Arrête d'oublier de te souvenir (Stop forgetting to remember)

Note: 4/5
(4/5 pour 3 avis)

Dans ce graphic novel autobiographique, le dessinateur américain parle de bande dessinée, de sexe, d’amitié, de paternité, de politique… Inventif et réjouissant de bout en bout !


Autobiographie Bichromie Cà et Là Comix Le Catch Les petits éditeurs indépendants Profession : bédéiste

Publié en 2007 aux États-Unis, Arrête d’oublier de te souvenir est le livre le plus personnel de Peter Kuper, auteur récompensé par de nombreux prix pour ses illustrations de presse et ses adaptations de Franz Kafka et de Upton Sinclair. Arrête d’oublier de te souvenir est l’auto-parodie de la vie d’un auteur de bande dessinée, un parfait exemple d’autofiction. Kuper se représente sous les traits d’un illustrateur embourgeoisé, pour une discussion avec le lecteur sur sa découverte du sexe, de la drogue, et un vaste exposé sur les problèmes existentiels de l’auteur, confronté à son rôle de mari et de père... Au cours du livre, Kuper juxtapose le quotidien de sa vie avec la présentation de flashbacks de sa jeunesse, séquences dont il est à la fois le présentateur et le spectateur critique. Couvrant une longue période, de 1972 à 2005, les séquences autobiographiques sont l’occasion de citer de nombreuses références culturelles, de la découverte des Pink Floyd aux classiques de la bande dessinée, de Popeye à Crazy Kat en passant par Mad Magazine. L’actualité politique est également très présente, à travers un regard extrêmement critique sur les mandats des Bush (père et fils), ce qui ne surprend pas de la part de cet auteur qui compte parmi les dessinateurs américains les plus engagés. Un grand roman autobiographique.

Scénario
Dessin
Traduction
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 15 Octobre 2009
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Arrête d'oublier de te souvenir © Cà et Là 2009
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 3 avis)
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02/12/2010 | Ems
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L'avatar du posteur Noirdésir

On est là dans la plus pure veine autobiographique du comics, comme Joe Matt a pu le faire sur plusieurs albums (il y a pas mal de points communs entre ces deux auteurs), et sur un ton assez proche : pas mal d’autodérision, Peter Kuper n’hésitant pas à montrer certains passages pénibles, ridicules de sa vie (par exemple lors de ses premiers flirts). Cette autodérision est souvent l’occasion d’aérer le récit, en insufflant quelques petites touches d’humour. Globalement, c’est inégal, mais vraiment intéressant – mais il ne faut pas être réfractaire à ce genre autocentré, nombriliste. D’autant plus que le rythme est lui aussi irrégulier. Certains passages sont moins intéressants, franchement longuets, tandis que d’autres sont un peu expédiés (comme on pourrait le faire dans un journal intime). Graphiquement, c’est très lisible, simple, sans fioriture. Au final, c’est une lecture agréable, que j’ai bien aimée. C’est assez dense et compact (format oblige), ça ne se lit pas en cinq minutes ! Mais, dans le genre autobio/indé/comics, c’est une belle réussite dont je vous recommande la lecture. Note réelle 3,5/5.

10/11/2022 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5
L'avatar du posteur gruizzli

Voila un roman graphique généreux et agréable à lire. On sent que l'auteur s'est fait plaisir à l'écrire et nous transmet ce plaisir que j'ai ressenti tout au long de la lecture, dans les dessins, l'histoire et le ton. Je suis touché par cette lecture d'un récit sincère ! Peter Kuper développe un roman graphique s'étalant sur près de dix ans, racontant tour à tout sa vie, son œuvre et ses pensées. C'est très bien mené, avec une alternance de ton et de récit qui évite de se lasser, et le décousu n'empêche pas de bien suivre tout ce qui s'est passé. Le découpage en chapitres, où l'auteur associe chaque épisode de sa vie à ce qui lui arrive au moment où il l'écrit, est bien pensé, mettant en relation tous les épisodes de sa vie et développant progressivement cet auteur qui se met à nu. Alors certes, c'est très intimiste comme récit, et si vous n'aimez pas voir la vie d'une personne dévoilée, passez largement votre chemin ! Mais si vous aimez un peu ce type de récit, il est réellement très bien fait, avec tout ce qu'il faut d'humanité pour émouvoir et faire réfléchir. Plusieurs épisodes de la vie de Peter Kuper sont étonnants, que ce soit autour du sexe, de la drogue, de l'édition ou de l'amitié, ce n'est pas si linéaire que j'aurais pensé au début de ma lecture. Mais surtout, c'est une BD servie par un excellent dessin, avec un mélange des genres comics qui détonne : on sent l'influence de certains académismes mais surtout des comics underground des années 90, de la liberté du dessin et des représentations, certaines inspirations étant clairement indiquées, d'autres assez visibles. Le choix de la bichromie variant entre noir et blanc, et brun et blanc permet d'alterner les scènes entre passé et présent, et dans les deux cas j'ai beaucoup aimé ce qu'il en tire. C'est une petite trouvaille visuelle, et dans ce mélange de genre de dessins, l'auteur arrive à émouvoir et faire ressentir les états d'âme autant que les réflexions qu'il provoque sur la paternité. Une trouvaille qui m'a beaucoup plu, indéniablement, mais dont je suis étonné de la relative discrétion de ce comics, qui a pourtant tous les atouts pour être reconnu. Et vu que ma lecture m'a enthousiasmé, je vous recommande chaudement de le voir, en espérant que vous l'apprécierez autant que moi !

01/03/2020 (modifier)
Par Ems
Note: 4/5

Les fans de romans graphiques autobiographiques seront servis avec "Arrête d'oublier de te souvenir", les autres verront une énième production nombriliste. Ce pavé de plus de 200 pages passe du coq à l'âne sans que cela génère la moindre gêne à la lecture. L'auteur se livre avec franchise et auto-dérision. Il arrive à rendre intéressant des petits actes classiques de tous les jours. Il aborde tous les sujets les plus classiques des romans graphiques sans omettre de donner ses opinions comme par exemple en politique. Le style graphique est particulier car il s'agit d'une production bichromique jouant avec un marron mais où les couleurs ne se partagent pas les cases, au pire elles ont chacune leur plan. Cette trouvaille permet des effets de style dans la narration, Kuper ne s'en prive pas et varie les effets selon les besoins. Il y a des passages plus longuets et d'autres défilants à toute vitesse, toute personne ayant dépassé les 30 ans se retrouvera partiellement dans ce récit abordant les grandes phases et expériences de vie : l'amitié, la sexualité, la famille, l'école, l'amour, la parentalité, etc.... Tout y passe sans tabous, rendant ce récit plaisant et authentique. Ce travail introspectif d'une demi-vie mérite une longue et bonne lecture, il ne faut pas s'arrêter à la couverture anti-commerciale.

02/12/2010 (modifier)