Après Haxtur et Haggarth, Victor de la Fuente revient dans le monde de l’Heroic Fantasy dont le héros se met en quête du feu perdu par sa tribu à la suite de l’attaque d’un ours. Il y apprendra que plutôt de dérober ce feu sacré aux autres, mieux vaut apprendre à le fabriquer soi même.
Cette histoire se lit vite et facilement et permet d’admirer une fois de plus la virtuosité graphique et notamment le sens du découpage. On y retrouve tous les classiques du genre, avec des peuples aux pratiques barbares, de jolies amazones superbement mises en valeur par le grand dessinateur espagnol, des créatures étranges pures produits de l’imaginaire du créateur. Un vrai plaisir de lecture pour une Bd qui a maintenant plus de 50 ans.
Finalement cette histoire semble avoir été plus appréciée sur grand écran que sur papier glacé. Et pourtant Ghost World est au départ un « comic » qui a fait sensation aux États unis.
Ghost World est la critique de cette Amérique que l’on aime pas. L’européen préfère allègrement New York, Chicago ou San Francisco. Pourtant ce n’est pas la véritable Amérique celle du Midwest ou de la Church Belt. Et c’est plutôt celle la que nous décrit Clowes. Son Amérique c’est celle des Red Neck c’est à dire des ploucs, celle un peu perdue des grands centres urbains où on tue l’ennuie comme on peut. C’est un peu le passe temps favoris de ses deux lycéennes dont il nous dresse le portrait. Alors certes , il ne se passe pas grand chose, on est plus dans la contemplation. Mais dire ce n’est pas pour autant que l’histoire est dépourvue d’intérêt. Car on va voir que ces deux Lycéennes vont prendre des chemins bien différents au sortir de l’adolescence. Graphiquement Clowes reprend le style de la BD Américaine underground, aucune surprise de ce côté là. On aime ou on aime pas. A tout un chacun de lire ce « one shot » pour se faire son avis.
Je me retrouve totalement dans l’avis précédent. Voilà le 3e album de cet auteur Flamand, et c’est la encore une vraie réussite. On retrouve les caractéristiques de Ben Gijemans. Avec des thèmes peu faciles. Après avoir abordé la solitude avec Hubert et l’homosexualité avec Aaron, voilà qu’il aborde en même temps la piété et l’éveil à la sexualité. L’histoire est assez simple: deux frères qui fréquent assidûment l’église et s’ennuie à mourir en vacances chez leurs grands parents découvrent un jour une vidéo porno graphique qui va engendrer bien des fantasmes chez nos deux compères. Ce qui change chez Gijemans c’est le traitement de l’histoire. Jusqu’à présent il se rapprochait très clairement d’un Chris Ware avec des successions de cases où les personnages sont quasi immobiles et qui caractérisent une forme de lenteur et de monotonie. On retrouve quelque peu cette forme de récit mais de manière très marginale. En effet il n’y a quasiment pas de case dans cette bd. Gijemans se contente de montrer les visages des différents interlocuteurs sur un fond blanc ( les planches sont elles même en noir et blanc). On voit aussi souvent les enfants allongés dans leur lit. Le lecteur devine ainsi leur intimité. On a parfois des dessins plus grands avec un aspect symbolique évident. Bref le dessinateur a véritablement innové avec ce nouvel album. Bien sûr le thème abordé n’est pas très « grand public », bien sûr cet album est plutôt destiné à un public a un public adulte, quoi que les adolescents pourront très bien se sentir concernés. La critique de la religion qui semble incapable de traiter de la sexualité n’échappera pas aux lecteurs. Et dans un contexte ou les scandales nombreux ont éclaté au sein de l’église catholique, on se dit que Ben Gijemans a visé juste. Quoi qu’on pense de ce type d’histoire, on ne peut nier que cet auteur tente vraiment de renouveler le 9 art, et il mérite largement d’être salué pour ça.
