Toxic / La Ruche / Calavera
Un jeune homme dans son lit, un pansement sur la tempe. Doug se lève suit son chat noir, Inky - pourtant mort depuis des années - et se laisse entraîner de l'autre côté du miroir.
Les petits éditeurs indépendants Rêves
La pénombre. Une houppette apparaît. Un jeune homme dans son lit, un pansement sur la tempe. Doug se lève suit son chat noir, Inky - pourtant mort depuis des années - et se laisse entraîner de l'autre côté du miroir. Que s'est-il passé? Une soirée punk, un concert, William Burroughs, une jeune femme nommée Sarah, des polaroids, un amant jaloux... À grand renfort d'ellipses, Charles Burns fait voler en éclats nos repères spacio-temporels, multiplie les allers-retours entre rêve et réalité, nous place un foulard sur les yeux, nous fait tourner sur nous-mêmes et nous laisse seul dans un pays inconnu, juste après le déluge.
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Date de parution | 21 Octobre 2010 |
Statut histoire | Série terminée 3 tomes parus |
Les avis
Je n'ai pas de problème particulier avec la cohérence, les climats oniriques et glauques sous opiacés, les ambiances "Lynchiennes" ... Au contraire j'adore ça ! De plus j'ai énormément aimé son œuvre culte Black Hole (j'ai lu les 3 premiers tomes). Donc j'étais sûr d'adorer. Et bien c'est manqué. Je me suis terriblement ennuyé à la lecture du 1er tome. Pourtant j'ai du lire cela il y a seulement 4 mois. L'ambiance "milieu rock indé estudiantin américain" est plus écrasante que le côté "Lynchien". Du coup, cela m'a agacé assez rapidement. Va pour les rêves bizarres (bien qu'on ne saisisse pas vraiment le sens profond) mais dès que le récit retombe sur la vie de cet étudiant plus ou moins défoncé, avec ses états d'âmes et ses concerts du samedi soir, je me suis ennuyé. J'ai déjà vu cela 100 fois et en plus passionnant (dans Black Hole, Le Roi des Mouches de Mezzo et Pirus et surtout dans le cinéma américain). Cela arrive un peu tard. Je serais incapable de vous raconter l'histoire et je n'ai même pas réussi à finir le 1er tome.
Amis de la cohérence et de la logique, au revoir ! Car autant vous prévenir tout de suite que si vous n’êtes amateurs que de récits linéaires et carrés la déconvenue de cette nouvelle œuvre de Charles Burns va en décontenancer et en décourager plus d’un. Bien assis dans sa réputation d’artiste underground au trait si particulier et un noir et blanc qui aura influencé Mezzo et Pirus, je connaissais aussi l’artiste pour sa pochette déjantée de Brick by Brick de l’iguane et ses couleurs barrées. C’est donc avec intérêt et bien motivé que je me suis lancé dans la lecture de ce « Toxic » coloré et dont la couverture renvoie directement à l’ile mystérieuse de Tintin. Outre l’hommage appuyé au reporter d’Hergé et les couleurs inédites, la source d’émerveillement ou le rejet sont constitués par le déroulement sauvage de cette histoire, En effet, l’histoire ou plutôt les histoires partent dans tous les sens, présentant tour à tour un monde parallèle avec un tintin en robe de chambre à la recherche de son chat noir dans un univers complètement barré et loufoque pour revenir à une réalité non moins exigeante avec un jeune adulte solitaire et de son coup de foudre pour une jeune femme à la sensibilité à fleur de peau. Pour ne rien faciliter, Burns nous transporte d’une dimension à une autre mélangeant paradoxes temporels et géographiques pour ne faire qu’une seule et même histoire avec des reflets ne cessant de renvoyer l’histoire d’un point à un autre, mélangeant personnages d’un monde vers un autre et abusant de dialogues qui peuvent vite devenir absurdes une fois sorti de leur contexte. Mais quel contexte ? D’ailleurs cela ne vous rappelle rien ? Moi si avec ce fameux film Lost Highway de David Lynch dont je n’avais rien compris mais avais pris beaucoup de plaisir à essayer d’en extraire la substance… D’ailleurs chacun sera libre d’aimer ou de détester les deux opus de cette trilogie annoncée qui se lit relativement rapidement mais laisse volontairement le lecteur un peu sur place à la marge des évènements qui s’y déroulent. Pourtant pour peu qu’on aime un peu les jeux de réflexion, il est amusant d’y relever les clins d’œil à Tintin, les lieux parallèles et un point d’ancrage dans cette histoire dont j’espère que le dernier tome y amènera certaines clés. Ceux qui apprécient la narration pourtant si évidente des autres œuvres de Charles Burns vont se retrouver perdus car rien n’est classique et le ton froid et détaché des protagonistes du monde réel ne va rien faire pour arranger la compréhension. Pourtant cette histoire me parle davantage que les flottements poétiques de