Asterios Polyp
Will Eisner Award 2010 : Best Graphic Album: New Angoulême 2011 : Prix spécial du Jury 2011 : Prix ACBD. Le premier roman graphique de David Mazzucchelli en 344 pages
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Asterios Polyp est un architecte dit de papier, c’est-à-dire que jamais rien n’est sorti réellement de ses plans. Pourtant celui-ci jouit d’une réputation mondiale car il enseigne l’architecture à l’université. Asterios plaque tout et part se faire engager comme mécano dans la ville bien nommée d’Apogee.
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Date de parution | 06 Octobre 2010 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
C’est l’originalité qui se dégage de cet album qui m’a amené à le lire. Et à ce titre j’ai été servi, tant dans son approche narrative que graphique. Mais au final, ce roman graphique m’a paru trop cérébral et distancié, et le personnage principal m’a laissé assez indifférent. Mazzucchelli démontre une maîtrise impressionnante de la bande dessinée en jouant avec les conventions du médium. Les choix stylistiques, comme l’utilisation de différentes palettes de couleurs pour représenter les perceptions et les émotions des personnages, ou l’intégration de divers styles artistiques pour refléter les perspectives individuelles, sont audacieux et innovants. En tous cas, c'est la première fois que je lis quelque chose comme ça. La lecture est riche de ce point de vue. L’histoire suit Asterios Polyp, un architecte théoricien dont la vie est bouleversée après que sa maison a été détruite par un incendie. Le récit est rempli de références philosophiques, littéraires et artistiques, rendant la lecture riche mais parfois dense. Et c’est cette densité qui se fait au détriment de l’émotion, de mon point de vue en tous cas. Le personnage d’Asterios Polyp est froid et distant, voire arrogant et cela crée dans mon cas une barrière émotionnelle. C’est cohérent avec les thèmes de l’album, mais cela m’a laissé insatisfait, en quête de davantage d’humanité dans l’histoire.
David Mazzucchelli propose avec son Polyp une série hors norme dans son récit et son graphisme. A l'image de son personnage principal, j'ai trouvé cette œuvre protéiforme avec une lecture exigeante qui invite à une réflexion sur de nombreux sujets fondamentaux. Asterios Polyp est un personnage d'une extrême complexité, même complexité que j'ai ressenti pour le travail de l'auteur afin de rendre sa série lisible et cohérente. Le choix de Polyp architecte n'est pas neutre. Cela accompagne le sujet de la perception du monde et des autres, du présent et de l'avenir et la réponse créative qui en découle. Polyp qui a le don de s'approprier tout le savoir du monde grâce aux livres peut-il avoir un impact sur son environnement ? Ainsi la série de Mazzucchelli peut-elle avoir un impact sur ma façon de comprendre nombre de sujets fondateurs ? On peut sûrement reprocher un côté intellectualiste caricatural à cette œuvre comme l'auteur se moque du microcosme newyorkais dans beaucoup de ses planches. Pourtant j'ai peu à peu apprivoisé le personnage de Polyp et la richesse qu'il proposait dans son parcours de dépouillement. Mazzucchelli propose une galerie de portraits très finement travaillés ce qui rend la quête identitaire d'Astérios originale et de plus en plus touchante. C'est bien la prouesse de l'auteur de donner du volume à un personnage au fur et à mesure qu'il perd en suffisance pour gagner en humanité. Le graphisme et la présentation participent à l'originalité de l'œuvre. Mazzucchelli emprunte à divers styles pour incarner ou désincarner son héros. Le trait suit parfaitement le rythme de la narration pour créer un ensemble cohérent. A l'image d'une architecture ou d'une musique expérimentale cette ouvre réussit à équilibrer les contraires pour former un tout cohérent. C'est une lecture difficile, originale et brillante.
