Logicomix
Angleterre, 1884 - Dans la solitude d'un vieux manoir anglais, le petit Bertie Russell découvre, fasciné, la puissance de la Logique. Cette découverte va guider son existence...
Les Maths Les petits éditeurs indépendants
Sur un campus américain, 1939 - Alors que les troupes nazies envahissent le Vieux : Continent, le Professeur Russell raconte à un parterre d'étudiants une histoire fascinante, celle des plus grands esprits de son temps : Poincaré, Hilbert, Wittgenstein, etc., celle de leur quête acharnée - mais, semble-t-il, perdue d'avance - des fondements de la vérité scientifique. Et comment ces penseurs obstinés, ces esthètes assoiffés d'absolu et de vérité, toujours guettés par la folie et en butte à la violence de leur époque, tentèrent de refonder les mathématiques et la science contemporaine. Athènes, aujourd'hui - Trois hommes, deux femmes et un chien s'interrogent sur la destinée de ces hommes d'exception, leurs extraordinaires découvertes et la persistance de leur héritage dans notre vie quotidienne... Plongez au coeur d'une passionnante aventure intellectuelle qui a déjà séduit des centaines de milliers de lecteurs à travers le monde !
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Date de parution | Mai 2010 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Je m'attendais à une histoire de la logique, comme Economix présente l'histoire de l'économie. Ce n'est pas le cas. C'est l'histoire d'un logicien, Bertrand Russell, et de ses recherches. Les recherches en question sont passionnantes, et de ce point de vue, l'oeuvre n'est pas décevante :) L'histoire, pas évidente, de la "querelle des fondements" mathématiques est remarquablement bien racontée, avec ses enjeux, ses rebondissements, ses paradoxes et ses intuitions. Il y a des trouvailles graphiques très sympas, comme la pile infinie de tortue soutenant le monde, ou la déception de l'enfant passioné de maths lorsqu'il découvre le principe des axiomes chez Euclide. Finalement, avec un bon niveau de collège et en acceptant de ne pas tout comprendre, il me semble qu'on arrive bien à suivre l'essentiel, et c'est passionnant. Il est, curieusement, plus difficile de suivre la biographie de l'homme, ses motivations, ses aventures. Sa femme disparait au détour du récit sans que cela ne semble génant, beaucoup de choses sont sous-entendues. Surtout, "Bertie" n'est pas vraiment sympathique. C'est voulu je pense, de le présenter comme un personnage torturé, mais cela ne donne pas vraiment envie de le voir réussir. Ce qui serait intéressant dans un roman graphique dont l'évolution du personnage serait le centre devient pénible à suivre lorsqu'il y a d'autres choses à comprendre en parallèle. L'un des enjeux proposés par le scénario, qui est de comprendre pourquoi un pacifiste convaincu, qui a fait de la prison pour son opposition à la première guerre mondiale, se retrouve à militer pour l'entrée en guerre des US dans les années 40, devient creux et peu logique (!), alors que c'est une question vraiment intéressante. Le troisième niveau de lecture, celui de mise en abîme par les auteurs d'eux-même dans leurs interrogations autour de leur propre récit, est encore plus pénible à parcourir. D'abord cela coupe le récit, pour explorer d'autres pistes dont on n'a qu'une envie, qu'elles soient brèves pour permettre de revenir à l'essentiel : pas très envie de suivre une histoire de tragédie grecque ou d'apprendre à reconnaître encore d'autres personnages. Ensuite cela donne l'impression que plutôt que d'avoir à trancher entre différents points de vue pour leur scénario, ils choisissent de tous nous les donner pour laisser au lecteur en assumer le choix... C'est de la triche ! Ce recul est parfois bien utile, pour expliquer un ou deux points du coeur du récit, mais je pense qu'il y aurait eu moyen de faire autrement. C'est curieux, parce que ces récits entremélés, ça peut être une vraie richesse (je pense à Watchmen), mais là, au contraire, cela dilue l'intérêt. En conclusion, dans le genre pédagogique, je préfère largement Anselme Lanturlu, qui sous couvert de ne pas se prendre au sérieux transmet de la science bien plus ardue. En tant que roman graphique, cela ne m'a pas vraiment parlé. Mais pour apréhender sans s'ennuyer un élément clé des mathématiques du 20e siècle, c'est vraiment pas mal foutu.
