Le blog BD de gdev

Par gdev
Note: 2/5
Couverture de la série Rapaces
Rapaces

Ça vole, ça virevolte, ça saute, ça se bagarre, ça explose, ça baise : en bref, c'est vivant. Tout au long de ces quatre tomes, j'ai été retenu par cette action omniprésente, par cette impression qu'il se passait quelque chose, le tout superbement mis en valeur par le dessin de Marini. Ça reste du Marini, donc on retrouve l'éternel jeune barbichu et le non moins déjà-vu moustachu, mais à part cela, il faut reconnaître que le dessin fait preuve d'une belle imagination pour mettre en scène ces personnages haut en couleur et que les mouvements et les impressions de vitesse sont quand même bien rendus. Un dessin sûr et précis, supporté par de belles couleurs qui propose de jolis contrastes, et qui semble présenter le seul véritable intérêt pour cette série. Parce que, côté scénario, j'ai été plus que déçu. En bref, je n'ai pas compris grand chose et chaque nouveau développement suscite nombre de nouvelles questions auxquelles on ne répondra jamais. Pourquoi et comment la nature des vampires a-t-elle évolué pour leur permettre de vivre le jour, d'accepter l'ail, etc... ? Et surtout, pourquoi, d'un seul coup, fait-elle machine arrière ? Que vient faire Aznar dans cette histoire ? C'est qui, ces enfants perdus ? Il vient d'où, ce prêtre ? Elle sert à quoi, cette croix ? Voici un petit florilège non exhaustive des nombreuses questions que je me suis posées à la lecture de cette série. Et comme les réponses qui auraient permis de légitimer une bonne partie de l'histoire ne sont jamais venues, je trouve que le scénario n'offre pas particulièrement de fonds. Du coup, il apparaît assez rapidement que la surenchère d'actions tente de masquer un manque de scénario. D'autant que ce dernier semble avoir été réécrit en cours de route, nuisant à la cohérence de l'ensemble. Ainsi, au début de série, on intervient dans un monde peuplé d'humains, parmi lesquels, certainement, quelques vampires survivent, s’amusant de temps de temps à se tuer les uns les autres. En fin de série, on a plutôt l'impression que l'humain est une espèce en voie de disparition, maintenu dans une espèce de réserve sans barreau dont les gardiens seraient les vampires.... Je n'ai pas bien compris le propos, à moins bien sûr que je n'ai pas su décoder le sens caché. Il faut dire que j'ai également eu du mal à m'intéresser à cette pauvre Lénore, qui fait preuve d'un charisme tout relatif... Tout cela me donne ce sentiment que l'idée originelle n'a pas été suffisamment exploitée pour donner une cohérence à ce scénario. De jolis effets spéciaux, du sexe en veux-tu en voilà, du mouvement... tout pour remplir et donner une impression de densité venant combler un scénario vide de sens.

30/11/2011 (modifier)
Par gdev
Note: 3/5
Couverture de la série Labyrinthes
Labyrinthes

"Labyrinthes" fait partie de ces séries un peu à part qui ne présentent ni une histoire linéaire sur plusieurs tomes, ni une succession de one shot ou de cycles. C'est une espèce de série concept, dans laquelle les tomes sont reliés les uns aux autres par un lien très ténu. Ici, le fil directeur semble être le professeur Ariane (le fil d'Ariane, en somme, cohérent avec le titre de la série), scientifique de son état qui cherche à théoriser les événements paranormaux ou surnaturels. Ainsi, le premier tome traitera du spiritisme et des esprits torturés, le second nous emmènera faire l'expérience de la vie après la mort et le troisième permettra de faire la connaissance du vaudou. Le 4ème tome est un peu à part, et nous amène à nous poser la question de la destinée du monde, et de l'existence d'une instance supérieure qui la présiderait, ou du moins, qui l'influencerait. Quatre tomes donc reliés par des événements paranormaux, mais pas par une histoire suivie. L'impression que l'on garde à la fin de la lecture est une impression de manque : il manque un lien plus fort entre tous ces ouvrages, il manque une direction et une dynamique qui animerait l'ensemble et finalement, sans ce lien, c'est la cohérence de toute la série qui vacille. De ce point de vue, si le fonds peut sembler intéressant, la réalisation sous cette forme ne facilite pas l'immersion du lecteur que je suis dans ce type de production, ayant cette incertitude à chaque tome : dois-je oublier ce que j'ai lu avant ? Si oui, à quoi ça sert, vu qu'il existe bien un lien ? Si non, quelle est la progression de l'histoire ? Il n'en reste pas moins que certains tomes de cette série sont meilleurs que d'autres. Ainsi, le tome 1 est celui où on fait connaissance d'une myriade de personnages à la recherche d'un esprit. Dans ce groupe de personnages, la personnalité du professeur Ariane a du mal à émerger, et on recherche surtout qui est notre héros. C'est un peu déstabilisant, et si l'alliage entre science et paranormal est suffisamment original pour être intéressant, on se demande bien où cela va nous conduire. Le tome 3 est quant à lui, le tome le plus réussi à mes yeux. L'expérience du vaudou par le professeur Ariane est très bien mise en valeur, notamment par un découpage ingénieux et des dessins qui permettent de comprendre toute l'évanescence de la situation. S'il y en avait qu'un à retenir, dans cette série, je pense que ce serait celui-là. En revanche, le tome 2 ne présente aucun intérêt, cette expérience de la mort étant trop compliquée à suivre et je n'ai pas succombé aux charmes de cette ambiance bizarre, dérangeante certes, mais qui manque de message... Enfin, le tome 4 est décevant : dans ce genre de série, ce que j'apprécie, c'est quand le dernier tome permet d'apporter de la cohérence et de la lisibilité à l'ensemble. C'est dans ce dernier tome que je m'attendais à ce que le scénariste fasse la synthèse des tomes précédents afin que l'on puisse comprendre où on voulait en venir. En lieu et place de cela, le mystère s'épaissit encore et je vois mal comment s'articule le rôle du monde d'Argartha avec le spiritisme, la vie après la mort, et le vaudou. L'idée, mi- surnaturelle, mi-philosophique, fait référence à tous ces paradis perdus qui promettent omniscience et immortalité mais on a du mal à voir comment cela prend place dans la série. Le message est flou et, si la personnalité du professeur Ariane, qui s'est étoffée et qui a gagné en profondeur au fil des tomes est intéressante, elle a du mal à s'inscrire dans cet univers assez particulier. Du coup, j'ai l'impression que l'auteur n'est pas allé au bout de son idée, et ne nous présente pas une synthèse qui permettrait de comprendre son propos. Ce qui permet finalement à cette série de prendre un peu d’envergure, c’est son graphisme. Si les arrière-plans sont parfois un peu trop uniformes, les visages eux, présentent efficacement caractères et sentiment. Les visages s’affinent et s’affirment ainsi tout au long de la série. Et comme pour le scénario, c’est certainement le tome 3 qui est le plus réussi graphiquement. Voici donc une série qui se présente, du fait de sa construction, comme le Labyrinthe promis en titre. Malheureusement, le manque de synthèse ne permet pas à la série de trouver sa cohérence, et au lecteur, d’en trouver la sortie.