HA ! Je le savais bien que l'abandon du genre "mainstream" par David Mazzucchelli avait forcément une bonne raison : le gars est définitivement trop talentueux pour se limiter à une seule sorte d'expression graphique ; et cette exploration hautement intellectuelle du sens (ou du non-sens) de la vie est aussi bien illustrée -dans un style radicalement "autre"- que ses meilleurs travaux "classiques" chez DC et Marvel. Plus inattendue est l'absolue originalité du traitement du sujet exploré, même si la rupture d'avec les codes habituels du médium favorise l'expérimentation quant à la mise en place de l'action et du texte. Texte assez souvent pointu mais, néanmoins, facile à suivre tant il est réduit à l'essentiel : pas de thèse ni d'analyse poussée dans ces pages dépouillées de toutes fioritures ; et l'effet "aérien" obtenu contrebalance le côté "sérieux" du contexte (nature introspective/froide du héros, artificialité du milieu social, distance systématiquement entretenue avec les ressentis, Etc...). Par contraste, les quelques planches mettant en avant les instants où l'émotion l'emporte sur la réflexion (vers la fin) explosent de sens et de vérité : le quotidien de l'autre au sein du couple (magnifique de simplicité !) ou le flashback de phrases signifiantes, rendues encore plus percutantes par leur souvenir hors contexte -et dans le plus grand désordre. D'un point de vue plus personnel, l'empathie de l'auteur pour ses personnages est l'argument qui m'acquiert de prime abord à l’œuvre : le regard est bienveillant (malgré le presque cynisme de cet architecte blasé) et personne n'est réduit à un cliché simpliste : maximum respect pour avoir dépeint cette bienveillante (répétition, mais que dire d'autre ?!) et originale épouse et mère de famille, férue d'histoire et d'astrologie, sans le moindre soupçon de condescendance ni de moquerie. Très courageux au sein d'une publication à destination d'un public à priori plus marginal/élitiste -et donc d'avantage cultivé (?!)- que les autres. Brillant.
Honnêtement, je ne vois pas trop ce que l’auteur a vraiment voulu exprimer tant il me semble brasser différentes thématiques n’ayant pas de lien entre elles de prime abord. On a tout d’abord le portrait d’un personnage que l’on pourrait qualifier de psychorigide qui se la pète. Un architecte qui n’a jamais rien construit mais dont les livres ont fait la renommée, il est imbu de sa personne et convaincu de son génie. Tout le long du récit, l’auteur va chercher à nous le faire comprendre voire aimer en l’humanisant. Par ailleurs, il y a toute une réflexion, parfois bien trop intellectuelle pour moi (j’avoue n’avoir rien compris à certaines phrases, même en les relisant lentement le cerveau en mode turbine), sur la gémellité, les attirances des contraires et la dualité du monde. Enfin, il y a une critique acide envers les milieux intellectuels et les artistes branchés. Ceci dit, même issu du « peuple », aucun personnage ne semble réellement normal. A la limite, le garagiste… et encore. Au final, seule la partie la plus « roman graphique » m’a convaincu. Au niveau du dessin, l’auteur mélange là aussi les genres. J’ai apprécié sa façon de visualiser la complémentarité/dualité du couple formé par le personnage principal et son ex-femme. Pour le reste, je n’ai rien vu d’exceptionnel dans ce trait. Bon, on va dire que c’est pas mal. C’est très personnel en tous les cas et si je ne vous dissuaderai pas de le lire, je vous conseille tout de même de passer par une location avant achat.
Tiens, je pense être un peu à contre-courant sur ce coup-là... En fait je n'ai vraiment pas aimé ma lecture. le personnage central m'a horripilé du début à la fin, sans aucune interruption. C'est typiquement le genre de personne que je ne supporte pas au quotidien. Alors passer deux heures à lire sa vie, ce ne fut pas vraiment une partie de plaisir. Bien sûr, le but de l'auteur était de nous brosser un portrait de personne exécrable, et sur ce plan il a réussi. Mais j'ai aussi détesté le bouquin. Le graphisme ne m'a pas parlé, trop orienté arts déco/architecture pour moi. Je me suis forcé à le finir, persuadé qu'il y avait quelque chose qui valait le coup. j'ai trouvé que certains choix de mise en scène, de découpage, relevait un peu de l'audace, mais c'est tout ce qui le sauve de la purge éditoriale en ce qui me concerne. Allez, retour à la bibliothèque illico presto.
Je ne savais pas trop à quoi m'attendre en attaquant cette lecture et au final il y a du bon et du moins bon pour moi. Graphiquement il y a plusieurs styles qui se mélangent. Il y a surtout des dominantes de couleurs selon si ce que l'on nous raconte est le présent ou un flash-back. J'ai trouvé que cela fonctionnait merveilleusement bien. En un coup d’œil on peut situer une scène dans le temps et comme l'alternance entre les périodes est très fréquente c'est un vrai plus. Coté histoire, j'ai plutôt accroché à la vie de cet architecte. La mise en place est suffisamment bien tournée pour donner envie de savoir ce qui a conduit le héros à la situation dans laquelle il se trouve. C'est aussi vrai pour sa nouvelle vie, on se demande comment il va finir et ce qui va bien pouvoir lui arriver. Bref que ce soit les événements du passé ou ceux du présent les 2 parties de cette histoire sont intéressantes. Par contre là où cela a moins marché avec moi c'est qu'il y a pas mal de séquences où les personnages dissertent sur différentes théories métaphysiques en tout genre. Et j'avoue que ça ne m'a guère parlé et guère passionné. En fin de compte un album original qui mérite une lecture, mais pour moi ce n'est pas l'oeuvre génialissime promise par certains des avis précédents.
