Le Rayon de la Mort

Note: 3/5
(3/5 pour 6 avis)

Andy est un garçon marginalisé et mélancolique qui se découvre des super pouvoirs. Le rayon de la mort est le récit troublant d'un ado misanthrope qui dispose d'un pouvoir inquiétant.


Cornélius Fantagraphics Books Les petits éditeurs indépendants Super-héros

Andy est un garçon solitaire, sans famille ni copains, un tantinet misanthrope. Accablé par la médiocrité mêlée d'arrogance de ses contemporains et hanté par un terrible désir de vengeance, il se rêve une destinée exceptionnelle. Las d'une adolescence qui s'éternise, indifférent au monde qui l'entoure, il passe le plus clair de son temps avec Louie, son meilleur - et unique - ami. Tous deux coulent une jeunesse mélancolique dans une banlieue ordinaire, jusqu'au jour où Louie entraîne Andy dans ses frasques, l'initiant au Punk Rock et... aux cigarettes. Surprise, le tabac semble avoir sur Andy un effet inédit, le dotant soudain d'une force extraordinaire et de pouvoirs mystérieux. Le voilà désormais dans la peau d'un super-héros. Les super-méchants n'ont plus qu'à bien se tenir. Mais où les trouver dans une ville sans histoire et sans ambition...? Savant mélange d'élégance, d'aliénation et de déconstruction des genres, Le rayon de la mort est le dernier opus d'Eightball, le comic book dans lequel Daniel Clowes créa les classiques que sont devenus Ghost World, David Boring et Comme un gant de velours pris dans la fonte. En racontant l'histoire d'un criminel avec les artifices du récit de super-héros, Clowes revisite les codes esthétiques de la culture populaire pour en exposer le versant le plus trouble. Hommage et réflexion critique, Le Rayon de la mort met une nouvelle fois en scène l'attachement teinté d'ironie que Clowes porte aux adolescents et à la bande dessinée, fascination synthétisée ici dans une construction parfaite. A l'heure où les bons sentiments sont valorisés sur tous les fronts, cette pépite éclatante de misanthropie viendra rassurer profitablement le sociopathe qui sommeille en tout un chacun.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 06 Mai 2010
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Le Rayon de la Mort © Cornélius 2010
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 6 avis)
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26/05/2010 | John Smith
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Par Jetjet
Note: 2/5
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Le rayon de la mort n’est pas considéré comme le meilleur ouvrage de Daniel Clowes. La réputation de ce monsieur n’est plus à faire depuis que son Ghost World a récolté de nombreuses louanges critiques sur sa ligne claire épurée et réaliste de la mélancolie d’un American Way of Life où l’ennui se dispute le premier rôle avec la morosité. Le rayon de la mort se veut une approche résolument comics et « superhéros » de ce même monde fracturé par un quotidien des plus ternes. Or on sait depuis « Watchmen » de façon unanime que les superhéros ne se sont jamais aussi mal comportés et qu’ils sont rongés par leur devoir et leur conscience. Sous la plume de Daniel Clowes, le « héros » se prénomme Andy et n’a rien d’extraordinaire malgré un parcours parallèle à celui de Peter Parker dont il aimerait avoir inconsciemment l’apparence ainsi que le succès. Orphelin élevé par un papy plus gâteux que gâteau, Andy est un ado d’une banalité affligeante qui a été trimballé d’une famille à une autre et n’a qu’un seul ami Louis, un être bavard et revanchard qui découvre que Andy développe une force surhumaine lorsqu’il fume une cigarette ! Comment exploiter ce don dans une ville où rien ne se passe ? Réponses dans cet album assez particulier où Daniel Clowes privilégie les séquences en strips savoureux dans un style résolument fifties et flashy qui découpe états d’âmes et interrogations sur un quotidien parsemé de personnages sans importance. Utilisant la méthode du gaufrier pour découper ses cases ou la bichromie pour en égayer d’autres, Daniel Clowes rend l’ensemble complexe et fluide à la fois en dépit d’un découpage bien plus audacieux que l’ensemble du récit car oui comme dit précédemment et malgré quelques surprises dans les toutes dernières pages, l’ensemble n’est guère palpitant car les personnages ne sont pas attachants. Pire certains strips sont conclus dans l’impasse la plus totale. Au lecteur de s’en faire une raison ou une résignation. C’est un peu ce manque d’ambition qui m’empêche d’apprécier comme je l’aurais souhaité cette compilation de souvenirs d’un adolescent pas si ordinaire que cela. La lecture n’était pas désagréable et le style froid et rugueux de l’auteur me rappelle les errances graphiques de Mezzo ou de Charles Burns mais on est quand même bien en dessous au niveau de l’intérêt global ou je suis resté imperméable à cette banalité à peine masquée. Il est utile de préciser que les amateurs de marvelleries en tout genre risquent d’être pris en grippe s’ils attaquent cette œuvre par la face action car le côté « héroïque » n’est qu’un prétexte pour dépeindre un versant cathartique d’un quotidien usé de rêves déchus. Reste une bonne conclusion et pas mal d’interrogations nécessitant une relecture ultérieure dont je ne suis pas pressé d’en fixer la date. Encore un bel effort à signaler de l’éditeur Cornelius qui a fait un travail irréprochable d’édition avec de grosses pages bien imprimées qui fleurent bon la nostalgie et donnent envie d’observer à la loupe leur catalogue, c’est déjà cela de gagné :)

