Locke & Key

Note: 4/5
(4/5 pour 23 avis)

Le romancier à succès Joe Hill et le dessinateur prodige Gabriel Rodriguez vous invitent dans un monde de terreurs et de merveilles : Locke & Key.


BD adaptées en séries télévisées live Best-of des 20 ans du site IDW Publishing Les meilleurs comics Les petits éditeurs indépendants

Keyhouse : un étrange manoir de la Nouvelle-Angleterre. Un manoir hanté, dont les portes peuvent transformer ceux qui osent les franchir… Après le meurtre brutal de leur père, Tyler, Bode et Kinsey découvrent leur nouvelle demeure, croyant y trouver le refuge dont ils ont besoin pour panser leurs plaies. Mais une ténébreuse créature les y attend pour ouvrir la plus terrifiante de toutes les portes…

Scénario
Dessin
Couleurs
Traduction
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 19 Novembre 2010
Statut histoire Série terminée (6 tomes + 1 hors-série) 7 tomes parus

Couverture de la série Locke & Key © Hi Comics 2010
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 23 avis)
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19/12/2010 | jurin
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Par karibou79
Note: 4/5
L'avatar du posteur karibou79

4.5 Joe Hill, peu connu avant cette série (et c'est tant mieux car cela a évité un sticker racoleur sur les couvertures), a concocté un scénario bien huilé qui déroule ces 6 tomes comme sur du velours: le tome 1 sert à poser les bases, le 2 lance l'intrigue, le 3 accélère sur l'action etc. jusqu'au dernier tome qui pose une fin qu'on ne saurait avoir imaginée tant les possibilités offertes par cet univers sont nombreuses. En optant pour le fantastique pur, les auteurs ont sans doute dû décevoir des lecteurs ayant pris à cœur la psyché des personnages qui deviennent soudainement plus binaires, mais c'est un parti-pris, sans doute boosté par le patrimoine génétique de Stephen King. Des cliffhangers de fou, des relances de donne grâce aux clés qui rendent les intervenants une fois invincibles et puis subitement vulnérables. Car oui, le vilain paraît, grâce à sa volonté surhumaine, avoir tous les atouts dans sa poche mais se retrouve acculé avant de mieux rebondir. De l'autre côté, la famille Locke et la bande lycéenne, se soudent petit à petit après l'acceptation des forces et faiblesses de chacun. Que ce soit Tyler le costaud, Bode le fantasque ou Scot le dandy, chacun se mettra à nu lors de cette balade sans retour. Concluons par le dessin que l'on peut aimer ou non (comics oblige) mais dont la mise en page parfois très Art Nouveau ne que faire l'unanimité. Beaucoup d'inventivité sans incompréhensibilité, beaucoup de détails sans fouillis. Oui, vraiment au top sur ce coup-là. Une série qui mérite pleinement d'entrer dans le best of des comics.

26/07/2022 (modifier)
L'avatar du posteur Le Grand A

C’est après avoir été mordu par l’adaptation sur Netflix et les 2 premières saisons que j’ai décidé de me lancer dans le média d’origine, et ainsi approfondir mes connaissances de l’univers Locke & Key. Aussi je ferai dans le message court. Le comics ayant reçu une pléiade d’avis dithyrambiques, je ne fais que rajouter ma pierre à l’édifice. Oui, c’est super bien écrit, après une lecture marathon sur 2 jours, je ressors de l’intégrale littéralement lessivé. On passe par tout un spectre d’émotions : la peur, l’angoisse, la surprise, la stupeur, etc. Je note surtout que le comics est plus adulte et violent que la série live qui pour le coup est elle davantage destinée aux « teenagers ». J’adore les 2, chacune a ses qualités et ses défauts. Et si par moment j’ai trouvé la série Netflix mieux écrite, j’ai quand même préféré le ton du comics. On est clairement dans une filiation à la Stephen King, et pas seulement pour la référence Carrie dans le tome 6, ou l’histoire qui se déroule sur deux générations dans une petite ville américaine comme dans Ça. Joe Hill est le fils de Stephen King ! (Voyez-vous ça ! ) Les références y sont nombreuses et j’ai beaucoup apprécié le mélange d’horrifique et de fantastique. Les graphismes de Gabriel Rodriguez et Jay Fotos ne sont clairement pas ma tasse de thé, mais en y regardant de plus près je leurs trouve des qualités, notamment dans la « mise en scène ». Ils sont doués c’est sûr, sans que j’accroche plus que ça au style. Une histoire remarquable, à ranger parmi les futurs classiques du genre.