Dur de passer après l'avis de Chalybs tellement celui-ci est détaillé et intéressant. Je dois avouer que j'ai longtemps hésité avant d'acheter cette BD. Etant bibliothécaire j'achète chaque année une ou plusieurs BDs primées à Angoulême pour le fonds de ma structure. Asterios étant primé et étant en plus un comics de Mazzucchelli je n'avais plus d'excuses. Et là grosse surprise. Le scénario m'a personnellement emballé. J'ai suivi les aventures de ce personnage avec un intérêt toujours plus croissant. Le personnage est assez antipathique car hautain et même si je ne le trouvais pas beaucoup mieux à la fin j'ai apprécié l'évolution qu'il a eu. Côté graphique j'ai beaucoup aimé c'est assez spécial mais je pense qu'il joue pour beaucoup dans mon 4 mais c'est purement subjectif. Donc une bonne bd dont j'ai apprécié la lecture et que je pense relire dans quelque temps pour me faire une meilleure idée.
Alors, non, ne vous trompez pas sur ma note. En fait, cette BD est peut-être la première pour laquelle ma note ne reflète pas vraiment la passion ou l'intérêt que je porte réellement à cette œuvre. J'ai attendu plus de deux mois avant de me décider à écrire cet avis en me demandant comment j'allais bien pouvoir m'en sortir entre mon avis objectif et mon avis subjectif. Car, Astérios Polyp a été loin de créer en moi un élan de passion et d'intérêt qui m'aurait fait lire ce roman graphique sans possibilité de sortir ma tête de ses pages. Si je me base sur le scénario, en fait, je me suis un peu ennuyé. L’histoire en elle même est à mon sens relativement banale. Une histoire d'amour qui tourne mal. Un homme égoïste, égocentriste, un peu trop sûr de toute sa théorie qu'il maitrise sur le bout des doigts. Un homme tellement inspiré par lui même qu'il a du mal à connaitre et reconnaître d'autres que lui. Comment dans tout cela, aurait-il pu trouver l'amour. Alors forcément quand celui-ci frappe à sa porte, cet amour est son exact opposé. Son amie est instinctive, expérimentale, sentimentale, jouant de ses émotions et sentiments pour construire sa vie et son métier. Jusqu'au jour où forcément cela ne colle plus et qu'Astérios se retrouve seul. C'est à ce moment de sa vie que nous le retrouvons. Et c'est par flashback que nous apprendrons alors les détails de ce que je viens de raconter. Bref, une histoire d'amour comme il y en a beaucoup. En fait, Astérios Polyp, ce n'est pas l'histoire qui nous intéresse. C’est le sujet et c'est sa construction. Astérios Polyp, ce n'est pas une histoire, c'est une œuvre graphique à part entière, presque poussée dans certains de ces derniers retranchements. Astérios Polyp, ce n'est pas le développement d'une histoire, c'est le développement d'un visuel et d’une réflexion. Rarement, une BD aura aussi bien porté la définition de roman GRAPHIQUE. Je reviens donc sur le scénario qui par sa banalité première et quelque peu ennuyeuse, propose en revanche un découpage excellent. Le parallélisme de sa vie actuelle et passée est maitrisé de belle manière. A aucun moment je n'ai eu l'impression de manquer d'information et à aucun moment je n'ai eu l'impression d'avoir trop d'information ou d'information inutile. Le scénario, pour simpliste qu'il semble, est parfaitement maitrisé, pensé, conçu et rendu. Mais le plus impressionnant encore est le dessin en lui-même et les inventions graphiques de David Mazzuchelli. Le plus évident quand on feuillette ces pages est l’utilisation de la couleur minimaliste. Deux couleurs par page, me semble-t-il, je ne sais plus exactement (comme je l’ai dit j’ai lu cet album il y a plus de 2 mois). Des couleurs que l’on n’oserait pas toujours marier ensemble, jaune et bleu, rouge et bleu… les couleurs étant associées au temps de la narration et aux personnages. Cette couleur donne une âme à cette BD et des repères spatio-temporels inattendus mais terriblement efficaces. Et puis, le trait de Mazzuchelli,, faussement naïf est d’une créativité déconcertante. En fonction des états d’âme de ces personnages, le trait utilisé variera, plus anguleux, plus doux, plus conceptuel comme le trait froid d’un architecte, plus rond comme l’inspiration rêveuse d’une artiste sculpteur. Ce n’est que vers la fin de l’album que je me suis aperçu que la forme même des phylactères variait en fonction des personnages : carré pour Astérios, rond pour Fleur sa femme et d’autres encore