30/11/2011 (modifier)
Par gdev
Note: 3/5
Couverture de la série La Conjuration de Cluny
La Conjuration de Cluny

Le véritable tour de force de cet album, c'est de savoir développer en un tome seulement (56 planches, OK, mais un seul tome), une histoire complète et qui se tient. C'est relativement rare en ce moment, où lorsque l'on ouvre une nouvelle production, on ne sait pas très bien pour combien de temps on s'est abonné. Et dans cet album, il y a quand même une grande variété : un petit mélange d'époque moderne et médiévale, une petite histoire romantique, une petite enquête, un retour sur les croisades, un message historique. C'est donc une histoire complète, avec beaucoup d'éléments variés qui nous sont présentés de façon linéaire et lisible. J'apprécie cet effort à sa juste valeur. De nos jours, une équipe d'archéologue découvre une tombe. Dans cette tombe, un corps. Près du corps, un manuscrit. Sur ce manuscrit, un témoignage qui permet de découvrir la vie d'une ancien moine de Cluny, Godefroid, parti pour les croisades et qui à son retour doit mener l'enquête sur d'étranges événements survenu en l'abbaye. Le contexte historique me plaît, le côté mystérieux qu'il convient de dévoiler me plaît, et le message final, bien qu'un peu forcé, est assez bien vu. Dans l'ensemble, l'ouvrage se donne les moyens de ses ambitions et l'intrigue est conduite avec efficacité. Mais présenter autant de choses en si peu de planches a également ses petits défauts : comme tout doit être condensés, on passe rapidement d'un élément à un autre et on a l'impression que de gros raccourcis ont été pris. De même, on a du mal à s'approprier et à s'attacher à ces personnages. Tout va trop vite et les enchaînements ne laissent pas le temps au lecteur de goûter l'ambiance. Mais le message final, qui consiste à nous révéler les véritables motivations de la quatrième croisade et d'en faire un parallèle avec les événements internationaux de 2002 est finalement bien amené. Un peu trop manichéen, avec le gentil Guillaume et le méchant Giraud, le gentil moine et le méchant marchand, certes, mais l'objectif est atteint. Côté dessin, je n'ai pas adhéré au style, ultra clair et ultra coloré. Je n'ai pas été transporté de cette abbaye de Cluny médiévale grâce au dessin, qui donne l'impression que les murs de cette abbaye sont faits de carton pâte. C'est dommage car on sent bien qu'il y avait une volonté des auteurs de rendre à cet abbaye toute son aura d'antan. Malheureusement, par manque de travail sur les textures, sur les couleurs, sur les matériau, c'est l'ensemble de l'environnement qui fait toc. Par ailleurs, les visages des protagonistes sont bien lisses et ne font pas passer beaucoup d'émotion. On retrouve donc un travail plus qu'honnête qui fait un bel effort de synthèse et qui arrive à faire coexister plusieurs petites histoires dans un seul tome, mais auquel il manque un peu de nuance, tant sur le plan du scénario que sur celui du dessin, pour rendre l'ensemble crédible.

