Sylve

Note: 3/5
(3/5 pour 4 avis)

Titanesque d'une puissance prodigieuse, la forêt recouvre désormais le monde. Ses arbres mesurent jusqu'à cinq cents mètres de haut, abritant une vie extraordinaire et mystérieuse....


Après l'apocalypse... Les petits éditeurs indépendants

Torg-moins-qu'un-chien vit dans la forêt, parmi les Rhizans, le peuple des racines qui l'a plus ou moins adopté. Il est constamment hanté par le secret qui entoure ses origines. secret dont son père adoptif ne peut pratiquement rien lui révéler. Torg a le sentiment que la réponse à ses questions se trouve là-haut, au sommet des arbres, là où vivent les Phulls, les mystérieux habitants des frondaisons...

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution Septembre 1990
Statut histoire Série abandonnée 3 tomes parus

Couverture de la série Sylve © Arboris 1990
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 4 avis)
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07/10/2010 | Pierig
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L'avatar du posteur Noirdésir

Bon, autant le dire tout de suite, le conseil d’achat serait ici en grande partie inutile. D’abord parce que la série a été abandonnée, sans lever tous les voiles. Ensuite parce ce n’est pas franchement facile de rencontrer les trois albums parus. En tout cas, moi qui l’ai découverte récemment – je n’avais jamais entendu parler des auteurs ni de cette série – je dois avouer qu’elle est quelque peu surprenante. Que les qualités et les défauts s’équilibrent presque. Comme son nom l’indique, la série se déroule dans un univers forestier, au milieu d’arbres géants, dans une époque indéfinie, post-apocalyptique. Même si cela semble se passer dans un futur proche, une modification et /ou une régression générale de la faune et de la flore permet aux auteurs de faire se côtoyer des animaux au look préhistorique (parfois de simples animaux classiques affublés de dents de sabre, ou en version géante !) avec quelques créations de leur cru. Idem pour les personnages, issus de peuples hominidés différents, vivant à tous les étages de la forêt – certains avec des mœurs quasi préhistoriques. Torg, le personnage principal, dans cet univers, fait penser au début à Rahan, mais il s’en éloigne rapidement. A la recherche de ses origines, et avec quelques compagnons (une dryade, Daha, dont il est amoureux, un « varappeur » dans les deux premiers albums), il cherche à gagner le sommet de la canopée, d’où il pense être « descendu » enfant. Si l’univers est assez original et si l’histoire se laisse lire, dans une ambiance d’aventures aux confins de plusieurs influences, plusieurs défauts m’ont toutefois un peu gêné. Le dessin est relativement bon, précis (classique), mais il est très daté années 80 (même si les albums ont été publiés dans les années 90), ceci étant aussi valable pour la colorisation. Le dessin évolue d’un album à l’autre : je le trouve différent dans le troisième : peut-être meilleur, mais je n’ai pas aimé l’évolution des personnages (Torg était presque gringalet au tout début du premier album, il est plus bodybuildé dans ce dernier album !). Ce changement de physionomie touche aussi sa compagne. Par ailleurs, la colorisation m’a paru parfois un peu bâclée dans cet album. Si le troisième album enrichit l’univers (en le reliant davantage à « notre monde », avec une sorte de Paris post-catastrophe), en l’orientant vers une sorte de Science-Fiction, il laisse en plan l’intrigue et le lecteur sans donner de clé à cet univers, de réponse à la quête de Torg et de ses origines, à la course à la canopée qu’il se livre avec Keb (qui du coup a complètement disparu des radars !). Une série originale, avec un réel potentiel, mais qui pâtit de certaines incohérences (Torg à la fois « préhistorique primitif et naïf » (voire niais parfois !), mais peu étonné par les objets du monde moderne « disparu » ; ce même Torg amoureux fou de sa dryade mais qui la trompe pour y revenir sans transition ni explication – au passage, le personnage d’Alzée est à la fois improbable et inutile dans l’histoire), et d’une grande naïveté dans certains passages. J’aurais bien aimé voir ce que les auteurs auraient pu faire de ces aventures s’ils avaient poursuivi la publication, en lui donnant plus de consistance et en reliant mieux et de manière plus crédible les différents peuples, mais en l’état, cela reste une curiosité, sans plus. Que vous pouvez emprunter si vous la rencontrez, ce qui n’est pas évident…

