Le blog BD de bb

Par bb
Note: 4/5
Couverture de la série Le Retour à la terre
Le Retour à la terre

"Le retour à la terre" nous parle à tous : que l'on soit un citadin "pur jus" qui se trouve confronté à ce désir de déménagement pour vivre à la campagne (pour soi ou parmi ses proches) ou un habitant de ce "rural profond" qui voit débarquer un "Parisien" dans le voisinage, nous avons tous des représentations de "l'Autre", différent pour sa manière d'habiter l'espace. "Le retour à la terre", en évoquant avec humour et caricature, des personnages et des scènes de vie quotidienne, plonge le lecteur dans une série de strips, qui font sourire, voire pour beaucoup d'entre eux franchement rire. A titre personnel, j'adore le personnage du chat, cet animal profondément citadin qui n'a pas du tout envie de subir "le retour à la terre" que lui impose ses maîtres. La caricature des habitants de ce "rural profond" dans lequel s'installent les deux personnages principaux, Manu et Mariette, n'est jamais méchante, et c'est là le tour de force de cette BD : les citadins qui partent vivre à la campagne sont trop citadins (surtout Manu), les habitants de ce "coin paumé" sont trop ruraux, pour que le tout ne devienne un jugement de valeur porté sur des personnes. Au contraire, le scénario de jean-Yves Ferri (aussi auteur de l'excellent De Gaulle à la plage, devenu plus connu aujourd'hui pour avoir repris Astérix avec Didier Conrad) et le dessin de Manu Larcenet (qui apporte, de plus, sa propre histoire, son propre "retour à la terre") font un formidable duo. A vivement recommander ! Une bande dessinée qui peut être glissée sans souci dans les mains de ceux qui pensent ne pas trop aimer la BD.

16/05/2014 (modifier)
Par bb
Note: 3/5
Couverture de la série Dorothea
Dorothea

Je ne suis pas d'accord avec le précédent commentaire, peut-être parce que dans ma lecture je n'ai pas cherché à trouver un manga historique, partant de la véracité des faits (bien que l'histoire s'appuie sur une époque, un territoire et des acteurs ayant existé). J'ai appréhendé ce manga comme une lecture de "medieval fantasy", et dans ce sens, il se tient. Ce manga aborde l'intolérance, et bien plus encore l'ignorance (telle qu'elle produit de l'intolérance). Dorothea est une jeune fille qui a vécu son enfance dans un vase clos, et qui découvre la réalité de la guerre : plus qu'un discours sur "la guerre, ce n'est pas bien", j'y ai lu une approche sur la complexité de la guerre (notamment parce que Dorothea découvre que ses propres compagnons d'armes peuvent eux-mêmes piller et violer des femmes, et que la guerre ne dessine pas un combat "méchants vs. gentils" à la Walt Disney. Si le manque de surprise dans le scénario marque les derniers tomes (le scénario aurait gagné à s'émanciper de la corrélation avec le mythe de Jeanne d'Arc), ce manga reste tout de même esthétiquement réalisé (dommage de voir des coquilles dans la traduction...) et divertissant. Les trois premiers tomes sont plus prometteurs (j'aurais mis 4 étoiles si je m'en tenais à ces tomes), et les trois derniers laissent peut-être le lecteur sur une pointe de déception (on aurait pu apprécier une fin moins "facile" et davantage de développement sur l'Inquisition). Mais le "pacte" avec le lecteur est rempli : le manga se lit aisément et divertit, sans pour autant devenir une oeuvre majeure.

16/05/2014 (modifier)
Par bb
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série France Info, 30 ans d'actualité (Le jour où...)
France Info, 30 ans d'actualité (Le jour où...)