29/11/2011 (modifier)
Par gdev
Note: 4/5
Couverture de la série Légende
Légende

Voici une petite série qui n'a pas d'autres prétentions que divertir, et elle atteint parfaitement son but. Difficile d'être original en parlant d'une série qui elle, ne l'est pas du tout. Mais la sobriété de ce récit en fait sa force et son efficacité. Finalement, prendre les recettes qui ont marché, les reprendre un petit peu à sa sauce, et les resservir agencées différemment, c'est prendre le risque de ne pas en prendre. Certains pourront reprocher ce manque d'originalité, cette absence d'audace, mais le classicisme est rassurant, et également bien confortable. Moi, en tout cas, je m'y suis retrouvé. Ce qui est super appréciable, dans cette série, c'est le confort de lecture. Une lecture fluide car tout est assez linéaire, les flash backs n'étant là que pour servir d'amorce aux quatre premiers tomes (le cinquième étant un peu à part dans ce domaine, le passé ayant rejoint le présent). On suit ainsi l'enfance puis la jeunesse d'un homme qui devra se battre pour récupérer le trône qui lui revient de droit et la sœur qu'il n'a jamais (ou presque) connue. Swolfs s'y connaît pour rythmer son récit, présenter les événements clairement, et retenir ainsi l'intérêt du lecteur. Et même si le récit est classique, même si ca sent le déjà-vu, j'ai eu du plaisir à attendre les scènes dont je me doutais qu'elles arriveraient. Un peu comme on regarde son film préféré pour la xème fois : il n'y pas de surprise, ce qui n'empêche pas de prendre du plaisir. Seule le cinquième tome m'a paru moins bien dosé que les précédent, un peu comme si le scénariste s'était dépêché d'en finir : dans le même tome, de nouveaux personnages sont présentés et c'est par eux que la série connaîtra son dénouement. Tout cela donne une impression de précipitation... Ce que je pourrai reprocher à Swolfs, en revanche, c'est de rester au milieu du gué en matière d'événements surnaturels. Un peu comme s'il n'avait jamais réellement tranché s'il devait ou non insister sur ce point pour donner une couleur un peu ésotérique à son récit. Shaggan en grand prêtre aux pouvoirs peu compréhensibles, l'histoire d'un livre de magie qui apparaît à la va-vite dans le dernier tome, une représentation des forces du mal et du bien et sous forme de dragon, l'espèce de sorcellerie sous-jacentes à deux ou trois personnages dans la série : on sent que Swolfs voulait y aller, dans ce côté surnaturel, mais qu'il s'est retenu, peut-être par peur d'abandonner le confortable petit récit classique qui plaisait bien à tout le monde. Moi ca m'a déçu parce que d'une part, je suis un peu frustré d'être appâté par quelques touches ésotériques desservies à des doses homéopathiques dont on est très vite sevré, et d'autre part parce que je pense que cet aspect ésotérique, poussé un peu plus, aurait pu donner plus de dimension à cette histoire. Le dessin et les couleurs sont précis, clairs, et participent grandement au confort de lecture évoqué plus haut. Des forêts enneigées ou baignées de soleil, des grottes ou des salles de trône éclairées à la bougie, des châteaux fastueux ou des fermes crasseuses : on évolue avec facilité dans cet univers médiéval dont le dessin, comme le scénario, s'appuie sur des images classiques. Et pourtant, comme c'est bien fait, comme c'est rigoureux, c'est efficace. Voici donc une belle petite série (5 tomes seulement), menée avec une rigueur presque académique, dans laquelle on sent que le scénariste voulait insuffler une dose de folie qui reste malheureusement trop anecdotique pour pimenter le récit. Mais l'ensemble est construit avec soin et j'ai bien aimé cette chronique médiévale.

29/11/2011 (modifier)
Par gdev
Note: 3/5
Couverture de la série Chroniques de la lune noire
Chroniques de la lune noire

