J'avais lu le roman de Joe Haldeman avant de lire l'adaptation faite par l'auteur lui-même et cela se sent. La BD est très fidèle au livre et c'est tant mieux car le roman m'avait beaucoup plu, il m'avait laissé essoufflé et dérangé mais dans le bon sens du terme. Le livre parvenait à faire sentir toute l'horreur de la guerre avec en plus tous les dangers de l'espace. Les deux mélangés donnaient une atmosphère pesante, sombre et menaçante. La moindre inattention et c'est une mort atroce et inéluctable dans les secondes qui suivent sous les yeux de vos camarades qui de toute façon ne pourront rien faire pour vous aider. Cette impression de danger permanent est également bien rendue dans la BD même s'il est plus difficile de la faire ressentir avec des dessins. La guerre n'est déjà pas une sinécure, mais si en plus vous le faites dans un milieu hostile, alors l'angoisse monte encore d'un cran. La force de cette série est que l'on ne peut jamais se reposer avec le héros car l'ennemi est partout et il se présente sous plusieurs formes : les extra-terrestres, le vide spatial et la hiérarchie militaire...
J'ai découvert en lisant le dossier à la fin de l'intégrale que Joe Haldeman avait fait la guerre du Vietnam. Cette expérience a nourri son histoire et la guerre est présentée comme ce qu'elle est : une boucherie insensée. L'ennemi est ici une race extra-terrestre que nous ne connaissons pas et qui justifie donc qu'on essaie de l'exterminer. La force de la BD (et du roman) est que l'on perçoit le désarroi des soldats qui sentent l'absurdité de certaines missions qui les obligent à partir pendant des décennies, voire des siècles (à cause de la durée du voyage) pour un gain dérisoire. Le comble étant qu'à leur retour, la société a tellement changé qu'ils n'y ont plus aucuns repères. Ils sont à leur tour des étrangers sur leur propre planète (sentiment que doivent ressentir de nombreux vétérans après être allés au front). Leur seule porte de sortie, se réengager. C'est un cercle sans fin. On sent réellement le pessimisme de l'auteur, on ne peut pas lutter contre la société. Soit vous suivez le mouvement, soit elle vous broie. Le fait que vous vous soyez battu pour elle ne change rien, bien évidemment (l'image de la mère du héros est assez révélatrice). La fin tempère un peu ce bilan mais dans l'ensemble, ce qui ressort de cette BD, ce n'est pas la joie de vivre et la beauté des balades dans l'espace.
Bref, c'est aussi fort que le roman (qu'il faut lire), c'est plutôt bien dessiné, on rentre très vite dans cet univers sombre et sans pitié mais on en sort un peu secoué.
Ca y'est, je l'ai fait, j'ai lu un comics ! Plus de trente ans d'attente et me voilà devenu un homme, un vrai, avec du poil et tout et tout. Avant de donner mon avis, je tiens à préciser que j'avais un a priori plutôt négatif sur les comics. Si je veux voir un mec en collant faire des pirouettes, je peux aller voir un gala de patinage artistique. Ma dernière phrase (qui reprend un bon gros cliché) démontrera très certainement aux passionnés toute ma méconnaissance du monde des comics.
J'ai donc acheté cette intégrale en lisant les avis dithyrambiques des lecteurs bdthéquiens. Alors, oui c'est une bonne BD, mais je n'ai pas réussi à y trouver de quoi la qualifier de culte pour moi.
Premièrement, j'ai eu du mal à apprécier les dessins. Non, ce sont les couleurs qui m'ont gênées. Le poids des années se fait maintenant sentir sur Watchmen. J'ai failli mettre mes lunettes de ski (indice 4, protection UVA et UVB) pour lire. C'est trop flashy pour moi.
Le scénario lui me laisse indécis : j'aime ? J'aime pas ? Dans l'ensemble, je reconnais qu'il est bien ficelé, bien mené et certainement remarquablement construit. Je dis certainement parce que je sens que je ne suis pas parvenu à rentrer dedans et avant d'essayer de dire pourquoi, je voudrais revenir sur les points positifs de l'histoire qui m'ont quand même fait aimer cette BD.
- Les personnages ont une réelle épaisseur, ils ont un passé qui nous est lentement dévoilé à travers les planches mais également à travers des documents glissés entre les chapitres. J'ai adoré ces passages, je trouve qu'ils nous entraînent dans l'univers des auteurs et nous permettent de mieux saisir. J’aime quand les auteurs prennent le temps de nous présenter leurs personnages, ça les rend plus « vrais », plus torturés. Mention spéciale au personnage de Rorschach qui est magnifique.
- L’univers de Watchmen est magnifiquement retranscrit : il est sombre, glauque, sans espoir. On sent que ça ne peut que mal tourner. La BD lue par un enfant (l’histoire du pirate) symbolise vraiment bien ce côté noir. Ce double niveau de lecture m’a vraiment transporté. C’est là où je perçois le génie du scénariste mais malheureusement pour moi, je n’ai fait que le toucher du bout des doigts sans réussir à l’accrocher.
Alors pourquoi est-ce que je n’ai pas réussi à accrocher ? Cela tient certainement à mes a priori. Il n’y a rien à faire, les super-héros me fatiguent. Et pourtant, les Minutemen me plaisent car ce sont des gens normaux, en costumes ridicules (ils le reconnaissent eux-mêmes) qui ont maintenant vieilli et qui prennent du bide. Jusqu’ici j’étais convaincu par cette histoire. Et puis est arrivé le personnage de Doc Manhattan, et là, je n’ai pas pu m’intéresser à lui. Le deus ex machina, comme il est décrit par son amie, je ne peux pas. C’est quand même un type qui voit l’avenir, peut transformer la matière et téléporter des gens sur Mars (oui vous avez bien lu, la planète pas la barre chocolatée). Ses états d’âme me fatiguent au plus haut point (« le futur devient flou » est le genre de phrases qui me donnent envie de fermer un livre). En règle général, les héros aux pouvoirs démesurés m’ennuient (c’est pourquoi j’aime bien Batman alors que je ne supporte pas Superman). C’est donc là où je n’ai pas réussi à suivre le scénariste : pourquoi ce personnage fadasse échappé du village des Schtroumpfs ? Je n’ai pas trouvé de réponse et par conséquent je reste avec un sentiment mitigé après ma lecture.
SPOILER SPOILER SPOILER SPOILER
Je n’ai pas aimé la fin (et c’est peu de le dire). Le coup du traître est assez prévisible et je n’en peux plus des riches puissants qui veulent détruire la Terre pour reconstruire une société plus juste. J’ai l’impression de l’avoir lu ou vu des dizaines de fois (c’est le syndrome James Bond). Le côté positif est la réaction des héros qui, au final, décident de ne rien faire (le mal étant déjà fait). La réaction de Rorschach est dans la logique du bonhomme, c’est pourquoi j’ai aimé ce personnage.