Wazem dans son Mars Aller-Retour récemment lu dont je peux en faire quelque peu le comparatif ici. Nul doute que le prix et la globalité vont en rebuter plus d’un mais pour les initiés ou les plus curieux, le chemin a l’air d’en valoir la peine. Et puis quel style graphique ! Quelle belle mise en page (encore merci à Cornelius pour réaliser de si beaux bouquins). Pour tout cela je n’en recommande pas nécessairement l’acquisition mais laissez-vous tenter par une lecture, aucun risque de s’ennuyer même si l’on s’y sent régulièrement perdu. Et il est parfois de bon augure que de fermer les yeux et se laisser porter par une ambiance inconnue mais pas désagréable…. Alors Charles Burns écrit-il un récit sans queue ni tête ou un diffuseur d’encens narcotiques ? C’est bien dans ce doute et cet esthétisme réussi qu’il réussit le pari de m’intéresser malgré le fait que cette série soit la moins passionnante de toutes celles qu’il a rédigées jusqu’ à présent mais cela sera peut-être révisé à hauteur lorsque l’intégralité de ce délire sera édité. A suivre donc… Mise à jour du 16/01/2017 après lecture de la trilogie complète : Prévue comme une histoire en 3 chapitres où chaque chapitre était publié en suscitant une attente certaine, les choses apparaissent comme beaucoup plus clair une fois l'intégralité relue à la suite. Si Charles Burns ne répond pas nécessairement à toutes les questions, la plupart trouvent une réponse sur les regrets amoureux d'un adolescent devenu adulte et son repli vers un monde intérieur dans lequel son subconscient se cache (le masque en carton de Tintin qu'il porte lorsqu'il énonce sa prose n'est pas là pour rien). Pire, les dernières pages laissent supposer d'une empathie complètement différente pour certains personnage tout en me rappelant un roman qui m'avait bien marqué il y a une vingtaine d'années "Une jeune fille" de Dan Franck. Ce qui est passionnant c'est de voir que même en colorisant intégralement son oeuvre (une première pour Burns), ses dessins restent toujours aussi hypnotiques et fascinants. On comprend en quelques pages toute la symbolique de ces dessins mystérieux ainsi même que le titre des chapitres, finalement rien n'aura été laissé au hasard et la page finale donne furieusement envie de tout relire immédiatement, clés en mains. Malgré la noirceur des propos, la superficialité du héros (qui n'en est pas un vraiment, ni dans la réalité ni dans ses rêves), on ne retient que la mélancolie d'un drame ordinaire, d'actes manqués et de choix capricieux mais Burns a réussi à sublimer l'ensemble pour en dresser une fois de plus un tableau onirique d'une rare beauté. Edifiant.
Je connais Burns de réputation (parce qu'en BD, il faut quand même se tenir au courant), et j'avais essayé de lire Black Hole, je n'avais pas tenu 20 minutes (c'est pourquoi je ne l'ai pas avisé). Etrangement, à ma grande surprise, mais aussi sans doute pris par une curiosité malsaine, j'ai réussi à lire le tome 1 et feuilleter les 2 autres tomes en lisant des bribes de dialogues, mais force est de constater que ce genre de Bd n'est absolument pas pour moi. Et pourtant des Bd complètement zarb, j'en ai lues, mais là je crois que ça bat tous mes records. A la fin j'étais épuisé, lessivé, essoré, étrillé comme jamais je n'ai été. C'est beaucoup trop space. Je considère Burns comme l'équivalent en papier de Lynch ou Cronenberg, c'est du récit terrifiant rempli de codes et de symboles destinés à stigmatiser les démons intérieurs qui affaiblissent la société américaine, il ne faut pas chercher à tout décrypter à tout prix, il faut aussi laisser le lecteur se faire son propre imaginaire, comme chez Lynch, avec des films comme Lost Highway ou Blue Velvet, ou chez Cronenberg avec des films comme ExistenZ... chez Burns c'est identique, c'est une vertigineuse descente aux enfers, nauséeuse et oppressante, avec des images très malsaines et même dégueu, un goût de l'étrange et du morbide sulfureux, le tout très irrationnel. Le dessin, cette fois en couleurs vives qui surprennent après le froid clinique de Black Hole, rappelle vaguement une ligne claire enrichie de références tintinesques voulues ou non, qui pourrait donner un côté esthétique, mais il y a trop de trucs dérangeants dans cette Bd, et je suis à la limite du vomissement, je ne comprends déjà pas comment j'ai pu arriver au bout de cette lecture labyrinthique et fantasmagorique, car en BD j'ai besoin de détente et de plaisir, tout en m'interrogeant (comme au ciné d'ailleurs). Or là je n'ai aucun plaisir, c'était juste pour m'essayer à un genre différent, c'est réussi de ce côté , mais jamais plus je ne lirai un truc aussi écoeurant et nauséabond.
