No Hero
Il y a quarante ans, un groupe de justiciers est né. A leur tête, un homme, et surtout une drogue, le FX7, capable de leur conférer d’incroyables aptitudes. Mais un tel pouvoir ne va pas sans responsabilités… ni sans dangers. Vous voulez être un super-héros ? Mais à quel point ?
Auteurs britanniques Avatar Press Les petits éditeurs indépendants Warren Ellis
Il y a quarante ans, un groupe de justiciers est né. A leur tête, un homme, et surtout une drogue, le FX7, capable de leur conférer d’incroyables aptitudes. Mais un tel pouvoir ne va pas sans responsabilités… ni sans dangers. Vous voulez être un super-héros ? Mais à quel point ?
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Date de parution | Avril 2010 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Imparable & Indispensable - Ce tome regroupe les 8 épisodes parus en 2008/2009. Il comprend une histoire complète et indépendante. Cette dernière s'inscrit dans une trilogie thématique sur les superhéros : (1) Black Summer , (2) No Hero et (3) Supergod . Le scenario est de Warren Ellis, et les illustrations de Juan Jose Ryp. Le 06 juin 1966, les Levellers (un groupe de 6 superhéros) fait sa première apparition aux États-Unis. Ils s'interposent dans une guerre des gangs et aident les pompiers à évacuer des victimes lors de l'incendie d'un immeuble. Carrick Masterson intervient en leur nom à la télévision pour expliquer que leur objectif est de libérer la population de la peur qui pèse sur elle. Le 07 juillet 1977, Masterson intervient de nouveau pour réaffirmer le rôle de son groupe dans l'ordre des choses et annoncer leur nouveau nom : Front Line. 11 juin 2011, Doctor Shift (l'un des Front Line) répond à l'appel de 2 policiers qui ont retrouvé Judex (un autre Front Line) dépecé dans le sous-sol d'une maison. Les 2 superhéros trouvent la mort dan cette intervention. Masterson décide de recruter Josh Carver (jeune homme straight edge, végétarien et souhaitant désespérément être recruté). Après avoir testé ses capacités, il l'emmène au manoir de Front Line où ils sont accueillis par Jack Marsh, responsable de la logistique. Warren Ellis repart donc d'une situation où il existe une poignée de superhéros créés de manière scientifique. Il ne semble pas y avoir de supercriminels, l'équipe est victime d'attaques mortelles et un nouveau membre passe l'épreuve de la transformation. L'introduction d'un novice dans l'équipe permet à Ellis de faire découvrir cette étonnante équipe (presqu'une institution à ce stade) au lecteur en même temps. Dès le début, chaque personnage est représenté comme un être adulte, avec un comportement et des motivations d'adulte. Le niveau de violence graphique est très élevé : la vue du corps dépecé de Judex est assez éprouvante, car Juan Jose Ryp dessine tous les détails avec application. La première intervention de Josh Carver sur des criminels de rue se solde également par une boucherie éprouvante très graphique. Il y a donc là 2 auteurs qui ont choisi de placer leur récit dans un registre adulte et ultra-violent. Ce dernier point est assez logique puisque le concept de superhéros repose sur le principe de disposer de pouvoirs physiques ou surnaturels qui permettent d'imposer sa volonté de force aux autres. Warren Ellis s'est surpassé avec ce récit. Il ne se contente pas d'une histoire linéaire avec gros combats brutaux (même s'il y en a plusieurs mémorables). Il ne se contente pas non plus de rajouter une explication pseudo-scientifique à base d'anticipation imaginative pour expliquer l'existence des superhéros. Les éléments supplémentaires qui marquent le lecteur sont la construction du récit, et la personnalité des protagonistes. Ce récit est très dense : chaque élément est significatif et a son importance. Au fur et à mesure des pages, Josh Carver va de découverte en découverte et le lecteur avec lui. Il ne s'agit pas seulement de découvrir qui sont les Front Line et Carrick Masterson. Chaque chapitre réserve plusieurs surprises dont les prémices sont montrées explicitement au lecteur dans les scènes précédentes. Ellis a bâti un thriller doté d'une mécanique impressionnante et imparable. En feuilletant cette bande dessinée une deuxième fois, j'ai été impressionné par la rigueur du suspense et le tour de force accompli par Ellis qui donne tous les éléments au