Ce Diptyque est en réalité assez déroutant. Déroutant par le scénario. L’histoire commence par un soldat qui semble intégré dans un bataillon dans une forêt sud-américaine ou ailleurs et qui essuie des coups de feu. A partir de là il s’effondre et son esprit va basculer dans des mondes étranges caractéristiques de l’héroïsme fantasy où il va errer pendant plusieurs histoires courtes jusqu’à affronter son double. A la fin du 2e tome on retrouve ce soldat dont on apprend qu’il est finalement mort. Et c’est ça qui sort aussi de l’ordinaire puisqu’on voit assez peu des héros qui meurent à la fin d’une histoire dans le monde de la Bd. Je comprends que cette histoire parue chez Dargaud entre les années 1972 / 1973. J’ai le sentiment que la traduction de cette histoire parue dans une revue espagnole n’est pas en une grande qualité et n’aide pas forcément à la compter du récit. Reste le dessin de Victor De la Fuente toujours aussi fabuleux même si à mon sens la colorisation ne met pas suffisamment en valeur la qualité de son dessin. On le voit d’ailleurs dans l’intégrale de Haggarth parue chez Casterman. Au final une lecture loin d’être inintéressante.
Myles Hyman est peut être plus un illustrateur qu’un dessinateur de bd pur. Néanmoins ses incursions dans le monde de la bande dessinée ne laisse pas indifférent ( La loterie). Il revient ici avec un album de qualité qui nous relate l’atmosphère qui règne en Europe après la seconde guerre mondiale. Le Bloc Communiste ne s’est pas encore totalement installé même si on devine aisément les intentions de Moscou. Vienne ou se déroule en grande partie l’histoire mais aussi Prague sont truffées d’espion. On se jauge, on s’observe. Certains tentent de faire oublier leur rôle pendant la guerre, d’autres veulent fuir l’avancée communiste.
Le scénario de Fromental est remarquable mais complexe. Il faut soigneusement noter les noms de tous les protagonistes pour bien suivre l’histoire. Cette histoire m’a fait penser au film « la taupe » avec Gary Oldman et Colin Firth qui est exactement dans le même esprit. Le trait de Hyman quoique un peu figé nous offre quelques superbes tableaux de cette Europe d après guerre ou la guerre froide va s’installer progressivement. Une très belle histoire qui devrait ravir les amateurs de récits d’espionnage; je pense par exemple aux fans de Blake et Mortimer
Ils sont trois fils de bonne famille dont les parents possèdent une résidence secondaire en Normandie. La fin des vacances arrive et presque tous les vacanciers sont partis. Chacun va rentrer chez lui et suivre des études supérieures comme l’ont décidé leurs parents. Et puis surgit de nulle part une jeune fille qui va leur faire tourner la tête et bouleverser cette fin de vacances bien tranquille. Odette est en fait une voleuse qui agit à la tête d’une bande bien organisée et pille les maisons environnantes de leurs plus beaux meubles. L’un des trois garçons va tomber sous son charme et voir au travers d'elle la possibilité de rompre avec la carrière militaire décidée par son père. La suite vous la lirez. Voilà une bien belle histoire que nous propose Rabate, où se confrontent deux mondes que tout oppose. Rompre avec son milieu bourgeois est - il possible ? Quitter le chemin tout tracé que l’on vous impose est- il souhaitable? Voilà les questions que nous pose Rabate dans ce récit de 144 pages, magnifiquement illustré et aux jolies couleurs pastels. Une belle réussite qui est peut-être passée un peu inaperçue.
Une histoire parue dans le Journal « Tintin » en 1975 qui détonnait à l’époque mais qui correspondait finalement bien au tournant éditorial que Greg avait voulu impulser. Fini les héros de série qui ressemblaient tous au gendre idéal et qui n’avaient aucune aspérité au niveau du caractère. Bienvenue au héros à la personnalité plus fouillée et qui pouvait eux aussi avoir quelques défauts. Le journal sortait en fait de l’influence catholique des débuts.
Et puis avec cette histoire, il était même permis qu’il n’y ait pas de héros du tout. Juste des monsieur et des madame « tout le monde » avec leurs forces et leurs faiblesses.
Et ce fut une vraie réussite.
Le scénariste de l’époque démarrait tout juste sa carrière et s’appelait Jean Van Hamme. Le dessinateur ne s’était guère essayé au dessin réaliste jusque là et était surtout connu pour la série Olivier Rameau ; c'était Dany.