Nul doute que si ma grand-mère avait eu l'occasion de jeter un œil sur cette BD elle aurait pousser un Ma doué Beniguet car, n'en doutez pas, ma grand-mère avait le sens de la formule définitive et qui claque. Baguenaudant dans les rayons de ma médiathèque préférée, je tombe donc sur cet opuscule dont l'ami Blue Boy nous avait entretenu il y a peu. Illico je me dit : ce garçon que j'ai le grand plaisir de connaitre est un garçon fin, cultivé et si son avis est si pertinant je ne doute pas qu'il faille jeter un regard compatissant à cette œuvre du sieur Burns. De l'homme j'avais déjà tenté Black Hole , trou duquel j'avais eu toutes les peines du monde à ressortir à la surface tant cette lecture m'avait fait choir dans des profondeur abyssales. Je ne connais pas personnellement Mr Burns mais je me dit qu'il doit faire la joie de son psychiatre et accessoirement de son dealer, le sien pas celui du psy. J'imagine, car je respecte la création artistique, qu'un jour viendra ou cet auteur nous donnera les clés qui permettront de comprendre son œuvre. Concernant la peinture par exemple je vois bien que sur certaines toiles le peintre à trouvé que c'était une riche idée de marier telle ou telle couleur. Mais ici s'agissant des phantasmes de Mr Burns je ne vois pas trop l'intérêt d'infliger ça au lecteur sans lui donner les codes. C'est sûrement truffé de symboles qui prennent sens pour l'auteur mais pour nous pauvres ignares c'est totalement abscons et dans abscon il y a abs. J'accepterais même en affreux gauchiste revendiqué et dégagé de toute morale judéo-chrétienne qu'il nous dise que ses œuvres sont construites après avoir non seulement fumé la moquette mais l'avoir aussi distillée pour s'en injecter le résultat. En cours de lecture j'ai fait une petite pause pour relire l'avis de mon excellent ami, point sur qu'il le reste après ce genre de conseil d'ailleurs, pour tenter de voir si ses explications forts précises m'aideraient à mieux appréhender ma lecture. Comme disait l'autre "ô rage!, ô désespoir!!. Je n'ai rien compris. Je me pique de posséder une certaine culture mais là rien n'est venu. Sacré Charles, attention respect quand même, en cette période j'ose à peine imaginer comment ça doit être cool de passer des vacances avec toi sauf si tu amènes ton dealer, et encore (trop fort pour moi). Dois je préciser que je ne conseille absolument pas cette BD. Il semblerait qu'elle comporte trois tomes. Blue Boy : à se revoir.