20 ans pour la première édition, 25 ans pour la seconde d'actualités retracées par des auteurs de BD dessinée qui, chacun, décortique un événement. Si le dessin de tous les auteurs ne me plaît pas nécessairement, le choix de laisser chacun Enorme coup de coeur, par exemple, pour la manière dont Etienne Davodeau traite de la tempête du 26 décembre 1999. Insérée entre plusieurs événements très lourds pour lesquels j'attendais de lire avec impatience le rendu en BD (guerre du Kosovo, attentats du 11 septembre 2001 - j'aime tout particulièrement le travail de Pierre Christin et Guillaume Martinez pour ceux-ci), elle m'a surprise dans le bon sens : une BD courte, pleine de poésie, avec un décalage parfaitement maîtrisé entre un "poème amoureux" au vent narratif et la tempête dessinée. Fan de cet auteur, il m'a surprise par cette BD sur la tempête, une vraie réussite. D'autres coups de coeur parsèment la lecture. On retrouve le style de Joe Sacco dans son traitement de la torture pratiquée en Afghanistan et en Irak par l'armée étasunienne, ou celui de Guy Delisle pour le massacre de la place Tienanmen. On se surprend à découvrir d'autres facettes d'auteurs que l'on connaît bien (le duo Kris/Thierry Martin par exemple - je connais surtout les BD du premier - à propos de la libération de Mandela, qui fait un choix particulièrement plaisant de la répétition d'une case, qui rythme la BD ; ou Jacques Ferrandez qui a déjà traité de la Bosnie-Herzégovine par ses carnets dessinés - Les Tramways de Sarajevo -, mais qui s'empare ici de la ville de Sarajevo à la manière de ses Carnets d'Orient, mêlant ses deux types de production). On découvre, enfin, certains auteurs dont on se dit toujours "un jour, lui, je lirais ces BD", mais pour lesquels on ne prend pas le temps. Si j'ai moins, par goûts personnels, accroché avec certaines BD (je n'ai pas trop adhéré à la première lecture à la proposition de Blutch à propos de la mort de Lady Di, mais une relecture m'a rendue moins dure - cela n'en fait pas pour autant mon coup de coeur, mais c'est assez subjectif, comme toute lecture de BD !), le tout m'a séduit : je n'y cherchais pas une cohérence particulière. Au contraire, je trouve plaisant que plusieurs auteurs traitent à leur manière, avec leur dessin, avec leur manière de faire de la BD (de fiction ou de non-fiction) de ces différents événements. Le tout est très séduisant, un collectif qui me semble à mettre dans toutes les mains.

05/05/2014 (modifier)
Par bb
Note: 4/5
Couverture de la série Revenants
Revenants

Par un jeu des couleurs subtil porté par le dessin de Maël (déjà dessinateur de la bande dessinée Notre Mère la Guerre, avec Kris au scénario), la bande dessinée rend parfaitement compte du décalage entre "ici" et "là-bas'' des militaires qui souffrent de ce symptôme post-traumatique qu'évoquent les médias sans jamais en expliquer la réalité. Les militaires sont à la fois "ici" (les Etats-Unis, leur "chez-eux", en noir et blanc) sans jamais être partis de "là-bas'' (l'Irak, leur guerre, en dégradés de rouge). Ne cherchez pas une bande dessinée sur la guerre en Irak, une BD de reportage en quête du sensationnel médiatique, ce n'est pas le propos. Que veut dire revenir de cette guerre ? Comment se réadapter à l'ordinarité du quotidien après un tel vécu ? Le côté "brouillon" de la BD, passant d'un personnage à l'autre, rend à la fois compte du reportage mené par Olivier Morel, mais surtout du "brouillon" qui règne dans la tête de ces "revenants", presque des morts-vivants tant ils semblent perdus après leur retour, incapables d'oublier les images des atrocités qu'ils ont vues et vécues, images qui les accompagnent au quotidien même dans des scènes de vie ordinaires, images qui ne quittent plus leur esprit, embrouillé entre cet "ici" et leur "ailleurs". A titre personnel, j'ai aimé que les auteurs ne fassent pas tout un tas d'apartés sur la guerre en Irak, ne cherchent pas à l'expliquer. Ce n'est pas le sujet de cette BD. Au final, leurs traumatismes auraient pu être ceux d'une autre guerre. C'est ce "brouillon" dans l'esprit des militaires revenus de la guerre qui est le sujet. Rendu par l'alternance entre le noir et blanc, et les dégradés de rouge. Où est l' "ici", où est l' "ailleurs" ? On s'y perd, ou plus précisément le lecteur, en se perdant, appréhende le chaos qui règne dans l'esprit des blessés psychologiques, qui ne savent plus où ils sont, revoient des images de la guerre en observant une maison, une affiche, une assiette, et repartent, dans leur esprit, Là-bas. Au final, comprendre cette guerre n'est pas ce qui fait le traumatisme, c'est bien se réadapter à cette vie trop ordinaire pour être acceptable après un tel vécu. Je n'ai pas vu le documentaire d'Olivier Morel (la BD fait suite à "L'âme des vivants", sans en être une adaptation : elle montre davantage le making-of du documentaire, et finalement est une BD de reportage où le scénariste est mis en scène dans son enquête), mais cela ne m'a pas manqué pour lire la BD. Peut-être est-ce finalement plus facile d'entrer dans cette BD sans la rattacher nécessairement au documentaire. Un BD coup de coeur, loin des clichés sur la guerre en Irak, qui porte sur le vécu et le regard de ceux qui ne sont pas des "gueules cassées", mais reviennent pourtant comme blessés de guerre, cassés psychologiquement.

