros doivent faire face à un homme d'affaires omnipotent, qui a fascisé Gotham City et veut vendre des super-armures dans le monde entier. Encore faut-il savoir précisément qui sont les héros dans l'affaire, et tout le génie de Sean Murphy est de réussir à poursuivre sa réflexion avec un art consommé. Peut-être le mobile du méchant est-il un peu plus original qu'attendu également. Toutefois, pour le savoir, il faudra patienter jusqu'au prochain tome... Un prochain tome qu'on attend avec autant d'impatience que de crainte, puisqu'il semble annoncer l'arrivée dans l'univers de White Knight des personnages emblématiques de la Justice League. N'ayant pour ma part pas plus d'atomes crochus que ça avec Wonder Woman ou Superman, j'ai un peu peur de voir le récit se décentrer de Batman et du Joker pour se concentrer sur de nouveaux personnages. En même temps, peut-être que Murphy, justement, réussira à me captiver pour ces personnages que je connais finalement assez peu. Quoiqu'il en soit, c'est clairement l'impatience qui domine, hâte de lire ce que l'auteur nous réserve pour la suite !

09/08/2023 (modifier)
Par Josq
Note: 3/5
Couverture de la série BRZRKR
BRZRKR

Une incursion de Keanu Reeves dans la bande dessinée, cela a de quoi surprendre et en même temps, les connaisseurs de l'acteur savent que ça correspond bien à son image passionnée et éclectique. Les connaisseurs ne seront pas non plus étonnés par l'ultra-violence, qui ferait passer n'importe quel John Wick pour une agréable promenade de santé. De fait, les scénaristes s'amusent ici à multiplier les poussées de violence franchement sanglante, utilisant à merveille le format BD pour amplifier ce qu'on hésiterait à montrer tel quel à l'écran (ce qui se comprend). J'ai toujours eu un rapport ambivalent à cette ultra-violence, n'appréciant pas son côté gratuit. Et pourtant, sous la plume de Kindt et Reeves, il faut bien avouer que l'usage de la violence a ici un côté presque cartoonesque, qui le ferait lorgner plus du côté d'un Kingsman que d'un Tarantino, conférant un côté étonnamment cool à l'ensemble, suffisamment en tous cas pour me la faire apprécier. Si je ne monte pas à 4 étoiles, malgré le côté spectaculaire indéniablement jouissif et la mise en scène cinématographique, c'est la faute à un dessin qui accomplit le taff mais se révèle tout de même un peu grossier, et surtout à un scénario qui manque encore trop d'originalité . En revanche, en fonction de son évolution dans les tomes suivants, il est très possible que je monte à 4 étoiles, car le potentiel du récit peut annoncer beaucoup d'excellentes choses. On attend de voir, donc, et pour mieux patienter, on se régale de ce que le très généreux Keanu Reeves nous offre ici en espérant que le second tome passera à la vitesse supérieure.

01/08/2023 (modifier)
Par Josq
Note: 3/5
Couverture de la série Batman White Knight - Harley Quinn
Batman White Knight - Harley Quinn

Batman - White Knight ayant rencontré le succès qu'il méritait, il est logique de voir la série se décliner en spin-off. Mais le risque n'est-il pas de voir se diluer l'écriture géniale de Murphy dans des sous-histoires d'un intérêt moindre ? Indéniablement, et ce spin-off le confirme. Loin d'être inintéressant, le récit peine toutefois à trouver l'ampleur que Sean Murphy introduit dans ses comics. Ainsi, le méchant peine à convaincre, tant le fameux "grand final" qu'il annonce pendant toute l'histoire ne crée pas un suspense de fou, car on n'a pas assez mesuré l'impact que pouvaient avoir les méchants en question sur la population de Gotham. En outre, certains dialogues trop peu subtils sont préjudiciables à la qualité globale de l'album, tant Murphy réussissait à introduire une réflexion fine et subtile, ici absente (ou presque). Les réussites se trouvent donc principalement au niveau des personnages, Harley Quinn ayant ici un traitement de faveur bien mené et mérité, ainsi qu'au niveau du dessin. En effet, la patte de Scalera est très caractéristique et séduisante, quoique loin du style Murphy et crée une atmosphère très adaptée au récit. Ainsi donc, la bande dessinée de Katana Collins réussit à offrir à sa saga-mère un spin-off de qualité, quoique manquant d'un peu d'originalité. Et si le génie de Murphy est absent de cette œuvre, on s'y retrouve suffisamment pour apprécier cet intermède entre deux tomes plus forts et plus impactants.

19/07/2023 (modifier)