New York trilogie (Big City) (The Big City)
New York il y a 70 ans... dans le milieu juif en particulier. La vie quotidienne de gens que l'on suit pendant quelques pages. Une série de petits tableaux grotesques, absurdes ou attachants... En noir et blanc.
1930 - 1938 : De la Grande Dépression aux prémisces de la Seconde Guerre Mondiale Communauté juive Kitchen Sink Press New York USA Magazine Will Eisner (1917-2005)
Le téléphone sonne. Elle va répondre. Quel malotru quand même!! Me dire de telles choses. C'est incroyable. Enfin, je ne suis pas si mal après tout... Peut-être qu'il avait raison... Je même plutôt bien conservée pour mon âge, encore séduisante.
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Date de parution | Novembre 1985 |
Statut histoire | Histoires courtes (édité auparavant sous d'autres titres) 3 tomes parus |
Les avis
Entité vivante définie par neuf caractéristiques - Dans la carrière de l'auteur, ce tome est paru entre Le rêveur (1985) et Le Building (1987). La première édition date de 1995. L'histoire comprend 170 pages de bandes dessinées en noir & blanc. Le tome s'ouvre avec une courte introduction rédigée par Will Eisner. Il évoque l'objectif qu'il s'était fixé : construire des vignettes bâties autour de 9 éléments qui pris ensemble brossent le portrait de n'importe quelle grande cité. Chapitre 1 - Le trésor de l'Avenue C - L'Avenue C : un canal dans une mer de béton, avec son asphalte routier, son métro souterrain et ses crevasses. Mary retrouve Henry sur une grille de ventilation du trottoir. Elle lui rend sa bague excédée par l'insistance de ses avances, par sa demande en mariage pour retourner à la campagne. Dans un faux mouvement, l'alliance tombe et passe à travers les barreaux de la grille. Lâchés par d'autres personnes, d'autres objets tombent entre les barreaux. Chapitre 2 - L'escalier de perron - Ces marches qui mènent à la porte d'entrée de l'immeuble au-dessus de l'entresol sont comme des gradins dans un stade. 4 hommes affalés sur les marches d'un perron voient un type arracher le sac d'une ménagère revenant de faire les courses, et le vider pour piquer l'argent. Ils ne bougent pas et se font ensuite conspuer par la ménagère. Plus tard, ils répondent par contre rapidement quand leur épouse respective leur indique que le dîner est servi. Chapitre 3 - Métros - Les rames de métro progressent depuis les dépôts isolés et désertés, jusqu'à passer au milieu des immeubles à hauteur d'appartement où ils font trembler la vaisselle. Dans le métro, la promiscuité est dense, mais chacun pense à ses petites affaires, oublieux des individus collés contre lui. Chapitre 4 - Déchets - Chaque jour, les poubelles récoltent des milliers de tonnes correspondant aux rebuts de produits consommés, digérés et excrétés par les habitants. La benne à ordure ménagère passe faisant toujours autant de bruit, réveillant les dormeurs. Chapitre 5 - Musique de rue - Les sons générés par la ville sont innombrables et diversifiés, participant de son identité. Les sons qui sortent par une bouche d'égout, le bruit ambiant permanent qui mange la moitié des conversations y compris entre amoureux, les musiques des musiciens de rue, s'échappant des fenêtres, des systèmes portatifs, des klaxons, etc. Chapitre 6 - Sentinelles - Dans chaque rue, il y a du mobilier urbain qui constitue autant de jalons, de sentinelles : les bornes à incendie, les boîtes à lettre, les signaux tricolores, les lampadaires, les bouches d'égouts. Chapitre 7 - Fenêtres - Chaque façade comporte des fenêtres, autant d'ouvertures entre 2 mondes. Il y a le monsieur dans son fauteuil roulant qui passe sa journée à observer ses voisins de l’autre côté de la rue, la voisine qui passe sa journée à la fenêtre à faire la commère commentant tout, la fenêtre par laquelle passe le cambrioleur, la fenêtre fermée qui sépare le riche dans son appartement de luxe du miséreux sans domicile qui le regarde de l'autre côté sur le trottoir. Chapitre 8 -Murs - Les murs de la ville peuvent être des surfaces pour peindre, des murs qui emprisonnent les individus dans des appartements minuscules, des murs qui forment un labyrinthe dans lequel court le cambrioleur pour échapper à la police, des murs qui tombent et laissent la place à un jardin partagé. Chapitre 9 - Le quartier - Un homme qui a réussi fait visiter le quartier populaire où il a grandi à sa femme. Un couple à la retraite décide de quitter