Le sujet de départ semblait ardu, et les auteurs ont pensé le rendre plus « lisible », accessible, en le traitant sous forme de bande dessinée. C’est louable, sauf que le procédé ne m’a pas semblé ici une réussite. En effet, le nombreuses mises en abime (puisque les auteurs se mettent régulièrement en scène ne train de créer l’album, lui-même essentiellement une autobiographie d’un personnage parlant de lui et de ses découvertes, ses cheminements intellectuels dans une conférence universitaire) n’ont pas forcément rendu plus fluide la lecture. Du coup, le côté BD reste superficiel, et n’apporte pas forcément le plus attendu. En tout cas, ça n’a pas « allégé » tous les concepts, les débats d’idées philosophiques, mathématiques et logiques qui parsèment ces quelques 300 pages. J’avoue avoir été un peu saoulé, et n’avoir qu’avec difficulté fini cet album – même si la fin se lit peut-être plus facilement. C’est clairement réservé aux amateurs du thème, et mieux vaut être un peu au fait de certaines connaissances de base pour bien accepter ce plat quelque peu indigeste.
Il fallait sans doute le faire et c’est sans doute un exploit technique que de réaliser une bande dessinée sur l’histoire moderne des mathématiques et de la logique en règle générale. On va être plongé dans une réflexion très intellectualisant sur les théories qui se contredisent en matière de science exacte. Il s’agit ni plus ni moins que de comprendre le monde qui nous entoure et ainsi de répondre par exemple à des questions du style : oui ou non, notre pays doit s’engager dans la guerre. Sur la forme, je n’ai pas aimé passer de l’époque moderne à celle du début de la Seconde Guerre Mondiale où un professeur lors d’une conférence va remonter jusqu’à l’histoire de son enfance 60 ans plus tôt. Bref, il y a des niveaux qui auraient pu faire l’objet d’une impasse et en premier lieu l’époque moderne qui n’apporte pas grand-chose. J’ai été séduit comme la plupart par le sujet mais le traitement a été souvent lourd et indigeste malgré toutes les louanges d’une presse spécialisée. Je retiens un constat simple : rien n’est définit car tout se joue perpétuellement et chacun a sa propre vision du monde. Fallait-il un développement aussi long ? Des concepts m’ont sans doute échappé mais je pense en avoir saisi la substance. C’est déjà pas mal.
Il y en a des choses à dire sur cet album. Le sujet est extrêmement original, pas de doute là dessus. Cette histoire romancée du Professeur Russell et de sa quête a quelque chose de fascinant, et la logique et les mathématiques ne sont pas des thèmes courants en BD. Pourtant l’ensemble est souvent longuet et j’ai eu du mal à rester concentré, surtout sur la 2eme moitié de cet épais volume. Je reste aussi dubitatif sur la forme. Le dessin n’apporte presque rien au texte, et le procédé narratif me parait un peu lourdingue : une BD qui nous raconte l’histoire de 3 auteurs de BD qui racontent l’histoire d’un logicien qui raconte l’histoire de la logique... rien que ça ! Ces couches successives n’apportent rien (sauf sur la toute fin), et je me demande si les auteurs ont fait un choix judicieux en se mettant en scène. La fin replace cette longue réflexion sur le rôle de la logique dans un contexte un peu plus pratique, et aborde des thèmes philosophiques sur la guerre, la création des ordinateurs, l’effet qu’a internet sur notre société etc. Une fin assez bien vue, qui me fait mettre un 3/5 un peu généreux au vu des problèmes suscités. Un album à découvrir pour son originalité, mais qui m’a quand même bien déçu, surtout sur la forme.