Comment raconter l’irracontable ? Tout commence dans une chambre quasiment vide, sans fenêtre, vaguement oppressante, où s’éveille une sorte de clone de Tintin, un mystérieux sparadrap scotché sur la tempe. Au fond de la chambre, un trou dans le mur, que quelqu’un semble avoir défoncé… Notre « Tintin » sera amené à le franchir afin d’y récupérer son chat noir censé être mort… Il ne se doute pas que derrière ce mur, se dissimule un univers parallèle particulièrement inquiétant, fangeux, peuplé de créatures aussi étranges qu’immondes… J’ai saisi l’occasion de la sortie de "Toxic" pour découvrir Charles Burns, que je ne connaissais qu’à travers la couverture de Black Hole et après avoir lu Le Roi des Mouches de Mezzo et Pirus, les deux styles étant très proches sur le plan de l’univers graphique. Sauf qu’ici le côté absurde et malsain y est encore plus prononcé. Une ligne claire pour un fond qui l’est beaucoup moins, et la plupart du temps très sombre. voilà à quoi pourrait se résumer le style « Burns ». La mise en couleur est par ailleurs agréable à l'oeil, dans des tons assez soft, peut-être afin de mieux compenser l'âpreté du propos. D’une richesse insensée, l’histoire fait penser à un cauchemar lynchien, où Burns semble avoir fait la part belle à son inconscient. Les références abondent et il faut sûrement plus d’une lecture pour en appréhender toutes les subtilités et les messages subliminaux. Par exemple, prenons la couverture : n’évoque-t-elle pas clairement « L’Etoile mystérieuse » version apocalypse, ce même apocalypse annoncé par le prophète de malheur au début de la BD d’Hergé ? S’agit-il bien du même champignon ? Car de celui de Tintin ne reste que le chapeau qui s’apparenterait davantage à un drôle d’œuf menaçant, l’amanite paraissant bien familière en comparaison… Tintin paraît médusé en contemplant le champignon, tandis que son "clone au pansement" a plutôt l’air d’avoir la nausée… Je n’ai pas la prétention d'analyser ce qu’a voulu exprimer l’auteur, mais c’est fou tout ce que l’on peut y voir, et encore, là, il ne s’agit que de la couverture, car le reste est à l’avenant : on y évoluera entre des portes dérobées et des brèches dans les murs, atterrissant à chaque fois dans une nouvelle dimension, jamais plus rassurante que la précédente… On finit par y perdre pas mal de repères, car bien évidemment on en ressort avec davantage de questions que de réponses. Folie, maladie, névrose, hallucinations y sont omniprésentes, toujours en embuscade. J’ignore si une telle description donnera envie de lire cet OVNI sous LSD, mais pour ma part, j’ai été successivement fasciné, scotché, et finalement frustré d’arriver au bout pour découvrir qu’il y avait une suite ! C’est donc avec impatience que j’attends le second tome, happé par ce mystère brûlant (ou plus exactement glaçant) dont seul l’auteur semble détenir les clés… Si le second tome (et les suivants ?) continuent sur cette lancée, on est en droit d’attendre un chef d’œuvre de l’ensemble. Bien évidemment, une telle lecture sera déconseillée aux âmes sensibles ou aux esprits trop rationnels … A noter que l’objet en lui-même est très soigné, tel un écrin royal abritant un joyau vénéneux (le « champignon » de la couverture ?)… ----------------------- Mise à jour du 27/07/15, après lecture des deux derniers tomes de la trilogie : Il serait prétentieux de faire l’exégèse de cette œuvre qui ne peut laisser indifférent, d’autant que l’iconographie burnsienne est aussi riche que déroutante et que son auteur ne fournit pas la fiche explicative de ses puissantes images subliminales, laissant à ses lecteurs le champ totalement libre à leurs propres analyses. Mais il est clair qu’une seule lecture de la série ne suffira pas pour en faire le recensement complet. D’ailleurs, il est possible qu’une bonne partie de ces derniers aient abandonné la série à la lecture du premier volet, rebutés par cette poésie torturée. Mais pour ceux dont la curiosité aura été titillée, ils constateront que cet étrange puzzle psychotique semble se mettre peu à peu en place dès la deuxième partie. Charles Burns parvient à nous scotcher au mur avec ses obsessions toxico-maniaques en forme de thérapie, sur une terre inconnue où le récit introspectif est poussé à l’extrême, sondant les profondeurs à l’aide d’un univers graphique halluciné qui semble directement inspiré par David Lynch ou William Burroughs. L’auteur nous entraîne ainsi dans le dédale de ses cauchemars, par le biais de ce personnage tourmenté, Doug, double de lui-même, dont on ne sait si l’empâtement physique au fil de l’histoire est dû à l’âge, à l’inactivité ou aux tranquillisants, vraisemblablement un peu des trois. Un drôle de périple où narrations et identités tour à tour fusionnent et se dédoublent, à coups de flashbacks, de mises en abyme et de basculements vers une dimension onirique et terrifiante. Il faudra avoir les nerfs bien accrochés pour suivre ce récit complexe sans haut-le-cœur, un récit à la poésie maladive où reviennent les mêmes leitmotiv : angoisse de la paternité, quête illusoire d’un père absent, dégoût de la procréation, crise identitaire, crainte de la rupture