Voilà une une série qui est très difficile à lire, tant le fonds et la forme sont difficiles d'accès. Sur le fonds, tout au long des 14 tomes qui composent cette série à rallonge, je n'ai cessé de me poser des questions : qui c'est celui-là ? Qu’est-ce qu'il vient faire là ? Pourquoi celui-là arrive à ce moment là ? Quelles sont ses intentions ?... Que ces questions perdurent pendant les 3-4 premiers tomes, à la rigueur... mais là, il m'a fallu presque 12 tomes pour arriver à saisir et à comprendre un petit peu du message du scénariste. Il faut dire que ce dernier ne donne, dans chacun de ses tomes, qu'une toute petite partie de la trame principale et l'histoire donne, en définitive, une impression de longueur et de langueur. Et comme chaque tome est quand même rempli de plein d'événements autres, tout ce qui fait avancer la trame principale semble perdu dans un amoncellement d'idées des plus variées. C'est donc une série qui ressemble à un gros fouillis, et seule la persévérance m'a permis de finir la série. La lecture de certains passages ou pire, de certains tomes (notamment au début de la série), n'a pas toujours été une partie de plaisir. Il y a bien quelques tomes qui sortent du lot, comme le tome 5, le 10 ou encore le 13, qui présentent des batailles d'envergure et mouvementées. Les quatre tomes qui les précédent ne présentent rien de moins que les préparatifs pour arriver à ces affrontements : autant dire que l'on s'ennuie pas mal au cours de ces tomes, même si certains éléments ont pu relever l'intérêt. Je pense particulièrement au parcours initiatique de Wismerhill qui lui permet de devenir grand prêtre de la lune noire, et je pense également à cet album où Parsifal se révèle. Cette série, c'est un peu une succession de tomes un peu ennuyeux au cours de laquelle, parfois, un élément retient l'intérêt un peu plus que les autres. Ca fait, au final, assez peu d'éléments intéressants sur 14 tomes. Toujours à propos du scénario, on a un peu l'impression que le scénariste improvise à chaque tome. Du coup, l'ensemble me semble bien décousu. Et surtout, il a recours en de maintes occasions à de la magie, bien pratique pour "réparer" des événements, comme si le scénariste, se rendant compte de ses erreurs, voulait les effacer après coup. Dans ce domaine, je trouve que le coup de la résurrection (individuelle et de masse) est assez parlant. On ne compte plus le nombre de fois où Wismerhill ou l'un de ses copains meurt... pour revenir à la vie. C'est dommage parce que du coup, au bout de la deuxième résurrection, lorsque quelqu'un meurt, on s'en fout un peu car on se doute qu'il va ressusciter. Ainsi, la série se prive de toute la dimension dramatique souvent attachée à la disparition d'un héros ou d'un être qui lui est proche. Enfin, on sent que le scénariste a du mal à finir son œuvre. Au fil des tomes, Wismerhill est devenu de plus en plus puissant, presque l'égal d'un dieu. Dans ces conditions, on aurait pu s'imaginer que Wismerhill s'installe sur le trône et règne sur un empire pacifié et que la série s'arrête là. Eh bien non, comme si on n'en avait pas encore eu assez, on nous rajoute un 14ème tome avec une idée un peu abracadabrantesque et tirée par les cheveux de fin du monde, dans laquelle je n'ai pas compris grand chose. Et au lieu de conclure, finalement, le scénariste nous propose une fin qui n'en est pas une. Ca en serait presque frustrant. Que dire sur les dessins ? J'hésite.... D'un côté, c'est brouillon à l'image du scénario, ces grandes double pages où fourmillent mille détails font état de couleurs qui font mal à la tête : ca fait vieux. Pour les premiers tomes, on peut le comprendre compte tenu de leur âge, mais pour le 12ème tome, j'ai toujours un peu de mal à comprendre pourquoi le dessinateur s'est inscrit dans un style qui le dessert. D'un autre côté, on sent un grand travail derrière ces illustrations, et je ne peux que respecter cette masse de travail pour dessiner chaque visage d'une foule, chaque pierre d'un édifice; etc. Malheureusement, les couleurs et l'agencement de ces grandes illustrations n'encouragent pas à s'y plonger totalement. C'est trop désordonné, trop fouillis, trop bordélique pour que je veuille m'y investir. C'est d'autant plus frustrant que les deux derniers tomes de la série sont gratifiés d'un dessin plus sobre, plus clair et plus précis, et que dans ces conditions, j'ai accédé à une certaine majesté dans ces doubles pages que j'ai réellement appréciées. Les dessins psychédéliques (mon correcteur d'orthographe me propose également psychotiques, ca marche aussi) et torturés des premiers (12 sur 14) tomes ont failli avoir raison de ma persévérance. Heureusement, j'ai été récompensé sur la fin (sur le plan graphique uniquement, ne nous emballons pas). Alors, avec de tels sentiments, pourquoi suis-je prêt à accorder 3/5 à cette série ? Tout simplement parce que malgré l'envie de jeter l'éponge au cours de chaque tome, la dernière page de chacun d'entre eux me poussait à ouvrir la première du suivant. Parce que les trop peu nombreux éléments intéressants sont placés, en revanche, aux endroits stratégiques et permettent de relancer à chaque fois l'histoire. J'ai failli abandonner après le 4ème tome : le 5ème a relancé mon intérêt et a fait germer l'idée que tout cela pouvait s'améliorer. Les tomes 6, 7, 8 sont d'une langueur à peine croyable et là, voilà que l'histoire est reboostée.... Ce rythme déroutant a permis finalement, d'entretenir une certaine curiosité pour cette série et même si j'ai pesté, si je me suis énervé, si j'ai baillé, si je me suis creusé la tête en vain, si j'ai plissé les yeux devant ces couleurs d'un autre âge, finalement, les auteurs ont su me retenir jusqu'à la fin. Je pense que je n'aurais pas tenu 14 tomes si l'histoire n'avait été que "bof, sans plus" (la finesse de cette analyse m'étonne moi-même).

