Logicomix

Note: 3.13/5
(3.13/5 pour 8 avis)

Angleterre, 1884 - Dans la solitude d'un vieux manoir anglais, le petit Bertie Russell découvre, fasciné, la puissance de la Logique. Cette découverte va guider son existence...


Les Maths Les petits éditeurs indépendants

Sur un campus américain, 1939 - Alors que les troupes nazies envahissent le Vieux : Continent, le Professeur Russell raconte à un parterre d'étudiants une histoire fascinante, celle des plus grands esprits de son temps : Poincaré, Hilbert, Wittgenstein, etc., celle de leur quête acharnée - mais, semble-t-il, perdue d'avance - des fondements de la vérité scientifique. Et comment ces penseurs obstinés, ces esthètes assoiffés d'absolu et de vérité, toujours guettés par la folie et en butte à la violence de leur époque, tentèrent de refonder les mathématiques et la science contemporaine. Athènes, aujourd'hui - Trois hommes, deux femmes et un chien s'interrogent sur la destinée de ces hommes d'exception, leurs extraordinaires découvertes et la persistance de leur héritage dans notre vie quotidienne... Plongez au coeur d'une passionnante aventure intellectuelle qui a déjà séduit des centaines de milliers de lecteurs à travers le monde !

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution Mai 2010
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Logicomix © La Librairie Vuibert 2010
Les notes
Note: 3.13/5
(3.13/5 pour 8 avis)
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21/07/2010 | John Smith
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Par sejy
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur sejy

Stimulant ! Je viens de refermer l’album ; soufflé et ravi, je me sens soudain beaucoup moins con. Ce petit pavé vient de me faire explorer des continents spirituels qu’en maître-penseur de bazar pourtant gourmand et hardi, je n’aurais jamais eu l’audace d’approcher. Cela valait bien que je me sorte les doigts ! Choper prestement mon netbook (c’est pas malin, maintenant y’a le clavier qui sent) et restituer mon enthousiasme encore frais pour vous convaincre de risquer le voyage. Que ce soit clair : cette œuvre est avant tout une oeuvre cérébrale (mais pas que). Non pas qu’elle déborde d’un intellectualisme abscons ou d’une métaphysique inabordable. Certes, il y a matière à faire phosphorer la cafetière, mais le contenu reste accessible, d’autant que lorsque l’on flirte dangereusement avec le mais-de-quoi-il-cause-?, déboule, ipso facto, une métaphore limpide et salvatrice. Non, c’est surtout sa dimension introspective qui flatte l’esprit. Devant nos yeux captivés, les auteurs deviennent acteurs et s’interrogent sur la légitimité de leur création, débattent des approches à envisager, de voies à emprunter afin que le propos se la joue moins obscur et plus séduisant. Car, au départ, le pari était ambitieux et osé : initier à la Logique par l’intermédiaire du médium Bande dessinée. Résumer en cases et en bulles la naissance d’un langage figuratif et ses concepts abstraits pour mettre en lumière une discipline cabalistique pondue par les cerveaux de logiciens philosophes qui s’entêtaient à désosser les fondements de la reine des sciences. Ces mathématiques au cul posé sur un socle fragile, façonné de sacro-saintes vérités impalpables, d’axiomes nourris de l’intuition nous affirmant que, infailliblement, un et un feront toujours deux… Sans jamais arriver à le prouver. Intolérable pour les Ayatollahs du cartésianisme ! Mais, vulgariser ne suffirait pas. Au mieux s’augurait un exposé didactique, au pire, une brique de trois cents pages d’un ennui cauchemardesque. Aussi fallait-il entreprendre des chemins supplémentaires. En s’attachant à l’un de ces éminents penseurs en particulier. Ce sera Bertrand Russell. Retracer sa biographie, ou plutôt, en un fil conducteur romanesque, le laisser se raconter, nous dire soixante ans de sa vie. Celle d’un homme comme un autre avec sa moralité et ses angoisses, ses histoires d’enfance, ses histoires de fesses et de cœur compliquées. Par quelques latitudes anachroniques, autoriser des heurts fictionnels entre sommités ; confrontations palpitantes de discours et de personnalités. Enfin, suggérer l’aventure dramatique, invoquer le souffle de la tragédie. En dédiant la majeure partie de son existence à ses idées, la passion confine à l’obsession, à la névrose. L’aspiration à une Logique absolue, forçant le dépassement de soi, accouchant des manières de raisonner totalement vierges et téméraires, mue l’homme en globe-trotter des limbes de l’esprit. Un explorateur qui au terme de sa quête périlleuse et utopique finira héros… Ou fou. Restait à tirer le feu d’artifice, expérimenter le jeu de la mise en abyme. L’auto mise en scène d’auteurs s’accordant des apparitions rafraichissantes en autant de gloses bienvenues, puis interprétant le spectacle de la genèse de l’œuvre, de sa déconstruction. Au-delà d’un effet de manche, une vraie réflexion. Puissante, généreuse. Habiller l’ensemble d’un dessin aux accents ligne claire efficace, neutre au commencement, de plus en plus séduisant au long des pages, puis pareil à des jongleurs-architectes de génie, enchâsser les trames, alterner les fils, et par l’ajout subtil de codes graphiques, édifier la narration imparable d’une histoire complexe, fluide et passionnante dont il manquait le titre qui tue : Logicomix ! Maintenant, sa pertinence m’apparaît totalement. Tout ce que j’aime.

09/04/2011 (modifier)