amoureuse, terreurs métaphysiques liées à notre humaine finitude, autant de thèmes qui se font écho les uns aux autres. Comme dans Black Hole, autre œuvre remarquable du même auteur, Charles Burns ausculte à sa manière l’envers du rêve américain, et par extension du "rêve occidental", avec sa ligne claire scalpellienne dévoilant l’âme de ses personnages, une ligne claire que l’on dirait conçue pour mieux faire avaler la pilule d’une vérité trop âpre, et qui dans la forme évoque plutôt l’univers avenant d’Hergé. Un véritable trompe-l’œil qui ne fait qu’accentuer le trouble. Il suffit de regarder les trois couvertures qui mettent en scène Doug (ou son double tintinesque pour le premier tome), dans une attitude de perplexité, de malaise ou d’angoisse face à ce que ses yeux viennent de lui révéler, qui un champignon géant, qui une créature mi-humaine mi-porcine, qui un squelette de fœtus également hybride, et toujours dans des lieux sinistres et mortifères, égouts, souterrains, ruines… Le dernier tome nous conduit vers une issue aussi déconcertante qu'effrayante, où en quelque sorte la fin rejoint le début, où une boucle se boucle sans se boucler, comme un cycle infernal qui se répèterait continuellement, un cauchemar dont on ne se réveillerait jamais… Si l’on devait établir une comparaison avec Black Hole, celui-ci était en noir et blanc avec une note d’espoir en conclusion, alors que la trilogie Toxic, agrémentée de couleurs neutres et vives, se termine paradoxalement de façon plus désespérée. Dans les deux cas, des œuvres hypnotisantes, dérangeantes, extraordinaires. Pour terminer, on ne manquera pas de saluer Cornélius pour le tirage soigné avec une bande de tissu recouvrant le dos de l’ouvrage, autre clin d’œil de l’éditeur aux premières éditions des "Aventures de Tintin".
Quand j’ai croisé Toxic à sa sortie en librairie, j’ai été scotché par la couverture, très belle, intrigante avec cet œuf très Tintinesque. A l’époque, j’avais aussi été arrêté par le prix, hélas. Puis, tenant à en savoir plus sur cet album, et alors que je ne connaissais absolument pas l’œuvre de Charles Burns, je me suis décidé à l’acheter. Et bien m’en a pris, car j’ai découvert un univers original, prenant : j’ai été captivé ! Et pour le deuxième tome, affichant les mêmes promesses, je n’ai pas hésité et l’ai acheté dès sa sortie ! Pour revenir sur mes premières impressions, il faut dire qu’il n’y a pas que les couvertures qui soient belles, ce sont les albums entiers, en tant qu’objets qui sont beaux, merci Cornélius ! Les références à Tintin sont multiples (telle rue proche du "Crabe aux pinces d’or", la houppe portée parfois par le personnage principal, le magazine Nitnit (sic), le dessin, parfois, et, bien sûr ces œufs rappelant les champignons de "L’étoile mystérieuse"). Mais plus que de références, je parlerai plus de clins d’œil, car rien, mais alors rien dans cette histoire ne m’a semblé être une réelle référence à Tintin, on en est très éloigné ! Résumer l’intrigue est ici chose malaisée, cela me semble impossible. Je peux juste dire que j’ai eu du mal à entrer dans l’histoire. Mais, une fois "embarqué", loin des quais, impossible de faire demi-tour, c’est le grand large qui nous aspire ! Au risque il est vrai de n'être qu'"embedded", comme le sont de plus en plus souvent nos sources d'information lors des conflits: mais lorsque on ne recherche que le plaisir, et qu'il est au rendez-vous, peu importe la vérité. "Le merveilleux contre le mystère" disait André Breton, on est ici clairement du côté du merveilleux, même s'il est noir et violent. C’est une histoire à plusieurs niveaux, où l’on a l’impression de naviguer dans le cerveau du personnage principal ou de l’auteur – n’y a-t-il pas là quelque chose d’autobiographique ? Une introspection, une visite des rêves du héros, de ses espoirs, de son passé… Souvent je ne sais pas vraiment où Charles Burns veux amener son lecteur, mais ce dont je suis sûr, c’est que je suis prêt à y aller, et que j’attends avec impatience la suite ! Ne serais-ce que pour avoir – ou pas ? la réponse à quelques questions, en particulier concernant cette ruche, qui garde encore son mystère, même après le deuxième album éponyme. Après lecture du troisième et dernier tome, "Calavera", je garde le même enthousiasme pour cette série originale et dérangeante ! Burns alterne une nouvelle fois rêves - ou cauchemars - et réalité, et le dessin, toujours très "ligne claire" est vraiment réussi. Burns a encore glissé quelques hommages plus ou moins discrets à l'univers de Tintin ( en particulier un passage sur un fleuve en cru rappelant une planche du Lotus Bleu je crois). Que dire après cet ultime album ? D'abord qu'il laisse en suspens un certain nombre de questions. Mais pas de frustration, le rêve planant ne s'estompe pas, c'est vraiment une histoire captivante, une aventure dans laquelle je vous recommande d'embarquer ! Ensuite, c'est sans doute l'œuvre la plus aboutie de Burns (même si je n'ai pas tout lu de lui !), par laquelle vous pouvez commencer pour découvrir son univers. Et encore merci à Cornélius pour avoir publié cette trilogie - et l'avoir fait dans une si belle édition !
