Black Hole
Will Eisner Award 2006 : Best Graphic Album: Reprint Angoulême 2007 : album essentiel. "Je fixais un gouffre... un trou noir, un trou noir qui s'élargissait... et je me sentais tomber en avant, glisser dans le néant."
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Dans une petite ville américaine, une étrange maladie fait son apparition. Ce mal, qui n'affecte que les adolescents, est baptisé "la peste ado" ou "la crève". Les symptômes en sont aussi variés qu'imprévisibles : certains malades s'en tirent avec quelques bosses ou une vilaine iruption cutanée, mais d'autres subissent d'hideuses mutations qui en font de véritables monstres.
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Date de parution | 28 Mai 1998 |
Statut histoire | Série terminée 6 tomes parus |
Les avis
L'avis de bamiléké m'a rappelé cette BD que j'ai dans ma collection depuis des années sans l'avoir jamais avisé. Et je dois dire que je suis plus neutre que la majorité à son encontre. Si le dessin est magnifique, j'en conviens bien volontiers, je ne suis pas vraiment rentré dans cette BD étrange et dérangeante qui évoque plusieurs choses sans jamais vraiment se poser clairement sur l'une ou l'autre. Si la maladie fait fortement penser à la transmission du SIDA dans les années 80/90, elle n'est pas non plus mortelle ou ravageuse, juste parfois lourdement handicapante et parfois très neutre. J'ai de fait assez de mal à voir ce que cette maladie est censée apporter comme éclairage : une sorte de métaphore de la vie intérieur de chacun ? Une allégorie ? Difficile à dire. D'autre part, l'ambiance adolescente est bien retranscrite, avec ses soirées, ses fantasmes de jeune pubère, ses envies de liberté aussi. Mais là de même, je ne saisis pas bien ce qui est transmis par les différents protagonistes et leurs évolutions. Est-ce une critique, une constatation, un simple regard porté sur différentes trajectoires de vie ? Je vois bien qu'il y a une évolution de différents personnages chacun vers une fin qui n'était pas celle qu'il envisageait au début, mais je ne vois pas le sens de tout ça. Je pense que la BD a ses qualités visuelles, se laisse bien lire et donne matière à réfléchir mais après plusieurs relectures je ne comprends toujours pas le sens que Burns à mis dans ces adolescents. Peut-être une question de différence culturelle ou personnelle, je n'ai pas vécu ce genre d'adolescence et je n'y suis peut-être pas sensible, mais en l'état je reste très en dehors de la BD.
Décidément je ne serai jamais membre d'un jury. Je ne comprends pas ce que "Black Hole " a "d'essentiel" dans l'histoire de ce medium. Quitte à lire de l'indé un peu underground je préfère de loin les propositions de Guy Colwell des années 70/80. Avec le recul j'ai eu l'impression que ce scénario de 1998 arrivait avec au moins une décennie de retard. Le scénario me semble être une vitrine qui mélange les genres. Une groupe ado au comportement "libéré" à base de shit et de sexe dans une ambiance planante type 70's se retrouve dans des codes 80's de films d'horreurs de cette époque. Cela nous donne une sorte de récit allégorique sur la propagation d'un virus type SIDA là encore très superficiel. Comme le scénario reste en surface on tourne vite en rond dans une narration qui manque de puissance. Si essentiel il y a, c'est à mon avis dans le graphisme très recherché avec ce N&B très abouti dans les nuances et les dégradés. Malgré un manque de finesse dans l'expressivité de personnages assez ressemblants, Burns sait créer une atmosphère à la fois étrange et inquiétante qui convient à la narration. C'est trop juste pour me séduire.
Pour être franc, le scénario de “Black Hole” m’a laissé perplexe. L’idée de base est intrigante, mais l’intrigue semble se perdre dans beaucoup de digressions inutiles. Les mystères entourant la maladie sont intéressants au début, mais ils finissent par s’essouffler sans offrir de véritables réponses ou résolutions satisfaisantes. Le dessin est une claire réussite car il installe avec ces noirs et blancs contrastés ce qu’il faut de noirceur pour créer une sensation d’opression. De ce point de vue c’est très réussi. Mais les expressions des personnages comme leur développement m’ont bloqué et j’ai trouvé l’ensemble très froid, très détaché. Et au final j’ai beaucoup de mal à apprécier une lecture quand elle ne devient qu’un exercice cérébral. Je comprend l’engouement pour le travail original de Charles Burns mais je suis resté sur ma faim et n’y ai pas trouvé beaucoup de plaisir. Note personnelle à 2,5/5 arrondie à 3 pour la qualité indéniable du travail.