16/04/2014 (modifier)
Par bb
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Les Cités obscures
Les Cités obscures

Le duo Schuiten/Peeters fonctionne à merveille pour nous offrir ce monde des "Cités obscures". Dans la série, ma bande dessinée préférée reste "La Frontière invisible", même si comme beaucoup j'ai aussi un gros coup de coeur pour "La Fièvre d'Urbicande". "Les Cités obscures" sont un incontournable de la bande dessinée. Je les ai fait découvrir à de nombreuses personnes pour qui la bande dessinée n'évoquait guère plus que Astérix et Tintin, et qui se sont retrouvées fascinées par cette série, et ont (re)découvert la bande dessinée et le plaisir d'en lire, par-delà les incontournables de notre enfance. Par les splendides planches de François Schuiten et le scénario de Benoît Peeters, la série emmène le lecteur dans des villes marquées par des pouvoirs autoritaires, sans pour autant devenir des récits historiques ou des récits "jugeant" les comportements de leurs personnages, parfois même d'une certaine médiocrité de ceux-ci, et tout simplement de leur grande humanité, entre doutes, intérêts personnels et passions, résilience face au pouvoir. Mais le personnage principal reste chacune des cités. La ville comme personnage, c'est là le point fort de cette série, qui décale le regard. Chaque tome nous entraîne dans une des Cités obscures, sans jamais proposer une lecture répétitive. Les personnages sont autant "formatés" par leur métier que par chacune des villes qui sont leur espace de vie. La beauté des planches est mise au service d'un scénario qui ne lasse jamais. Incontournable !

13/04/2014 (modifier)
Par bb
Note: 4/5
Couverture de la série Ranma 1/2
Ranma 1/2

Les animes de l'enfance peuvent décevoir quand on les retrouve en manga une fois adulte. Pourtant, ce manga (dont j'ai redécouvert récemment le plaisir de l'oeuvre originale) fait partie de mes coups de coeur davantage à l'âge adulte qu'au moment de l'enfance. Le comique de situation est répétitif sur 38 tomes, mais contrairement à l'anime, les personnages évoluent à partir du tome 22 (globalement, là où l'anime s'arrête), et surtout je trouve que ce manga gagne à être découvert sous son format original (papier) plutôt que par l'adaptation en anime. Pas très sensible au type de dessin proposé (très marqué shojo des années 1990, rappelant le style d'un Sailor moon par exemple - je serais plus "adepte" du style proposé par les shonen ou par le studio Clamp dans le character design), je l'ai vite oublié pour lire ce manga frais, écrit sans avoir besoin de justifier un parti pris sur le genre, mais juste pour proposer une lecture plaisante et distrayante autour d'une histoire qui, par-delà les arts martiaux et le côté fantastique de la malédiction des sources, se centre sur cette période qu'est l'adolescence.

13/04/2014 (modifier)