lecteur au fur et à mesure, sans rien cacher. Dès le départ, Ellis rappelle que le concept de superhéros repose sur une grosse brute plus forte que les autres, qui applique sa propre forme de justice, sans respecter la loi. Il y a là un commentaire social devenu assez commun dans les récits de superhéros postmodernes. Mais Ellis ne s'arrête pas là, il répond également à la question qu'il pose dans le titre : jusqu'où iriez-vous pour être un superhéros ? Rien n'est gratuit et le prix à payer par Josh Carver doit être vu pour être cru. Encore une fois l'approche détaillée et réaliste de Juan Jose Ryp transcrit toute l'horreur de sa situation. D'une manière générale les illustrations dépassent la simple mise en image du récit, pour apporter elles aussi de nombreuses informations supplémentaires sous forme visuelle. Non seulement Ryp se complaît dans une orgie de détails exigeant une attention soutenue lors de la lecture ; mais aussi il apporte une grande réflexion à l'agencement de ces éléments, à leur logique. Pour une fois, Ellis évite la tentation de donner une leçon de politique un peu expédiée, il contourne cet obstacle de manière habile en intégrant les conséquences basiques de l'existence d'une équipe de superhéros dans notre monde de tous les jours. Il effectue la distinction entre son impact médiatique (le sauvetage d'individus en danger immédiat) et la partie immergée de l'iceberg (je vous laisse la découvrir). Ce qui rend la lecture encore plus divertissante, c'est que ces thèmes sont portés par des protagonistes avec une vraie personnalité. Ellis se focalise sur un petit nombre de personnages (tous les membres de Front Line n'ont pas le droit à leur moment) et le lecteur découvre petit à petit qui ils sont. Il le découvre au travers de leurs actes, de leurs prises de position et des dialogues. Ellis ayant établi dès le début que les personnages se conduisent comme des adultes, le lecteur comprend que chaque réplique est motivée par une intention plus ou moins explicite. Au final l'histoire est autant portée par l'existence de superhéros que par la personnalité et la psychologie de chacun. Comme toujours, Warren Ellis sait faire respirer sa narration en incluant des pages dédiées à l'action et plus légères en dialogues. Le lecteur avance alors plus vite car le rythme de lecture est plus rapide. S'il est possible d'être agacé par la minutie obsessionnelle de Juan Jose Ryp, il n'est par contre pas possible de lui reprocher d'être dépourvu de personnalité, ou d'implication Il se donne à fond pour toutes les cases, toutes les mises en page. L'aménagement de la piaule de Josh Carver fournit toutes les informations nécessaires au lecteur pour se rendre compte de sa détermination à atteindre son but (être repéré pour intégrer Front Line). La première intervention de Carver lors de sa patrouille dégénère en affrontement ultra violent avec giclées de sang. Là encore, la volonté de Ryp d'être descriptif, de rentrer dans les détails, de montrer l'impact réel des coups, la destruction liée à la force cinétique ne permet pas au lecteur de simplement se complaire devant cette violence cathartique. Dans sa démesure, la description l'oblige également à prendre conscience du traumatisme que constituent ces actes d'une violence extrême. Ellis a trouvé un dessinateur à la (dé)mesure des scènes qu'il a imaginées. No hero est avant tout un thriller dense et très violent, reposant sur un scénario très structuré où rien n'est laissé au hasard. La mise en images est à la hauteur de cette violence et elle porte autant le récit que les dialogues. En plus Warren Ellis répond à la question relative au coût pour bénéficier de superpouvoir d'une manière lumineuse et évidente. Cette histoire dispose d'autant plus de force qu'elle ne constitue pas une parodie ou un (méta)commentaire sur les superhéros. Elle se suffit à elle-même sans que le lecteur ne doive disposer d'une bibliothèque de références. Par contre, Warren Ellis en profite pour mettre en scène un point de vue bien noir sur plusieurs aspects de la nature humaine et de notre société, sans jamais pontifier. Par exemple la critique de notre société d'omni-communication est en filigrane de la stratégie de contrôle des dommages de Carrick Masterson. À ce titre "No hero" figure également parmi les meilleurs romans noirs.