le quartier où il a vécu toute sa vie pour aller à la campagne. Un jeune homme plein d'espoir raccompagne une jeune femme dans un beau quartier. Pour une autre bande dessinée, Dropsie Avenue : Biographie d'une rue du Bronx (1995), Will Eisner expliquait qu'il se lançait parfois dans la création d'un ouvrage sur la base d'un concept innovateur, comme un défi lancé à lui-même. Effectivement, sans l'introduction, cette bande dessinée ne ressemblerait à rien, si ce n'est une collection de saynètes très courtes (de 1 à 3 pages) mettant en scène des habitants d'une grande ville dans des situations diverses. Dans le premier chapitre, la première histoire tient en 2 pages, et le lecteur n'est pas tout à fait convaincu par ce monsieur éconduit par une femme qui souhaite vivre sa vie à la ville et cette alliance qui tombe bien évidemment à travers la grille. Dans la page suivante, il assiste à la pantomime d'un monsieur en costume et cravate, qui lance une pièce en l'air pour décider sur quel canasson parier, et la pièce passe par la grille. Les mouvements et le langage corporel sont épatants comme toujours avec ce bédéaste, mais il est difficile de parler d'histoire. Arrivé à la fin du premier chapitre (page 10), le lecteur se dit qu'il va passer un agréable moment, tout en ayant oublié ce qu'il a lu dès qu'il attaque le chapitre suivant. Le ressenti du lecteur change avec le chapitre suivant. Il est placé en position d'observateur, regardant des individus en train de regarder une agression se dérouler sous leurs yeux. Le talent graphique de Wil Eisner épate toujours autant : des cases dépourvues de bordures, une capacité incroyable à reproduire une rue de New York, en donnant l'impression d'un croquis, mais qui s'avère très détaillé et construit quand le lecteur prend le temps de le regarder. Il a l'impression de pouvoir s'asseoir sur les marches de cet escalier, de profiter de la chaleur et du calme relatif, de devenir alangui, sans s'inquiéter de la scène qui se déroule sous ses yeux. Dans les chapitres suivants, le même phénomène de projection se reproduit. Le lecteur éprouve la sensation d'être dans le wagon du métro, d'abord debout et tassé, puis seul avec un autre voyageur dans une autre rame. Il entend littéralement les bruits de la rue, en marchant aux côtés du couple : ronronnement du moteur d'une voiture sur laquelle bosse un mécanicien, pétarade d'un deux roues, métro aérien, marteau piqueur, mélopée sortant d'un magasin d'instruments de musique, marteau piqueur, sirènes, etc. Il ressent le plaisir de la fraîcheur à se mouiller à l'eau de la bouche incendie sur un trottoir rendu brûlant par le soleil. Il jette des regards inquiets tout autour de lui alors que l'éclairage public fait défaut dans le quartier qu'il traverse. Il pénètre dans l'intérieur de plusieurs newyorkais : un appartement si minuscule qu'il pourrait s'agir d'une cellule de prison, un appartement si luxueux qu'il pourrait s'y perdre. Dans l'introduction, Will Eisner attire l'attention du lecteur sur le fait qu'il s'agit de sa vision personnelle de New York, mais s'il y a déjà séjourné, le lecteur ressent les sensations qu'il a découvertes en s'y promenant la première fois. Le ressenti du lecteur change également avec les autres êtres humains qui vivent sous yeux. Autant dans le premier chapitre, ils semblaient n'être que des clichés sans grande personnalité, autant ils sont totalement incarnés par la suite. En tant que directeur d'acteur, Will Eisner met en scène des personnages dont le comportement oscille entre le naturalisme et l'exagération théâtrale en fonction des moments de la scène. Lorsque que le voyou arrache le sac de la dame, le mouvement et les postures appartiennent au registre naturaliste. Quand la ménagère se met à hurler, son comportement glisse vers le théâtre. Ces fluctuations de registre combinent réalisme et expressivité avec un art consommé de la narration dramatique, un souffle de vie incroyable animant ces 2 pages dépourvues de phylactère et de cellule de texte. au fil de ces nombreuses saynètes, le lecteur observe des individus de tous horizons : jeunes adolescents en train de jouer à la balle dans la rue, jeune secrétaire assise dans le métro avec un charmant jeune homme debout à côté, gugusse aviné en train de chanter à tue-tête dans une rame quasiment vide, père en pyjama tenant son nouveau-né dans les bras pour l'endormir, éboueurs blasés, dame sans