L’histoire marqua une génération entière et donna lieu à une suite qui ne s’imposait peut être pas. Mais l’original a conservé toute sa force et je vous invite à la relire si comme moi vous êtes un nostalgique du journal « Tintin » des années 70/80.
En cherchant parmi les BD immanquables en matière de science fiction sur le site Bdtheque j’ai réalisé que « Les Naufragés du Temps » n’en faisait pas partie. Il est vrai qu’il s’agit d’une série commencée en 1974 et qui est peut être progressivement tombée dans l’oubli pour les nouvelles générations de lecteurs. Je me suis donc remis à la relecture des 10 albums qui composent la série et mon avis n’a guère changé: cette série est bien une des séries majeures en la matière.
Il faut dire que l’univers de la série est foisonnant. Les hommes y côtoient des animaux, les Agents Gouvernementaux se retrouvent dans des tripots gérés par une créature à la tête de Tapir, et chaque planète offre un univers radicalement différent. Bref, cela ressemble étrangement à Star Wars par certains côtés.
Toutefois la série démarre en 1974 avec Forest au Scénario et Gillon en dessin alors que le premier épisode de Star Wars ne sort qu’en 1977. À ce moment là, 4 tomes des « Naufragés du Temps » sont déjà parus. Je doute donc que George Lucas ait pu s’en inspirer.
C’est donc avant tout cela la force de cette série, un univers futuriste foisonnant et très créatif.
Le scénario est également particulièrement original : deux humains Valerie et Christophe Cavalieri, sont mis en hibernation et envoyés dans une capsule dans l’espace afin de pouvoir transmettre aux générations futures le remède d’un mal qui ronge la planète Terre. Ils seront recueillis mille ans plus tard dans un monde de nouveau envahi par un virus qui menace l’univers et a déjà réduit la Terre à l’état de barbarie. Cavalieri s’est implanté en lui le remède qui pourra vaincre ce fléau. Il va dès lors être être le jouet d’intérêts qui le dépassent.
Tour à tour manipulé par un savant fou , Saravone Leobart, ou par cette créature dénommée le Tapir qui n’est qu’un contrebandier, directeur de cercle de jeux, Cavalieri est l’objet de toute les convoitises. Tous veulent connaître le remède à même de vaincre ce fléau afin d’asseoir leur pouvoir. Mais Cavalieri est également balancé entre plusieurs femmes.
Valerie qui comme lui vient du passé qu’il ne cesse de vouloir retrouver après en avoir été séparé, sans que celle-ci lui en soit très reconnaissante. C’est le moins qu’on puisse dire. Il y a aussi Mara, un Agent du Gouvernement qui tombe amoureuse de lui presque immédiatement, mais aussi Quinine, la femme qui faute de vaccins en quantité suffisante est vouée à se transformer en oiseau.
Accompagné du major Lisdal et du scientifique Otomoro, Christophe Cavalieri parviendra t-il à sauver le genre humain à l’approche de l’année 3000 ? A vous de le découvrir tout au long des 10 albums de la série.
La caractéristique de cette série est que Forest n’est pas avare en texte. Certains habitués à des BD modernes trouveront cela un peu indigeste. En tout cas on ne peut pas dire que les albums d’environ 52 pages chacun se lisent vite, bien au contraire. Et lorsque Forest abandonnera la série après 4 épisodes, Gillon maintiendra le côté exhaustif des textes, si ce n’est dans les deux derniers albums.
Le dessin de Gillon est pour moi fabuleux. Il faut avoir la possibilité de contempler ses planches originales qui font parfois près d’un mètre de long en noir et blanc pour réaliser le talent graphique de ce dessinateur disparu et sa maîtrise du noir et blanc. Et si certains dessinateurs primés à Angoulême n’ont jamais su dessiner les personnages féminins, force est de constater que Gillon ne connaît pas ce problème.
Cette série qui, avec « Valérian » a marqué la bd Franco Belge de science fiction mérite d’être découverte ou redécouverte. Elle n’a en tout cas certainement pas mal vieilli.