L'histoire se déroule dans les années 1970, une époque marquée par les mutations sociales et les luttes de l'adolescence. "Black Hole" suit un groupe d'adolescents qui contractent une mystérieuse maladie sexuellement transmissible qui les transforme physiquement. Les dessins en noir et blanc, réalisés avec précision par Burns, capturent l'essence sombre et inquiétante de cette histoire. Ce qui frappe immédiatement dans "Black Hole", c'est l'atmosphère oppressante qui règne tout au long de la lecture. Burns parvient à créer une ambiance visuelle puissante grâce à son style graphique unique. Les illustrations détaillées et les expressions des personnages révèlent leur détresse et leur aliénation face aux mutations qu'ils subissent. Le thème central de l'adolescence et de la découverte de soi est exploré avec une intensité saisissante. La métaphore de la maladie comme représentation des luttes intérieures et des angoisses propres à cet âge est traitée de manière subtile, mais parfois déroutante. Certaines scènes sont assez dérangeantes et peuvent choquer les lecteurs plus sensibles. Cependant, malgré la richesse des thèmes abordés et la force de l'oeuvre, j'ai ressenti un certain manque de clarté et de cohérence dans l'intrigue. La narration, bien que suggestive et visuellement expressive, peut parfois sembler confuse et laisser des questions en suspens. Certains éléments du récit auraient pu être davantage développés pour donner plus de profondeur aux personnages et à leur évolution. En ce qui concerne les personnages, ils sont présentés de manière réaliste, mais leur développement est inégal. Certains d'entre eux bénéficient d'une exploration approfondie de leurs motivations et de leurs émotions, tandis que d'autres restent en surface. Cela crée une certaine distance émotionnelle qui limite notre attachement à l'ensemble du groupe.
Dans le genre comics underground, c'est un must. D'habitude Burns me fatigue, voire me perd, ou me dégoûte, ici je suis convaincue. Le dessin en noir et blanc avec ses arêtes de poisson à l'encre de chine en guise d'ombres, est très net et précis. Pas de couleurs merdiques pour vous donner la nausée. les contours ont une présence presque en relief qui procurent une sorte de plaisir visuel physique. C'est beau. L'histoire, navigant entre psychanalytique et fantastique, réussit à vous tenir en halène. Cela parlera à toute personne qui est passée par l'adolescence, (peut-on y échapper?) une espèce de black Hole dans lequel nos actions erratiques sont jetées contre des obstacles furtifs sans justifications apparentes... Des fantasmes sexuels nous hantent mais nous finissons par retrouver la réalité à la sortie de ce tunnel angoissant. Bizarre, construit, laid et beau en même temps, repoussant et excitant : une reconstitution de l'adolescence par un survivant !
Classique noir de la Bd indépendante américaine, Black Hole fait aujourd'hui partie de mes Bds favorites. L'histoire suit des groupes de jeunes marginalisés des 70s dont le quotidien est fait de relations sans lendemain et prise de drogues en tous genres. Ce mode de vie se voit chamboulé par l'apparition du virus du SIDA, qui les affectera bientôt quasi tous. Je suis très rapidement rentré dans ce portait de la jeunesse américaine délaissée. J'ai trouvé ce travail authentique, et ai pu ainsi très rapidement m'attacher aux protagonistes. La description de cette société s'inscrit dans la continuité du travail de réalisateurs comme Arakki, Solondz ou encore Larry Clark. Les graphismes sont pour moi extraordinaires. Ils sont le fruit d'une recherche esthétique dans la lignée de la ligne claire. Mais ils servent surtout à renforcer l'atmosphère vomitive de cet ovni du neuvième art. J'ai particulièrement apprécié l'illustration de l'aliénation par le SIDA, faite en attribuant des particularités physiques aux infectés, par exemple des petites queues. Un classique à lire et relire, qui mérite une place de choix dans les bibliothèques des amateurs de Bd indépendante.
