Tsiganes

Note: 3.8/5
(3.8/5 pour 5 avis)

Le décret de loi du 6 avril 1940, signé par le président de la république Albert Lebrun " astreint à résidence, sous surveillance policière, tout nomade... ". Après la capitulation française, le gouvernement de Vichy va l'appliquer.


1939 - 1945 : La Seconde Guerre Mondiale Documentaires Les petits éditeurs indépendants Pays de la Loire Roms, Gitans, Tziganes et autres Bohémiens

Près de Saumur, un camp de concentration administré par la gendarmerie française a interné plus de 3 000 gitans dans des conditions inimaginables. Pour réaliser ce témoignage en bd sur ces " Tsiganes oubliés ", le dessinateur Kkrist Mirror a rencontré de nombreux témoins ainsi que des gens du voyage. Son récit rend également hommage à l'abbé Jollec, cet homme qui a sacrifié sa vie pour la communauté tsigane. En bande dessinée, un document exceptionnel et indispensable sur la France et ses nomades pendant la Seconde Guerre mondiale.

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 15 Mai 2008
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Tsiganes © Steinkis 2008
Les notes
Note: 3.8/5
(3.8/5 pour 5 avis)
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21/07/2010 | Ems
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L'avatar du posteur Noirdésir

Ce genre de publication est salutaire. Pour remettre en lumière un crime contre l’humanité dont ont été victimes les tziganes. Crime perpétré par les Nazis bien sûr, mais aussi et surtout, pour ce qui concerne cet album, crime perpétré par l’administration française. Car ce que montre bien cet album, c’est que l’administration française a fait preuve de racisme et a maltraité les tziganes avant l’invasion allemande, pendant au temps de la collaboration, mais aussi après. J’ai lu l’édition originale, avec une préface de Serge Klarsfeld. Et justement, le fait qu’il n’y ait pas eu de relais « médiatiques » comme cela a pu être le cas pour d’autres victimes de masse comme les juifs (des personnes comme Klarsfeld traquant les criminels, ou un État comme Israël pour servir d’asile et de bras armé pour d’éventuelles sanctions), a entrainé un oubli. Le grand public ne sait pas grand-chose de ces camps d’internements, de ce qu’ont vécu ici les tziganes, la France a « oublié », une bonne partie de ceux qui ont été les complices de ces actes étant restés en places (policiers, juges, etc.). Ce qui a permis à Manuel Valls de tenir des propos scandaleux à leur encontre il y a quelques années. Kkrist Mirror montre bien le traitement inhumain imposé aux tziganes dans les camps de concentration en France (pardon, camp d’internement). Mais aussi il met en avant un « juste » (pour reprendre une terminologie s’appliquant à ceux qui ont sauvé des juifs durant la guerre), un homme d’Église résistant, qui a tout fait pour lutter contre l’horreur qu’il voyait (alors même que certains opposants à l’occupation et à Vichy ne voyait aucun inconvénient dans le traitement subi par les Tziganes). Un album à lire, pour ne pas oublier. J’attends encore que la France – via les programmes scolaires par exemple – reconnaisse à son juste niveau sa responsabilité dans ce genre de crime, et fasse œuvre pédagogique sur cette question. Le racisme ordinaire, nourri de préjugés, n’était pas l’apanage des Nazis.

04/02/2024 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5
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A la suite de la lecture du Le Voyage de Marcel Grob, je tombe sur une autre BD parlant de la complexité d'une époque pas si lointaine, 80 ans à peine … Si les camps de concentration allemands sont bien connus du grand public désormais, il est plus rare de parler de ceux ayant existés dans d'autres pays (Espagne, Angleterre, France …) y compris dans la période de la Seconde Guerre Mondiale. Les tsiganes, victimes régulières de haine de la part des gadjos, vont subir le racisme de la société de ces années là et surtout la haine d'un gouvernement comme celui de Vichy. Mais pas que … Cette BD nous conte le camp de Saumur, là où furent enfermés plusieurs milliers d'hommes et de femmes, dans une précarité constante, affamés et privés de tout. La BD parle aussi de ceux qui s'acharnaient contre leur sort, ces hommes et femmes qui tentaient de leur venir en aide, ici surtout représenté par l'abbé Jollec. Il est intéressant de voir comment il sera refusé de toute aide par les pouvoirs en place, que ce soit spirituel ou politique. Et la misère ne s'arrêtera pas avec la guerre, puisque ce n'est qu'un an après celle-ci qu'ils seront enfin libérés de cet endroit inhumain. La BD est intéressante, c'est un documentaire qui met parfaitement en lumière les contradictions d'une société qui cherche à être plus humaine après la guerre, mais pas à tout le monde. Le racisme bien présent, la mentalité puritaine (les tsiganes et les prostituées sont considérés égaux), mais aussi la débrouille pour survivre dans le camp, la solidarité qui permets de s'en sortir. De les voir manger des hérissons pour survivre m'a rappelé que par chez nous, les tsiganes sont parfois appelés mangeurs de hérissons. Mais quand on voit les extrémités auxquelles ils sont poussés pour ça … Cette BD a un dessin que j'ai beaucoup aimé : c'est charbonneux mais précis, les contours et les ombrages ressortent particulièrement. L'ensemble devient plutôt précis, comme on l'attendrait pour une BD documentaire. Et elle permet de faire des cases marquantes, des visages et des paysages qui parlent visuellement. C'est le genre de BD que je recommande parce qu'elle fait parfaitement bien son office : le ton est donné dès la page de garde, et vous y trouverez ce qui est annoncé.