29/11/2011 (modifier)
Par gdev
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Berceuse assassine
Berceuse assassine

Berceuse et assassine : deux termes qui dans beaucoup d’esprits appartiennent à deux registres différents, celui de l’enfance et de l’innocence et celui de la culpabilité et de la cruauté. Deux termes réunis comme un cadavre exquis qui, porté en titre de cette série, ne peut qu’annoncer quelque chose d’assez contrasté. Le plus fort, c’est que ce n’est pas qu’un effet d’annonce. On nous présente dans cette série des personnages contrastés, réunis autour d’un même événement. Des personnages que l’on découvre et qui de découvrent au fil des tomes. Je ne vais pas revenir en détail sur les rôles de Joe, Martha et Dillon (vous avez 77 autres avis ci-dessous pour vous faire une idée de qui est qui) mais tout le secret et toute l’originalité de cette série reposent sur l’ingéniosité avec laquelle la présentation de ces personnages est amenée. Un présentation qui ne crée que des surprises, qui ne fait que remettre en cause ce que vous avez déjà lu tout en restant très cohérent, et qui tome après tome, m’a personnellement amené à des sentiments très contrastés sur chacun des personnages. C’est une série qui vous permettra de découvrir les bas fonds de New York et les tréfonds de l’âme des protagonistes, et qui montant en puissance au fil de chaque tome, vous fera partager des problèmes conjugaux, des drames personnels ou des tragédies plus universelles. Dans cette série, tout est histoire de rythme, de dosage, pour que chaque tome respecte une trame générale tout en apportant son lot de révélations, pour que chaque tome présentant une vision différente d’un même événement complète les deux autres et ne vienne pas les contredire. L’exercice est bien mené et le pari est gagné. Cette série gagne en intensité à chaque tome et le dernier de ce triptyque consacre selon moi l’ensemble de la série. Après deux tomes présentant respectivement les points de vue de Joe et de Martha, couple uni par la haine et non plus par l’amour, je trouve que ce dernier tome permet d’apporter une richesse supplémentaire à ce polar noir. Un plus value de chamanisme, une valeur ajoutée de surnaturel qui viennent donner une nouvelle dimension au récit. Ne venant pas polluer la trame générale, cette dimension se pose comme un nouveau contexte à cette histoire et permet de porter le message final des auteurs : un message un brin démagogique sur ces minorités que l’on préfère ne pas voir (et d’ailleurs, je me suis surpris à vérifier dans les deux premiers tomes que ce personnage était bien présent), une idée un peu philosophique sur le sens de la vie et la destiné, et surtout, dans cet environnement très sombre et très glauque, une vision plutôt optimiste de tout ce qui s’est passé. A chaque tome, à chaque coup, les auteurs ont su faire naître en moi des sentiments différents et je trouve que c’est une très belle performance. Le dessin est parfaitement maîtrisé et très bien réalisé. Un style réaliste qui verse parfois dans la caricature nous permet de nous vautrer dans cette glauquitude, dans cette noirceur. Il faut dire que le graphisme, qui joue sur les nuances de brun, tout juste réhaussé par des touches de jaune fait forte impression. En feuilletant les albums, j’avais peur que cette colorisation un peu uniforme ne rende le récit monotone. Il n’en est rien, le dessin et les couleurs retranscrivent bien cet univers dans lequel tout notre petit monde évolue ainsi que leurs sentiments. Quelle bonne idée d’avoir choisi cette association brun/marron/jaune (à croire que le coloriste s’est inspiré de la charte graphique de BDThèque) pour faire vivre cette histoire. L’utilisation de la couleur jaune m’a vraiment frappé : elle vient donner de touches de peps ici où là, mais c’est également avec cette couleur que les auteurs font passer leur message : le jaune, utilisé tout d’abord pour désigner les « prisons » des protagonistes (le taxi de Joe, le fauteuil de Martha), pour souligner cet enfermement et cette noirceur responsables de leur haine, est employé dans le dernier tome pour souligner la liberté de Dillon, qui grandit à chaque pas de son voyage quasi initiatique vers les destins de Joe et Martha. En bref, graphiquement, c’est beaucoup plus nuancé, voire contrasté, que ce que pouvait laisser présager un premier coup d’œil rapide. Encore une fois, la série a su créer de la surprise. Alors, forcément, ce 4/5 fleure bon le 4,5, voire le 5, tant j’ai trouvé la série bien réalisée, bien construite, bien dosée. Tant je l’ai trouvée intéressante par sa mise en image et par son histoire qui ne se résume pas à un polar noir. Mais je reste sur cette note car certains éléments du scénario m’ont semblé plus obscurs et plus difficiles à croire, comme cette histoire avec un malfrat que l’on embauche en intérim de façon bien commode, comme ce message qui verse parfois dans le pathos et dans le démago, comme ces dernières vignettes bien énigmatiques, comme ce mystère autour des jambes de Martha qui n’ont toujours pas, à mon sens, livré tout leur secret. Je trouve que les auteurs ont également essayé de ménager le lecteur en fin d’ouvrage, et une solution plus définitive m’aurait semblé plus appropriée. Ca reste une très bonne série, pleine de surprises et de tensions, pleine de révélations, qui propose également de prendre un peu de hauteur. Et tout cela en trois tomes seulement. Une belle réussite.

