Sylve
Titanesque d'une puissance prodigieuse, la forêt recouvre désormais le monde. Ses arbres mesurent jusqu'à cinq cents mètres de haut, abritant une vie extraordinaire et mystérieuse....
Après l'apocalypse... Les petits éditeurs indépendants
Torg-moins-qu'un-chien vit dans la forêt, parmi les Rhizans, le peuple des racines qui l'a plus ou moins adopté. Il est constamment hanté par le secret qui entoure ses origines. secret dont son père adoptif ne peut pratiquement rien lui révéler. Torg a le sentiment que la réponse à ses questions se trouve là-haut, au sommet des arbres, là où vivent les Phulls, les mystérieux habitants des frondaisons...
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Date de parution | Septembre 1990 |
Statut histoire | Série abandonnée 3 tomes parus |
Les avis
Sylve est une bd qui brasse plusieurs genres, raison pour laquelle elle se trouve en inclassable. Elle puise des éléments propres à la fantasy (un héros, une quête, des peuples belliqueux, des animaux monstrueux) et au récit d’aventure (une épopée avec de multiples rebondissements), le tout mâtiné de science fiction (monde post-apocalyptique, bras robotisés) avec une petite touche de fantastique (femme-oiseau, nymphe) et d’humour (l'oeil baladeur du seigneur des écorces) sur fond d’écologisme galopant (une forêt démesurée recouvre la terre) et d’érotisme à peine effleuré. Comme le laisse transparaitre ma cotation, cette série a été une (très) bonne surprise. J’ai été littéralement happé par ce récit terriblement prenant ! Même s'il n’est pas exempt de certaines faiblesses (quelques facilités narratives de taille sont présentes !), l’univers créé est riche, cohérent, attirant . . . ce qui suffit, à mes yeux, pour en faire un coup de cœur. L’option d’achat est quant à elle facultative du fait de l’abandon de la série après le troisième opus (j’y reviendrai par la suite). Pour rendre justice à une série (trop) méconnue (la preuve, elle ne figurait pas encore dans la base de données de BDT), je vais tenter d’aborder ses différentes facettes en structurant mon avis. Un monde original : La terre est recouverte d’une végétation dense et démesurée, composée d’arbres dont la cime culmine à plus de 500 mètres. Chaque strate végétale est le territoire de peuples plus ou moins primitifs. Au sol vivent les Rhizans (le peuple des racines) à la morphologie difforme et le peuple des sylvains à l’apparence plus gracieuse. Les bucherons constituent une peuplade à part et l’abattage des arbres constitue une menace constante pour les autres peuples. Plus en hauteur, au niveau du tronc et des premiers branchages, vivent le peuple Axam (responsable des pluies de résine), le Seigneur des écorces et Alzée (la mystérieuse femme-oiseau). Enfin, la cime est habitée par le peuple des frondaisons (les Phulls). A noter que chaque strate possède également son propre bestiaire (j’y reviendrai aussi). Histoire : Torg est recueilli enfant par Xo-autres-yeux de la tribu des Rhizans (son père adoptif). Tombé de la cime des arbres (sur une feuille géante), il n’aura de cesse de partir à la recherche de ses origines en compagnie de Daha (nymphe du peuple des sylvains). Genèse du projet : Après deux projets refusés, Tarvel et Aouamri proposent la série Sylve aux éditions du Vaisseau d’Argent (créées par Christian Godard et Julio Ribera). Le premier album est à peine sorti que l’éditeur dépose le bilan. La série est alors reprise par Arboris qui a réédité le premier opus et sorti le deuxième dans la foulée. Dans le même temps, un deuxième projet est accepté aux éditions Soleil : Mortepierre. Le poids et le dynamisme de cet éditeur va sonner le glas de Sylve. Bien que le scénario de Sylve offrait plus de possibilités que Mortepierre, Arboris ne pouvait rivaliser avec Soleil. Aouamri s’est donc consacré à sa nouvelle série. Un troisième opus de Sylve paraîtra cependant 5 ans après mais ce sera le dernier, laissant la série inachevée. Toutefois, Tarvel a commencé l’écriture d’un roman qui reprend le thème de Sylve mais vue sous un angle différent. Pour l’instant, ce travail est en stand-bye. Les auteurs : Aouamri est incontestablement un dessinateur talentueux. Ce n’est pas un hasard si Loisel et Le Tendre l’ont choisi pour reprendre La Quête de l'Oiseau du Temps. Loin d’être figé, son trait est à la fois réaliste et vivant. Son dessin évolue au fil des tomes en s’affirmant davantage. Mais son talent explose littéralement dans la réalisation des décors (à savoir une véritable jungle tout en verticalité). C’est assez impressionnant ! De plus, la diversité des cadrages rencontrés participe à rendre la narration dynamique. Pour sa première vraie bd, il fait très fort ! Tarvel, lui, propose un récit sur-mesure pour exploiter au mieux le talent d’Aouamri. Il réussit à rendre son histoire captivante malgré le recours à des facilités narratives assez grossières et quelques incohérences dans le comportement des protagonistes. Tarvel a surtout l’intelligence de proposer un récit qui monte en puissance et donc en intérêt. Ainsi, le début est très manichéen avec des protagonistes à la psychologie lisses et fade. La suite se révèlera nettement plus passionnante. Le bestiaire : Cette série évoluant dans un monde végétal oppressant et hostile, elle ne pouvait se passer d’un bestiaire digne de ce nom. Ce bestiaire s’inspire d’animaux réels mais aux formes amplifiées et à l’agressivité décuplée. Au niveau du sol, on trouve : des chenilles (géantes et carnivores), un sanglier solitaire (avec de multiples défenses) et une sangsue (géante, elle aussi). Au niveau du tronc : un grand pic et des araignées géantes (les arougnes). Enfin, dans les cimes : des singes géants. Bémols : Comme je l’ai déjà dit, cette série n’est pas parfaite. A commencer par l’absence de fin qui laisse en suspend des séquences entamées. Ainsi, on n’en saura pas plus de l’ascension de Keb-fend-l’écorce (le rival de Torg). Il en ira de même pour l’étrange maladie de Brog, un enfant du peuple de l’écorce, que Daha souhaitait guérir. Inutile de préciser qu’on ne verra jamais l’ombre d’un phull (peuple des frondaisons) si ce n’est leurs avant-bras de couleur verte. Le troisième opus laisse en suspend une terrible menace qui plane sur les rhizans et les sylvains. En l’état, la rencontre entre Torg et Alzée (la femme-oiseau) ne présente aucun intérêt. Elle le sauve, s’en amourache puis repart. Quand au troc organisé entre le peuple des écorces et les Zarziris (un peuple vivant hors de la forêt), il apparaît comme une parenthèse pour retarder l’ascension de Torg vers ses origines canopéennes. Ensuite, Torg et Daha vont se retrouver séparés à plusieurs reprises lors de leur séance de varappe sur les troncs d’arbres. Ces séquences, trop artificielles, sont l’occasion pour Torg de faire de nouvelles rencontres et notamment de tromper Daha. Ce comportement est en contradiction avec l’amour aveugle de Torg envers sa dryade. Il est aussi curieux que le petit frère de Daha retrouve sa sœur et Torg avec une étonnante facilité alors que ces derniers ont mis plus de deux tomes pour arriver chez le peuple des écorces. Bref, voici quelques facilités et incohérences qui entament quelque peu l’intérêt de cette série. Au final, cette bd m’aura procuré énormément de satisfaction mais aussi entretenu de grandes frustrations.
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