Le blog BD de roedlingen

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Derniers coups de coeur

Couverture de la série Idéal
Idéal

Ideal se découvre comme un OVNI dans les parutions. ce long récit nous parle du temps, de la vie, de l'amour, des regrets, de l'art, de l’intelligible, de la robotisation, de l'intelligence artificielle, de la morale, des cycles de l'histoire, du sens, de l'absolu, le la faiblesse, de tradition, de l'humain. De tout cela et bien plus, dans un style graphique épuré qui nous rappelle les estampes japonaises. Comme pour donner un support clair et limpide à une pensée complexe et profonde. En fait cet album est un écrin pour laisser vagabonder sa pensée tout comme le jardin Japonais est une ode à la méditation de la pensée Zen. En guise d'introduction, une séquence éblouissante de plus de 30 planches muettes nous permet de découvrir les trois protagonistes principaux. Tout est déjà là, derrière la simplicité d'un trait simplifié à l’extrême se cachent déjà des drames intérieurs bouleversants. Ces personnages vont ensuite se mettre à parler, à échanger et l'on découvrira d'autres individus pour former une étrange société. Arrivent alors les sujets de robotisation humanoïde et d'intelligence artificielle et là encore point de repos, le propos est clair, froid mais implacable. Sa simplicité déconcertante vient contraster avec les pulsions, peurs et fantômes conscients ou non des humains. A ce sujet, la scène du chat et de l'oiseau pourrait à elle seule faire l'objet de mémoires tant cela me semble beaucoup moins anodin qu'il n'y parait. Outre que nous n'avions pas vraiment vu venir la chose tant ces éléments semblent former un contexte pour montrer des éléments des personnages jusque là, j'y vois une réflexion sur la fin de vie assez terrible. Chacun se fera libre interprète mais l'oiseau n'est il pas plus heureux dans ce final que dans sa position de prison, et n'est-ce pas justement cela que l'IA a perçu, le don de soi ? Encore une fois subtil, sans jugement et sans morale, c'est lourd, c'est dur, c'est magnifique. Le dessin fait une synthèse entre les estampes japonaises et le douanier Rousseau. Cet art naïf nous propose un écrin vers les profondeurs complexes de nos douleurs, questionnements, névroses et incertitudes rendant l'exploration supportable. Car comment ne pas voir un triptyque de miroir en relation au temps perdu ? Il y a ce temps passé lourd de combats internes qui bloque l'action et aboutit à une lâcheté dans le présent, il y a ce passé glorieux, plus atteignable mais qui refuse d'abdiquer et rend l'action manipulatrice, violente, insupportable. Il y a ce lourd passé, qui hante encore le présent mais dans lequel le parti pris est de continuer de vivre. " Mais la vie continue" dira Knut Hamsun dans son triptyque nordique, Ici nous sommes au Japon mais l'humain a les mêmes doutes et faiblesses. Cette œuvre vous retourne et ne peut vous laisser indifférent, elle fait partie de ces récits auxquels vous repensez des semaines, des mois, des années encore après. Elle vous questionnera sur vos propres incertitudes, le tout dans une absence de jugement qui fait du bien. A aucun moment les actes ne semblent forcés, le scénario ficelé et les propos indigestes. Mais la faiblesse est qu'elle n'est pas accessible et ne plaira pas à tous, combien verront même que ce n'est pas une BD muette comme ou pourrait le croire dans les premières planches. Il faut se laisser imprégner, prendre le temps de contempler et seulement ensuite on y trouvera la profondeur que les planches ne laissent pas apparaitre de prime abord. La narration est ici magnifiée par des cadrages et une scénographie montrant une maitrise incroyable de l'art séquentiel. Juxtaposition de cases à priori non liées, (équivalent du zeugma littéraire), succession de prises de vues sous différents angles, le tout est taillé comme un bon film avec une simplification extrême pour contraster avec la complexité des humeurs. Magistral ! Et puis que dire, enfin une production qui ne vous dit pas ce qu'il est bon de penser quand on est un bon citoyen, ici pas de déconstruction, de leçon de morale ou de "y'a qu'à, faut qu'on", l'humain est là entier dans ses paradoxes et ses jours laids, dans sa faiblesse et sa beauté : on prend et on ne laisse pas, rien que pour celà j'aurai presque mis . Oui c'est lent, c'est plein de drames intérieurs, il n'y a pas de super héros, il n'y a pas de message lourd qui vous disent qu'il faut penser ainsi, même les politiques dans leur bassesse ne sont pas présentés comme des abrutis ! J'aime, j'adore, Merci pour ce moment atemporel