28/09/2011 (modifier)
Par gdev
Note: 1/5
Couverture de la série Trois Christs
Trois Christs

Le concept avait l'air alléchant et les noms sur la couverture le sont tout autant. On découvre un concept narratif qui veut nous donner trois fois des visions différentes d'un même événement, en nous promettant plus ou moins de faire la preuve, comme c'est indiqué dans une des premières pages de l'ouvrage, qu "avec la même matière, on peut dire tout et son contraire". Exercice périlleux, très intéressant au niveau du scénario et conceptuellement assez intriguant. Mais la réalisation est catastrophique et finalement, le pari est largement perdu. Tout simplement parce que les règles ne sont pas respectées. En effet, les trois histoires présentées n'utilisent pas véritablement "la même matière". Certains commentaires sont en effet commun aux trois récits mais certains sont tellement communs (cf "Aaaah" et "c'est incroyable !") qu'il n'y a pas grand génie à les réutiliser trois fois. Par ailleurs l'exercice est biaisé puisque ce sont trois contextes différents qui sont présentés et si le protagonistes se ressemblent, les trois situations sont totalement différentes. Dans ces conditions, ce n'est donc pas "la même matière" qui est utilisée. D'autant que sur les citations elles-mêmes, on essaye de nous prouver, au moyen d'un table des matières compliquée à utiliser et en vérité un peu inutile, qu'elles sont reprises d'un récit à l'autre : ce n'est souvent pas exactement le cas, les mots changent parfois et dans ces conditions, c'est un peu facile de dire tout et son contraire, d'autant que pour quelques dialogues repris trois fois, pléthores sont inédit d'un récit à l'autre. C'est un peu comme si les auteurs, se rendant compte de la difficulté de tenir leur promesse, avaient abandonné le projet en cours de route. Le projet étant abandonné, l'originalité originelle disparaît totalement et le concept initial ne se concrétise pas. Il reste donc trois petites histoires indépendantes, la première étant de mon point de vue la plus réussie, la deuxième étant un peu moins bien maîtrisée (la nécessité de reprendre des éléments des deux autres récits rendant difficile la lecture de l'histoire), la troisième étant quant à elle totalement délirante dans sa forme et je me suis même permis de sauter quelques vignettes de cet indigeste récit. Seules les toutes premières pages et les toutes dernières, en noir et blanc, qui présentent ce que l'on sait effectivement du suaire de Turin sont intéressantes. Le reste n'est qu'une tentative avortée de faire une œuvre originale qui d'ailleurs, n'avait pas forcément besoin de s'intéresser au fameux drap pour remplir son contrat. Le dessin est particulier et personnellement, je n'aime pas trop ce style, qui rend pénible cette lecture déjà difficile. La promesse était "à partir de la même matière, on peut tout dire et son contraire" : les auteurs sont juste arrivés à nous prouver qu'en effet, avec tous les mots du dictionnaire, on pouvait dire tout (et surtout n'importe quoi) et qu'en présentant des situations différentes, on avait un message différent (quelle révélation !). Ils ont surtout réussi à nous prouver qu'à partir de trois matières différentes, ils étaient capables de ne rien dire du tout.

26/09/2011 (modifier)
Par gdev
Note: 3/5
Couverture de la série Vae Victis
Vae Victis