19/03/2013 (modifier)
Par PAco
Note: 2/5
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Moi qui avait découvert et apprécié Daniel Clowes avec David Boring, je suis cette fois-ci vraiment passé à côté... Pourtant graphiquement, rien à redire, j'ai trouvé le travail de Clowes très abouti et réfléchi. Par contre, au niveau contenu, retour à la case départ : Boring !!! Je sais que c'est pourtant son fonds de commerce ; une jeunesse un peu désabusée et marginale, les travers de la vie quotidienne, une banalité affligeante, voire mortelle dans les relations des personnages, etc... Mais autant j'avais trouvé que ce décalage et cette marginalité plus marqués dans David Boring jouaient un rôle moteur, autant là, je me suis ennuyé. Et ce n'est pas l'idée de ce super-héros malgré lui qui y aura changé grand chose. Alors, oui, Clowes veut nous conter l'histoire d'un anti-héros assez pitoyable, le problème c'est qu'il y parvient peut-être trop bien ! Dommage car graphiquement c'est du tout bon. J'adore son style (quelle couverture !), et il s'amuse à le décliner sous de multiples facettes très intéressantes et bien pensées. Reste qu'on ne fait pas un Margarita avec du Canada Dry et que sous le joli verni il me faut quelque chose de plus pour vraiment apprécier ce genre d'album.

03/11/2011 (modifier)
Par jurin
Note: 3/5

Andy super héros malgré lui hérite d’un super-pouvoir dont il ne sait quoi trop en faire, Louie son copain a des idées bien plus précises sur la façon de l’utiliser. Pas d’action dans cette BD, le récit est à classer dans le roman graphique type psychologique, histoire qui traite de l’évolution de Andy de l’adolescence à l’âge adulte. Récit un rien déprimant, la description d’une société assez pourrie où les gens sont individualistes et capables du pire pour satisfaire leur égo Le récit m’a intéressé mais pas passionné pour autant, intéressant car Daniel Clowes décrit avec beaucoup d’exactitude notre frustration et nos solutions pour la combattre. Le dessin est assez rétro (année 50) mais agréable, la BD est un bel objet à la couverture interpellante.

29/06/2011 (modifier)
Par cac
Note: 3/5
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Je ne suis pas un grand familier des œuvres précédentes de Daniel Clowes. Avec son style ligne claire qui fait un peu daté, il présente un garçon un peu seul, un peu étrange aux yeux des autres de son âge. Il se découvre un super pouvoir avec la cigarette permettant d'éliminer les fauteurs de trouble. Tout le monde a un jour songé à un quelconque moyen similaire de se débarrasser sans souci d'un gêneur. L'accent n'est pas du tout mis sur les scènes d'action et le pouvoir en lui-même. Ce n'est qu'un prétexte aux situations dans lesquelles le jeune "héros" si on peut le qualifier ainsi va faire usage de son don et la psychologie du protagoniste poussé par son ami. Fondamentalement, j'ai passé un bon moment de lecture mais pas de petit truc en plus peut-être parce que j'ai trouvé cela un peu court, rien de mémorable n'aura émergé aussi bien sur la forme que sur le fond.