09/04/2025 (modifier)
Couverture de la série Le Vagabond des Étoiles
Le Vagabond des Étoiles

Que d'attente entre les 2 tomes, un peu d'anxiété aussi, une suite va-t-elle arriver à garder le niveau de tension ressentie au 1er opus ? Nous sommes en face d'un récit d'extrêmes qui touche des sujets à la fois psychologiques voire mystiques mais également des expériences sensorielles avec une limite entre réalité, mystique et rêve très difficile à cerner. Un prisonnier que l'on comprend "forte tête" refuse de plier devant la bêtise humaine et va se retrouver accusé de choses qu'il n'a pas commise. Ceci va l'emmener dans les traitements les plus difficiles plus proches de la torture voire du meurtre que de la mesure disciplinaire. Engoncé dans une privation de liberté totale, notre condamné va alors faire des expériences extracorporelles l'emmenant non seulement hors de son corps mais surtout dans des époques différentes et dans des peux différentes. Le récit va enchaîner les histoires dans l'histoire mettant au prises différents personnages plus ou moins historiques ayant comme rare point commun l'injustice humaine. Cela finit généralement dans la mort et dans la rage. Dans le premier tome les Voyages peuvent encore être instables mais tout cela devient de plus en plus maitrisé et les histoires sont de plus en plus longues et complètes pourtant le lecteur rentre dans chacune avec beaucoup de facilité et il est rare que l'on voit clairement l'histoire arriver (mis à part celle qui tourne autour de 33 près de Jérusalem). les coupures sur l'histoire principale viennent donner un rythme bienvenue et remettre une tension. Le tome 2 est mois disruptif que le premier mais reste de bonne facture et surtout permet de suivre l'histoire principale. Le dessin magistral nous emmène, les planches magnifiques nous permettent de vivre les moments ésotériques sans a priori avec une lecture poétique. Si j'ai souvent apprécié le travail de cet auteur dans ses histoires de pirates je trouve qu'il a ici atteint un niveau absolument fabuleux entre une lisibilité, une poésie et un outil narratif pour en faire une arme massive. Je ne suis pas fan de la façon dont le personnage se raconte et chaque mini histoire n'est pas en soi incroyable, mais le dessin donne une cohérence globale qui rend le tout homogène et captivant. Je serai d'ailleurs bien en peine de raconter l'une ou l'autre des petits récit et pourtant quelle impression globale forte ! Vous pouvez vous lancer dans ce dyptique avec sérénité cela vous procurera de très bons moments y compris à la relecture car dans la durée il y a des redécouvertes ou des intérêts changeant suivant les humeurs. Vous serez révolté par les comportements humains, ou bien captivé par l'histoire principale, mais il est probable qu'à chaque lecture un nouvel intérêt vous happe. Bravo pour cette belle réussite hors de la zone de confort pirate dans laquelle Riff Rebb's s'était un peu installé. Etonnant mais magistral d'aborder ces sujets proches d'univers ésotériques, mystiques ou religieuses sans jamais aller vers la prise de position, cela permet de respirer sans se sentir jugé de nos propres sentiments face à l'impossible. Merci !