La lecture du Joueur d'échecs avait déjà été un choc visuel. L’impression que l’on ressent à la lecture de ce nouvel album est encore plus forte à mon sens. On se demande d’ailleurs si David Sala n’est pas d’ailleurs un peintre dans l’aligner de Gustave Klimt plutôt que d’un dessinateur de BD classique. Les planches sont d’une beauté rare. Même si les amateurs n’achètent pas cet album je les invite toutefois à tourner les pages de cet album chez leur libraire préféré.
Mais cet album ne vaut pas uniquement pour sa beauté graphique car l’histoire est vraiment digne d’intérêt : comment vivre dans une famille où votre grand père fut un rescapé de la guerre d’Espagne et des camps de concentration ? Pour sa famille et son petit-fils c’est tantôt un motif de fierté, tantôt un poids car on se réfère souvent au grand homme dans la famille et l’on sent bien que on ne sera jamais tout à fait digne de lui. C’est ça le poids des héros. Et le petit fils c’est David Sala lui-même qui trouvera sa voie dans le dessin. Mais je vous laisse le soin de découvrir l’histoire par vous-même. Et cela en vaut largement la peine.
Une très belle adaptation en BD de la célèbre histoire des Sorcières de Salem. C’est une histoire dure à lire, mais qui retranscrit fort bien l’atmosphère de fanatisme religieux qui dominait dans cette Colonie de la Nouvelle Angleterre au 17ème siècle. Mais Gilbert y développe des thèmes qui finalement ont traversé les époques: fanatisme religieux, procès « stalinien », élimination de toutes oppositions dans une société, mise à l’index des minorités. Autant de thèmes toujours d’actualité dans notre monde contemporain et c’est ce qui fait que cette histoire reste tout à fait actuelle. Ou et comment une société parvient à s’inventer des ennemis pour éviter de s’interroger sur elle même et de mettre un terme à ses propres turpitudes. Une œuvre forte qui atteint son objectif et mérite qu’on s’y attarde. Un grand bravo à Gilbert tant pour la qualité de son dessin que pour celui de son scénario.
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Mathai-Dor
Après Haxtur et Haggarth, Victor de la Fuente revient dans le monde de l’Heroic Fantasy dont le héros se met en quête du feu perdu par sa tribu à la suite de l’attaque d’un ours. Il y apprendra que plutôt de dérober ce feu sacré aux autres, mieux vaut apprendre à le fabriquer soi même. Cette histoire se lit vite et facilement et permet d’admirer une fois de plus la virtuosité graphique et notamment le sens du découpage. On y retrouve tous les classiques du genre, avec des peuples aux pratiques barbares, de jolies amazones superbement mises en valeur par le grand dessinateur espagnol, des créatures étranges pures produits de l’imaginaire du créateur. Un vrai plaisir de lecture pour une Bd qui a maintenant plus de 50 ans.
Ghost World
Finalement cette histoire semble avoir été plus appréciée sur grand écran que sur papier glacé. Et pourtant Ghost World est au départ un « comic » qui a fait sensation aux États unis. Ghost World est la critique de cette Amérique que l’on aime pas. L’européen préfère allègrement New York, Chicago ou San Francisco. Pourtant ce n’est pas la véritable Amérique celle du Midwest ou de la Church Belt. Et c’est plutôt celle la que nous décrit Clowes. Son Amérique c’est celle des Red Neck c’est à dire des ploucs, celle un peu perdue des grands centres urbains où on tue l’ennuie comme on peut. C’est un peu le passe temps favoris de ses deux lycéennes dont il nous dresse le portrait. Alors certes , il ne se passe pas grand chose, on est plus dans la contemplation. Mais dire ce n’est pas pour autant que l’histoire est dépourvue d’intérêt. Car on va voir que ces deux Lycéennes vont prendre des chemins bien différents au sortir de l’adolescence. Graphiquement Clowes reprend le style de la BD Américaine underground, aucune surprise de ce côté là. On aime ou on aime pas. A tout un chacun de lire ce « one shot » pour se faire son avis.
