Dans la bande dessinée Destin farceur, conçue par le dessinateur P'tit Luc, Ovidie est une jeune rate, qui vit parmi la société des rats dans une décharge publique. Lassée de son destin de femelle reproductrice et de la médiocrité de ses congénères, ce petit personnage s'échappe et fonde un mouvement révolutionnaire. Prêchant la liberté, le droit pour les femelles de contrôler leur corps, elle soulève la plus grande fascination, convertit les foules et domine la masse des rats par la force de son discours. Mais peu à peu les rats veulent l'approcher de plus près, jusqu'à la toucher, s'approprier son image et la submerger... Dans la « vraie vie » Ovidie est une femme qui a choisi à l'âge de dix-huit ans d'adopter le prénom du petit animal de sa bande-dessinée préférée. Ce pseudonyme qu'elle endosse très jeune pour tourner dans des films sexuellement explicites évoque pour elle, de la société secrète révolutionnaire à l'industrie du porno, un même geste punk, celui de la révolte et du goût pour la provocation. En choisissant ce pseudo, elle était loin d'imaginer à quel point il se révélerait juste, et à quel point l'histoire de ce personnage de bande-dessinée serait la sienne. Ovidie est une auteure et réalisatrice, née en 1980. Durant l'hiver 95, en pleine période de revendications sociales, âgée de 15 ans, elle décide de s'impliquer dans des groupes militants, et s'intéresse tout particulièrement à la lutte contre le sexisme et contre l'homophobie. En 1999, alors qu'elle est étudiante en philosophie, elle s'éloigne de ces mouvements pour exprimer ses revendications de manière individuelle et à l'aide de son propre corps. Elle se recentre sur les questions du féminisme et de la libération sexuelle, et se lance dans une expérimentation pornographique, d'abord en tant qu'actrice, espérant ainsi utiliser ce média pour le modifier de l'intérieur. Partant du principe qu'il serait suicidaire de laisser la pornographie uniquement aux mains des hommes, elle se fixe comme objectif de réaliser ses propres films, mettant en scène une sexualité féminine réaliste respectueuse de l'individu. À 19 ans, elle commence à réaliser ses premiers films pornographiques pour la maison de production Marc Dorcel, s'imposant ainsi comme une des rares femmes réalisatrices d'un milieu très masculin. Elle continue quelques temps en parallèle ses activités d'actrice, qui s'effacent progressivement derrière ses activités de réalisatrice. Avant d'y mettre fin définitivement, elle joue dans Le Pornographe de Bertrand Bonnello, Mortel Transfert de Jean-Jacques Beineix, All About Anna, produit par Lars Von Trier, et La nuit des Horloges réalisé par Jean Rollin. Très rapidement elle décide de coucher sur papier les théories féministes auxquelles elle croit, considérées alors comme dissidentes vis à vis des différents mouvements féministes. En 2002 elle publie chez Flammarion Porno Manifesto, un essai qui pose les bases d'un courant alors peu connu : le féminisme pro-sexe. Elle y explore le concept de "travail du sexe", emprunté à l'américain "sex work". Elle intervient régulièrement durant des conférences et séminaires de la question du féminisme, de la sexualité, et également de la censure. Bien qu'émanant d'un esprit encore jeune et probablement immature, son analyse autour de la question du travail du sexe est prise au sérieux, et devient une référence dans de nombreux travaux universitaires. Entre 2002 et 2012, elle écrit une dizaine d'ouvrages, la plupart ayant pour thématique la féminité, sexualité, et même la maternité, d'abord pour les éditions Flammarion, puis pour les éditions La Musardine qu'elle rejoint en 2004. Elle participe à l'écriture de plusieurs préfaces autour du féminisme et de la sexualité, et développe une activité journalistique régulière, tant en presse papier qu'en radio. En 2008, elle décide de s'éloigner radicalement des codes de la pornographie et développe le concept d'éducation sexuelle pour adultes, à travers des vidéos explicites didactiques. Elle crée pour Canal Satellite le contenu et la ligne éditoral de chaîne Frenchlover TV, et en devient directrice de production. Elle réalise pour le compte de la chaîne environ 200 programmes entre 2008 et 2012. En 2009, elle co-réalise le film Histoire de sexe(s), en collaboration avec Jack Tyler, pour lequel elle réclame un visa auprès du CNC. Ce film, sorte de comédie de mœurs contenant quelques scènes explicites, pose de nombreux problèmes et ré-ouvre le débat autour de la classification X. Il est finalement diffusé durant des cycles et festivals. Malgré ces problèmes de classification, elle persiste dans le développement d'un genre hybride à mi-chemin entre la comédie de moeurs et le film explicite, en réalisant Infidélité, un film abordant la crise de la quarantaine et le déclin du désir, puis Liberté sexuelle, un film traitant de l'amour communautaire et de la possessivité. Parallèlement à cela, elle réalise divers clips, pubs, reportages et documentaires. En 2011, elle réalise pour l'émission Envoyé Spécial "Rhabillage", un reportage de 35 minutes, produit par Jean-Jacques Beineix (Cargo Films), qui apporte une réflexion sur les discriminations sociales que subissent les anciennes stars du X, tant bien d'un point de vue professionnel que familial et affectif. Ces discriminations affectant plus les actrices que les acteurs, le film s'interroge sur le sexisme en général et sur la non-acceptation de la libération sexuelle féminine.