Femmes de réconfort (esclaves sexuelles de l'armée japonaise) (The story of "Japanese Military Sex Slaves")

Note: 4.17/5
(4.17/5 pour 6 avis)

« Plus que tout, je refuse catégoriquement le terme de ‘femmes de réconfort’ ! Puisqu’il signifie quelque chose de chaleureux et de doux. Nous n’étions pas des ‘femmes de réconfort’, mais des victimes de rapts et de viols commis par l’armée japonaise !», Jan Ruff O’Herne.


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Pendant l'occupation de la Corée par le Japon, lors de la seconde guerre mondiale, près de 200 000 femmes coréennes ont été kidnappées, déportées, violées, battues, tuées, abandonnées. Peu en ont réchappé, et les survivantes sont restées blessées, physiquement et psychologiquement. Jung Kyung-a, jeune auteure coréenne, raconte avec ce livre l’histoire vraie de ces "femmes de réconfort", envoyées dans les camps de l’armée japonaise pour y servir d’esclaves sexuelles. Femmes de réconfort retrace les itinéraires poignants d’un médecin japonais chargé de la santé des détenues, d’une fille de colon hollandais et d’une jeune Coréenne, ces deux dernières étant toujours vivantes aujourd’hui. Tout en restant précis et documenté, ce récit expose désormais, par le biais de la bande dessinée, la réalité de ce drame au grand public.

Scénario
Dessin
Traduction
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 18 Octobre 2007
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Femmes de réconfort (esclaves sexuelles de l'armée japonaise) © 6 Pieds Sous Terre/Au diable Vauvert 2007
Les notes
Note: 4.17/5
(4.17/5 pour 6 avis)
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20/08/2010 | Yannis
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L'avatar du posteur bamiléké

Il est des séries qui peuvent bouleverser notre vision de l'histoire. L'œuvre de l'auteure coréenne Jung Kyung-a en fait partie à mon avis. Son reportage sur les esclaves sexuelles de l'armée japonaise est extrêmement précis en se basant sur plusieurs témoignages poignants. Ces témoignages renforcent le côté émotionnel mais un côté plus froid mais raisonnable s'appuyant sur des documents, des archives et des jugements donnent à l'ouvrage le sérieux d'une thèse de doctorat. L'enjeu n'est pas mince car les gouvernements successifs du Japon ont toujours refusé de reconnaître le côté systémique de l'organisation criminelle de mise en esclavage sexuel de dizaines de milliers de femmes pour les besoins sexuels de son armée. Le témoignage du capitaine-gynécologue Aso en poste en Chine puis dans le Pacifique montre que cette organisation s'étendait à travers tous les territoires occupés et que les jeunes filles (certaines avaient 11 ans) étaient considérées comme "du matériel militaire" dont l'approvisionnement était prioritaire. Un bref passage sur le massacre de Nankin complète la destruction de la haute image de l'armée impériale. C'est un point qui me fait toujours réagir quand je lis les nombreuses séries francobelges ou mangas qui font allusion aux nobles faits d'armes des officiers ou soldats japonais. Toutefois l'œuvre ne s'arrête pas à la dénonciation de ces faits criminels. Il y a en arrière-plan une vraie réflexion sur la sexualité d'une armée en campagne. Le chapitre final sur l'occupation du Japon par les GI's et la multiplication des MST parmi les soldats est édifiant. Le graphisme est une tâche ardue dans ce type d'ouvrage. Le trait comme souvent est minimaliste mais suffisant pour créer une ambiance lourde. La construction alterne avec bonheur des périodes de fictions crédibles laissant la parole aux victimes et des épisodes plus didactiques exposant les tenants juridiques et systémiques du dossier. L'œuvre est une mine d'informations qui n'ont rien perdues de leur actualité. Une lecture très recommandable pour s'interroger sur la justice ou la représentation d'une période dramatique.

15/05/2024 (modifier)
Par Yannis
Note: 5/5
L'avatar du posteur Yannis

Voici un manga qu'il faut absolument lire. Ce qui m'a attiré avant tout, c'est le sujet traité par l'auteure. En effet, j'avais déjà entendu parler du calvaire que les femmes coréennes ont dû subir lors de la Seconde Guerre Mondiale par l'armée japonaise mais sans plus de détail. Effectivement, à la lecture de cet ouvrage on ne peut qu'être horrifié du traitement et c'est une véritable incompréhension qui s'empare de nous de constater le manque de reconnaissance de ce crime. Le récit se découpe en fait en plusieurs parties. Dans une, le personnage principal Jan Ruff O’Herne, une hollandaise qui a été « femme de réconfort » et dévoile ce douloureux pan de son passé, se bat depuis 1992 pour que l'on reconnaisse que des femmes coréennes ont été violées pendant la Seconde Guerre. De plus, en Corée même la société est frileuse lorsque ce sujet est évoqué. Ensuite, on suit Aso, médecin militaire en charge de vérifier l'hygiène de ces femmes. Il décrit alors l'ensemble du système depuis les balbutiements en Chine. Voici, les deux principaux récits composant l'ouvrage et ceux qui m'ont le plus marqué. Pour compléter rapidement, d'autres récits parlent des droits internationaux et leur violation, du terme même de "femme de réconfort" et d'un carnet de voyage où on suit une de ces femmes depuis son enlèvement jusqu'à l'après-guerrre. Le récit met bien en perspective le caractère rationnalisé du processus mis en place par les japonais. Le trait est simple, mais démontre toute l'horreur des faits et ne réduit pas la cruauté d'un Aso dont le comportement fait froid dans le dos. Un sujet rare, un traitement excellent et passionnant font de cet ouvrage un indispensable. A lire de toute urgence.

20/08/2010 (modifier)