Voici une grande saga, qui se propose de nous faire découvrir la guerre des Gaules au travers de la vie de quelques personnages clés, au nombre desquels Ambre, esclave bretonne à Rome qui deviendra reine de Bretagne, Cloduar, Gaulois de son état et qui deviendra son garde du corps, et enfin Milon, Etrusque aux pouvoirs surprenants qui tombera sous le charme de la belle Ambre, tout en restant très attaché aux ordres de César. Cette série présente un intérêt historique non négligeable, et m'a conduit à apprendre beaucoup de choses sur l'avancée de César en pays gaulois, sur ses techniques de colonisations, faites notamment de coups de force, d'ingénieries militaires, et d'alliances. On retrouve bon nombre d'éléments plus ou moins connus, depuis les relations au sein du triumvirat romain, jusqu’aux batailles de Gergovie et d'Alésia, en passant par la victoire de César sur les bretons, victoire en demi-teinte. Le tout est enrichi d'une histoire un peu romantique entre Ambre et Millon, qui donne une dimension plus personnelle à l'Histoire. Cela permet également de mettre en scène les personnages historiques, tels que César et Vercingétorix, et de "vivre de l'intérieur" cette guerre, d'en comprendre plus aisément les tenants et aboutissants. Ainsi, les luttes intestines dans le camp gaulois, ou encore les hésitations de Vercingétorix dans la conduite de la guerre, sont présentées comme étant les grandes faiblesses du peuple gaulois, celles qui ont conduit à la défaite alors que les capacités de stratège de César ou la qualité de ses ingénieurs sont les facteurs de la victoire romaine. Voici donc une série qui semble respecter l'Histoire, qui se révèle assez intéressante et que l'on sent assez précisément documentée. Ce qui dessert un peu cette série, c'est certainement sa longueur. En 15 tomes, l'auteur a du mal à se renouveler et on tombe parfois dans une grande répétition, nous présentant tome après tome, les victoires de César. Et finalement, ces victoires ont du mal à retenir vraiment l'intérêt, les villes prises étant pour le moins méconnues. Finalement, seule la victoire à Gergovie et la défaite d'Alésia sont vraiment attendues dans la mesure, sans doute, où elles sont certainement les plus connues. J'ai également été un peu perdu dans le déroulement des batailles : gaulois, bretons, germains, helvètes viennent des quatre points cardinaux, tout comme les différentes légions de César, un peu éparpillées sur le territoire. J'ai eu du mal à suivre tous ces mouvements de troupe, et à comprendre qui était finalement pris en tenaille. De ce point de vue, seul le cycle se déroulant en Bretagne semble plus compréhensible que les autres. La longueur de la série aurait pourtant dû permettre de prendre le temps d'expliquer ces situations. Enfin, les histoires personnelles de Ambre, de Millon et de Cloduar sont également un peu longues et lassantes au fil des tomes. Ce sempiternel "je t'aime mon non plus" ainsi que l'idée d'un amour impossible sont un peu rébarbatifs et de même, on aurait aimé que les relations soient plus fouillées, que les personnalités soient plus et mieux campées. Ainsi, Ambre devient au fil des tomes une caricatures d'elle-même : la petite pirouette scénaristique qui a permis de la faire passer du statut d'esclave à celui de reine, ainsi que cette idée selon laquelle elle a toujours raison et que les autres, notamment Vercingétorix (qui n'est pas présenté comme le héros de la résistance que retiendra l'Histoire), ont toujours tort est un petit peu lassant. Ce qui est particuliérement dommage dans cette série, c'est que l'auteur avait pourtant trouvé quelques pistes intéressantes qui auraient pu conduire la série à trouver un nouveau souffle. Malheureusement, ces pistes ne sont pas exploitées et laissent un petit sentiment d'inachevé. En effet, j'ai apprécié que César soit l'un des personnages principaux de l'histoire mais j'aurais préféré que le travail sur sa personnalité, son histoire et ses états d'âmes, à peine évoqués ici ou là dans l'un ou l'autre des tomes de la série, soit approfondi. Parce que là, au fil des tomes, on a l'impression que la guerre des Gaules n'est plus véritablement un enjeu stratégique pour l'homme d'état, mais une poursuite amoureuse de la belle Ambre. C'est un peu réducteur et décevant à la longue. Par ailleurs, je trouve que les intrigues politiques au sein du triumvirat ne sont qu'évoquées et pas suffisamment creusées. Sur un autre plan, Millon semble disposer d'un savoir druidique qui lui confère des pouvoirs fantastiques. Toutefois, au fil des tomes, ces capacités extraordinaires semblent être mises en sourdine et il devient un simple arboriste. Cette partie fantastique, puisqu'elle nous a été présentée dès le premier ou le second tome, puis rappelée par la suite, aurait dû être exploitée pour donner plus de piment à ce récit. Là, ca sent un peu le pétard mouillé, l'auteur ayant introduit une idée pour l'abandonner par la suite. Seul le personnage de Didius semble tirer honorablement son épingle du jeu dans cette histoire, où les personnages principaux sont un peu dénués de charisme et peinent à devenir attachants. Encore une fois, je pense que la longueur de la série joue défavorablement sur la perception que j'ai de ces personnages, qui ont du mal à évoluer tout au long du récit. Au niveau des dessins, j'ai aimé le trait fin que l'on retrouve dans beaucoup de productions de cette période, même si ce style a assez mal vieilli. L'environnement est très réaliste et les personnages sont assez bien rendus. On notera cependant que les visages sont parfois peu expressifs. Les scènes de batailles ne nous épargnent rien de la violence des combats, faisant parfois un peu trop étalage du sang versé. Mais le dessin est avant tout au service de l'ingénierie militaire et l'ensemble des inventions des ingénieurs de César est véritablement mise à l'honneur. Ainsi, comme le scénario, le dessin manque un peu de force pour donner vie aux personnages issus de l'imagination de l'auteur, mais est très précis en ce qui concerne les éléments historiques. Ca reste une bonne série historique, qui saura se rendre intéressante par son côté pédagogique et réaliste, mais dont les personnages censés être moteurs de l'histoire manquent cruellement de charisme et sont vite enfermés dans des rôles de peu d'envergure. Sans surprise, la série s'achève sur la bataille d'Alésia en 52 avant JC, date à laquelle Jules César occupe toute la Gaule. Toute ? Non, car un petit village résiste encore et toujours à l'envahisseur, mais cela est une autre histoire...

31/08/2011 (modifier)
Par gdev
Note: 1/5
Couverture de la série Les Chroniques de Panchrysia
Les Chroniques de Panchrysia