Les Fidèles
Je me retrouve totalement dans l’avis précédent. Voilà le 3e album de cet auteur Flamand, et c’est la encore une vraie réussite. On retrouve les caractéristiques de Ben Gijemans. Avec des thèmes peu faciles. Après avoir abordé la solitude avec Hubert et l’homosexualité avec Aaron, voilà qu’il aborde en même temps la piété et l’éveil à la sexualité. L’histoire est assez simple: deux frères qui fréquent assidûment l’église et s’ennuie à mourir en vacances chez leurs grands parents découvrent un jour une vidéo porno graphique qui va engendrer bien des fantasmes chez nos deux compères. Ce qui change chez Gijemans c’est le traitement de l’histoire. Jusqu’à présent il se rapprochait très clairement d’un Chris Ware avec des successions de cases où les personnages sont quasi immobiles et qui caractérisent une forme de lenteur et de monotonie. On retrouve quelque peu cette forme de récit mais de manière très marginale. En effet il n’y a quasiment pas de case dans cette bd. Gijemans se contente de montrer les visages des différents interlocuteurs sur un fond blanc ( les planches sont elles même en noir et blanc). On voit aussi souvent les enfants allongés dans leur lit. Le lecteur devine ainsi leur intimité. On a parfois des dessins plus grands avec un aspect symbolique évident. Bref le dessinateur a véritablement innové avec ce nouvel album. Bien sûr le thème abordé n’est pas très « grand public », bien sûr cet album est plutôt destiné à un public a un public adulte, quoi que les adolescents pourront très bien se sentir concernés. La critique de la religion qui semble incapable de traiter de la sexualité n’échappera pas aux lecteurs. Et dans un contexte ou les scandales nombreux ont éclaté au sein de l’église catholique, on se dit que Ben Gijemans a visé juste. Quoi qu’on pense de ce type d’histoire, on ne peut nier que cet auteur tente vraiment de renouveler le 9 art, et il mérite largement d’être salué pour ça.
Haxtur
Ce Diptyque est en réalité assez déroutant. Déroutant par le scénario. L’histoire commence par un soldat qui semble intégré dans un bataillon dans une forêt sud-américaine ou ailleurs et qui essuie des coups de feu. A partir de là il s’effondre et son esprit va basculer dans des mondes étranges caractéristiques de l’héroïsme fantasy où il va errer pendant plusieurs histoires courtes jusqu’à affronter son double. A la fin du 2e tome on retrouve ce soldat dont on apprend qu’il est finalement mort. Et c’est ça qui sort aussi de l’ordinaire puisqu’on voit assez peu des héros qui meurent à la fin d’une histoire dans le monde de la Bd. Je comprends que cette histoire parue chez Dargaud entre les années 1972 / 1973. J’ai le sentiment que la traduction de cette histoire parue dans une revue espagnole n’est pas en une grande qualité et n’aide pas forcément à la compter du récit. Reste le dessin de Victor De la Fuente toujours aussi fabuleux même si à mon sens la colorisation ne met pas suffisamment en valeur la qualité de son dessin. On le voit d’ailleurs dans l’intégrale de Haggarth parue chez Casterman. Au final une lecture loin d’être inintéressante.