31/01/2017 (modifier)
L'avatar du posteur Agecanonix

Trouvé chez un de mes bouquinistes cette Bd totalement méconnue mais pourtant passionnante. Pourquoi ? c'est très simple : d'abord, j'aime les histoires de jungle, aussi lorsqu'il est question d'un monde sylvestre au décor géantissime, je suis client. Ensuite, l'univers est tout à fait séduisant, original et bien pensé ; ces peuples un peu primitifs qui vivent de la forêt, des arbres ou des animaux qui l'habitent, sont bien définis et symbolisent un peu les différentes peuplades qui existaient sur Terre au commencement. Pourtant c'est encore une bande post-atomique puisqu'on apprend que ce monde sylvestre a succédé à notre époque. Mais la structure des récits et son élaboration laissent penser qu'on est dans un univers primitif des débuts de l'humanité. C'est donc dommage de l'avoir mis en inclassable, je l'aurais plutôt vue en aventure.. Enfin, c'est intéressant aussi parce que c'est la première Bd de M. Aouamri déjà sur scénario de Tarvel en 1990, et on peut constater avec bonheur que son dessin est déjà superbe, maîtrisé, annonçant la puissance du trait dont il usera par la suite dans Mortepierre 5 ans plus tard. Ses idées de décors sont originales, il arrive à bien démontrer l'aspect touffu et la densité inquiétante de cette forêt gigantesque, tandis que Tarvel rend son scénario imaginatif avec ces peuples et ces bestioles répugnantes à qui Aouamri donne des allures agressives et repoussantes (notamment les chenilles carnivores). Au final, cette bande est très sympathique à découvrir, même si on peut regretter qu'après 3 albums, les auteurs ayant entamé Mortepierre chez Soleil, aient mis la clé sous la porte sans donner de conclusion à cette histoire au potentiel encore riche.

25/12/2014 (modifier)
Par Spooky
Note: 2/5
L'avatar du posteur Spooky

Ma lecture ne fut pas aussi plaisante que celle de pierig. En effet j'ai senti assez vite l'influence du roman Le Monde vert dans le récit concocté par Brice Tarvel. Le côté post-apocalyptique, les personnages vivant dans une nature luxuriante, beaucoup d'éléments sont communs. Mais plus que cette influence énorme, c'est la relative indigence de l'ensemble qui m'a gêné. Au-delà des incohérences narratives -relativement négligeables-, c'est le côté théâtral de certaines situations qui m'a peu à peu fait décrocher du récit. Torg est incroyablement crétin, sa compagne est elle assez crédible, mais pour le reste j'ai eu du mal à m'intéresser à leur destinée. destinée dont on ne connaîtra jamais le fin mot puisque la série a été abandonnée à la fin du troisième tome. un peu dommage tout de même, les développements laissaient supposer un récit assez ambitieux, avec un monde complexe. Ma note négative est forcément influencée par cette frustration. Côté dessin, Momo Aouamri en était alors à ses débuts, et son trait était déjà fort agréable, influencé à la fois par Rosinski (Thorgal) et JC Mézières (Valérian). Un trait forcément daté dans nos années 2010, mais qui était bien dans l'air du temps. Le traitement des couleurs varie un peu d'un tome à l'autre, et le troisième est assez raté de ce point de vue.

12/12/2010 (modifier)
Par Pierig
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Pierig