FIN DU SPOILER
Au final, je recommanderai malgré tout la lecture de cette BD car il y a vraiment d’excellentes idées (les héros vieillissants), les personnages sont très travaillés et le monde dans lequel évolue les héros est magnifiquement décrit, on le vit, on le sent. Ces points forts contrebalancent les points qui m’ont gênés dans l’histoire (et qui apparemment n’ont pas dérangé les autres). Mon manque d’intérêt pour l’univers des comics a aussi certainement joué en ma défaveur. Tentez l’expérience de ce pavé (4 jours pour le finir), je suis sûr que chacun peut y trouver des éléments qui lui feront penser que ça valait le coup de le lire.
Cette série est sublime. Comme ça les choses sont claires dès le départ. Déjà, c'est un véritable régal pour les yeux. Qu'est-ce que c'est beau ! Le style de Cécil est splendide (et je vous encourage à découvrir une autre de ses œuvres, Holmes). Résultat, il met magnifiquement en scène cet univers steampunk (pour résumer un monde où la vapeur aurait remplacé le moteur à explosion) très glauque. Grâce à la combinaison de ces magnifiques dessins et d'une histoire très bien écrite, on plonge sans effort dans cette ville où vivent les deux personnages principaux.
On se retrouve avec une ambiance à la Dickens, rappelant le XIXème siècle de la révolution industrielle, avec son lot d'inégalités, où les gens de la rue essaient de survivre comme ils peuvent au milieu d'hommes parfois peu recommandables (voire carrément immondes). L'inégalité est partout et il ne faut pas compter sur l'aide de l'état qui de toute façon penchera du côté de celui qui a le porte-feuille en croco (c'est un monde plein d'inspecteurs Javert en puissance). On suit les péripéties de deux monte en l'air qui se retrouvent plongés par erreur dans une affaire sordide (le mot est faible). Ils ont mis la main sur quelque chose qui met en cause un homme puissant et ils se retrouvent pourchassés. Bien sûr, des voleurs ne peuvent pas faire appel à la police (surtout qu'ils sont précédés par leur réputation, ils forment le très recherché réseau Bombyce). Bref, ils sont coincés entre le marteau et l'enclume.
Les deux héros sont très charismatiques car totalement humains, avec leurs forces et surtout leurs faiblesses. On sent qu'à tout moment, tout pourrait basculer dans l'horreur pour eux. On pourrait même dire qu'on sait que le drame est au bout du chemin mais on ne peut s'empêcher d'espérer qu'ils parviendront à en sortir indemnes. Mais c'est là qu'arrive le drame. Il n'y a pas de fin ! La série est en stand by depuis plusieurs années. Bien que d'un naturel optimiste, je crois que ça sent le sapin pour nos deux héros. Quel gâchis ! Une histoire belle et prenante, c'est pas possible, c'est totalement désespérant de lâcher un bijou pareil (je ne suis pas très impartial avec cette BD). C'est surtout extrêmement frustrant. Il nous faut la fin, par pitié !
Message aux auteurs, si je n'ai pas la suite, je revends les deux tomes et avec l'argent, je commence les Naruto ! Je déconne pas, je vais le faire... C'est pas des menaces en l'air !
C'est la deuxième série de Bourgeon que je lis (après Le Cycle de Cyann). Comme beaucoup, j'ai été attiré par la qualité du dessin. L'auteur a un sacré coup de crayon, surtout quand on pense que cette série aura bientôt 30 ans ! On ne ressent pas le poids des années, c'est vraiment surprenant et c'est pour moi le signe d'une grande et belle œuvre. Alors pourquoi seulement 3/5 ? Le dessin ne faisant pas tout, c'est sur l'histoire en elle-même que je n'ai pas totalement accroché (même si j'ai aimé cette série).
Je crois que mon bémol tient essentiellement aux deux personnages féminins (qui se trouvent être les deux personnages principaux, c'est vraiment pas de bol). Ah ça, elles ont du caractère les gourgandines ! Peut-être un peu trop d'ailleurs car au bout d'un moment, je n'arrivais plus vraiment à croire à leur histoire. C'est très subjectif car a priori, c'est un problème qui ne gêne pas grand monde (si j'en crois les autres avis). Pour résumer, disons que je ne trouve pas Isa très charismatique sans pouvoir vraiment me l'expliquer. Comme quoi, les goûts et les couleurs !
Heureusement, j'ai quand même pris du plaisir à lire cette BD. En effet, l'auteur a fait un gros travail de documentation. Résultat, il nous plonge dans la marine du XVIIIème siècle avec son lot d'horreurs : le commerce triangulaire, la vie difficile des marins, des prisonniers, la guerre et le soin des blessés (le mot "soin" n'est pas le plus adéquat, on pourrait facilement le remplacer par "fabrication du boudin" ou "découpage du saucisson"). Les héros sont donc plongés au cœur de l'Histoire et ça, c'est un vrai régal.
Les atouts de cette série sont suffisamment importants pour faire passer au second plan les défauts. Car au final, j'ai dévoré les cinq tomes. Le dénouement nous laisse un peu sur notre faim mais rien de catastrophique. Bref, c'est une série qu'il faut lire, elle fait partie des grands classiques et elle le mérite. On verra si dans 20 ans elle tient encore aussi bien la marée et si oui, alors là, c'est promis, je la mets la quatrième étoile.
Le calembour te hérisse le poil ? Tu ne supportes pas les contrepétries ? Le jeu de mot te désespère ? Passe ton chemin.
Le pape est ton meilleur ami ? Tu as été brûlé des cinémas le jour de la sortie de la dernière tentation du Christ ? Tu peux aller voir ailleurs.
Dessins magnifiques, humour tordant, je crois que c'est la série sur laquelle j'ai le plus ri. Si effectivement le tome 5 est moins bon, les premiers sont à se pisser dessus.
Quelques années après avoir posté cet avis (la vache, ça file), deux constats :
- les premiers tomes restent hilarants et totalement irrévérencieux. Maëster excelle dans la caricature et le calembour. J'ai beau connaître les gags, je ris encore en relisant certaines planches (celles avec le trisomique par exemple).
- il faut être honnête et reconnaître un certain essoufflement dans la série.
Malgré tout, je laisse la note de 5/5 pour la qualité des trois premiers tomes.
Superbe BD, les dessins sont très bons et s'accordent bien avec les lieux de l'aventure (l'Ecosse au début du XIXème siècle).