Le Coup de Prague
Myles Hyman est peut être plus un illustrateur qu’un dessinateur de bd pur. Néanmoins ses incursions dans le monde de la bande dessinée ne laisse pas indifférent ( La loterie). Il revient ici avec un album de qualité qui nous relate l’atmosphère qui règne en Europe après la seconde guerre mondiale. Le Bloc Communiste ne s’est pas encore totalement installé même si on devine aisément les intentions de Moscou. Vienne ou se déroule en grande partie l’histoire mais aussi Prague sont truffées d’espion. On se jauge, on s’observe. Certains tentent de faire oublier leur rôle pendant la guerre, d’autres veulent fuir l’avancée communiste. Le scénario de Fromental est remarquable mais complexe. Il faut soigneusement noter les noms de tous les protagonistes pour bien suivre l’histoire. Cette histoire m’a fait penser au film « la taupe » avec Gary Oldman et Colin Firth qui est exactement dans le même esprit. Le trait de Hyman quoique un peu figé nous offre quelques superbes tableaux de cette Europe d après guerre ou la guerre froide va s’installer progressivement. Une très belle histoire qui devrait ravir les amateurs de récits d’espionnage; je pense par exemple aux fans de Blake et Mortimer
Sous les galets la plage
Ils sont trois fils de bonne famille dont les parents possèdent une résidence secondaire en Normandie. La fin des vacances arrive et presque tous les vacanciers sont partis. Chacun va rentrer chez lui et suivre des études supérieures comme l’ont décidé leurs parents. Et puis surgit de nulle part une jeune fille qui va leur faire tourner la tête et bouleverser cette fin de vacances bien tranquille. Odette est en fait une voleuse qui agit à la tête d’une bande bien organisée et pille les maisons environnantes de leurs plus beaux meubles. L’un des trois garçons va tomber sous son charme et voir au travers d'elle la possibilité de rompre avec la carrière militaire décidée par son père. La suite vous la lirez. Voilà une bien belle histoire que nous propose Rabate, où se confrontent deux mondes que tout oppose. Rompre avec son milieu bourgeois est - il possible ? Quitter le chemin tout tracé que l’on vous impose est- il souhaitable? Voilà les questions que nous pose Rabate dans ce récit de 144 pages, magnifiquement illustré et aux jolies couleurs pastels. Une belle réussite qui est peut-être passée un peu inaperçue.
Histoire sans Héros
Une histoire parue dans le Journal « Tintin » en 1975 qui détonnait à l’époque mais qui correspondait finalement bien au tournant éditorial que Greg avait voulu impulser. Fini les héros de série qui ressemblaient tous au gendre idéal et qui n’avaient aucune aspérité au niveau du caractère. Bienvenue au héros à la personnalité plus fouillée et qui pouvait eux aussi avoir quelques défauts. Le journal sortait en fait de l’influence catholique des débuts. Et puis avec cette histoire, il était même permis qu’il n’y ait pas de héros du tout. Juste des monsieur et des madame « tout le monde » avec leurs forces et leurs faiblesses. Et ce fut une vraie réussite. Le scénariste de l’époque démarrait tout juste sa carrière et s’appelait Jean Van Hamme. Le dessinateur ne s’était guère essayé au dessin réaliste jusque là et était surtout connu pour la série Olivier Rameau ; c'était Dany. L’histoire marqua une génération entière et donna lieu à une suite qui ne s’imposait peut être pas. Mais l’original a conservé toute sa force et je vous invite à la relire si comme moi vous êtes un nostalgique du journal « Tintin » des années 70/80.
Les Naufragés du temps
En cherchant parmi les BD immanquables en matière de science fiction sur le site Bdtheque j’ai réalisé que « Les Naufragés du Temps » n’en faisait pas partie. Il est vrai qu’il s’agit d’une série commencée en 1974 et qui est peut être progressivement tombée dans l’oubli pour les nouvelles générations de lecteurs. Je me suis donc remis à la relecture des 10 albums qui composent la série et mon avis n’a guère changé: cette série est bien une des séries majeures en la matière. Il faut dire que l’univers de la série est foisonnant. Les hommes y côtoient des animaux, les Agents Gouvernementaux se retrouvent dans des tripots gérés par une créature à la tête de Tapir, et chaque planète offre un univers radicalement différent. Bref, cela ressemble étrangement à Star Wars par certains côtés. Toutefois la série démarre en 1974 avec Forest au Scénario et Gillon en dessin alors que le premier épisode de Star Wars ne sort qu’en 1977. À ce moment là, 4 tomes des « Naufragés du Temps » sont déjà parus. Je doute donc que George Lucas ait pu s’en inspirer. C’est donc avant tout cela la force