17/12/2020 (modifier)
Couverture de la série Malgré tout
Malgré tout

Le titre et la couverture m'ont convaincu que je passerais un bon moment, cette étrange certitude qui survient parfois lorsque l'on croit l'album plaisant alors que l'on n'en connait rien. Enfin l'album arrive et je n'ose l'ouvrir de peur d'être déçu. Finalement un lit confortable, nous voilà chère lecture ! Sans vraiment faire attention aux détails je lis le premier chapitre, sympathique je ronronne, je tourne la page et là où suis-je, retour en arrière, comment çà chapitre 19 ? Me serais je fourvoyé, c'est un second tome ? Ma joie confortable s'épuise dans la question et la possible déception... A moins que ? Oserai je regarder vers la fin ? Ah oui voilà, retour en arrière le discret chapitre 20 en ouverture ; oh le coquin d'auteur il m'a bien eu ! Fort de ce bon moment de surprise, je reprends ma lecture encore plus certain de passer un bon moment, l'histoire se poursuit, sympathique, un peu attendue aussi, voire même un peu longuette finalement. Une fois la très belle surprise du début passée, tout cela devient fort conventionnel et léger, mais le fil se suit sans avoir envie d'accélérer le tempo ; tout cela s'achève comme prévu voilà, voilà, oui bon c'est sympathique mais pas whaou non plus. D'ailleurs comment se fait il que les quelques parties un peu limites d'un point de vue scénario, qui maintenant l'album fermé apparaissent plus évidentes, ne m'ont pas énervé pendant la lecture ? Le dessin chers lecteurs, tout en fluidité, tout en douceur, qui colle parfaitement avec une comédie romantique poétique, les planches nous font oublier les légèretés scénaristiques par une technique de case magistrale dans les juxtapositions, dans l'ellipse et les humeurs. Légèreté bienvenue car quand même choquante la réponse à sa fille sur le fait qu'elle n'ait jamais trompé son mari, enfin si étant donné sa culture elle sait parfaitement qu'elle l'a trompé toute sa vie (en soi pas dramatique mais sa réponse n'est absolument pas crédible). De même cette histoire de pont pas droit pour une librairie, de même que cette histoire de thèse, de même que ce très beau récit du début qui s'enchaine par des marins qui percent l'oreille quand on passe le cap Horn. Tiens au passage avez vous remarqué cette case LGBT friendly sur les 2 femmes comme çà juste en passant histoire de dire qu'on est du côté des gens bien. Un peu lourd en fait tout cela une fois que l'on regarde de plus près. Et au final ce dernier chapitre totalement à l'envers bien énervant à lire en première lecture qui n'apporte rien de particulier, c'est lui qui ouvre l'esprit à relire l'album à l'envers pour suivre le fil de l'histoire, et là... Déception tout apparait dans sa faiblesse, la beauté de la chose ne tient donc qu'à un dessin idoine et une technique scénaristique très efficace. Dont acte mais décevant... Un très bon moment au début qui se ternit au fil du récit, du coup je suis dubitatif sur tous les avis dithyrambiques que je vois ici et là, suis je à ce point blasé ? Au final un bel exercice technique et un dessin à suivre, la prochaine fois un peu plus de cohérence et ce sera un vrai bonheur.

12/12/2020 (modifier)
Couverture de la série Dracula (Bess)
Dracula (Bess)

