Le 100.000e Rêve de Philbert Desanex (Philbert Desanex' Dreams)
Philbert n'arrive pas à s'endormir, mais lorsqu'il y réussit ses rêves s'enchaînent et lui font vivre d'étranges aventures.
Comix Les petits éditeurs indépendants Rêves
Philbert n'arrive pas à s'endormir, mais lorsqu'il y réussit ses rêves s'enchaînent et lui font vivre d'étranges aventures.
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Date de parution | Juillet 1980 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Il y a dans ce récit qui ne paye pas de mine, mais qui n’est pas sans intérêt, un évident clin d’œil – si ce n’est un hommage – au travail précurseur de Winsor McCay sur Little Nemo in Slumberland : le personnage principal, Philbert Desanex donc, rêve, tombe de son lit au début, et ses rêves s’avèrent le plus souvent loufoques. Voilà pour la référence, dont Gilbert Shelton s’affranchit quand même. Par son style de dessin d’abord, assez simple, sans fioriture au niveau des détails et décors, mais efficace et dynamique. Le découpage en 8 cases immuables pour chacune des 44 pages, sur un si petit format, induit des cases petites (de même pour le texte dans certains phylactères), ce qui peut parfois gêner (je m’y suis fait). L’album est donc une très longue succession de rêves dudit Philbert, rêves qui partent dans tous les sens, et envoient notre héros un peu partout, dans des situations souvent absurdes, loufoques, le rêve prenant parfois des allures de cauchemar. Une narration parfois proche d’un certain surréalisme, parfois de certains fanzines underground (Shelton était un pilier d’une certaine contre-culture) et, plus généralement, une « intrigue » linéaire mais sans réel fil rouge, emportent Philbert et le lecteur un peu partout, sans pause ni profondeur. Il faut se laisser porter par le récit sans y chercher autre chose qu’un pur divertissement. A noter que l’album ayant été publié sous l’ère Brejnev, lors d’un des derniers moments chauds de la guerre froide, Shelton nous montre dans la seconde moitié de l’album une vision noire et amusante de celle-ci, avec une conclusion là aussi loufoque (et là aussi, le cauchemar se confond avec le rêve). Le retour final à la réalité – c’est-à-dire le réveil de Philbert, prétend presque à « rationnaliser » le rêve. Un album pas courant, mais dont j’ai bien aimé la lecture. A découvrir à l’occasion donc.
Le dessin noir et blanc, sans être beau reste très agréable à regarder. Le découpage des cases un poil monotone est le même du début à la fin, huit cases par planche, ce qui contraste avec la grande variété des rêves de Philibert. Concernant le scénario, l’étrangeté des premières pages fait place à des évènements plus réels et nettement moins fantasques, heureusement, car c‘est à ce moment-là que j‘ai accroché à l‘histoire. Le ton est légèrement humoristique mais on reste dans le sourire et jamais vraiment dans le rire. Philibert devient attachant au fil des pages et la chute fait le lien entre les rêves de ce petit bonhomme et la réalité, l’idée est bien trouvée. L’auteur en profite pour faire une petite critique américano-russe pendant la guerre froide, c’est la partie la plus amusante et la plus intéressante. Une lecture sympathique mais pas indispensable.
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