Stimulant ! Je viens de refermer l’album ; soufflé et ravi, je me sens soudain beaucoup moins con. Ce petit pavé vient de me faire explorer des continents spirituels qu’en maître-penseur de bazar pourtant gourmand et hardi, je n’aurais jamais eu l’audace d’approcher. Cela valait bien que je me sorte les doigts ! Choper prestement mon netbook (c’est pas malin, maintenant y’a le clavier qui sent) et restituer mon enthousiasme encore frais pour vous convaincre de risquer le voyage. Que ce soit clair : cette œuvre est avant tout une oeuvre cérébrale (mais pas que). Non pas qu’elle déborde d’un intellectualisme abscons ou d’une métaphysique inabordable. Certes, il y a matière à faire phosphorer la cafetière, mais le contenu reste accessible, d’autant que lorsque l’on flirte dangereusement avec le mais-de-quoi-il-cause-?, déboule, ipso facto, une métaphore limpide et salvatrice. Non, c’est surtout sa dimension introspective qui flatte l’esprit. Devant nos yeux captivés, les auteurs deviennent acteurs et s’interrogent sur la légitimité de leur création, débattent des approches à envisager, de voies à emprunter afin que le propos se la joue moins obscur et plus séduisant. Car, au départ, le pari était ambitieux et osé : initier à la Logique par l’intermédiaire du médium Bande dessinée. Résumer en cases et en bulles la naissance d’un langage figuratif et ses concepts abstraits pour mettre en lumière une discipline cabalistique pondue par les cerveaux de logiciens philosophes qui s’entêtaient à désosser les fondements de la reine des sciences. Ces mathématiques au cul posé sur un socle fragile, façonné de sacro-saintes vérités impalpables, d’axiomes nourris de l’intuition nous affirmant que, infailliblement, un et un feront toujours deux… Sans jamais arriver à le prouver. Intolérable pour les Ayatollahs du cartésianisme ! Mais, vulgariser ne suffirait pas. Au mieux s’augurait un exposé didactique, au pire, une brique de trois cents pages d’un ennui cauchemardesque. Aussi fallait-il entreprendre des chemins supplémentaires. En s’attachant à l’un de ces éminents penseurs en particulier. Ce sera Bertrand Russell. Retracer sa biographie, ou plutôt, en un fil conducteur romanesque, le laisser se raconter, nous dire soixante ans de sa vie. Celle d’un homme comme un autre avec sa moralité et ses angoisses, ses histoires d’enfance, ses histoires de fesses et de cœur compliquées. Par quelques latitudes anachroniques, autoriser des heurts fictionnels entre sommités ; confrontations palpitantes de discours et de personnalités. Enfin, suggérer l’aventure dramatique, invoquer le souffle de la tragédie. En dédiant la majeure partie de son existence à ses idées, la passion confine à l’obsession, à la névrose. L’aspiration à une Logique absolue, forçant le dépassement de soi, accouchant des manières de raisonner totalement vierges et téméraires, mue l’homme en globe-trotter des limbes de l’esprit. Un explorateur qui au terme de sa quête périlleuse et utopique finira héros… Ou fou. Restait à tirer le feu d’artifice, expérimenter le jeu de la mise en abyme. L’auto mise en scène d’auteurs s’accordant des apparitions rafraichissantes en autant de gloses bienvenues, puis interprétant le spectacle de la genèse de l’œuvre, de sa déconstruction. Au-delà d’un effet de manche, une vraie réflexion. Puissante, généreuse. Habiller l’ensemble d’un dessin aux accents ligne claire efficace, neutre au commencement, de plus en plus séduisant au long des pages, puis pareil à des jongleurs-architectes de génie, enchâsser les trames, alterner les fils, et par l’ajout subtil de codes graphiques, édifier la narration imparable d’une histoire complexe, fluide et passionnante dont il manquait le titre qui tue : Logicomix ! Maintenant, sa pertinence m’apparaît totalement. Tout ce que j’aime.
2.5 Le sujet de ce one-shot est plutôt original: la logique ! On suit donc le parcours de personnes ayant passé leur vie à essayer de comprendre la logique, particulièrement Bertie Russell dont je ne connaissais pas l'existence. J'ai appris des choses pas mal intéressantes et j'ai bien aimé. Toutefois, mon intérêt n'était pas le même au fil des pages. Si j'ai bien aimé lorsque les auteurs nous racontaient l'enfance de Russell, j'ai été moins concentré quand le récit tombait dans des explications scientifiques parfois un peu compliquées. Je me suis vite lassé et j'ai fait quelques pauses durant ma lecture parce qu'à la longue le sujet est lassant. En plus, tout au long de l'album, on voit comment les auteurs ont fait l'album. C'est intéressant, mais je pense qu'ils auraient du faire ça à la fin de l'album parce que ces passages ralentissent inutilement le récit principal à mes yeux.
