Et oui, les deux univers Dumontheuil et Paasilinna (romancier finlandais à l'humour forestier) ont vraiment quelque chose de commun. Une sorte d'admiration pour les personnages dont l'énergie intérieure les mènent loin du commun des mortels. Ici l'histoire reste assez romanesque mais pointe les mesquineries dans lesquelles s'enfèrent souvent les groupes humains.
Un type venu du sud vient s'installer dans le moulin abandonné et le remet en fonctionnement. Le village est d'abord séduit, mais ça ne colle pas finalement et c'est comme si la société ne pouvait pas reconnaître en l'Autre sa propre humanité. Toutes les règles sociales que chacun a eu tant de mal à intégrer, on ne supporte pas qu'un étranger puisse s'en affranchir. Et une violence organisée enfle et déborde à la recherche de la destruction de l'intru.
Ce qui est plaisant ce sont les personnages qui ne hurlent pas avec les loups, mais soutiennent le héros, reconnaissant en lui un peu d'eux même (le facteur, le garde champêtre et la conseillère agricole) leur bonté touche, et l'intelligence inadaptée de Ragnar aussi.
Les animaux ont une grande importance et on retrouve l'espieglerie et le goût de l'observation silencieuse de Paasilinna.
Pour le dessin, j'aime toujours l'expressivité des personnages, dans un trait assez épais mais adapté à chaque contour. Les nuances de gris que l'auteur a préféré à la couleur donne un aspect suranné qui pousse aussi l'album vers le récit de trapeur. Par moment un faux air de "Le magasin général" mais dépouillé de tout bon sentiment, l'environnement y est présenté comme moins rude que la société. Et j'ai aussi pensé à "Martha James Canary" pour le mode de vie aventureux et western renversé.
Je ne mets pas 4 étoiles parce que cette vision cruelle de la société reste douloureuse pour moi, c'est comme si l'intelligence était condamnée dans nos organisations humaines : c'est foncièrement pessimiste : l'humour noir est un sacerdoce que je ne reprends pas totalement à mon compte !
Très bonne BD : à recommander.
J'avais lu le roman Pereira prétend , et c'est à peu prêt la seule connaissance que j'avais de la période Salazar au Portugal. Je vis par ailleurs dans un petit village où quelques immigrés portugais, anciens ouvriers de la carrière, prennent parfois le soleil sur un banc.
Ces deux approches me donnaient un point de vue tragique et mystérieux sur le Portugal de cette époque, et pas forcément adapté à la lecture insouciante d'un beau dimanche de printemps.
Pourtant "Sur un air de fado" réussit à marier un coté documentaire historique avec une vraie histoire touchante. Le caractère du héros, le docteur Pais, désinvolte et ironique, rappelle Nestor Burma par ses tendances volages et sa manière aujourd'hui un peu surannée d'allumer une cigarette pour se donner une contenance. (Je vois que Barral a d'ailleurs adapté des Burma "dans l'esprit de Tardi") L'ironie se mélange à la gravité des situations qui le poussent au delà de ses fragiles convictions. La beauté des visages et des paysages, l'espièglerie des mioches, le sordide de la police lazariste, la naïveté des militants démocrates, une fratrie dissymétrique, un ami écrivain et homosexuel...
Tous ces ingrédients concourent à la description nuancée, sans pathos, mais avec humanité de la vie sous une dictature arbitraire. Le personnage principal est très bien campé et toute la constellation des liens qu'il entretient avec les autres personnages est abordée par petites touches, avec au besoin, quelques flash-back. Les amours du docteur et ses engagements se créent un chemin entre la pression policière, sa famillle et ses amis. Les dialogues sont très justes. Contrairement à Pereira prétend, nous ne sommes pas dans la tête du héros, nous voyons ses actes, nous entendons sa voix, et le reste : à nous de l'imaginer.
Et par dessus tout le dessin et la couleur sont extrêmement séduisants. La lumière du sud nous laisse imaginer le vent du large. Le trait parfois très gras autour des personnages devient très fin dans les paysages, les rues, les trottoirs pavés, les azuléjos, les dégagements vers l'océan.
Bref, c'est un souffle d'humanité et de dépaysement.