Toxic raconte les divagations d’un jeune garçon qui prend des pilules. On se retrouve tout de suite dans un monde fantasmagorique où l’on croise des êtres surnaturels mais également de vieilles connaissances. J’ai été attiré par le clin d’œil fait à Hergé de son album de Tintin à savoir « L’étoile mystérieuse » avec ces fameux champignons qui poussent n’importe où. L’analogie s’arrêtera là. C’est juste un clin d’œil mais cela figure en gros sur la couverture… En l'espèce, si j’arrive à comprendre le sens des choses, j’ai été vite blasé par le fait que cela ne m’intéresse guère. Là encore, l’émotion a du mal à passer. C’est froid et vide. On n’arrive pas à s’attacher au personnage principal. Je n’attendais rien de plus de cette lecture qui s’est vite révélé stérile. J'ai toutefois décidé d'accorder une chance à cet auteur magnifié et adulé de par le monde. La lecture de la ruche m'a fait exactement le même effet psychanalytique. Je n'aime pas ce côté irréaliste qui nous fait divaguer comme si on devait être drogué pour comprendre le sens profond des choses.
Mon homme le relit tous les soirs, mais moi ça me tombe des mains. (j'aurais mis 1/5 si c'était que de moi!) Je vois bien que c'est plein de références à Tintin, ça ressemble à une sorte de subconscient effrayant du fameux héros: un univers dépressif et kafkaïen, vaguement apocalyptique, sans queue ni tête, des couleurs particulièrement glauques, (une dominante de kaki, violet, avec des pointes de rouge, rosé) Un trait gras et assez rond. On dirait de l'art contemporain, qui cherche à provoquer, et effectivement ça provoque une réaction physique, qui ne passe pas vraiment par le cerveau, une sorte de dégoût, presque la nausée. Je ne peux pas vraiment parler du scénario: ça s'enchaine sans qu'on puisse comprendre ni le lieu, ni le cours de l'action, comme dans un cauchemar, avec un imaginaire très masculin, il me semble... Vraiment je ne vois pas où on veut nous amener...
Pour les histoires bizarres, soit j'embarque totalement dans le délire de l'auteur et je trouve ça génial, soit cela me semble sans intérêt et je m'ennuie tout le long de ma lecture. Malheureusement, Toxic fait partie de la seconde catégorie. Il faut dire qu'il y a des scènes banales de la vie quotidienne qui viennent gâcher l'ambiance. Les personnages et les situations m'ont laissé indifférent et je ne comprends pas trop où l'auteur veut en venir. Un autre truc que je n'ai pas aimé est le dessin. Les décors et les couleurs sont pas mal, mais je n'aime pas trop comment sont dessinés certains personnages. Pour une raison quelconque, j'avais envie de vomir en les voyant et je ne dis pas cela pour insulter l'auteur. C'est juste que lorsqu'un personnage est laid, il est un peu trop laid pour mes yeux. J'imagine que je peux dire que l'auteur a du talent pour réussir à faire ressentir des émotions à mon estomac.
S'il fallait découvrir Charles Burns, je conseillerais de commencer par Toxic. Attention, après lecture des deux premiers tomes, on est pas plus avancé sur le scénario. Ca reste toujours aussi flou même si on en apprend un peu plus, on en est pas moins largué. Mais je dois avouer que ce qui m'attire dans l'univers singulier de Burns, c'est le graphisme et non l'histoire. Ici on a le droit à de la couleur et c'est certainement ce qui m'avait manqué dans Black hole... Ca donne une autre dimension à ses planches et j'apprécie beaucoup le rendu. L'édition est toujours très soignée, ces livres sont agréables en main. Je passe donc un bon moment de lecture, mais le prix est exagéré. Testez quelques pages et réfléchissez avant d'investir...
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