domicile fixe en train de fouiller dans une poubelle, trio de musiciens de rue débordés par le nombre de concerts de rue à donner, policiers, employés de bureau, cadres supérieurs, etc. Saynète après saynète, le lecteur côtoie des individus issus de différentes classes sociales, se rendant à leur boulot ou vacant à leurs occupations domestiques : il voit l'infini diversité de l'humanité peuplant la ville, lui insufflant sa vie. Il se produit un effet cumulatif des saynètes qui donnent à voir la comédie humaine dans toute sa profusion, dans l'environnement très particulier d'une grande ville. L'humanisme de Will Eisner transparaît dans chaque séquence : son amour pour l'être humain, mais aussi sa capacité à observer les comportements, à rendre compte des comportements admirables comme blâmables. Comme à son habitude, il utilise de nombreuses techniques narratives, allant de la bande dessinée traditionnelle avec ses cases alignées en bande et ses phylactères, à des images juxtaposées, en passant par des dessins avec un texte en dessus. Il suffit de regarder les passagers d'une rame de métro perdre une part de leur contenance alors qu'il n'y a plus de courant et que la pénombre règne dans le wagon. L'auteur dessine six cases de la largeur de la page, 3 par page, et un texte d'une phrase court au-dessus de 5 des 6 cases. Le lecteur a face à lui 5 personnages debout qui se tiennent à une poignée accrochée au plafond. Il voit leur visage changer progressivement d'expression, et leur posture évoluer de concert. C'est une leçon de narration tout en nuance et en justesse. Ce tome est à nouveau une réussite complète, incroyable de sensibilité, brossant le portrait d'une grande métropole, par petites touches (des scènes d'une, deux ou trois pages), en observant les individus évoluant dans différents endroits de la ville, avec à chaque fois un thème, celui du chapitre. Le lecteur regarde un organisme complexe, expliqué par l'auteur qui met en lumière des flux, des comportements, des sons, des interactions.
Premier tome de la trilogie New York, la ville (Big city) n'est pas un véritable récit. Will Eisner nous propose, à la place d'une histoire scénarisée et construite, une succession de clichés quasi photographiques sur la ville de son quotidien. C'est le fruit de nombreuses années d'observations sur ce qui fait la spécificité de NY mais aussi ce que l'on peut retrouver dans toutes les villes du monde. Eisner est à son meilleur (comme d'habitude) au niveau graphique ce qui élève la moindre poubelle dessinée au rang d'oeuvre d'art. Il reste maître du mouvement et des éclairages. Eisner s'essaye à plus avec le bruit ou l'odeur. Quelques planches sont caustiques voire dramatiques ce qui nous rappelle que cet océan de richesse ne profite pas à tous. Pas de personnage sur lequel porter durablement notre empathie, c'est plutôt un carnet de promenade au sein de sa ville chérie qui met en valeur son exceptionnel talent graphique.
New York, ses blocs, ses immeubles, ses rues, ses odeurs et surtout, la vie de ses habitants et leurs histoires de tous les jours. Will Eisner nous peint, une fois encore et avec un immense talent, ces petits riens du quotidiens, ces malheurs invisibles et ces scènes prises sur le vif. A travers une galerie de portraits attachants, il nous raconte New York. Une grille d’aération dans la rue, une porte d’immeuble, des escaliers menant au perron d’une maison, un lampadaire qui sert de refuge, une poubelle… servent de point d’ancrage au parcours de vie de ses personnages. Les thèmes des histoires s’enchaînent avec naturel et on ressent le temps qui passe. On est dans la vie ordinaire de gens ordinaires pour lesquels, bien souvent, le quotidien est difficile. Le dessin est d’une grande finesse et les expressions des personnages traduisent toutes les émotions de la vie. Will Eisner brosse sans concession le portrait de la ville qu’il aime et qu’il nous fait aimer aussi. Ce récit au fil de l’eau est plein de poésie et nous fait forcément penser au New York de Woody Allen.
Cet avis porte sur La Ville (Big City). J'ai beaucoup apprécié cet instantané d'Eisner qui retranscrit très bien la vie dans certains quartiers de cette immense mégalopole. Le trait est juste, dynamique et j'ai aimé le format. Il n'y a ni scénario, ni satire ou sur-interprétation. Les séquences s'enchaînent, comme la vie des gens à New York et c'est ce qui fait la force de ce tome.