Il est difficile de juger l'histoire sur un seul tome mais elle part très bien. La mise en place peut sembler longue mais elle permet de s'imprégner des lieux et de l'ambiance. Il s'est passé quelque chose lors de la visite d'Algernon chez une patiente mais on n'en sait pas plus. L'album se termine donc sur un grand mystère et une frustration. La lecture du deuxième tome n'en sera que meilleure (si l'histoire continue sur cette bonne lancée).
Après lecture du tome 2 :
Je confirme mon coup de cœur pour cette série. Tout me plaît, les dessins, l'histoire. J'adore cette ambiance mystérieuse et inquiétante (très bien rendue tant par le dessin que par le scénario). Par moment on retrouve un peu de l'univers de Lovecraft (enfin je l'ai ressenti comme ça) en moins sombre toutefois. J'ai vraiment pris beaucoup de plaisir à lire cette BD et j'attends la suite avec impatience.
Quelques années après, je viens de lire le tome 5 :
Finalement, je crois que je n'ai pas grand chose à rajouter : c'est toujours aussi beau (j'adore le style de Sorel) et les intrigues restent prenantes, toujours emplies de mystères. Avec du recul, je dois reconnaître que certains défauts ressortent. Il n'y a pas réellement de changements dans la structure des récits, on se retrouve toujours avec une énigme dont les auteurs ne nous livrent pas toutes les clés (ce qui n'est pas plus mal à mon avis mais qui peut en exaspérer certains), la frontière entre notre monde (au siècle dernier) et celui des anciennes divinités et autres créatures magiques est plutôt poreuse (il n'y avait pas de reconduites à la frontière à cette époque). Bref, toujours un monde à la Lovecraft et comme pour ce dernier, au bout d'un moment, on a une impression de déjà vu. Etant assez fan de ce type d'univers, je peux facilement passé outre ces défauts mais je pense que ça pourrait fatiguer certains lecteurs.
Le grand intérêt de ce genre de site où l'on peut lire des avis de lecteurs, c'est qu'on vous montre du doigt des BD vers lesquelles on ne serait sans doute jamais allé. C'est le cas pour Holmes. N'étant pas un fan des aventures du plus grand des détectives, j'aurais même eu plutôt tendance à ne pas l'ouvrir.
Premier choc, les dessins sont magnifiques. L'ambiance de l'Angleterre du siècle dernier est superbement rendue et le choix de ces teintes est une excellente idée, on rentre encore plus facilement dans l'histoire.
Deuxième choc, le scénario ! Je n'aurais jamais cru que je pourrais me passionner pour une histoire basée sur la vie de Sherlock Holmes. C'est là la grande idée de cette série : Sherlock est mort aux chutes de Reisenbach et on suit ce cher Watson sur les traces des derniers jours de son ami. Cela l'amène à se poser des questions sur la vie du détective, sa santé mentale. Il patauge le pauvre et ne sait plus à quel saint se vouer (et nous aussi). Et si Holmes avait perdu la raison ? Et si Moriarty n'était pas la personne que l'on croit. Pour l'instant (j'ai lu les deux premiers tomes), l'intrigue est menée de main de maître. Quand le héros pense avoir une réponse, un élément vient jeter le doute dans l'esprit de Watson (et dans le nôtre bien entendu).
Si les auteurs tiennent le bon cap jusqu'au bout, cette série fera sans nul doute partie de mes préférées et elle méritera une cinquième étoile. Ma seule crainte, c'est que l'intrigue s'enlise. Pour l'instant, tout laisse à penser que Cécil et Brunschwig savent très bien où ils veulent aller. Vivement la suite.
Ca y'est, après 14 tomes, nous voici arrivés au bout des aventures de Wismerhill. C'est pas trop tôt ! Alors, est-ce que ça valait le coup d'attendre ? Est-ce que ça vaut le coup de commencer cette série ? Faisons fi du suspense, à mon avis la réponse est (hélas) non aux deux questions.
Et pourtant je me suis intéressé à la BD grâce à cette série (entre autres). J'ai vraiment beaucoup aimé le début. Certes, l'univers héroïc-fantasy n'était pas très original mais en tout cas il était réussi : des dragons, des elfes, des magiciens, le tout dans une ambiance glauque et sur fond d'intrigues de pouvoir qui dépassaient le héros. Les dessins de Ledroit étaient très sympas et les scènes de batailles épiques. Bref, ça fonctionnait, j'ai suivi les aventures des différents protagonistes avec intérêt.
Et puis vint le premier drame : changement de dessinateur. Après un temps d'adaptation, on s'y fait et au final on arrive à passer outre.
Malheureusement, les problèmes de scénario allaient m'achever. Que le héros soit un parfait crétin que l'on peut embrigader dans son camp avec un tour à la Garcimore passe encore. Qu'il soit priapique et pris de frénésie sexuelle toutes les dix pages, bon, après tout on a deux mains, et une seule peut suffire à tenir la BD, il faut bien occuper la deuxième. Cette surabondance de scènes de cul atteint le comble du ridicule dans le dernier tome. Wismerhill finit par se taper l'oracle (sic). J'ai eu l'impression que les auteurs s'étaient rendus compte qu'ils avaient oublié de remplir leur quota de paires de seins et qu'ils ont cherché quelqu'un que le héros pourrait bais... euh satisfaire. C'est tombé sur la schtroumpfette qui n'attendait que ça. Gourmande va !
Non, finalement le pire est arrivé à partir du tome 7. Wismerhill a attrapé le syndrome de Dragon Ball Z. Et ça pour moi, c'est rédhibitoire (contrairement aux apparences ce n'est pas un gros mot). Le méchant étant très puissant, le héros se doit de l'être aussi, alors il commence à amasser les pouvoirs comme d'autres enfilent les perles. Et ça prend du temps (5 tomes au moins). C'est TRES long ! A la fin, ils sont tellement puissants les loustics qu'ils s'envoient la lune dans la gueule et qu'ils ressuscitent les morts par paquets de douze (le treizième est offert).
Pour achever cette lente dégringolade de la série, on termine avec une fin ridicule : un déménagement géant de toute une planète. Les déménageurs bretons sont battus ! Mais attention, seuls les gentils pourront passer. 14 tomes pour en arriver là. Je m'attendais presque à ce que Charles Ingalls arrive avec sa famille.
Pour résumer, je ne regrette pas d'avoir la série, je relis avec plaisir les premiers tomes. Mais quelle dégringolade après le tome 7 ! 7 tomes pour finir dans le fossé, c'est l'accident le plus lent et le plus dramatique auquel on puisse assister. On a largement le temps de voir le mur arriver et on ne peut rien faire. Quel dommage parce que je l'aimais cette BD !