Signalons que cet avis se fait après plusieurs lectures sur le grand format de cet album dont la couverture or m'avait fortement tapé dans l'œil alors que je ne suis pas un grand fan de ces univers. Première lecture probablement un peu trop pressée, bof, déception même pourquoi ai-je craqué sur ce tirage au prix plus élevé ? le livre tombe dans l'oubli, comme il est grand format, il se range dans la partie tirage de tête de la collection. Une soirée prise au hasard quelques mois plus tard, l'envie de prendre un beau livre, il me revient dans les mains... Cette seconde lecture beaucoup plus attentive me fait rentrer dans le récit, je me souviens que j'enchaine ce soir là sur une seconde lecture cette fois-ci minutieuse des détails dialogues & cases et je me laisse submerger par l'environnement si étrange du livre. Car nous ne sommes pas dans une série B, dans un roman pour pubères aux hormones malicieuses. Ce Dracula n'est pas d'une légèreté finalement divertissante, nous vivons avec l'inconnu, nous découvrons petit à petit l'indicible et nous nous initions à quelque chose que l'on devine dangereux. Le dessin déroutant joue avec les traits, tantôt dans un noir et blanc implacable, tantôt dans les visions de fantasmes les traits se font moins sûrs et plus grossiers. Regardez cette planche du château de dracula (planche 33) quelle puissance dans l'arrivée dans ce lieu. Quelle alternance après les ambiances brumeuses du trajet que l'on devine mêlé d'appréhension et de songes (planche 28 & 29). Sur cette même planche 29 les deux cases de loups positives et négatives, cette case de chevaux accompagnée du texte "le cocher leur parla doucement, ils se calmèrent et s'immobilisèrent enfin" presque blanche au milieu des ces tourments noirs des autres cases de loups. Pour apprécier l'album, il faut s'imprégner totalement du texte pour vibrer au fil des prouesses graphiques faisant ressentir les émotions des personnages devant des lieux et des évènements hors du commun. Pourtant non, le scénario n'est pas extraordinaire, on sent une certaine rigidité probablement due à une adaptation délicate, en particulier au début du récit, peut être un peu long ou disons pas très clair. Voilà le problème de la première lecture, mais une fois passée si on prend le temps de se repencher sur chaque case avec une envie de vivre le texte, je vous promets un voyage très puissant dans des images de papier. on a peur, on s'inquiète, on vit chaque moment du récit avec une angoisse qui suit une question et de temps en temps des moments de répit où l'on ralentit pour reprendre ses sens. N'allons pas chercher un sens global, un message, ou une mystique pourtant chère à l'auteur dans d'autres séries (Le Lama Blanc) vivons l'aventure extra-ordinaire. Voilà la grande force de Bess dans cet opus, vous faire frémir devant des ectoplasmes de papier. Evidemment je pense que le format n'est pas étranger à l'immersion, je ne connais pas la version "normale", mais une chose est sûre : lorsque je touche cet album je ressens désormais une pointe dans les poumons bien réelle.

03/12/2020 (modifier)
Couverture de la série Mickey Mouse - Café Zombo
Mickey Mouse - Café Zombo

La lecture de cet opus m'a procuré des sentiments assez imprévus mais globalement positifs et je suis ravi de l'avoir dans la série des mickey vu par Glénat. Certainement pas le meilleur mais qui se garde bien. Commençons par le format, cela parait basique mais j'aime ces formats, et pas uniquement pour sa non conformité mais aussi car il renforce le fameux effet de "tourne de page" tellement essentiel à cet art. Ajoutons une belle qualité d'édition, l'objet est tout à fait sympathique dans notre bibliothèque Parlons dessin, je m'attendais à du Loisel, et bien pas du tout ou en tous cas pas comme je l'imaginais, et franchement j'ai bien aimé son appropriation très lointaine des Peter Pan ou Quete de l'oiseau du temps. Le cadrage des cases est également assez loin des standard observés dans Magasin général ce qui donne un rythme très différent d'un Loisel habituel. Différent mais très agréable, cela constitue le point fort du récit avec une belle ambiance de vieux journal hebdomadaire avec un choix de palette de couleur très présent mais très réussi Pour le scénario je reste plus dubitatif, là aussi je m'attendais à du Loisel et il y a un peu de confusion avec les zombis, rien de rédhibitoire, mais inhabituel par rapport une langoureuse fluidité confortable. On alterne rythme et lenteur avec un côté bancal non inclus dans l'histoire. Certes il ne faudrait pas que mes mots dépasse ma pensée on passe tout de même un bon moment mais clairement il y a un petit gout qui ne passe pas tout à fait bien Au final cela reste un moment agréable également à la relecture, pas le meilleur opus des Mickey par Glénat certes mais bien. C'est là que je m'aperçois que le site a changé et qu'on ne peut plus mettre achat recommandé ou pas, qui faisait la différence entre un album moyen 3 sans achat et un album correct 3 avec achat, celui ci serait avec achat !

02/12/2020 (modifier)
Couverture de la série Johnny Paraguay
Johnny Paraguay

Cette série fut dans ma collection, mais fait partie des choix de séparation, et honnêtement il fut l'un des premiers choix, le dessin m'a souvent semblé plat avec quelques efforts sur certaines cases. La colorisation n'a pas participé à la lecture, il m'a semblé daté. L'histoire ne m'a pas emmené dans des détours fantastiques, sans pour autant être navrante. En fait lorsque j'ai lu tout cela m'a semblé daté, daté dans les rebondissements, dans le rôle des personnages, dans la colorisation... Daté n'est pas grave en soi, sauf quand le vieillissement rend suranné, comme je n'ai pas trouvé de couche nostalgique, poétique ou "mythologique" dans le sens du mythe du début des années 80, ceci a quitté ma collection sans regret.

