Le blog BD de Piehr

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Inscription : 14/03/2002
Nombres d'avis : 430
Nombre de séries : 37
Score trophées : 375
Derniers coups de coeur

Par Piehr
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Amer Béton
Amer Béton

Merci à Tonkam d'avoir profité de la sortie du film d'animation "Amer béton" pour éditer cette intégrale des trois albums initialement parus (et introuvables en librairie actuellement). Ce véritable chef-d'oeuvre du manga se devait en effet d'être à nouveau accessible à tous, et cet album arrive donc à point nommé. "Amer béton", c'est plus de 600 pages d'une histoire brutale, urbaine, déconcertante et passionnante. En réalité et au premier abord, l'album représente tout ce que les détracteurs de la BD nippone voient en elle : de la violence gratuite à tout va, une histoire malsaine et basique, un dessin en noir et blanc édité dans le sens Japonais, "à l'envers". Mais penchons nous plus en avant sur cette petite bible : "Amer béton" est chargé de symbolisme, de part et d'autre de l'album, donnant à ce manga une ambiance incroyable et très personnelle. Le vent s'engouffrant dans les tours de béton, la ville mourrant petit à petit, sa population survivant dans une vérité factice, tout pèse ici de tout son poids sur le lecteur qui est happé dans cet univers hors du commun. Et dans cette ville "trésor", on se passionne pour l'histoire et la destinée de Blanko et Noiro, tout simplement parce que leur profil psychologique est passionnant. Blanko est un enfant à qui il manque une très grosse part d'intellect. Et c'est son simili-autisme qui le rend incroyablement touchant, révélant sa joie dans les pires situations, et permettant finalement à Noiro de s'attacher à ce monde de merde et de haine. Il manque aussi à Noiro une très grande part d'un autre élément essentiel à la survie humaine, que vous découvrirez lors de la lecture de cet album. A priori invisible, cet élément transformera petit à petit un Noiro responsable, dur et au coeur sec, en véritable dépendant de Blanko qu'il éduque pourtant à son quotidien hostile. Comme dit précédemment, "Amer béton" est avant tout une oeuvre pleine de symbolisme, parfois de manière graphique (une petite tortue rencontrée au détour d'une page n'y est jamais par hasard...) et parfois de manière narrative (les contradictions Noiro/Blanko, Frère du jour/Frère de la nuit,...), donnant à l'histoire une réelle profondeur et au lecteur de nombreuses pistes de réflexion. La fin et la rencontre de l'étrange Itachi vous donnera à elle seule manière à réfléchir de longues minutes, pour le peu que vous vous investissiez dans la lecture de ce pavé. Un mot sur le dessin pour finir : aux premiers abords, il peut sembler n'être que peu maîtrisé, mais attention aux fausses apparences : "Amer béton" est tout simplement le manga le plus expressif qu'il m'ait été donné de lire. Les personnages volent littéralement de pages en pages, donnant l'espace d'un instant au lecteur que la ville gigantesque n'est qu'un jouet aux yeux des différents protagonistes de cette histoire. Les personnages par leurs attitudes et leurs mimiques possèdent un pouvoir narratif incroyable, tant l'humanité transpire du trait de l'auteur (et de son studio). L'utilisation de trames est réduite à sa plus simple expression, donnant à l'auteur tout l'espace nécessaire pour s'exprimer. En bref, difficile à tout lecteur de passer à côté d'un album qui à mes yeux a autant d'importance dans le paysage de la bande dessinée internationale qu'un Watchmen, par exemple. Bonne lecture ! Oh, j’oubliais : je trouve le titre français génial, poétique et idéal.

26/05/2007 (modifier)
Par Piehr
Note: 2/5
Couverture de la série Emerging
Emerging

Cette série se déroule réellement en deux temps : alors que le premier tome, introductif, permet au lecteur de découvrir au fil des pages le grand fléau qui décime le japon à vitesse grand V, le second tome permet la résolution de la catastrophe, et ce en 3 coups de cuillères à pot, magie de la science moderne. Comprenez par là : ce diptyque souffre d'un happy-end aussi improbable qu'insoutenable : Les différents personnages auxquels nous nous attachons au fil de la lecture, mais qui passent par tous les stades de la maladie jusqu'à la liquidification avancée, reviennent à la vie en quelques minutes, sans séquelles ni handicap. Alors voilà : on se passionne pour une histoire, certes pas très originale mais rondement menée durant la première partie du récit, avant de s'énerver d'autant de niaiserie et d'incohérence en fin de second album. Bref, une très, très grosse déception, là où Manhole fait autrement mieux et parvient à terminer de manière forte et crédible. Dommage !