Pour apprécier le contenu de "Logicomix", je l'ai appréhendé comme nous l'indiquaient les auteurs, comme un roman graphique. Ce comics a pour thèmes principaux les mathématiques et la logique lors de la première moitié du XXème siècle. Il ne s'agit pas proprement parler d'une démarche de vulgarisation. Les approches sont superficielles et élémentaires. Les propos sont très conceptuels mais demeurent accessibles. L'intérêt provient d'avantage de l'histoire de ces hommes hors du commun avec leurs qualités mais aussi leurs défauts. Le récit est géré de façon chronologique. On découvre les personnages et leurs découvertes. Il y a des interactions positives ou non, certaines trouvailles détruisent le labeur d'autres chercheurs. C'est plaisant à lire mais cette BD ne transformera pas le lecteur lambda en un mathématicien érudit. Ce projet a rencontré un vif succès mondial, il m'a convaincu. Le dessin est volontairement neutre, la mise en couleur est vraiment réussie. Elle est informatisée mais très travaillée, les décors sont très détaillés sans pour cela offrir un rendu trop chargé. J'aime les romans graphiques, "Logicomix" en est un très bon. Ses sujets et personnages (réels) sont nouveaux, l'aspect historique est rigoureux. Il n'y a pas de prétention déplacée de la part des auteurs, juste la volonté de faire découvrir un univers qui les passionnent. En fin d'ouvrage, il y a beaucoup d'informations complétant le contenu déjà riche de cette BD copieuse en pages. Je conseille vivement la lecture de ce petit pavé aux lecteurs curieux.
Pschhhhhhhhht... Logicomix a tout du pétard mouillé. Et pourtant j'étais très enthousiaste vu le sujet ! Objectivement, la lecture s'est faite dans la douleur. Non pas à cause du fond ; le sujet est très intéressant et aurait pu être passionnant ... mais bien à cause de la forme. Ce qui me chagrine, en fait, c'est que l'intérêt BD-istique de Logicomix est proche de zéro. Question fondamentale : le dessin apporte-t-il quelque chose ? Je ne parle pas seulement du trait, qui est insipide (autant au départ ça fait juste de la peine, autant à la longue c'est insupportable). Non ! Je parle du dessin. Je veux dire, est-ce que l'emploi du média "BD" se justifie ? Du point de vue narratif la réponse est... non. Le texte est découpé en bulles, puis en cases. Le livre est découpé en chapitres, et on a pris soin de rajouter quelques interjections envers le lecteur, quelques regards aussi, comme pour intéresser, ou s'assurer qu'on ne décroche pas. Il y a aussi quelques exercices de contre point entre les parties historiques et les narrateurs du présent. Techniquement c'est une BD donc, ça en suit tant bien que mal les basiques, mais le système narratif est inexistant. Et le découpage n'apporte rien, si ce n'est de la longueur. Du point de vue du graphisme la réponse est... non. Là ou certains concepts méritaient évidemment une mise en image. Là ou un beau dessin vaut mieux qu'un long discours, on n'aura le droit finalement à pas grand chose. Ce qui ne va pas c'est que ce qui est représenté n'a aucun intérêt. Les concepts restent enfermés dans le discours. Ce n'est pas cette quête mentale et existentielle des fondements de la logique qui est mise en image, mais la vie des narrateurs et des protagonistes historiques. Ca valait pourtant le coup je pense, de courber des droites, de contredire la géométrie, de former les concepts pour mieux les détruire ensuite, de dessiner l'indessinable en somme... Mais non. On aura juste des semblants d'équations sur des tableaux noirs, derrière des barbus soucieux. Le dessin est donc au niveau de "Martine fait des mathématiques" : j'écris sur un tableau noir et je dis à voix haute ce que je fais. Dessin et concept ne se marient jamais. Et on ne rentre jamais dans la tableau. Prenez L'art invisible, ou Alpha ... directions. En voilà des ouvrages où le graphisme et la narration apportent réellement. En voilà des ouvrages où le média BD se justifie, en voilà des ouvrages où les concepts incompréhensibles finissent par prendre une forme graphique qu'on croyait impossible. Reste alors le fond. L'idée est intéressante, les cross over aussi, mais finalement c'est long, un peu lourd et surtout on n'avance pas vraiment. On a sans cesse l'impression que la bonne idée va arriver mais elle est trop souvent fugace. Une petite phrase, des petits débats... les concepts sont souvent mal amenés et plus grave à mon sens, leur puissance n'est à aucun moment ressentie. Cette puissance conceptuelle est belle et bien énoncée, car le texte fait son travail, mais la BD, elle, n'y parvient pas. Finalement on énumère, on contredit, on s'implique, mais les auteurs ont beau se démener, on est rarement remué. Ce n'est donc jamais révolutionnaire, ni haletant. Finalement la démarche des logiciens est limpide, la démarche des auteurs de logicomix l'est beaucoup moins. Mieux vaut lire du Stephen W. Hawking si vous aimez la vraie bonne vulgarisation. Mieux vaut lire autre chose si vous aimez la bonne BD.
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