02/12/2020 (modifier)
Couverture de la série Hâsib et la reine des serpents
Hâsib et la reine des serpents

Voilà une éternité que j’attendais le second tome de cet opus. Le temps semblait s’écouler à un rythme aussi lent que celui des 1001 nuits. Et puis l’anonymat de ces parutions dans la horde fit que je ne vis pas le second tome. Je craignais l’abandon voire l'infini devoir d'attendre 1001 jours avant de mériter un tome 2. Ma fille de 5 ans qui avait vu le tome 1 à sa sortie avait été marqué par les images, elle me le demande régulièrement pour le feuilleter et même le montrer à ses copines. A chaque fois, il fallait expliquer que le tome 2 allait peut être sortir, et soudain au détour d’une recherche je l’ai vu. Evidemment non disponible, il fallut commander et ré-attendre mais cette fois ci c’était une histoire de jours et plus question de douter sur un abandon. Il arrive que trop attendre fait monter trop de pression et engendre une déception lorsque l’objet chéri apparait finalement accessible, ce fut un peu le cas ici, mais entrons dans le vif du sujet puisque je vois que même en ces lieux de qualité cette série est passé inaperçue, il faut vite réparer et cela va me faire sortir de la retraite pour prendre la plume comme au plus beau jour. Hasib, c’est un DavidB en pleine forme et possession de sa technique qui s’approprie le Conte de Hâsib Karîm ad-Dîm. Les codes du récit initial restent présents et j’ai pu retrouver le mélange d’émerveillement, de naïveté, de simplicité, lié au mode narratif originel. Evidemment il ne faut pas chercher une intrigue contemporaine et tout ceci peut paraitre de prime abord naïf, probablement même est ce dû au choix de la collection jeunesse par l’éditeur, mais ne nous trompons pas, tout le talent de David B pour transmettre le monde intérieur d’un personnage à son lecteur déjà vu dans L'Ascension du Haut Mal se magnifie ici par une couleur extraordinaire. Voilà la clé, évidemment qu’il n’y aura pas de surprise dans l’histoire, mais quel voyage en ouvrant l’album, quelle claque visuelle l’auteur nous met en tête. Le tome 1 m’a totalement annihilé, épuisé, vidé. Je me souviens qu’après la première lecture j’étais totalement incapable de bouger de mon fauteuil comme si c’était moi qui avait enduré les milles aventures toutes plus effrayantes, physiques, merveilleuses et épouvantables que je venais de lire. Les détails fourmillent, les références pullulent et surtout la technique narrative de la mise en page de David B trouve ici toute sa pertinence avec les djinn. Les couleurs nous explosent les pupilles et font vivre les fantasmes et mythes qu’ils représentent. La force du tome 1 réside dans le foisonnement parfaitement maitrisé pour une lecture fluide sans ennui magnifié par une mise en page extraordinaire servi par une mise en couleur envoutante. Que demander de plus ! Je mettrai sans aucun doute à ce tome 1 Et vient le tome 2 après tant d’attente, tous les ingrédients reviennent en bouche dès la couverture, un cocktail de références culturelles émaillent la lecture adulte avec des emprunts aux mythes des Amériques maya et amérindiennes. Et pourtant quelque chose manque, un petit je ne sais quoi qui a rendu ma lecture moins passionnante que le premier tome, un petit peu comme si alors que le premier tome était un ru de montagne virevoltant sortant de son lit pour aller taquiner les éléments alentours, celui-ci était maintenant plus sage et moins impertinent. Certes nous sommes toujours très au-dessus du niveau moyen de qualité des sorties hebdomadaires, mais nous ne sommes plus face à un chef d’œuvre, seulement un bon opus qui finit trop vite. Au final comment envisager l’ensemble, le tome 1 me semble un chef d’œuvre de sensibilité et de narration grâce à un graphisme sublime qui rend une histoire classique sublime, le tome 2 poursuit le rêve mais on sent qu’il va s’achever un peu trop vite, que notre envolée si puissante et agréable va nous ramener trop vite dans notre quotidien et que la dernière page sera trop vite tournée. Encore oserais-je réclamer, nous n’en sommes qu’à la 498eme nuit pourrais on continuer le plaisir !