01/01/2007 (modifier)
Par Piehr
Note: 3/5
Couverture de la série Les Cinq Conteurs de Bagdad
Les Cinq Conteurs de Bagdad

Belle histoire en effet que celle des "Cinq conteurs de Bagdad", pleine d'inventivité comme toujours lorsque Vehlmann est aux commandes. On suit en effet avec attention les pérégrinations de nos héros, d'histoires en histoires, afin de vérifier la prophétie annoncée en début d'album. La fin est d'ailleurs assez surprenante. Par le biais de cet album, on reconnaît qu'il y a du Sfar chez Vehlmann. Les ambiances, le champs lexical utilisé, tout concorde pour créer des ambiances typiques de séries comme Le chat du Rabbin, par exemple. Reste que cet album, aussi bon soit-il, connaît aussi quelques faiblesses. Tout d'abord, certaines des histoires de nos héros tombent un peu à plat. Comme si tout une narration avait été écrite pour une fin qui n'arrive pas, ou qui laisse de marbre.. C'est rare, bien sûr, la plupart d'entre elles étant bien pensées, mais tout de même... ...et puis le dessin de Duchazeau, de grande qualité, certes, n'égale toutefois pas pour moi celui qu'il utilisait lors de La nuit de l'inca, diptyque vraiment très, très beau, ou les masses de noir formaient à elles seules une ambiance à couper le souffle. Mais ne boudons pas notre bonheur : "Les cinq conteurs de Bagdad" est un one-shot de qualité, qui sort des sentiers battus, et qui saura vous plaire par sa finesse et son côté poétique.

31/10/2006 (modifier)
Par Piehr
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Pourquoi j'ai tué Pierre
Pourquoi j'ai tué Pierre

"Pourquoi j'ai tué Pierre", c'est tout simplement la BD de l'année. Rien de moins. Olivier Ka relate ici une histoire très humaine, faisant place respectivement au bonheur, à la joie mais aussi à la peur et la détresse. On vit avec force l'histoire d'Olivier, par le biais d'une narration impeccable qui nous emmène dans les méandres de la vie d'un homme à qui l'on a volé une partie de son enfance, et dont le traumatisme ne ressurgira que bien plus tard pour être plus dur et inacceptable encore. Le sujet (la pédophilie, donc) est traité sans sentimentalisme forcé ni sans tomber dans le pathos larmoyant. "Pourquoi j'ai tué Pierre" est un témoignage bouleversant par sa justesse et son recul, par la maturité de cet enfant qui va bien trop tôt et malgré lui grandir pour faire face à un monde adulte qui sait être sombre et injuste. Le dessin d'Alfred est superbe. Nous retrouvons son style si personnel (et donc si parfait pour illustrer la lourde histoire d'Olivier), allié à une mise en couleur réalisée à base d'aplats et dont le rendu est très fort. Les teintes du coloriste ont d'ailleurs un grand rôle dans cette narration si particulière et si belle... Il est très difficile d'écrire un avis objectif sur cette perle, tant le sujet, personnel, saura toucher à différents degrés son lectorat. Ne retenez qu'une chose : cet album est indispensable, au même titre qu'un Pilules bleues ou qu'un Maus. Il est des albums dont on ne peut se défaire, et qui resteront sur notre table de chevet à jamais : "Pourquoi j'ai tué Pierre" en fait partie. Olivier Ka, Alfred, je vous remercie.

23/10/2006 (modifier)
Par Piehr
Note: 2/5
Couverture de la série Mariée par correspondance
Mariée par correspondance