de cette série, un univers futuriste foisonnant et très créatif. Le scénario est également particulièrement original : deux humains Valerie et Christophe Cavalieri, sont mis en hibernation et envoyés dans une capsule dans l’espace afin de pouvoir transmettre aux générations futures le remède d’un mal qui ronge la planète Terre. Ils seront recueillis mille ans plus tard dans un monde de nouveau envahi par un virus qui menace l’univers et a déjà réduit la Terre à l’état de barbarie. Cavalieri s’est implanté en lui le remède qui pourra vaincre ce fléau. Il va dès lors être être le jouet d’intérêts qui le dépassent. Tour à tour manipulé par un savant fou , Saravone Leobart, ou par cette créature dénommée le Tapir qui n’est qu’un contrebandier, directeur de cercle de jeux, Cavalieri est l’objet de toute les convoitises. Tous veulent connaître le remède à même de vaincre ce fléau afin d’asseoir leur pouvoir. Mais Cavalieri est également balancé entre plusieurs femmes. Valerie qui comme lui vient du passé qu’il ne cesse de vouloir retrouver après en avoir été séparé, sans que celle-ci lui en soit très reconnaissante. C’est le moins qu’on puisse dire. Il y a aussi Mara, un Agent du Gouvernement qui tombe amoureuse de lui presque immédiatement, mais aussi Quinine, la femme qui faute de vaccins en quantité suffisante est vouée à se transformer en oiseau. Accompagné du major Lisdal et du scientifique Otomoro, Christophe Cavalieri parviendra t-il à sauver le genre humain à l’approche de l’année 3000 ? A vous de le découvrir tout au long des 10 albums de la série. La caractéristique de cette série est que Forest n’est pas avare en texte. Certains habitués à des BD modernes trouveront cela un peu indigeste. En tout cas on ne peut pas dire que les albums d’environ 52 pages chacun se lisent vite, bien au contraire. Et lorsque Forest abandonnera la série après 4 épisodes, Gillon maintiendra le côté exhaustif des textes, si ce n’est dans les deux derniers albums. Le dessin de Gillon est pour moi fabuleux. Il faut avoir la possibilité de contempler ses planches originales qui font parfois près d’un mètre de long en noir et blanc pour réaliser le talent graphique de ce dessinateur disparu et sa maîtrise du noir et blanc. Et si certains dessinateurs primés à Angoulême n’ont jamais su dessiner les personnages féminins, force est de constater que Gillon ne connaît pas ce problème. Cette série qui, avec « Valérian » a marqué la bd Franco Belge de science fiction mérite d’être découverte ou redécouverte. Elle n’a en tout cas certainement pas mal vieilli.
Le Poids des héros
La lecture du Joueur d'échecs avait déjà été un choc visuel. L’impression que l’on ressent à la lecture de ce nouvel album est encore plus forte à mon sens. On se demande d’ailleurs si David Sala n’est pas d’ailleurs un peintre dans l’aligner de Gustave Klimt plutôt que d’un dessinateur de BD classique. Les planches sont d’une beauté rare. Même si les amateurs n’achètent pas cet album je les invite toutefois à tourner les pages de cet album chez leur libraire préféré. Mais cet album ne vaut pas uniquement pour sa beauté graphique car l’histoire est vraiment digne d’intérêt : comment vivre dans une famille où votre grand père fut un rescapé de la guerre d’Espagne et des camps de concentration ? Pour sa famille et son petit-fils c’est tantôt un motif de fierté, tantôt un poids car on se réfère souvent au grand homme dans la famille et l’on sent bien que on ne sera jamais tout à fait digne de lui. C’est ça le poids des héros. Et le petit fils c’est David Sala lui-même qui trouvera sa voie dans le dessin. Mais je vous laisse le soin de découvrir l’histoire par vous-même. Et cela en vaut largement la peine.
Les Filles de Salem
Une très belle adaptation en BD de la célèbre histoire des Sorcières de Salem. C’est une histoire dure à lire, mais qui retranscrit fort bien l’atmosphère de fanatisme religieux qui dominait dans cette Colonie de la Nouvelle Angleterre au 17ème siècle. Mais Gilbert y développe des thèmes qui finalement ont traversé les époques: fanatisme religieux, procès « stalinien », élimination de toutes oppositions dans une société, mise à l’index des minorités. Autant de thèmes toujours d’actualité dans notre monde contemporain et c’est ce qui fait que cette histoire reste tout à fait actuelle. Ou et comment une société parvient à s’inventer des ennemis pour éviter de s’interroger sur elle même et de mettre un terme à ses propres turpitudes. Une œuvre forte qui atteint son objectif et mérite qu’on s’y attarde. Un grand bravo à Gilbert tant pour la qualité de son dessin que pour celui de son scénario.