16/02/2022 (modifier)
Par Loupgris
Note: 4/5

Quand j'ai appris que Netflix sortait cette série, adaptée d'un comics multi récompensé, je l'ai emprunté à la bibliothèque. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que je n'ai pas été déçu. L'histoire est originale et très bien menée, ce qui est une belle performance vu l'univers. Il y a très peu de temps mort ou de passages inutiles tout au long des 6 tomes. Si l'on veut émettre une (petite) réserve, c'est sur le début de l'histoire (1er tome) qui est un peu long à démarrer. Mais vu le nombre de choses à mettre en place, cela s'accepte sans problème. A partir du tome 2, il devient très dur de lâcher cette série qui se lit très vite. Quant au dessin, il est très bon et surtout très égalitaire tout au long de la série (ce qui est rarement le cas dans les comics qui changent souvent de dessinateur au gré des tomes). Donc ici aucun mal à reconnaître les personnages d'un tome à l'autre, vraiment du très bon travail. J'accorderai une mention spéciale aux 'ombres' dont on a l'impression qu'elles sont vivantes. En résumé, un très bon comics, à lire sans hésiter (note = 4,5 / 5).

27/10/2021 (modifier)
Par jul
Note: 4/5 Coups de coeur expiré

C'est vraiment mon coup de cœur lors de mes derniers achats de l'année 2017. Je ne connaissais rien à ces 2 auteurs. Ni Joe Hill, Le King junior, qui a d’ailleurs un style bien à lui, très éloigné de son illustre paternel ). Ni le dessinateur Gabriel Rodriguez. J'ai de toute façon de grosses lacunes en bds américaines ). J'ai été tout de suite emporté par cette histoire, comme un super film hollywoodien ( pas si éloigné des productions Amblins, ou des livres de Stephen King finalement ). Mais en plus moderne, comme si Spielberg, Stephen King et Neil Gaiman rencontraient Del Toro ou Peter Jackson ... ça fait beaucoup de monde à table ^^ Mais je n'ai put m'empêcher de penser à ces auteurs pendant la lecture de cette série: L'idée des différentes clefs qui ouvrent des espèces de passages secrets physiques ou mentaux, des portes dimensionnelles ou pouvoirs spéciaux. Comme un jeu vidéo. J'aime également tout particulièrement l'esprit maléfique de la femme dans le puits, qui transfère son esprit dans le corps d'un jeune homme ... Le scénario est très dense, fouillé et vraiment original. Avec pas mal de ramifications. Comme les séries télés modernes quoi ( mon dieu j'ai vieillis... c'est ça à rester bloqué dans les années 80 et 90 , oui je ne regarde AUCUNES SERIES ). Il y a donc également un côté jeux de rôle ou jeux vidéo amplifié par les superbes couvertures de comics, comparables à des jeux de rôlistes... Bon peut être pas mais étant étranger à ce milieu c'est dont à quoi cela m'a fait penser. Et puis les pages du tome 3 ou les créatures noires se mettent à se développer et à poursuivre les héros sont subli-mi-ssimes ! Vraiment époustouflantes. Bref cette série est pour moi un tour de force car ces 2 auteurs ont réussis à transcender leurs très nombreuses influences, pour en faire quelque chose de vraiment nouveau. Cela doit être le style " Joe Hill" et de Rodriguez aussi. Un sans faute. Chapeau !

31/01/2018 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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Je ne sais pas pourquoi, mais j'avais un a priori sur le dessin de cette BD alors même que je n'avais jamais vu la moindre planche. C'est sans doute dû aux couvertures de la première édition française, que je n'aimais vraiment pas. Heureusement, la réédition est sortie, et j'ai pu me plonger dans cette BD, qui fut une très grosse surprise autant sur le fond que sur la forme. Déjà, je ne m'attendais pas à ce que ça commence aussi brutalement et aussi soudainement. Première planche, directement dans l'action, et pas n'importe laquelle. On n'a pas le temps de se reposer une seconde dans cette BD qui a un rythme d'enfer d'un bout à l'autre. Bien évidemment, c'est une BD au scénario extrêmement bien construit. Bien que l'on puisse avoir l'impression que les auteurs s'inspirent d'un univers lovecraftien (et il y a en effet des petits points de scénarios qui peuvent le rappeler), c'est un univers très différent et bien personnel que les auteurs ont développé là. Mais un univers bourré d'inventivité. Je ne détaillerai pas tout, pour laisser le plaisir de découvrir à ceux qui ne connaissent pas, mais la façon dont les pouvoirs apparaissent et sont utilisés est particulièrement bien imaginée. C'est aussi une BD qui ose avoir des thèmes plus graves : la mort intervient plusieurs fois, des personnages sont malheureux et ne s'en sortent pas, et le final est en demi-teintes. Ca finit bien, mais pas pour tout le monde. Le dessin est très bon, efficace et dans le genre comics moderne. Il n'y aurait pas grand chose à en dire, la diversité des personnages n'empêche pas la reconnaissance de chacun et les décors sont très bons. C'est simple et efficace. Bref, une lecture pour laquelle je partais avec plusieurs idées complètement fausse et qui m'a vraiment bien plu. C'est étonnant, unique en son genre et avec de l'inventivité dans l'histoire. Pour le coup, ça fait du bien d'être trompé dans ses attentes quand c'est pour une telle réussite.