Second one-shot de la trilogie thématique de Warren Ellis sur sa vision pessimiste des Super Héros après Black Summer et toujours avec J.J. Ryp aux pinceaux, No Hero ne permet aucun doute sur son contenu de par son titre. Si Black Summer se permettait de trop grosses ambitions à développer en un seul album en négligeant certains de ses personnages bien trop nombreux, Ellis corrige le tir en s'attachant au destin d'un jeune homme irréprochable au premier abord souhaitant intégrer un groupe de super justiciers. De simple Vigilante sans reproches, Joshua va attirer l'attention de Carrick Masterson, génial inventeur d'une drogue procurant les pouvoirs nécessaires pour devenir un membre surpuissant des Front Line. Mais cette métamorphose se fera au prix fort.... Ellis ne manque pas d'ambitions et se permet même le luxe d'instaurer son univers et ses origines par de judicieux flashbacks des années 60 à l'époque actuelle. Or l'époque actuelle est bien celle de l'après 11 septembre et de la sécurité intérieure au sein des Etats-Unis, véritable propos de cette histoire. Aux innocents les mains sales pourrait-on même se permettre d'évoquer en parallèle de la lente mais horrible métamorphose de Joshua en arme ultime qui ne se fera pas sans douleur. La douleur justement tant physique que psychologique trouve un véritable écho entre les mains de Ryp. Graphiquement c'est superbe mais également très organique avec de nombreuses scènes sanglantes et même difficiles à supporter. La méthode Ellis/Ryp déjà bien expressive dans Black Summer ne ménage pas ses lecteurs par de nombreux ajouts "gratinés". Les amateurs de gore tout comme d'action vont apprécier tout en se doutant de la fin tragique et inéluctable de cette escalade même si il subsiste quelques surprises qu'il serait indécent de dévoiler ici. Proposant des planches superbes et fourmillant de détails, No Hero est bien plus intéressant que Black Summer et moins confus. Le seul reproche formulé pourrait être dans son déroulement finalement prévisible mais ô combien jouissif.
C'est trop sanguinolant et violent à souhait pour pas grand chose au final. Le graphisme est certes de très bonne qualité avec de magnifiques planches très réalistes. Cependant, le scénario demeure trop basique ou classique pour étonner le lecteur : la créature qui se révait héros justicier et qui se retourne contre son créateur après avoir compris à quel point elle était manipulée. On est dans en plein dans le délire lié certes à la prise de drogue qui donne de supers pouvoirs capables de modifier la politique mondiale. Hallucinant serait un terme convenu dans cette horreur narcolitique. Je ne sais pas jusqu'à quel point on a envie de découvrir cette bd. J'ai l'impression d'avoir plutôt perdu mon temps car on verse dans l'horreur gore jusqu'à la fin pour un message qu'on aura tout de suite compris. Bref, on ne passe pas un agréable moment ...
Ce comics est pour un public averti. Il est bourrin et sanguinolent. Pourtant il repose sur un minimum de réflexions. Un homme a le pouvoir de permettre à quiconque de devenir un super-héros grâce à une molécule particulière. Dans ce récit, Ellis prend le parti de démontrer le pouvoir (et ses abus) qu'offre ce produit. Il va de soit que malgré la puissance de feu que donne la maitrise des super-héros, cela génère des jalousies et des rancunes allant tranquillement vers l'isolationnisme. Le récit démarre d'ailleurs sur la mort de 2 super-héros de l'équipe dans un attentat, le premier ayant servi d'appas pour le second. Qui ose s'en prendre à ces êtres hors normes, sachant qu'il ne s'agit pas de la première victime ? Il faut rapidement recruter pour ré-étoffer l'équipe, on va découvrir le parcours d'intégration de la nouvelle recrue. Au fur et à mesure du récit, on est amené à réfléchir sur divers points. C'est à chacun d'interpréter même si de nombreux sujets sont pré-mâchés. "No Hero" entraine le lecteur dans une spirale de violence où les victimes se multiplient au fil des pages. La conclusion de one shot est logique au regard du contenu du récit. L'ensemble se tient et ne laissera pas indifférent. Le dessin est très détaillé, limite chargé. Il est excellent mais l'hémoglobine a tendance à trop envahir les cases. J'ai été surpris positivement par cette lecture proposant une autre approche des récits de super-héros. Note finale : 3,5/5
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