Voici typiquement le genre de série décalée et déjantée qui a du mal à susciter un semblant d'intérêt chez moi. Et pourtant, ca commençait pas mal. Imaginez plutôt : Sam, un pauvre orphelin et Eline, une petite bourgeoise sont mis sur la voie d'un monde perdu, d'un citée cachée, dans laquelle se serait réfugié le père d'Eline. Panchrysia serait une espèce d'Atlantide revisitée, où la technique, la morale et la richesse, seraient plus grandes que partout ailleurs. Pour preuve un étrange flacon retrouvé par l'oncle d'Eline qui l'a recueillie, source d'immortalité. Un premier album qui lance une intrigue qui fait appel à la poésie et au rêve, qui fait montre d'un rythme saccadé mais original : j'ai été intrigué et je n'ai pas rechigné à accompagner Sam et Eline (ainsi que le brave Angus) dans leur quête de la cité extraordinaire. Et là patatras ! Catastrophe ! A partir du second tome, c'est à n'y plus rien comprendre, on tombe dans un délire mi philosophique, mi psychologique des plus lourds et gavant. Cette série, c'est avant tout une réflexion sur le sens de la vie et donc de la mort, menée par un intellectuel qui se fait plaisir en balançant concepts et idées plus ou moins recherchées au petit bonheur la chance, en espérant qu'un de ses lecteurs y trouvera un sens. Pour ma part je n'en ai trouvé aucun. Que ce soit le deuxième album, qui présente une histoire sur 7 jours, ces derniers étant pris au hasard dans une chronologie beaucoup plus longue (ce qui limite quand même l'intérêt) ; que ce soit ce troisième album qui présente une tragédie totalement loufoque, quitte à ce que l'album devienne lui même un véritable drame par manque de fonds et de dynamisme, que ce soit ce quatrième tome, qui présente une histoire racontée par plusieurs personnes différentes mais dont on voit mal l'intérêt (car normalement, ce qui est intéressant, c'est quand plusieurs personnes parlent du même événement, pour voir les différents points de vue), ou que ce soit ce cinquième qui présente enfin un Panchrysia en-deçà de toute les attentes suscitées dans le premier tome ; toute cette série oscille entre l'étrange et l'absurde. Alors, quand en début de 5ème tome, on nous présente une interview du scénariste (ou plutôt du dessinateur, qui a laissé le scénario à son fils) qui explique que justement, l'absurde et l'étrange sont au cœur de sa démarche (mal assurée) artistique, on a tout compris... ou plutôt, j'ai compris qu'il était normal que je n'ai rien compris à cette série. C'est une belle masturbation intellectuelle, un plaisir solitaire du scénariste, impuissant pour le faire partager à ses lecteurs. En plus c'est moche, c'est graphiquement triste, et le dessin ne permet pas de se consoler d'un scénario conceptuel totalement hors de ma portée. Sam et Eline n'ont aucun charisme et on a envie d'en prendre un pour taper sur l'autre, pour les réveiller et pour qu'enfin il se passe quelque chose. Allez, il y a bien une pseudo réflexion sur l'intérêt de la vie éternelle...aucun intérêt pour le lecteur que je suis qui a failli se tirer une balle dès le second tome, devant tant de snobisme et d'inutilité. A fuir.

05/08/2011 (modifier)
Par gdev
Note: 4/5
Couverture de la série Les Brumes d'Asceltis
Les Brumes d'Asceltis

Je suis assez client de ce genre de production, lorsque c'est bien réalisé, comme c'est le cas ici. On retrouve dans le scénario tout ce qui fait dans le style héroic fantasy : un monde imaginaire, différents peuples, des héros aux pouvoirs, savoirs et capacités disparates qui se regroupent pour mener une quête, une petite intervention des dieux, un voyage qui emmènera le lecteur sous les tropiques étouffants ou dans les monts enneigés et tout ça pour quoi ? Pour sauver le monde, l'humanité, la morale et la vertu : enfin bref, on connaît le topo. Alors, forcément, cette série ne brille pas par son originalité, ça semble vu et revu et pourtant, j'ai éprouvé une certaine sympathie pour ces héros, et notamment Albian que rien ne prédisposait à un tel voyage. Ses compagnons de voyage le sont par ailleurs tout autant et chacun trouve son utilité, son moyen de devenir indispensable. Peut-être la rigueur dans la réalisation fait-elle oublier le manque d'originalité de cette série. Pour modérer le propos ci-dessus, l'intrigue se révèle bien vite lancée et finalement on se retrouve on ne sait trop comment dans le second tome avec un groupe de 4 personnages à la recherche d'une tombe perdue. C'est un peu précipité, comme introduction mais on ne s'en rend pas forcément compte, le scénariste ayant glissé des petits effets de scénario, comme par exemple cette histoire dans l'arène, pas véritablement indispensables, mais qui occupent bien. De même les dessins sont quand même dans un style que j'apprécie. Et puis, d'un autre côté, je trouve que le scénariste sait rompre avec le classicisme auquel il est attaché. En effet, au fil des tomes, son groupe de personnages se forme et se déforme et finalement, entre les quatres qui commencent l'aventure et les deux qui la terminent, ce groupe aura été à géométrie variable. C'est sans doute dans ce travail sur les personnages qu'il faut rechercher cette originalité qui semble faire défaut. Enfin, la partie la plus originale de cette histoire, qui se trouve (forcément) dans le dernier tome, aurait pu être mieux mise en valeur. En effet, il est difficile d'en parler sans spoiler l'histoire, mais les révélations finales qui font basculer le récit se retrouvent abordées à demi-mots et dans un certain foullis qui les rend difficilement accessibles. Et pourtant, l'idée finale était assez ingénieuse, dommage qu'elle passe inaperçue. Le dessin, comme le scénario, est d'un classicisme rassurant. Comme dans toutes les oeuvres d'HF, j'aime lorsqu'un dessinateur m'invente des bestioles improbables et des décors aussi variés que recherchés. J'ai trouvé en l'espèce que le dessinateur avait réussi son pari. Mais c'est Istin, alors, c'est pas du jeu, c'est presque trop facile pour lui et, avec un nom comme celui-là, on aurait pu s'attendre à plus de folie. A noter tout de même qu'il n'a pas son pareil pour dessiner les foules... En bref, voici une série vraiment sympathique, menée avec rigueur, sans prise de tête et sans prétention aucune, qui m'aura fait passer quelques moments plaisants.

05/08/2011 (modifier)