C'est une BD que j'ai achetée sur un coup de cœur au salon de la BD de Montreuil-Bellay. La couverture a attiré mon œil. J'ai alors commencé à la feuilleter et là je dois reconnaître que j'ai été scotché par les magnifiques dessins d'Olivier Supiot. D'ailleurs il était présent au festival et il m'a fait un dessin magnifique, avec des couleurs splendides. Il a vraiment un sacré coup de crayon !
Dans cette BD, les dessins vous plongent vraiment au cœur d'un vieux bateau. On ressent vraiment toute la lourdeur du navire, la crasse et surtout la rouille. L'équipage est lui aussi vieux et usé (tellement vieux que ce sont des morts) à l'image du cargo et de son capitaine. C'est une atmosphère très prenante qui nous est proposée. Puis tout à coup, le héros rencontre d'autres personnages et on passe à un univers différent. D'un vieux cargo rouillé, on passe à un paquebot luxueux des années folles, avec ses riches passagers insupportables et excentriques. Ce qui me rend encore plus admiratif du travail du dessinateur, ce sont toutes ces ambiances qui s'enchaînent. De la salle des machines à la salle de bal, du pont du paquebot à la passerelle du cargo, chaque planche a son atmosphère et cela se ressent rien qu'en feuilletant l'ouvrage, notamment dans le choix des couleurs. D'après la discussion que j'ai pu avoir avec l'auteur, c'était un de ses buts, créé des univers bien marqués. Personnellement, je trouve l'effet réussi.
Le scénario maintenant (signé Eric Omond). Le bateau est ici une métaphore de la vie de son capitaine. Le cargo n'est pas terminé et il n'a pas de destination. Il est immobile au milieu de nulle part. Les marins sont morts et errent sans but en se moquant de leur supérieur, sans relief, sans ambition et surtout sans volonté. Il n'arrive même plus à se tromper lui-même. C'est une rencontre avec une femme dans une partie du cargo transformée en paquebot qui va lui donner l'illusion qu'il peut s'en sortir. Dit comme ça, ça a l'air incompréhensible. Il faut lire la BD pour saisir la transformation de l'embarcation et ce que cela implique pour le héros.
Cette BD est un voyage intérieur, dans les tourments d'un homme. En tout cas c'est comme ça que je l'ai comprise. O. Supiot m'a dit lors de la dédicace que beaucoup de gens avaient réagi de manières différentes. Un lecteur lui a dit un jour que cette BD lui avait rappelé la période de sa vie où il était alcoolique (ce qui peut se comprendre quand on réfléchit après lecture de la BD). J'ai l'impression que chacun peut trouver dans ce vieux rafiot des éléments de son passé, pour peu qu'il rentre dans l'histoire. C'est là je pense le principal problème. Si on ne rentre pas dans l'univers des auteurs, on passera à côté de ce qui fait la force de la BD.
Pour conclure, je dirais que cette BD mérite que l'on y jette un coup d'œil. Laissez-vous embarquer par ce pauvre hère, vous verrez que l'on ressent son impuissance puis son espoir. Les dessins vous plongent au plus profond de son mal-être, ce cargo est vraiment captivant. Le passage dans l'univers de la femme risque d'en rebuter plus d'un, mais prise dans son ensemble, l'histoire se tient bien. Il est malheureusement assez facile de passer à côté de la BD. Laissez-lui une chance, relisez la. Si vous restez insensible aux souffrances de ce capitaine, il vous restera malgré tout un bel objet, avec des très beaux dessins.
Allez, faites tourner les machines, cap vers...
Cette BD a plusieurs avantages indéniables :
- le premier qui saute aux yeux est son graphisme. Je trouve les dessins très beaux avec de très belles couleurs qui donnent l'impression de regarder des tableaux. Peut-être pourrait-on reprocher un manque de dynamisme, de mouvements. Cela ne m'a pas gêné dans ma lecture en tout cas.
- le deuxième point fort est son ambiance. Les auteurs nous plongent dans l'Afrique du XIXème siècle, peu de temps avant sa colonisation par les Européens. On découvre les modes de vie des habitants, certains aspects de leur culture et de leur religion (ici l'islam). Les auteurs semblent s'être bien documentés et on a vraiment l'impression d'être avec le héros, de découvrir la vie des Africains. Les paysages sont superbes et accentuent cette atmosphère très prenante. La traversée de l'Afrique (surtout à cette époque) est dure, fatigante (la chaleur, les grandes distances) et dangereuse. Je trouve que la difficulté, les risques pris par l'explorateur sont très bien retranscrits : il doit cacher le fait qu'il est chrétien et se fait passer pour un Egyptien (sous peine d'être tué), il est victime de la maladie... On ressent vraiment ce que pouvait être un voyage dans une contrée inconnue au siècle dernier. Ces explorateurs risquaient leur vie en apportant des connaissances sur des contrées totalement inconnues. Malheureusement, nous savons ce que feront les colonisateurs de ces informations.
- autre point positif, le scénario. Nous suivons les pas d'un explorateur français, René Caillié. L'histoire est basée sur des faits réels mais est bien sûr romancée. J'ai adoré suivre les pas de cet homme, passionné par l'Afrique et déterminé à être le premier blanc à entrer et surtout à repartir vivant de Tombouctou. Il va vivre des moments forts, mais surtout des moments difficiles. L'intérêt est qu'il n'y a pas ici de manichéisme. On ne nous présente pas les Africains comme des sauvages cruels qu'il faudrait civiliser, mais ils ne sont pas non plus de gentils niais vivant dans le village dans les nuages où tout est beau et tout le monde est gentil. Nous vivons des moments heureux dans certains villages, l'hospitalité et l'aide qu'ils apportent au voyageur puis on découvre l'horreur de l'esclavage, les rafles de familles entières par des tribus nomades, le voyage éreintant (où certains trouvent la mort) jusqu'au Proche-Orient où ils seront vendus. Le héros est crédible, il n'oublie jamais pourquoi il fait ce périple, il cherche à ramener des informations utiles à la France pour une colonisation future (ressources, implantations possibles...).
Bref, tout concourt à faire de cette BD une plongée prenante dans l'Afrique mythique qui a fait rêver tant d'Européens à cette époque sans tomber dans les clichés (ceci dit ne connaissant pas l'Afrique, je peux me tromper, un connaisseur pourrait peut-être être exaspéré par certains éléments). C'est un récit de voyage passionnant et prenant. Voilà qui m'a changé de ce que je peux lire habituellement (surtout du fantastique) et qui m'a fait du bien.