Comme pour « Le building », il s’agit ici pour Eisner dans La Ville de dresser le portrait d’une grande métropole, en l’occurrence New-York, mais en empruntant les chemins de traverse. Toutefois, s’il y avait plus ou moins une histoire dans « La building », ce n’est pas du tout le cas dans La Ville. En effet, nous avons dans cet album une importante compilation de dessins, d’histoires courtes, simples, plus ou moins regroupées par thèmes, illustrant, au travers de tranches de vies, certains « lieux » emblématiques d’une ville (de façon générale d’ailleurs, plus que des lieux précis de New-York même) : les murs, les grilles d’aération du métro, les bouches d’incendie, les boîtes aux lettres, les escaliers en bas des immeubles, les personnes à leur fenêtre, etc. Ce côté décousu s’explique par la prépublication de ces petites saynètes en revue. Mais cela donne aussi un peu de charme à ces coupures de presse, et le dessin d’Eisner, fluide et efficace (très simple, les décors sont réduits au minimum le plus souvent) permet de rendre assez agréable la lecture de cet ensemble, par ailleurs relativement quelconque. A lire à l’occasion, sans en attendre de miracles.
Pffou, ce fut dur de s'accrocher à cette lecture ! J'ai bien failli lâcher dès le début, mais au fur et à mesure j'ai réussi à m'intéresser et finir par bien m'amuser à la lecture de l'intégrale des trois tomes. C'est que c'est pas le plus évident à lire, quand même ... En fait, les trois tomes sont bien différents les uns des autres. Le premier est, à mon avis, le moins bon et le plus confus : on suit simplement des tranches de vie de New-Yorkais, pas des classes sociales les plus élevées. C'est vite redondant, et au final j'avais pas l'impression de lire quelque chose de consistant. Will Eisner a un don certain pour croquer des personnages et des situations, certes, mais je ne suis pas très certain que ce genre de récit soit encore totalement d'actualités. Certainement novateur au moment de sa sortie, je pense que ce premier tome a déjà été égalé et dépassé par les BD modernes. Le tome "L'immeuble" m'a semblé le meilleur, lui qui prend le temps de développer quatre histoires totalement différentes mais toujours dans ce même esprit, et qui se conclut d'une très belle façon. C'est bien fait, et j'ai pris beaucoup de plaisir à le lire. Le dernier tome prend aussi le temps de développer un peu plus les histoires et globalement je n'en fus pas déçu, mais c'est quand même pas la folie. En fait, je ne me souviens pas des histoires que l'album contenait, ce qui n'est pas bon signe ... Le dessin est très souple dans les corps. C'est vivant, mais un peu trop déformé pour moi, surtout dans le cadre des tranches de vie dans ce genre. Je comprends l'impact qu'a pu avoir une telle BD à l'époque, mais je ne suis pas certain qu'elle soit encore indispensable aujourd'hui. Cela dit, c'est toujours intéressant à lire, et je ne déconseille pas l'achat. C'est juste que je crois qu'on a eu mieux depuis, et que le fait d'être pionnier ne justifie pas un achat. Feuilletez un peu avant de le prendre et n'hésitez pas à lire quelques histoires du premier volume avant de l'acheter, histoire de vous faire une idée.
On m'a prêté le tome 1 de l'édition de 1985 chez Albin Michel / Comics USA, lorsque la série s'appelait "Big City", et je vois que tout ceci a été réuni dans une intégrale, mais je ne peux aviser que ce tome 1 n'ayant la possibilité de lire les autres. Bof comment dire ? c'est pas trop ma tasse de thé, n'ayant jamais été tellement attiré par Will Eisner, je n'ai d'ailleurs jamais trop compris l'engouement qui entourait cet auteur, je n'avais lu jusqu'ici que Le Spirit que je n'affectionnais pas tant que ça, mais j'admirais quand même le graphisme virtuose, et ici, c'est aussi le cas, bien que le dessin soit par endroits plus dépouillé, moins appliqué, Eisner se lâche et se détend. Il me semble que j'avais dû apercevoir des extraits de cette série lorsqu'elle fut publiée dans l'Echo des Savanes en 1984, mais ça ne m'avait pas accroché. Sinon, il s'agit de petites tranches de vie exposées sous forme de saynètes, certaines sont plaisantes mais pas transcendantes. A travers une foule de personnages et de petites histoires souvent très courtes, Eisner s'y livre à une sorte de glorification de la ville avec un grand V, de New York dépeinte avec amour et dans tout son foisonnement à l'époque où il a débuté comme jeune dessinateur, explorant ses souvenirs lorsqu'il grandit à Brooklyn, avec une multitude de personnages savoureux, en proie au racisme et à la violence. On sent son amour de New York même s'il n'hésite pas à décrire aussi ses travers au moyen d'une certaine poésie dramatique et désespérée et d'un remarquable don d'observation. Tout ceci ne m'a pas véritablement emballé, juste intéressé et amusé, bien qu'on n'esquisse avec cet album que de vagues sourires, mais je suis quand même content d'avoir découvert une autre facette du talent d'Eisner que je ne connaissais surtout qu'à travers Le Spirit.