J’appréhende toujours les lectures de grandes œuvres qualifiées comme telles par la majorité alors que je n’avais pas apprécié le style de cet auteur sur sa série Toxic. On retrouve dans Black Hole le même délire psychotique et hallucinogène avec ce cocktail : ado, sexe et drogue. Bref, tout ce que je déteste en précisant que mon adolescence a été propre et loin de cette vision néfaste et underground. Oui, le glauque et la fumette ne m’attirent point et ce n’est un secret pour personne. Pourtant, je dois bien reconnaître que l’auteur sait installer un climat de noirceur incandescente, une atmosphère un peu étrange voir malsaine. Nous évoluons au gré d’une bande de vieux adolescents qui se cherchent. Le dessin est par moments d’une grande beauté picturale en jouant sur des contrastes en noir et blanc. Pour autant, j’avoue ne pas avoir suffisamment bien distingué deux visages mâles se ressemblant parmi les prétendants de Chris si bien que cela a porté à confusion pour la compréhension de ce récit. Par ailleurs, l’auteur se contente de multiplier les visions et transformations étranges sans pouvoir apporter la moindre explication rationnelle. En effet, il mise sur autre chose. Du coup, je ne me sens pas être son public visé d’autant que je n’ai éprouvé aucune empathie pour les personnages. Bref, c’est une autre vision de l’Amérique et de ses teenagers. Gare à la maladie si on succombe à cette libération sexuelle et aux excès. Malaise et angoisse vont de pair. Dans le récent film de 2014 La planète des singes : l’affrontement, il y a une scène qui met en valeur cette œuvre. Il est curieux que ce soit la bd qui est retenue pour une atmosphère de fin du monde sur fond d’invasion macaque. Oui, Black Hole reste une bd d’atmosphère plutôt que de construction d’un scénario digne de ce nom. Je ne hurlerai point au chef-d’œuvre du comics au milieu d’une meute de loup. Bien entendu, je peux comprendre que cela puisse plaire comme une ode à l’anticonformisme car je suis suffisamment tolérant. Cependant, j’avoue allègrement que ce n’est pas ce qui me fait vibrer dans ma passion pour la bd. Je ne mettrai pas un 3 étoiles de complaisance : non car j’assume !
Surement un problème générationnel. Non pas que dans ma jeunesse je n'ai pu faire des expériences, mais là c'est d'un glauque qui ne m'attire absolument pas. Pour ma part, à l'époque les choses que nous tentions, (du même ordre), étaient drôlement plus détendues et nettement moins prise de tête. Bien que je compatisse au mal être de ces ados se réfugiant dans la fumette, l'alcool, et ne pouvant assouvir leur pulsions sexuelles à cause du sida, j'ai tout de même bien du mal à être en empathie avec eux. Pour moi ce type de bande écrite en 1998 fait plus datée, elle n'apporte aucun espoir. Le dessin n'aide pas à sortir de ce climat. Donc sans moi.
J'ai arrêté ma lecture au milieu de l'intégrale et je pense que moi et Charles Burns, ça fait deux. Pourtant, j'ai bien aimé son dessin noir et blanc et je trouve l'idée de départ pas mal. Sauf qu'au lieu d'avoir des explications sur l'étrange maladie de ces adolescents, j'ai eu l'impression que l'auteur préférait mettre le plus de scènes dérangeantes possible et à la longue mon intérêt à diminué au point que je n'ai même plus envie de connaitre la solution à ce mystère. De plus, je trouve les personnages franchement énervants. Ils ressemblent aux ados antipathiques que je connaissais à l'école.
J’ai découvert l’univers de Charles Burns sur le tard, avec ses publications récentes chez Cornélius (j’aime beaucoup les deux premiers tomes de la trilogie inaugurée par Toxic, y compris la colorisation). On a ici un Noir et Blanc adapté à une histoire finalement assez intimiste. Je ne connais pas la vie ou la personnalité de Burns, et ne sais donc pas ce qu’il met dans ses albums d’autobiographique, mais ça semble quand même très personnel (là j’extrapole sûrement trop ?). C’est en tout cas une écriture qui se prête à une lecture psychanalytique. Mais sans aller chercher les racines de ce qui affleure, les non-dits, j’ai apprécié cette lecture. En effet, Burns a su m’intéresser avec ces histoires d’adolescents qui se cherchent (dans tous les sens du terme), qui s’exaltent ou s’ennuient, qui espèrent ou redoutent le passage à l’âge adulte. Du banal donc au départ, mais au travers du prisme de Burns, c’est original et intriguant. Quant à la maladie contagieuse touchant les adolescents, qui en tue certains et qui laisse sur les autres des stigmates plus ou moins visibles (boutons, bouche en forme de sexe de femme sur le cou, mutations diverses et variées comme la queue faisant de Liza une femme lézard…), peut-on y lire une présentation détournée du SIDA, qui a modifié les relations – sexuelles entre autres – des adolescents (mais pas que), surtout ceux refoulant les interdits en tout genre ? Burns distille le malaise par petites touches (les mutations, mais surtout tous les passages dans les bois où se réfugient les adolescents atteints par la « peste ado » ou en rupture de ban), et je me demandais aux deux tiers de l’album (je l’ai lu dans l’intégrale Delcourt) où il voulait en venir, et surtout jusqu’où il allait nous mener. Et là je reste un peu déçu par la fin, qui voit tension et intérêt baisser. Peut-être pas le chef d’œuvre que beaucoup veulent y voir, mais en tout cas une œuvre intéressante, pleine d’une lumière noire et poétique. A lire, c’est certain. Note réelle 3,5/5.
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