Sylve est une bd qui brasse plusieurs genres, raison pour laquelle elle se trouve en inclassable. Elle puise des éléments propres à la fantasy (un héros, une quête, des peuples belliqueux, des animaux monstrueux) et au récit d’aventure (une épopée avec de multiples rebondissements), le tout mâtiné de science fiction (monde post-apocalyptique, bras robotisés) avec une petite touche de fantastique (femme-oiseau, nymphe) et d’humour (l'oeil baladeur du seigneur des écorces) sur fond d’écologisme galopant (une forêt démesurée recouvre la terre) et d’érotisme à peine effleuré. Comme le laisse transparaitre ma cotation, cette série a été une (très) bonne surprise. J’ai été littéralement happé par ce récit terriblement prenant ! Même s'il n’est pas exempt de certaines faiblesses (quelques facilités narratives de taille sont présentes !), l’univers créé est riche, cohérent, attirant . . . ce qui suffit, à mes yeux, pour en faire un coup de cœur. L’option d’achat est quant à elle facultative du fait de l’abandon de la série après le troisième opus (j’y reviendrai par la suite). Pour rendre justice à une série (trop) méconnue (la preuve, elle ne figurait pas encore dans la base de données de BDT), je vais tenter d’aborder ses différentes facettes en structurant mon avis. Un monde original : La terre est recouverte d’une végétation dense et démesurée, composée d’arbres dont la cime culmine à plus de 500 mètres. Chaque strate végétale est le territoire de peuples plus ou moins primitifs. Au sol vivent les Rhizans (le peuple des racines) à la morphologie difforme et le peuple des sylvains à l’apparence plus gracieuse. Les bucherons constituent une peuplade à part et l’abattage des arbres constitue une menace constante pour les autres peuples. Plus en hauteur, au niveau du tronc et des premiers branchages, vivent le peuple Axam (responsable des pluies de résine), le Seigneur des écorces et Alzée (la mystérieuse femme-oiseau). Enfin, la cime est habitée par le peuple des frondaisons (les Phulls). A noter que chaque strate possède également son propre bestiaire (j’y reviendrai aussi). Histoire : Torg est recueilli enfant par Xo-autres-yeux de la tribu des Rhizans (son père adoptif). Tombé de la cime des arbres (sur une feuille géante), il n’aura de cesse de partir à la recherche de ses origines en compagnie de Daha (nymphe du peuple des sylvains). Genèse du projet : Après deux projets refusés, Tarvel et Aouamri proposent la série Sylve aux éditions du Vaisseau d’Argent (créées par Christian Godard et Julio Ribera). Le premier album est à peine sorti que l’éditeur dépose le bilan. La série est alors reprise par Arboris qui a réédité le premier opus et sorti le deuxième dans la foulée. Dans le même temps, un deuxième projet est accepté aux éditions Soleil : Mortepierre. Le poids et le dynamisme de cet éditeur va sonner le glas de Sylve. Bien que le scénario de Sylve offrait plus de possibilités que Mortepierre, Arboris ne pouvait rivaliser avec Soleil. Aouamri s’est donc consacré à sa nouvelle série. Un troisième opus de Sylve paraîtra cependant 5 ans après mais ce sera le dernier, laissant la série inachevée. Toutefois, Tarvel a commencé l’écriture d’un roman qui reprend le thème de Sylve mais vue sous un angle différent. Pour l’instant, ce travail est en stand-bye. Les auteurs : Aouamri est incontestablement un dessinateur talentueux. Ce n’est pas un hasard si Loisel et Le Tendre l’ont choisi pour reprendre La Quête de l'Oiseau du Temps. Loin d’être figé, son trait est à la fois réaliste et vivant. Son dessin évolue au fil des tomes en s’affirmant davantage. Mais son talent explose littéralement dans la réalisation des décors (à savoir une véritable jungle tout en verticalité). C’est assez impressionnant ! De plus, la diversité des cadrages rencontrés participe à rendre la narration dynamique. Pour sa première vraie bd, il fait très fort ! Tarvel, lui, propose un récit sur-mesure pour exploiter au mieux le talent d’Aouamri. Il réussit à rendre son histoire captivante malgré le recours à des facilités narratives assez grossières et quelques incohérences dans le comportement des protagonistes. Tarvel a surtout l’intelligence de proposer un récit qui monte en puissance et donc en intérêt. Ainsi, le début est très manichéen avec des protagonistes à la psychologie lisses et fade. La suite se révèlera nettement plus passionnante. Le bestiaire : Cette série évoluant dans un monde végétal oppressant et hostile, elle ne pouvait se passer d’un bestiaire digne de ce nom. Ce bestiaire s’inspire d’animaux réels mais aux formes amplifiées et à l’agressivité décuplée. Au niveau du sol, on trouve : des chenilles (géantes et carnivores), un sanglier solitaire (avec de multiples défenses) et une sangsue (géante, elle aussi). Au niveau du tronc : un grand pic et des araignées géantes (les arougnes). Enfin, dans les cimes : des singes géants. Bémols : Comme je l’ai déjà dit, cette série n’est pas parfaite. A commencer par l’absence de fin qui laisse en suspend des séquences entamées. Ainsi, on n’en saura pas plus de l’ascension de Keb-fend-l’écorce (le rival de Torg). Il en ira de même pour l’étrange maladie de Brog, un enfant du peuple de l’écorce, que Daha souhaitait guérir. Inutile de préciser qu’on ne verra jamais l’ombre d’un phull (peuple des frondaisons) si ce n’est leurs avant-bras de couleur verte. Le troisième opus laisse en suspend une terrible menace qui plane sur les rhizans et les sylvains. En l’état, la rencontre entre Torg et Alzée (la femme-oiseau) ne présente aucun intérêt. Elle le sauve, s’en amourache puis repart. Quand au troc organisé entre le peuple des écorces et les Zarziris (un peuple vivant hors de la forêt), il apparaît comme une parenthèse pour retarder l’ascension de Torg vers ses origines canopéennes. Ensuite, Torg et Daha vont se retrouver séparés à plusieurs reprises lors de leur séance de varappe sur les troncs d’arbres. Ces séquences, trop artificielles, sont l’occasion pour Torg de faire de nouvelles rencontres et notamment de tromper Daha. Ce comportement est en contradiction avec l’amour aveugle de Torg envers sa dryade. Il est aussi curieux que le petit frère de Daha retrouve sa sœur et Torg avec une étonnante facilité alors que ces derniers ont mis plus de deux tomes pour arriver chez le peuple des écorces. Bref, voici quelques facilités et incohérences qui entament quelque peu l’intérêt de cette série. Au final, cette bd m’aura procuré énormément de satisfaction mais aussi entretenu de grandes frustrations.

07/10/2010 (modifier)