26/01/2017 (modifier)
Couverture de la série Le Port des Marins Perdus
Le Port des Marins Perdus

Il est des albums dont vous avez du mal à lâcher la lecture, sur lesquels une fois la dernière planche avalée vous avez besoin de tout relire sans précipitation pour profiter de la fluidité du trait et de la narration, desquels vous vous dites que noyés dans la production actuelle de toute façon le pauvre auteur sera perdu. "Le Port des Marins Perdus" est de cette catégorie, un récit de bateaux, de pirates, de lointain et de douceur aussi. Car contrairement aux très bons Long John Silver ou encore A bord de l'Etoile Matutine, ici il n’y a pas que de la peur, de la sueur et du sang, on peut y trouver aussi des sentiments et de la douceur. Le scénario suit un fil finalement classique, mais je ne me rends compte de ceci que maintenant lorsque j’écris mon commentaire. Les événements bien amenés permettent de désamorcer les indices trop gros qui avaient probablement intentionnellement été laissés, et le lecteur se prend au jeu des questions et de l’empathie pour les personnages. Le dessin, à première vue brouillon, déploie une aisance et une légèreté bienvenue pour nourrir le propos, et si aux premières planches on peut se demander si l’album final verra le jour, très vite l’âme du récit se nourrit des traits de crayons parfois avec pudeur parfois avec hargne. Vous l’aurez compris, cet album fait partie des très jolies surprises de ce trimestre qu’il faut connaitre même si les récits de gros pirates ne vous enchantent pas, car ici il n’est pas question seulement d’un univers spécial et sanguinaire, mais bien de grandeur de sentiments évoluant avec pudeur dans la mémoire et l’humeur du lecteur. Et si le récit échappe à la note ultime, ce n’est pas pour le sentiment merveilleux de l’après lecture, mais plutôt parce qu’il n’y a rien d’extraordinaire dans cet album, aussi bien dans une trouvaille scénaristique ou une prouesse graphique. Procurer un tel bonheur au lecteur par une fluidité et un excellent travail même classique montre un talent d’auteurs à découvrir