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La Guerre Eternelle
J'avais lu le roman de Joe Haldeman avant de lire l'adaptation faite par l'auteur lui-même et cela se sent. La BD est très fidèle au livre et c'est tant mieux car le roman m'avait beaucoup plu, il m'avait laissé essoufflé et dérangé mais dans le bon sens du terme. Le livre parvenait à faire sentir toute l'horreur de la guerre avec en plus tous les dangers de l'espace. Les deux mélangés donnaient une atmosphère pesante, sombre et menaçante. La moindre inattention et c'est une mort atroce et inéluctable dans les secondes qui suivent sous les yeux de vos camarades qui de toute façon ne pourront rien faire pour vous aider. Cette impression de danger permanent est également bien rendue dans la BD même s'il est plus difficile de la faire ressentir avec des dessins. La guerre n'est déjà pas une sinécure, mais si en plus vous le faites dans un milieu hostile, alors l'angoisse monte encore d'un cran. La force de cette série est que l'on ne peut jamais se reposer avec le héros car l'ennemi est partout et il se présente sous plusieurs formes : les extra-terrestres, le vide spatial et la hiérarchie militaire... J'ai découvert en lisant le dossier à la fin de l'intégrale que Joe Haldeman avait fait la guerre du Vietnam. Cette expérience a nourri son histoire et la guerre est présentée comme ce qu'elle est : une boucherie insensée. L'ennemi est ici une race extra-terrestre que nous ne connaissons pas et qui justifie donc qu'on essaie de l'exterminer. La force de la BD (et du roman) est que l'on perçoit le désarroi des soldats qui sentent l'absurdité de certaines missions qui les obligent à partir pendant des décennies, voire des siècles (à cause de la durée du voyage) pour un gain dérisoire. Le comble étant qu'à leur retour, la société a tellement changé qu'ils n'y ont plus aucuns repères. Ils sont à leur tour des étrangers sur leur propre planète (sentiment que doivent ressentir de nombreux vétérans après être allés au front). Leur seule porte de sortie, se réengager. C'est un cercle sans fin. On sent réellement le pessimisme de l'auteur, on ne peut pas lutter contre la société. Soit vous suivez le mouvement, soit elle vous broie. Le fait que vous vous soyez battu pour elle ne change rien, bien évidemment (l'image de la mère du héros est assez révélatrice). La fin tempère un peu ce bilan mais dans l'ensemble, ce qui ressort de cette BD, ce n'est pas la joie de vivre et la beauté des balades dans l'espace. Bref, c'est aussi fort que le roman (qu'il faut lire), c'est plutôt bien dessiné, on rentre très vite dans cet univers sombre et sans pitié mais on en sort un peu secoué.
Watchmen
Ca y'est, je l'ai fait, j'ai lu un comics ! Plus de trente ans d'attente et me voilà devenu un homme, un vrai, avec du poil et tout et tout. Avant de donner mon avis, je tiens à préciser que j'avais un a priori plutôt négatif sur les comics. Si je veux voir un mec en collant faire des pirouettes, je peux aller voir un gala de patinage artistique. Ma dernière phrase (qui reprend un bon gros cliché) démontrera très certainement aux passionnés toute ma méconnaissance du monde des comics. J'ai donc acheté cette intégrale en lisant les avis dithyrambiques des lecteurs bdthéquiens. Alors, oui c'est une bonne BD, mais je n'ai pas réussi à y trouver de quoi la qualifier de culte pour moi. Premièrement, j'ai eu du mal à apprécier les dessins. Non, ce sont les couleurs qui m'ont gênées. Le poids des années se fait maintenant sentir sur Watchmen. J'ai failli mettre mes lunettes de ski (indice 4, protection UVA et UVB) pour lire. C'est trop flashy pour moi. Le scénario lui me laisse indécis : j'aime ? J'aime pas ? Dans l'ensemble, je reconnais qu'il est bien ficelé, bien mené et certainement remarquablement construit. Je dis certainement parce que je sens que je ne suis pas parvenu à rentrer dedans et avant d'essayer de dire pourquoi, je voudrais revenir sur les points positifs de l'histoire qui m'ont quand même fait aimer cette BD. - Les personnages ont une réelle épaisseur, ils ont un passé qui nous est lentement dévoilé à travers les planches mais également à travers des documents glissés entre les chapitres. J'ai adoré ces passages, je trouve qu'ils nous entraînent dans l'univers des auteurs et nous permettent de mieux saisir. J’aime quand les auteurs prennent le temps de nous présenter leurs personnages, ça les rend plus « vrais », plus torturés. Mention spéciale au personnage de Rorschach qui est magnifique. - L’univers de Watchmen est magnifiquement retranscrit : il est sombre, glauque, sans espoir. On sent que ça ne peut que mal tourner. La BD lue par un enfant (l’histoire du pirate) symbolise vraiment bien ce côté noir. Ce double niveau de lecture m’a vraiment transporté. C’est là où je perçois le génie du scénariste mais malheureusement pour moi, je n’ai fait que le toucher du bout des doigts sans réussir à l’accrocher. Alors pourquoi est-ce que je n’ai pas réussi à accrocher ? Cela tient certainement à mes a priori. Il n’y a rien à faire, les super-héros me fatiguent. Et pourtant, les Minutemen me plaisent car ce sont des gens normaux, en costumes ridicules (ils le reconnaissent eux-mêmes) qui ont maintenant vieilli et qui prennent du bide. Jusqu’ici j’étais convaincu par cette histoire. Et puis est arrivé le personnage de Doc Manhattan, et là, je n’ai pas pu m’intéresser à lui. Le deus ex machina, comme il est décrit par son amie, je ne peux pas. C’est quand même un type qui voit l’avenir, peut transformer la matière et téléporter des gens sur Mars (oui vous avez bien lu, la planète pas la barre chocolatée). Ses états d’âme me fatiguent au plus haut point (« le futur devient flou » est le genre de phrases qui me donnent envie de fermer un livre). En règle général, les héros aux pouvoirs démesurés m’ennuient (c’est pourquoi j’aime bien Batman alors que je ne supporte pas Superman). C’est donc là où je n’ai pas réussi à suivre le scénariste : pourquoi ce personnage fadasse échappé du village des Schtroumpfs ? Je n’ai pas trouvé de réponse et par conséquent je reste avec un sentiment mitigé après ma lecture. SPOILER SPOILER SPOILER SPOILER Je n’ai pas aimé la fin (et c’est peu de le dire). Le coup du traître est assez prévisible et je n’en peux plus des riches puissants qui veulent détruire la Terre pour reconstruire une société plus juste. J’ai l’impression de l’avoir lu ou vu des dizaines de fois (c’est le syndrome James Bond). Le côté positif est la réaction des héros qui, au final, décident de ne rien faire (le mal étant déjà fait). La réaction de Rorschach est dans la logique du bonhomme, c’est pourquoi j’ai aimé ce personnage. FIN DU SPOILER Au final, je recommanderai malgré tout la lecture de cette BD car il y a vraiment d’excellentes idées (les héros vieillissants), les personnages sont très travaillés et le monde dans lequel évolue les héros est magnifiquement décrit, on le vit, on le sent. Ces points forts contrebalancent les points qui m’ont gênés dans l’histoire (et qui apparemment n’ont pas dérangé les autres). Mon manque d’intérêt pour l’univers des comics a aussi certainement joué en ma défaveur. Tentez l’expérience de ce pavé (4 jours pour le finir), je suis sûr que chacun peut y trouver des éléments qui lui feront penser que ça valait le coup de le lire.