Écrire l'avis de cet album est pour moi assez difficile. D'un côté, sa réalisation est parfaite : très bon rythme narratif, dessin très prenant, histoire bien pensée et très efficace, chargée de sentiments… D'un autre côté, le sujet même de ce tome ne m'a pas plus : pire que ça : c'est typiquement le genre de sujet que je n'aurai pas voulu découvrir en bande dessinée. Pour résumer, Kyung Seo, mariée par correspondance coréenne, entame sa nouvelle vie aux côtés de son commanditaire canadien, Monty Wheeler. Hélas pour elle, qui a toutes les difficultés du monde à s'épanouir dans un pays tellement différent du sien, son crétin de mari, accaparé par sa collection de jouets précieux, en oublie de vivre, et de partager de grands moments avec elle. Évidemment, plus le temps passe, et plus le faussé se creuse entre eux. "Mariée par correspondance" annonce dès les premières pages une chute des plus sombres. Le lecteur espère, au fil des pages, que la situation des deux personnages va s'améliorer, alors que ces derniers se déchirent peu à peu, sans jamais avoir eu le temps de s'aimer. Alors que Monty continue à voir sa femme comme un jouet de plus, d'origine asiatique, Kyung pour sa part découvre l'art, et parvient petit à petit à exprimer son malaise par ce biais. Le côté tragique de cet album m'a déplu... En réalité, la lecture de cette histoire, si bien écrite et si bien contée, ne m'a pas du tout été agréable. Évidemment, je ne recherche pas absolument la bd mièvre qui fini bien, et les œuvres plus sombres me plaisent souvent. La fin de "Blankets" est un parfais exemple de chute tragique et sombre, et donne une force incroyable à l'album. Ici, on part avec la vision d'un couple qui de toute façon n'a rien en commun, qui entraînera dispute et violence verbale sur 260 pages, entre deux accalmies. En fait, je ne sais que dire... Cela vous plaira certainement, mais je n'ai pour ma part aucune envie de lire ce genre d'histoires destinées à mal finir… Peut-être parce que ma relation de couple est formidable, justement ?

16/08/2006 (modifier)
Par Piehr
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Cages
Cages

Cages : la bible du BDphile, l'album de toutes les réponses, le livre de chevet philosophique de tout être aimant la vie et ses complications, d'une manière ou d'une autre. La grande force de cet album est en effet d'aborder de nombreux thèmes, et ce de manière très fine. Toutes les finesses du monde sont abordées, de manière plus ou moins concrètes : L'art (principalement) sous toutes ses formes, la mort, les relations humaines, la haine, l'attente, l'espoir, l'amour... toujours avec beaucoup de recul, sans vouloir donner de leçon ni être prétentieux. Ne serait-ce que par la vision de l'art présentée par l'auteur dans cet album, "Cages" est à rapprocher de L'artiste de la famille de Larcenet : Bien que la forme soit très différente (le style est moins centré sur l'auteur dans Cages, le personnage principal étant un artiste de fiction), le fond, très fort, peut rappeler certains passages de l'album des rêveurs. Mais c'est surtout dans la vision de la mort (et de la vie) très personnelle de Mc Kean que j'ai été touché. Le passage de l'absence du mari perdu depuis 5 ans est aussi très fort. Etrangement (ou plutôt logiquement !) il n'a pas touché d'autres lecteurs du tout : c'est une fois de plus la grande force de "Cages". Chacun sera sensible à différents passages, selon son histoire, son expérience, sa vie. Et c'est ainsi que l'album vous parlera plus ou moins, seuls les véritables amateurs de patinage artistique n'ayant pas vibré à la lecture de cet album. Graphiquement, c'est exquis : dessin maîtrisé en bichromie légère, ponctué par ci par là de planches très graphiques, colorées, permettant une introspection plus grande dans le récit. Mc Kean a été plus graphique encore dans d'autres albums, mais il privilégie ici la narration et s'en sort parfaitement. Certaines planches, complètement muettes, sont justement particulièrement parlantes... Un livre culte... une réelle réflexion qui mérite d'être lue.

14/08/2006 (modifier)
Par Piehr
Note: 4/5
Couverture de la série L'Immeuble d'en face
L'Immeuble d'en face

La vie, la vraie, c'est chiant, souvent. Du moins, dans son insupportable banalité et son quotidien récurrent. C'est pourquoi nous autres misérables humains ponctuons notre courte existence de projets personnels, à courts et à longs termes, mais aussi de culture, de passion, de découverte, rendant notre existence formidable (ou pas, ce critère étant laissé à l'appréciation de chacun). Et c'est la que Vanyda fait fort : non seulement son récit raconte la vie dans sa banalité la plus envahissante, mais en plus, à l'instar de Trondheim dans Approximativement, elle le fait avec brio : on se retrouve dans bien des situations, vivant avec les habitants de l'immeuble au jour le jour le temps d'un album (qui pour sa part ne vous prendra que quelques minutes à lire, magie de la relativité). C'est vrai, touchant aussi parfois. Là où Boilet parvient à tirer de sa vie tout son côté chiant et à nous l'infliger, pauvres lecteurs que nous sommes, Vanyda par sa narration rend le quotidien extraordinaire et proche de nous. Son trait, typé manga, n'est finalement qu'à moitié satisfaisant à mon sens. Pourtant, il fonctionne très bien ici, le noir et blanc, lui aussi, jouant pour beaucoup dans les ambiances profondes suggérées par cet album. Très agréable one-shot pour amateur de sensations pures (et de produits laitiers) (ok j'arrête).