30/11/2023 (modifier)
Par McClure
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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Ce bouquin fait partie des œuvres nécessaires au devoir de mémoire. Dans notre village, le 11 novembre est célébré avec les enfants de l'école pour perpétuer et passer le témoin de la (re)connaissance de l'horreur. C'est une bonne chose (à mes yeux). Mais il ne faut pas pour autant se dédouaner des passages obscures de notre passé et c'est en cela que je remercie l'auteur de ce livre que je ne connaissais pas au demeurant. Et merci aussi à EP de sortir ce genre d'ouvrage, cette politique éditoriale est tout à leur honneur et j'apprécie de plus en plus cette maison d'édition. Le chapitre illustré par cette BD est bien sombre, l'internement des Tsiganes dans ce camp de concentration. Mais l'auteur s'en empare en documentant merveilleusement bien son bouquin. Je ne suis pas fan du dessin, trop fouillis pour moi malgré une qualité de trait indéniable. Pour autant, ce n'est pas dérangeant du tout bien au contraire. C'est une œuvre majeure à lire, faire lire, faire découvrir, pour qu'à l'heure de certains discours nauséabonds, nous restions vigilants aux valeurs que nous laissons. Comme Ems et Erik l'ont souligné dans leur post, au delà de l'environnement historique se pose bien évidemment la question du choix individuel devant l'indicible mais aussi celle d'une lutte muette mais ferme contre tous les abus, et ce à tout moment (ici dans l'immédiat après guerre, moment de flottement et de tension forte qui a vu des exactions abominables. La BD sort grandie par ce type de livre. Merci

24/11/2012 (modifier)
Par Erik
Note: 3/5
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Il n'y avait malheureusement pas que les Juifs qui ont été déportés par le gouvernement français sous l'Occupation. Tout le monde sait qu'ils ont payé le plus lourd tribut de cette affreuse extermination décidée à la base par le régime le plus ignoble de tous les temps. Il y avait également les Tsiganes qui ont également souffert des atrocités commises par les nazis. Comme ces faits sont beaucoup moins connus, il y avait nécessité de le raconter en images pour restituer une vérité dramatique. L'auteur évoque en effet dans ce livre l'internement des gitans près de Saumur dans un camp de concentration administré par la police française. Parce qu'ils sont nomades, ils vont être enfermés dans des conditions inhumaines pendant près de 5 ans c'est à dire jusqu'en 1946 alors que la guerre était terminée. Plus accablant que cela, on meurt ! A l'heure du débat sur l'identité nationale, il est bon de lire ce type d'ouvrage simplement pour se remémorer de ce qui a été fait au nom d'un certain nationalisme. Il est si facile de stigmatiser certaines populations pour les renvoyer hors de nos frontières. Bien entendu, il ne faut pas commettre l'erreur de faire des amalgames douteux. Cependant, je me dis que le poids de cette histoire devrait amener à une réflexion plus salutaire du style " où sont les droits de l'Homme ?"... En tout cas, nous avons droit à un travail documenté qui retranscrit bien la réalité de l'époque grâce notamment à son style graphique. On se rend compte que le sujet a véritablement passionné l'auteur au point qu'il arrive à nous en transmettre toute l'émotion par delà toutes ces horreurs et abominations. La vérité se devait d'éclater au grand jour. Il existe bel et bien un devoir de mémoire qu'il faudrait inculquer à chacun d'entre nous sans exception. En tout cas, nous avons là une belle leçon d'humanité à travers l'action de l'abbé Jollec qui va les aider en se battant de toute ses forces. Aujourd'hui, je me dis qu'il faut toujours se battre pour une cause qu'on estime juste dans une société en proie à l'égoïsme et à l'individualisme. Cela sera toujours payant un jour...

03/08/2010 (modifier)
Par Ems
Note: 4/5

Je m'attendais à un récit orienté camp de concentration, mais il y a un contenu bien plus riche que prévu. On découvre la triste réalité d'un camp "à la française" pour les tsiganes. Le contexte est bien décrit, on découvre les différents courants par le biais de personnages entiers. Paradoxalement on retient surtout un personnage atypique : l'abbé Jollec qui se dépensera sans compter pour aider les prisonniers du camp de Montreuil-Bellay. Celui-ci fera partie de la résistance mais les mauvaises langues lui prêteront tout et n'importe quoi. L'après-guerre est d'ailleurs significatif de cette sale ambiance où tout le monde change d'avis et dénonce à tout va. L'aspect documentaire est bien retranscrit, on sent le travail de fond mais la narration manque de fluidité, il y a des liaisons brutales dans le récit. En fin de BD il y a un cahier documentaire bien étoffé et bigrement complet. La mise en dessin est agréable et personnelle : l'auteur a un trait à mi-chemin entre le réalisme et l'esquisse. L'ensemble est peu chargé mais pourtant détaillé. Comme avec tout bon documentaire, je me coucherai moins ignare ce soir. L'ensemble est de grande qualité et se doit d'être au moins lu.

21/07/2010 (modifier)