Le Réseau Bombyce
Cette série est sublime. Comme ça les choses sont claires dès le départ. Déjà, c'est un véritable régal pour les yeux. Qu'est-ce que c'est beau ! Le style de Cécil est splendide (et je vous encourage à découvrir une autre de ses œuvres, Holmes). Résultat, il met magnifiquement en scène cet univers steampunk (pour résumer un monde où la vapeur aurait remplacé le moteur à explosion) très glauque. Grâce à la combinaison de ces magnifiques dessins et d'une histoire très bien écrite, on plonge sans effort dans cette ville où vivent les deux personnages principaux. On se retrouve avec une ambiance à la Dickens, rappelant le XIXème siècle de la révolution industrielle, avec son lot d'inégalités, où les gens de la rue essaient de survivre comme ils peuvent au milieu d'hommes parfois peu recommandables (voire carrément immondes). L'inégalité est partout et il ne faut pas compter sur l'aide de l'état qui de toute façon penchera du côté de celui qui a le porte-feuille en croco (c'est un monde plein d'inspecteurs Javert en puissance). On suit les péripéties de deux monte en l'air qui se retrouvent plongés par erreur dans une affaire sordide (le mot est faible). Ils ont mis la main sur quelque chose qui met en cause un homme puissant et ils se retrouvent pourchassés. Bien sûr, des voleurs ne peuvent pas faire appel à la police (surtout qu'ils sont précédés par leur réputation, ils forment le très recherché réseau Bombyce). Bref, ils sont coincés entre le marteau et l'enclume. Les deux héros sont très charismatiques car totalement humains, avec leurs forces et surtout leurs faiblesses. On sent qu'à tout moment, tout pourrait basculer dans l'horreur pour eux. On pourrait même dire qu'on sait que le drame est au bout du chemin mais on ne peut s'empêcher d'espérer qu'ils parviendront à en sortir indemnes. Mais c'est là qu'arrive le drame. Il n'y a pas de fin ! La série est en stand by depuis plusieurs années. Bien que d'un naturel optimiste, je crois que ça sent le sapin pour nos deux héros. Quel gâchis ! Une histoire belle et prenante, c'est pas possible, c'est totalement désespérant de lâcher un bijou pareil (je ne suis pas très impartial avec cette BD). C'est surtout extrêmement frustrant. Il nous faut la fin, par pitié ! Message aux auteurs, si je n'ai pas la suite, je revends les deux tomes et avec l'argent, je commence les Naruto ! Je déconne pas, je vais le faire... C'est pas des menaces en l'air !
Les Passagers du vent
C'est la deuxième série de Bourgeon que je lis (après Le Cycle de Cyann). Comme beaucoup, j'ai été attiré par la qualité du dessin. L'auteur a un sacré coup de crayon, surtout quand on pense que cette série aura bientôt 30 ans ! On ne ressent pas le poids des années, c'est vraiment surprenant et c'est pour moi le signe d'une grande et belle œuvre. Alors pourquoi seulement 3/5 ? Le dessin ne faisant pas tout, c'est sur l'histoire en elle-même que je n'ai pas totalement accroché (même si j'ai aimé cette série). Je crois que mon bémol tient essentiellement aux deux personnages féminins (qui se trouvent être les deux personnages principaux, c'est vraiment pas de bol). Ah ça, elles ont du caractère les gourgandines ! Peut-être un peu trop d'ailleurs car au bout d'un moment, je n'arrivais plus vraiment à croire à leur histoire. C'est très subjectif car a priori, c'est un problème qui ne gêne pas grand monde (si j'en crois les autres avis). Pour résumer, disons que je ne trouve pas Isa très charismatique sans pouvoir vraiment me l'expliquer. Comme quoi, les goûts et les couleurs ! Heureusement, j'ai quand même pris du plaisir à lire cette BD. En effet, l'auteur a fait un gros travail de documentation. Résultat, il nous plonge dans la marine du XVIIIème siècle avec son lot d'horreurs : le commerce triangulaire, la vie difficile des marins, des prisonniers, la guerre et le soin des blessés (le mot "soin" n'est pas le plus adéquat, on pourrait facilement le remplacer par "fabrication du boudin" ou "découpage du saucisson"). Les héros sont donc plongés au cœur de l'Histoire et ça, c'est un vrai régal. Les atouts de cette série sont suffisamment importants pour faire passer au second plan les défauts. Car au final, j'ai dévoré les cinq tomes. Le dénouement nous laisse un peu sur notre faim mais rien de catastrophique. Bref, c'est une série qu'il faut lire, elle fait partie des grands classiques et elle le mérite. On verra si dans 20 ans elle tient encore aussi bien la marée et si oui, alors là, c'est promis, je la mets la quatrième étoile.
Soeur Marie-Thérèse des Batignolles
Le calembour te hérisse le poil ? Tu ne supportes pas les contrepétries ? Le jeu de mot te désespère ? Passe ton chemin. Le pape est ton meilleur ami ? Tu as été brûlé des cinémas le jour de la sortie de la dernière tentation du Christ ? Tu peux aller voir ailleurs. Dessins magnifiques, humour tordant, je crois que c'est la série sur laquelle j'ai le plus ri. Si effectivement le tome 5 est moins bon, les premiers sont à se pisser dessus. Quelques années après avoir posté cet avis (la vache, ça file), deux constats : - les premiers tomes restent hilarants et totalement irrévérencieux. Maëster excelle dans la caricature et le calembour. J'ai beau connaître les gags, je ris encore en relisant certaines planches (celles avec le trisomique par exemple). - il faut être honnête et reconnaître un certain essoufflement dans la série. Malgré tout, je laisse la note de 5/5 pour la qualité des trois premiers tomes.