Mettre une telle note à Will Eisner est assez facile dans le sens où il est un très bon dessinateur mais surtout car c'est un observateur incroyable et un conteur génial. J'ai lu les trois tomes de cette série en un peu plus d'une heure happé par les histoires tantôt joyeuse mais plus souvent triste voire cynique. Une oeuvre admirable de l'un des plus grand nom de la BD US
Doté d'un trait beau trait en noir et blanc, l'album est agréable à lire est les pages s'enchainent vite. Mlaheureusement, les petites histoires racontées sont souvent insignifiantes à mon goût, et même si l'ambiance du New York des années 50-60 est bien transmise, j'ai trouvé cette oeuvre assez personnelle. J'ajoute que la qualité des histoires est assez inhomogène, certaines étant même dénuées d'intérêt à mes yeux. Bref, une lecture sympa, mais sans plus. Par contre, le dessin de cet opus, qui est pour moi le meilleur des trois à ce niveau là, vaut vraiment le détour. (243)
Dans cette « New York Trilogie » compilée par Delcourt, Will Eisner évoque avec facétie la vie quotidienne new yorkaise, que ce soit sous forme d’historiettes ou de nouvelles. New Yorkais dans l’âme et fin observateur, l’auteur décrit le plus souvent les quartiers déshérités de Big Apple, où l’on comprend que si la vie n’est pas rose tous les jours, elle est plus animée, plus turbulente, et se glisse plus volontiers sous la plume de l’auteur. On sent bien que celui-ci a beaucoup écumé les trottoirs de la mégalopole, et qu’il l’aime autant qu’il peut la détester, avec son bouillonnement, son exubérance mais aussi ses injustices et ses drames de la pauvreté. Cela n’empêche pas cette trilogie d’être un régal d’humour, et si l’auteur choisit le mode tragi-comique, c’est aussi pour mieux critiquer une société urbaine féroce, où l’anonymat, s’il est accepté voire bienvenu, peut se révéler brutal et dévastateur dès lors que le citoyen est hors-circuit. Le trait est vif et précis, et les mouvements bien sentis, on a parfois l’impression de regarder un dessin animé. Les personnages ont des dégaines se prêtant au burlesque. La poésie n’est pas en reste et évoque parfois celle de Sempé, autre croqueur de scènes urbaines. Quant à la mise en page, elle est très peu conventionnelle et souvent surprenante. L’auteur recourt très peu au découpage en cases et n’hésite pas à superposer décors et personnages sans que cela ne gêne en rien la lecture, contrairement à quelques petites incohérences relevées ici et là mais nullement gênantes lorsqu’on prend l’œuvre dans son ensemble. Il y a incontestablement un style Eisner, qui est d’aller à l’essentiel avec précision, sans s’encombrer de détails inutiles. L’absence de couleur n’est à cet égard nullement gênante. Will Eisner, c’est un peu l’anti-Disney, même si les signatures des deux hommes se ressemblent étrangement et que les noms comportent beaucoup de lettres en commun. Contrairement à Disney qui ne cherche qu’à divertir son public, Eisner n’hésite pas à intégrer dans ses gags la dimension tragique d’une société extrêmement inégalitaire que sont les Etats-Unis. Certes, c’est moins vendeur pour ceux qui préfèrent croire en l’existence des royaumes magiques, mais la réalité n’est jamais niée ou transformée, et la valeur testimoniale sur la ville et l'époque n’en est que plus forte. Will Eisner, c’est aussi le contrepoids à l’empire « Marvel » et ses super-héros qui ont longtemps squatté longtemps la bédé US. La Ville L'Immeuble Les Gens
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