que je vous laisse découvrir. Astérios est d’une imagination, d’une création et conception graphique hors norme. Je suis sûr d’être passé à coté de nombreux détails. Allez, et puis malgré tout, Astérios ce sont aussi des rencontres et des personnages atypiques aux caractères surprenants, des dialogues ciselés reflétant la recherche et la mentalité des locuteurs. Derrière Astérios se cache une approche philosophique et idéologique plutôt fine et jamais rébarbative. Voilà, Astérios, c’est tout cela et plus encore. Une œuvre déroutante par son apparente simplicité et la richesse qui la compose : richesse graphique, richesse philosophique, richesse scénaristique (ben oui quoi, ce n’est pas parce que je n’aime pas qu’il n’y a rien). Astérios c’est aussi une fin surprenante, à l’opposé de l’approche trop logique et de la pensée froide de son héros. Ce clin d’œil cynique et ironique nous montre bien finalement que quoi qu’on en pense, notre destin n’est jamais vraiment dans nos mains et que le bonheur n’est pas là où on le pense. Sur ce, je vais continuer à chercher, moi…
Asterios Polyp, pour moi, c’est un peu comme une cathédrale. Ce n’est pas parce que la religion et les symboles qu’elle impose m’exaspèrent que je ne peux pas en apprécier la beauté, la justesse de réalisation et tout ce qui est pensé en amont. Car derrière ce bloc de granit dépoli à la présentation austère et peu avenante –franchement, la couverture est assez laide et ne donne pas franchement envie de se plonger dans la lecture de ce machin- se construit minutieusement l’œuvre de David Mazzucchelli et son personnage, Asterios Polyp. Et quel personnage ! Personne insupportable qu’on apprivoise finalement petit à petit au fil des différents volets de sa vie qui nous sont révélés peu à peu par touches. Façon impressionniste, tant dans la forme que dans le fond, Mazzucchelli joue avec les couleurs et les formes pour donner une signification à son trait minimaliste. Ici, tout fait sens et accentue l’intention : il compose avec une palette de sentiments, en recodant les relations des personnages de façon graphique. Là où d’autres s’embourbent dans la lourdeur pour évoquer de telles choses, il rationalise et rivalise d’imagination pour arriver à l’essentiel. Courbes, lignes et couleurs font grand ballets et s’agence de façon virtuose. Franchement, moi qui ne partais pas du tout convaincu après avoir rapidement feuilleté cette BD, j’en ressors au final assez bluffé ! C’est le genre d’album qui appelle plus d’une relecture pour y dénicher les multiples références qui se cachent et que l’auteur a disséminé en Grand Architecte émérite, tel un jeu de piste à différents niveaux de lecture. Si certaines sont un peu grosses et flagrantes, l’ensemble donne plutôt dans la subtilité et la surprise. Chaque personnage est profond et fini par nous surprendre au fil de l’évolution du récit. Un album impressionnant, qui je le conçois pourra en rebuter certains, mais qui mérite largement les lauriers qu’on lui a attribué. Une bonne claque comme je les aime !
Rien que le titre me faisait peur. C’est une bd que je n’avais franchement pas envie d’aborder car elle me paraissait un peu inaccessible car hautement intellectuel. Il y a un florilège d’avis très positifs qui ont accentué le phénomène. Cependant, il existe des œuvres qui sont indispensables à la lecture comme en témoigne le grand prix obtenu à Angoulême cette année. C’est une bd phénomène qui apporte quelque chose de nouveau dans le paysage. Bref, un passage obligé. Mes craintes n’étaient pas justifiées car la lecture s’est révélée facile et assez fluide. J’ai réussi à comprendre la portée philosophique tout en admirant une mise en page très imaginative et qui joue avec les formes et l’espace. On se rend compte que de petits détails et des sujets de conversations assez anodines peuvent prendre toute leur importance et notamment à la fin de ce récit. Bref, c’est du réfléchi. C’est vrai qu’à force de magnifier les choses, on peut s’attendre à de l’exceptionnel. Or, cela ne sera pas le cas avec ce titre. Même l’émotion aura du mal à passer avec un personnage aussi froid et hautain que notre héros. On ne joue pas dans ce domaine mais dans une sorte d’étape supérieure ce qui repousse les limites. Bref, cela reste un excellent roman graphique à découvrir.
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