Femmes de réconfort (esclaves sexuelles de l'armée japonaise) (The story of "Japanese Military Sex Slaves")
« Plus que tout, je refuse catégoriquement le terme de ‘femmes de réconfort’ ! Puisqu’il signifie quelque chose de chaleureux et de doux. Nous n’étions pas des ‘femmes de réconfort’, mais des victimes de rapts et de viols commis par l’armée japonaise !», Jan Ruff O’Herne.
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Pendant l'occupation de la Corée par le Japon, lors de la seconde guerre mondiale, près de 200 000 femmes coréennes ont été kidnappées, déportées, violées, battues, tuées, abandonnées. Peu en ont réchappé, et les survivantes sont restées blessées, physiquement et psychologiquement. Jung Kyung-a, jeune auteure coréenne, raconte avec ce livre l’histoire vraie de ces "femmes de réconfort", envoyées dans les camps de l’armée japonaise pour y servir d’esclaves sexuelles. Femmes de réconfort retrace les itinéraires poignants d’un médecin japonais chargé de la santé des détenues, d’une fille de colon hollandais et d’une jeune Coréenne, ces deux dernières étant toujours vivantes aujourd’hui. Tout en restant précis et documenté, ce récit expose désormais, par le biais de la bande dessinée, la réalité de ce drame au grand public.
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Date de parution | 18 Octobre 2007 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
C’est un album vraiment intéressant. Par son sujet bien sûr. Mais aussi par ses choix narratifs, qui jamais ne laissent de côté le lecteur, qui ne s’ennuie pas en lisant cet épais album, tout en s’instruisant, sur un sujet terrible. Car il s’agit ici d’un crime de guerre atroce, à savoir l’organisation méthodique et quasi administrative de viols de dizaines de milliers de femmes (Coréennes surtout, mais aussi européennes – je ne savais pas que des Européennes en avaient aussi été victimes – , voire japonaises juste après la fin de la guerre), dans des bordels militaires de l’armée japonaise d’occupation, durant les années 1930 et la seconde guerre mondiale. L’album est très complet, factuel (une abondante bibliographie en fin d’album permet à qui veut d’approfondir tous les aspects du sujet), et retrace très bien les étapes, les responsables de ces crimes. Il s’appuie aussi sur des témoignages assez forts. Il montre aussi comment ces femmes victimes de ce système cynique étaient de véritables esclaves, mais aussi pourquoi la plupart d’entre elles n’ont pas témoigné après-guerre (les préjugés sexistes en Corée même y ont joué un rôle). L’auteur semble annoncer un second tome consacré à l’absence de procès, ou à la non prise en compte de ce phénomène dans les procès d’après-guerre, mais cet album semble ne pas avoir paru (en France tout du moins). Le dessin est très simple, avare de détails, de décors, mais il est très efficace et fluide. Surtout, sur un sujet aussi terrible, l’auteur joue avec l’humour, la dérision dans les dialogues et les mimiques des protagonistes, et cela passe très bien. Une lecture édifiante. D’autant plus que le Japon refuse d’admettre officiellement ses responsabilités, la population ayant été « protégée » des « mauvaises rumeurs » sur ces viols collectifs, mais aussi sur les massacres de civils en Chine (le massacre de Nankin est évoqué en début d’album).
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