27/07/2006 (modifier)
Par Piehr
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Manhole
Manhole

La voilà, pour moi, la série de la consécration pour Tsutsui ! Manhole, par son côté "série courte" (trois tomes prévus) permet en effet à l'auteur de développer une vraie enquête, autour d'une histoire complexe et passionnante. Loin des one-shot de l'auteur (Reset et Duds Hunt), "Manhole" est une intrigue policière sur fond de Thriller biologique complexe et nouvelle. On s'attache très vite aux personnages et au duo de policiers chargés de l'enquête. Le mystère s'épaissit au fil du livre, pour terminer sur un visuel qui nous fait attendre avec impatience le second tome. Le dessin est classe : stylé, dynamique, complet et complexe, il permet à l'auteur de faire passer toute son histoire avec une lisibilité parfaite. ManHole est une sacrée bonne surprise, dans la lignée de MPD - Psycho et autres Monster. Passer à côté serait une belle erreur.

25/07/2006 (modifier)
Par Piehr
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Le ciel au-dessus de Bruxelles
Le ciel au-dessus de Bruxelles

Une chose est sûre, Bernard Yslaire n'a pas la langue dans sa poche.. Pour une fois qu'il traite de sujets d'actualités très chauds (surtout au vu de toute la polémique qu'ont engendré les caricatures autour du prophète Mahomet dernièrement dans la presse), il met les deux pieds dedans. En effet, qu'elle obscure relation que cette rencontre d'un Juif et d'une Musulmane ! L'atmosphère est lourde et glauque dans le refus de la jeune terroriste, mais aussi dans les non-dits qui passent très bien par le trait de l'auteur. C'est saisissant, intrigant et finalement assez dérangeant : certains artistes sont morts pour moins que cela... Le trait, similaire à celui de XXe ciel.com, permet de souligner les similitudes entre ces deux séries.. L'ange Stern, mais aussi l'univers noir des camps nazis, tout nous rapporte à la série en 4 tomes, véritable témoignage du XXème siècle, que je vous invite à découvrir si ce n'est déjà fait. J'aime assez finalement, même si la "fin" de ce premier tome me dérange de par la morale qui s'en dégage. En effet, une double lecture est possible.. dont une que je ne partage pas vraiment, politiquement parlant. Attendons la suite !

20/03/2006 (modifier)
Par Piehr
Note: 2/5
Couverture de la série Minimal
Minimal

Bon bon bon... Larcenet tente l'exercice de style assez complexe de la bande dessinée "Elitiste pour le pauvre et/ou inculte", mettant un gros coup de pied dans la fourmilière de la BD d'auteurs amateurs d'art séquentio-narratif à images successives avec des petites bulles pour mettre les textes. On retrouvera évidemment un style proche de Monsieur Ferraille, parfois, non dans le graphisme, ni dans la narration, mais plutôt dans l'ensemble, faisant passer cet album pour un ovni dans la production de Larcenet. On rit assez souvent, tant l'humour est corrosif et (faussement ?) prétentieux. Certains textes choquent franchement, et sont appréciés finalement pour celà. Le problème, c'est l'ensemble : Généralement, la compilation de parutions en magazine, de toute sorte de BD, n'est jamais un heureux choix. En effet, la profusion de strips répétitifs, où tout simplement de gags tournant autour d'un même thème, peut alors devenir assez étouffante là où, dans Fluide Glacial, les quelques pages de Minimal étaient une sacrée bouffée d'air frais. Le dessin, assez expérimental parfois, reste très proche de ce à quoi Larcenet nous a habitué : un mélange de son style très sombre des rêveurs, et de son trait si personnel que l'on aime tant, dans Le combat ordinaire par exemple. Minimal est donc à lire en priorité aux amateurs de Larcenet de la première heure, le style et l'intérêt étant finalement plutôt discutable pour tous les autres.

23/02/2006 (modifier)