27/08/2010 (modifier)
Par Ems
Note: 4/5

"Le Rayon de la Mort" est un comics sur un super héros privilégiant la réflexion à l'action. Il s'attarde plus sur la psychologie du personnage et les interactions induisant ses actes. Finalement on retrouve la même chose que dans les séries de super héros connus sauf qu'ici on a un concentré sur un seul album une fois le spectaculaire retiré. Le dessin est minimaliste sur le trait et les couleurs. Il n'y a pas de fioritures, tout est fait pour le fonctionnel et donc pour le propos. Le découpage est nerveux, le récit est très fragmenté, ce qui lui apporte du rythme. En peu de pages, Clowes arrive à retracer la vie d'un super héros, sa destinée, ses réflexions, ses actions, etc... C'est complet et intelligent. Cette BD ne plaira pas aux fans d'action ou de beaux dessins, pour les autres, elle offrira une bonne lecture.

09/06/2010 (modifier)

Manifestement, Daniel Clowes est déjà un monument de la BD et son art est de toute façon exceptionnel. C'est, en tout cas, l'impression qu'il donne puisque qu'en lisant quelques avis à droite à gauche j'ai déjà le sentiment de parler d'un monstre sacré, et avant même de commencer la lecture. Finalement ça doit être la première fois que je lis une de ses BDs. Je n'ai donc ni la culture de son univers ni le recul par rapport à son oeuvre. En fait, j'ai foncé sur l'album pour une raison simple : la couverture est exceptionnelle et porte les codes graphiques d'une très vieille école. Avec tout ce qu'il y a de kitsh, d'intemporel, et surtout de qualitatif. J'ai eu cette même impression en attaquant les premières pages. Les couleurs, le dessin, les personnages, les coupes de cheveux surtout, reflètent une ambiance seventies très réussie et avec un traitement graphique adéquat. Puis la mise en page, la narration, la couleur, nous plongent rapidement au coeur du système Clowes : l'isolement mental de nos 2 losers de héros. Marginaux, ils deviennent presque angoissants, et le traitement "années 70 " vient décupler cet effet. Ce n'est peut-être pas la meilleure analogie, mais... j'ai en fait toujours pensé que la réussite de "massacre à la tronçonneuse" tient au contraste entre le thème et l'époque. Ce film d'horreur est d'autant plus percutant que l'écart entre le thème (horreur) et les valeurs "inconscientes" véhiculées par les années 60/70 (bonheur, jouissance...) crée un contraste intéressant. On est donc d'autant plus bouleversé. C'est exactement cet effet que m'a fait le rayon de la mort. Il y a ce côté dérangeant. Le thème de la misanthropie est hyper efficace, car complètement en opposition avec l'époque, le traitement graphique, les visages niais, l'innocence de ces ados pas vraiment construits (et déjà détruits ici). En plus cette BD a un effet preque psychotrope, le thème de la fumée de cigarette renforce l'idée d'un état second du personnage et du lecteur. On plonge alors dans un système de pensée complètement sociopathe, comme s'il s'agissait d'une prise de drogue. Ces 2 types sont dans leur monde, et leur vision est hallucinée. Leur trip finalement est existentiel. Il s'agit de se fabriquer un destin, exceptionnel. Et en abusant de ses pouvoirs, Andy va rapidement se confonter à sa propre morale et aussi passer à l'acte. Il s'agit alors de se battre contre le mal. Seulement le mal, c'est les autres. Le discours est troublant, et plutôt réussi en somme. Et pourtant je n'en garde pas un souvenir impérissable. La faute sans doute au manque d'impact. Le graphisme est réussi mais pas perfectionniste. Certaines cases sont tronquées, le traitement n'est jamais homogène. Pourtant toutes les mises en pages sont belles mais certaines cases paraissent vite expédiées. Ce n'est pas bâclé, car conscient, mais ça donne un effet de manque que les efforts de l'éditeur (bel ouvrage, avec un grain de papier presque hors normes) ne parviennent pas vraiment à "rattraper". D'ailleurs, l'épaisseur des pages paraît réellement compenser leur nombre. Sur le fond, je m'attendais également à ce que l'auteur nous emmène plus loin. On adhère assez vite puis le voyage s'écourte. Et, au final, le trip fonctionne mais on en sort avec une impression de manque, et surtout beaucoup de zones de flous. La morale est imperceptible, les interprétations multiples. Bien que la "vision" de l'auteur passe à merveille. En tout cas ca fonctionne car le chapitrage, la narration, la construction, sont très solides. En un mot la " synthèse " est très réussie, manque cependant " l'analyse ". Sur les même thèmes, je rapproche cette lecture d'un Black hole de Burns, qui pour le coup m'avait coupé le souffle et dont l'exigence quoique différente, est tout de même au dessus.

26/05/2010 (modifier)