Algernon Woodcock
Superbe BD, les dessins sont très bons et s'accordent bien avec les lieux de l'aventure (l'Ecosse au début du XIXème siècle). Il est difficile de juger l'histoire sur un seul tome mais elle part très bien. La mise en place peut sembler longue mais elle permet de s'imprégner des lieux et de l'ambiance. Il s'est passé quelque chose lors de la visite d'Algernon chez une patiente mais on n'en sait pas plus. L'album se termine donc sur un grand mystère et une frustration. La lecture du deuxième tome n'en sera que meilleure (si l'histoire continue sur cette bonne lancée). Après lecture du tome 2 : Je confirme mon coup de cœur pour cette série. Tout me plaît, les dessins, l'histoire. J'adore cette ambiance mystérieuse et inquiétante (très bien rendue tant par le dessin que par le scénario). Par moment on retrouve un peu de l'univers de Lovecraft (enfin je l'ai ressenti comme ça) en moins sombre toutefois. J'ai vraiment pris beaucoup de plaisir à lire cette BD et j'attends la suite avec impatience. Quelques années après, je viens de lire le tome 5 : Finalement, je crois que je n'ai pas grand chose à rajouter : c'est toujours aussi beau (j'adore le style de Sorel) et les intrigues restent prenantes, toujours emplies de mystères. Avec du recul, je dois reconnaître que certains défauts ressortent. Il n'y a pas réellement de changements dans la structure des récits, on se retrouve toujours avec une énigme dont les auteurs ne nous livrent pas toutes les clés (ce qui n'est pas plus mal à mon avis mais qui peut en exaspérer certains), la frontière entre notre monde (au siècle dernier) et celui des anciennes divinités et autres créatures magiques est plutôt poreuse (il n'y avait pas de reconduites à la frontière à cette époque). Bref, toujours un monde à la Lovecraft et comme pour ce dernier, au bout d'un moment, on a une impression de déjà vu. Etant assez fan de ce type d'univers, je peux facilement passé outre ces défauts mais je pense que ça pourrait fatiguer certains lecteurs.
Holmes
Le grand intérêt de ce genre de site où l'on peut lire des avis de lecteurs, c'est qu'on vous montre du doigt des BD vers lesquelles on ne serait sans doute jamais allé. C'est le cas pour Holmes. N'étant pas un fan des aventures du plus grand des détectives, j'aurais même eu plutôt tendance à ne pas l'ouvrir. Premier choc, les dessins sont magnifiques. L'ambiance de l'Angleterre du siècle dernier est superbement rendue et le choix de ces teintes est une excellente idée, on rentre encore plus facilement dans l'histoire. Deuxième choc, le scénario ! Je n'aurais jamais cru que je pourrais me passionner pour une histoire basée sur la vie de Sherlock Holmes. C'est là la grande idée de cette série : Sherlock est mort aux chutes de Reisenbach et on suit ce cher Watson sur les traces des derniers jours de son ami. Cela l'amène à se poser des questions sur la vie du détective, sa santé mentale. Il patauge le pauvre et ne sait plus à quel saint se vouer (et nous aussi). Et si Holmes avait perdu la raison ? Et si Moriarty n'était pas la personne que l'on croit. Pour l'instant (j'ai lu les deux premiers tomes), l'intrigue est menée de main de maître. Quand le héros pense avoir une réponse, un élément vient jeter le doute dans l'esprit de Watson (et dans le nôtre bien entendu). Si les auteurs tiennent le bon cap jusqu'au bout, cette série fera sans nul doute partie de mes préférées et elle méritera une cinquième étoile. Ma seule crainte, c'est que l'intrigue s'enlise. Pour l'instant, tout laisse à penser que Cécil et Brunschwig savent très bien où ils veulent aller. Vivement la suite.
Chroniques de la lune noire
Ca y'est, après 14 tomes, nous voici arrivés au bout des aventures de Wismerhill. C'est pas trop tôt ! Alors, est-ce que ça valait le coup d'attendre ? Est-ce que ça vaut le coup de commencer cette série ? Faisons fi du suspense, à mon avis la réponse est (hélas) non aux deux questions. Et pourtant je me suis intéressé à la BD grâce à cette série (entre autres). J'ai vraiment beaucoup aimé le début. Certes, l'univers héroïc-fantasy n'était pas très original mais en tout cas il était réussi : des dragons, des elfes, des magiciens, le tout dans une ambiance glauque et sur fond d'intrigues de pouvoir qui dépassaient le héros. Les dessins de Ledroit étaient très sympas et les scènes de batailles épiques. Bref, ça fonctionnait, j'ai suivi les aventures des différents protagonistes avec intérêt. Et puis vint le premier drame : changement de dessinateur. Après un temps d'adaptation, on s'y fait et au final on arrive à passer outre. Malheureusement, les problèmes de scénario allaient m'achever. Que le héros soit un parfait crétin que l'on peut embrigader dans son camp avec un tour à la Garcimore passe encore. Qu'il soit priapique et pris de frénésie sexuelle toutes les dix pages, bon, après tout on a deux mains, et une seule peut suffire à tenir la BD, il faut bien occuper la deuxième. Cette surabondance de scènes de cul atteint le comble du ridicule dans le dernier tome. Wismerhill finit par se taper l'oracle (sic). J'ai eu l'impression que les auteurs s'étaient rendus compte qu'ils avaient oublié de remplir leur quota de paires de seins et qu'ils ont cherché quelqu'un que le héros pourrait bais... euh satisfaire. C'est tombé sur la schtroumpfette qui n'attendait que ça. Gourmande va ! Non, finalement le pire est arrivé à partir du tome 7. Wismerhill a attrapé le syndrome de Dragon Ball Z. Et ça pour moi, c'est rédhibitoire (contrairement aux apparences ce n'est pas un gros mot). Le méchant étant très puissant, le héros se doit de l'être aussi, alors il commence à amasser les pouvoirs comme d'autres enfilent les perles. Et ça prend du temps (5 tomes au moins). C'est TRES long ! A la fin, ils sont tellement puissants les loustics qu'ils s'envoient la lune dans la gueule et qu'ils ressuscitent les morts par paquets de douze (le treizième est offert). Pour achever cette lente dégringolade de la série, on termine avec une fin ridicule : un déménagement géant de toute une planète. Les déménageurs bretons sont battus ! Mais attention, seuls les gentils pourront passer. 14 tomes pour en arriver là. Je m'attendais presque à ce que Charles Ingalls arrive avec sa famille. Pour résumer, je ne regrette pas d'avoir la série, je relis avec plaisir les premiers tomes. Mais quelle dégringolade après le tome 7 ! 7 tomes pour finir dans le fossé, c'est l'accident le plus lent et le plus dramatique auquel on puisse assister. On a largement le temps de voir le mur arriver et on ne peut rien faire. Quel dommage parce que je l'aimais cette BD !