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Le Meunier hurlant
Et oui, les deux univers Dumontheuil et Paasilinna (romancier finlandais à l'humour forestier) ont vraiment quelque chose de commun. Une sorte d'admiration pour les personnages dont l'énergie intérieure les mènent loin du commun des mortels. Ici l'histoire reste assez romanesque mais pointe les mesquineries dans lesquelles s'enfèrent souvent les groupes humains. Un type venu du sud vient s'installer dans le moulin abandonné et le remet en fonctionnement. Le village est d'abord séduit, mais ça ne colle pas finalement et c'est comme si la société ne pouvait pas reconnaître en l'Autre sa propre humanité. Toutes les règles sociales que chacun a eu tant de mal à intégrer, on ne supporte pas qu'un étranger puisse s'en affranchir. Et une violence organisée enfle et déborde à la recherche de la destruction de l'intru. Ce qui est plaisant ce sont les personnages qui ne hurlent pas avec les loups, mais soutiennent le héros, reconnaissant en lui un peu d'eux même (le facteur, le garde champêtre et la conseillère agricole) leur bonté touche, et l'intelligence inadaptée de Ragnar aussi. Les animaux ont une grande importance et on retrouve l'espieglerie et le goût de l'observation silencieuse de Paasilinna. Pour le dessin, j'aime toujours l'expressivité des personnages, dans un trait assez épais mais adapté à chaque contour. Les nuances de gris que l'auteur a préféré à la couleur donne un aspect suranné qui pousse aussi l'album vers le récit de trapeur. Par moment un faux air de "Le magasin général" mais dépouillé de tout bon sentiment, l'environnement y est présenté comme moins rude que la société. Et j'ai aussi pensé à "Martha James Canary" pour le mode de vie aventureux et western renversé. Je ne mets pas 4 étoiles parce que cette vision cruelle de la société reste douloureuse pour moi, c'est comme si l'intelligence était condamnée dans nos organisations humaines : c'est foncièrement pessimiste : l'humour noir est un sacerdoce que je ne reprends pas totalement à mon compte !
Sur un air de Fado
Très bonne BD : à recommander. J'avais lu le roman Pereira prétend , et c'est à peu prêt la seule connaissance que j'avais de la période Salazar au Portugal. Je vis par ailleurs dans un petit village où quelques immigrés portugais, anciens ouvriers de la carrière, prennent parfois le soleil sur un banc. Ces deux approches me donnaient un point de vue tragique et mystérieux sur le Portugal de cette époque, et pas forcément adapté à la lecture insouciante d'un beau dimanche de printemps. Pourtant "Sur un air de fado" réussit à marier un coté documentaire historique avec une vraie histoire touchante. Le caractère du héros, le docteur Pais, désinvolte et ironique, rappelle Nestor Burma par ses tendances volages et sa manière aujourd'hui un peu surannée d'allumer une cigarette pour se donner une contenance. (Je vois que Barral a d'ailleurs adapté des Burma "dans l'esprit de Tardi") L'ironie se mélange à la gravité des situations qui le poussent au delà de ses fragiles convictions. La beauté des visages et des paysages, l'espièglerie des mioches, le sordide de la police lazariste, la naïveté des militants démocrates, une fratrie dissymétrique, un ami écrivain et homosexuel... Tous ces ingrédients concourent à la description nuancée, sans pathos, mais avec humanité de la vie sous une dictature arbitraire. Le personnage principal est très bien campé et toute la constellation des liens qu'il entretient avec les autres personnages est abordée par petites touches, avec au besoin, quelques flash-back. Les amours du docteur et ses engagements se créent un chemin entre la pression policière, sa famillle et ses amis. Les dialogues sont très justes. Contrairement à Pereira prétend, nous ne sommes pas dans la tête du héros, nous voyons ses actes, nous entendons sa voix, et le reste : à nous de l'imaginer. Et par dessus tout le dessin et la couleur sont extrêmement séduisants. La lumière du sud nous laisse imaginer le vent du large. Le trait parfois très gras autour des personnages devient très fin dans les paysages, les rues, les trottoirs pavés, les azuléjos, les dégagements vers l'océan. Bref, c'est un souffle d'humanité et de dépaysement.