08/12/2016 (modifier)
Couverture de la série Tetfol
Tetfol

Il est des moments de grâce improbables que l’on n’a pas vu venir et qui procurent un émerveillement tout à fait merveilleux. Contexte : me revoilà proche des 2000 albums il va falloir refaire un nouveau tri, celui-ci s’annonce difficile car plus de 700 albums sont partis depuis 5 ans, ah si les deux rangées du bas dans la bibliothèque là, il doit y avoir encore du gras. Tiens 6 albums Tetfol, encore un vieux truc pour gamins parus dans tintin dans les années 70, on va quand même les relire avant de les faire partir. Rhaaaaa Quelle redécouverte, quelle surprise… A noter qu’il y a généralement plusieurs histoires dans un tome. Le scénario du tome 1 assez classique nous présente les origines de Tetfol, rien d’extraordinaire mais histoire bien ficelée avec une bonne synthèse narration-dessin sans pour autant montrer une technique géniale. Et puis une histoire courte à la fin tout à fait merveilleuse qui éveille les sens et la curiosité. On est alors obligé de lire le tome 2 et là commence le rêve. Magnifique tome 2 rempli de symboles, de poésie, sortant des chemins scénaristiques confortables pour présenter des personnages plus complexes qu’une lecture superficielle pourrait laisser voir, les dessins progressent en particulier dans la scénarisation du poétique, on commence à le palper dans le trait. Viennent ensuite l’apogée les tomes 3 et 4 sont des bijoux de poésie, de merveilleux présentés au lecteur dans un écrin de lumière tout à fait extraordinaire. Nous ne sommes pas dans un conte avec des sentiments bien-pensants remplis de conventions, ici le lecteur n’est pas confortable, il se voit dans ses faiblesses, les arêtes du récit sont dures à nos confortables et individualistes réflexes. Le dessin a trouvé son âme et les couleurs, les traits font exploser la poésie du texte, l’hymne à la civilisation. Le tome 6 nous raconte une histoire de bannis, même bannis ils trouvent le moyen de s'entre-tuer, et il n’y a qu’un externe à leur guerre qui va les réunir et leur redonner espoir. Pour leur malheur, leur refus de changer les entraînera dans leur perte. Il y a du Don Juan dans cet opus Le dernier tome mélange les mythes pour une création tout à fait réussie, une fois encore notre héros n’est pas tout puissant et les messages tout en nuance rendent le récit tout à fait passionnant. Une fois ces tomes avalés on se dit que nombre de très gros succès du 9eme art postérieurs n’ont finalement rien inventé et qu’une matière incroyable réside dans ces opus. On se dit aussi que le lectorat de Tintin des années 70 n’était peut-être pas le meilleur pour ce genre et que le journal « (À suivre)» aurait probablement donné une meilleure place à cet auteur qui par la suite, à part dans Le Maître des brumes, n’arrivera pas à retrouver une telle poésie dans ses lignes. Non seulement les opus ne partiront pas, mais il va me falloir trouver le tome 5 manquant. J’aurais en l’espace de plusieurs soirées retrouvé une poésie non formatée loin des blockbusters actuels. Le dessin nettement moins inspiré du cinéma que dans les productions actuelles trouve une sensibilité exacerbée non ressentie depuis fort longtemps, les scénarios moins implacables et moins confortables pour le lecteur que les productions actuelles rendent la lecture beaucoup plus riche et durable. Si l’opus échappe au ultime aujourd’hui, peut-être qu’une prochaine relecture nivellera par le haut une série qui me semble injustement oubliée.

30/07/2015 (modifier)
Couverture de la série Planète Divine
Planète Divine

Le dessin et le format particulier accordé à cet opus m’ont incité à me pencher sur ce dyptique. Le scénario nous présente une sorte de vision mystique de la vie avec les sages couches supérieures ayant une puissance de l’esprit permettant de créer tandis que aux niveaux inférieurs on trouve la guerre, la volonté de puissante l’égoïsme et tutti quanti. Bref rien de transcendant si ce n’est justement les formes éthérées des individus qui peuvent passer d’une dimension à l’autre par la simple force de l’esprit. Le tome 1 m’a semblé trop lourd justement, trop plein de ce mysticisme trop naïvement présenté qui le rend dégoulinant et peu digeste, on se perd dans les dimensions oniriques et tout cela est certes plein de poésie, mais demeure trop binaire bien mal pour présenter un intérêt. Malgré tout cela j’ai quand même poussé& au tome 2 grâce à ce dessin tout à fait hors norme et très poétique. Heureuse surprise du tome 2, le scénario plus construit rend l’histoire plus lisible, la complexité des dimensions demeure mais curieusement tout cela parait nettement plus fluide, l’auteur a supprimé les circonvolutions nuisibles à la lisibilité et l’histoire passe bien mieux. On traverse le temps et de nombreux points en suspens trouvent leur résolution (parfois même un peu trop rapide) ici. A la fin du récit, l’impression générale est celle d’un joli voyage poétique dans un univers où réincarnation, parallélisme du temps sont la norme. Le dessin permet de donner un écrin merveilleux à une histoire complexe, les pastels trouvent une résonance tout à fait pertinente dans la rémanence des idées et des sentiments au gré des époques et des lieux. Le découpage permet de faire passer le message, et étant donné la complexité de celui-ci chapeau ! Au final album très agréable pour les amateurs de philosophie, de mysticisme et de spiritualité, pour les autres la patte science-fiction sera probablement trop maigre, il ne restera que la poésie des images Pas mal, mais il me semble que les relectures doivent être très espacées pour être appréciée d’où le non conseil d’achat.

30/07/2015 (modifier)