Le Dérisoire
C'est une BD que j'ai achetée sur un coup de cœur au salon de la BD de Montreuil-Bellay. La couverture a attiré mon œil. J'ai alors commencé à la feuilleter et là je dois reconnaître que j'ai été scotché par les magnifiques dessins d'Olivier Supiot. D'ailleurs il était présent au festival et il m'a fait un dessin magnifique, avec des couleurs splendides. Il a vraiment un sacré coup de crayon ! Dans cette BD, les dessins vous plongent vraiment au cœur d'un vieux bateau. On ressent vraiment toute la lourdeur du navire, la crasse et surtout la rouille. L'équipage est lui aussi vieux et usé (tellement vieux que ce sont des morts) à l'image du cargo et de son capitaine. C'est une atmosphère très prenante qui nous est proposée. Puis tout à coup, le héros rencontre d'autres personnages et on passe à un univers différent. D'un vieux cargo rouillé, on passe à un paquebot luxueux des années folles, avec ses riches passagers insupportables et excentriques. Ce qui me rend encore plus admiratif du travail du dessinateur, ce sont toutes ces ambiances qui s'enchaînent. De la salle des machines à la salle de bal, du pont du paquebot à la passerelle du cargo, chaque planche a son atmosphère et cela se ressent rien qu'en feuilletant l'ouvrage, notamment dans le choix des couleurs. D'après la discussion que j'ai pu avoir avec l'auteur, c'était un de ses buts, créé des univers bien marqués. Personnellement, je trouve l'effet réussi. Le scénario maintenant (signé Eric Omond). Le bateau est ici une métaphore de la vie de son capitaine. Le cargo n'est pas terminé et il n'a pas de destination. Il est immobile au milieu de nulle part. Les marins sont morts et errent sans but en se moquant de leur supérieur, sans relief, sans ambition et surtout sans volonté. Il n'arrive même plus à se tromper lui-même. C'est une rencontre avec une femme dans une partie du cargo transformée en paquebot qui va lui donner l'illusion qu'il peut s'en sortir. Dit comme ça, ça a l'air incompréhensible. Il faut lire la BD pour saisir la transformation de l'embarcation et ce que cela implique pour le héros. Cette BD est un voyage intérieur, dans les tourments d'un homme. En tout cas c'est comme ça que je l'ai comprise. O. Supiot m'a dit lors de la dédicace que beaucoup de gens avaient réagi de manières différentes. Un lecteur lui a dit un jour que cette BD lui avait rappelé la période de sa vie où il était alcoolique (ce qui peut se comprendre quand on réfléchit après lecture de la BD). J'ai l'impression que chacun peut trouver dans ce vieux rafiot des éléments de son passé, pour peu qu'il rentre dans l'histoire. C'est là je pense le principal problème. Si on ne rentre pas dans l'univers des auteurs, on passera à côté de ce qui fait la force de la BD. Pour conclure, je dirais que cette BD mérite que l'on y jette un coup d'œil. Laissez-vous embarquer par ce pauvre hère, vous verrez que l'on ressent son impuissance puis son espoir. Les dessins vous plongent au plus profond de son mal-être, ce cargo est vraiment captivant. Le passage dans l'univers de la femme risque d'en rebuter plus d'un, mais prise dans son ensemble, l'histoire se tient bien. Il est malheureusement assez facile de passer à côté de la BD. Laissez-lui une chance, relisez la. Si vous restez insensible aux souffrances de ce capitaine, il vous restera malgré tout un bel objet, avec des très beaux dessins. Allez, faites tourner les machines, cap vers...
Abdallahi
Cette BD a plusieurs avantages indéniables : - le premier qui saute aux yeux est son graphisme. Je trouve les dessins très beaux avec de très belles couleurs qui donnent l'impression de regarder des tableaux. Peut-être pourrait-on reprocher un manque de dynamisme, de mouvements. Cela ne m'a pas gêné dans ma lecture en tout cas. - le deuxième point fort est son ambiance. Les auteurs nous plongent dans l'Afrique du XIXème siècle, peu de temps avant sa colonisation par les Européens. On découvre les modes de vie des habitants, certains aspects de leur culture et de leur religion (ici l'islam). Les auteurs semblent s'être bien documentés et on a vraiment l'impression d'être avec le héros, de découvrir la vie des Africains. Les paysages sont superbes et accentuent cette atmosphère très prenante. La traversée de l'Afrique (surtout à cette époque) est dure, fatigante (la chaleur, les grandes distances) et dangereuse. Je trouve que la difficulté, les risques pris par l'explorateur sont très bien retranscrits : il doit cacher le fait qu'il est chrétien et se fait passer pour un Egyptien (sous peine d'être tué), il est victime de la maladie... On ressent vraiment ce que pouvait être un voyage dans une contrée inconnue au siècle dernier. Ces explorateurs risquaient leur vie en apportant des connaissances sur des contrées totalement inconnues. Malheureusement, nous savons ce que feront les colonisateurs de ces informations. - autre point positif, le scénario. Nous suivons les pas d'un explorateur français, René Caillié. L'histoire est basée sur des faits réels mais est bien sûr romancée. J'ai adoré suivre les pas de cet homme, passionné par l'Afrique et déterminé à être le premier blanc à entrer et surtout à repartir vivant de Tombouctou. Il va vivre des moments forts, mais surtout des moments difficiles. L'intérêt est qu'il n'y a pas ici de manichéisme. On ne nous présente pas les Africains comme des sauvages cruels qu'il faudrait civiliser, mais ils ne sont pas non plus de gentils niais vivant dans le village dans les nuages où tout est beau et tout le monde est gentil. Nous vivons des moments heureux dans certains villages, l'hospitalité et l'aide qu'ils apportent au voyageur puis on découvre l'horreur de l'esclavage, les rafles de familles entières par des tribus nomades, le voyage éreintant (où certains trouvent la mort) jusqu'au Proche-Orient où ils seront vendus. Le héros est crédible, il n'oublie jamais pourquoi il fait ce périple, il cherche à ramener des informations utiles à la France pour une colonisation future (ressources, implantations possibles...). Bref, tout concourt à faire de cette BD une plongée prenante dans l'Afrique mythique qui a fait rêver tant d'Européens à cette époque sans tomber dans les clichés (ceci dit ne connaissant pas l'Afrique, je peux me tromper, un connaisseur pourrait peut-être être exaspéré par certains éléments). C'est un récit de voyage passionnant et prenant. Voilà qui m'a changé de ce que je peux lire habituellement (surtout du fantastique) et qui m'a fait du bien.