03/10/2017 (modifier)
Par Jérem
Note: 5/5 Coups de coeur expiré

Je lis très peu de comics. J'ai longtemps été hermétique à la BD américaine mais j'y fais de plus en plus d'incursions. J'ai découvert l'existence de cette série sur ce site et les nombreux avis élogieux m'ont convaincu d'en tenter la lecture en dépit d'un visuel qui, de prime abord, me rebutait quelque peu. J'ai attendu la sortie du sixième et dernier tome pour lire la saga d'une traite. En fait, je l'ai plutôt dévorée ! Véritable hommage au génial Lovecraft, Locke & Key a su jouer avec les thématiques du maître du fantastique tout en développant un univers singulier et moderne. Le système des clés (que je ne développe pas pour ne pas spoiler) est tout simplement génial et incroyablement original. La créativité de l'écrivain Joe Hill, que je découvre à cette occasion, semble sans limite. Narration, suspense et rebondissements sont parfaitement maîtrisés. Le scénariste arrive à donner une atmosphère toute particulière à son histoire. Les (très nombreux) personnages sont soignés et intéressants et prennent rapidement de la densité psychologique . Les dessins qui m'avaient un peu gênés au début de ma lecture se révèlent finalement magnifiques et collent avec beaucoup de justesse à cette ambiance horreur / fantastique. Le travail de Rodriguez gagne progressivement en qualité et en audace. Bref, c'est du très beau boulot ! Locke & Key est sans conteste l'une des meilleures séries fantastiques actuelles et comblera tous les amateurs d'imaginaire.

03/06/2016 (modifier)
Par Ro
Note: 4/5
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Cela faisait quelques semaines que je stressais à l'idée de trouver une série marquante pour mon 5000e avis sur BDtheque. Et mes dernières lectures n'étaient toutes que sympathiques sans plus. Jusqu'à ce que je réalise que je n'avais pas avisé Locke & Key car j'attendais d'en lire l'intégrale. En quoi Locke & Key est-elle une série marquante ? Simplement car il s'agit d'un très bon comics, au scénario original et dense, au graphisme très soigné et qui a le bon goût de se terminer de belle manière en 6 tomes seulement. Locke & Key, c'est l'histoire d'une famille héritière d'une superbe demeure où sont disséminées des clés magiques aux pouvoirs étranges et variés. C'est aussi et surtout l'histoire d'une entité du Mal qui désire foncièrement l'une de ces clés là en particulier et qui s'en prend de manière très insidieuse et manipulatrice à la famille en question. Le graphisme de Gabriel Rodriguez est très agréable et soigné. Avec un encrage élégant et des couleurs de qualité, il offre des planches esthétiques à la narration maîtrisée. Il offre aussi une véritable personnalité graphique à ses protagonistes. Cette personnalité, on la retrouve dans le scénario, avec une galerie de personnages originaux et assez réalistes tout en étant variés. Chacun suit sa route et leurs interactions à tous forgent l'un des attraits du récit. L'intrigue en elle-même présente une situation initiale intéressante et ponctuée par la suite de rebondissements osés et souvent inattendus. C'est le genre de récit où l'on ne peut pas deviner à l'avance ce qu'il va se passer et où il peut arriver le pire aux protagonistes auxquels on s'est attachés. A noter aussi un "méchant" particulièrement retors et fourbe, ainsi que l'originalité d'y suivre d'aussi près son parcours et son état d'esprit que celui des "gentils", ce qui le rend d'ailleurs presque plus charismatique que ces derniers. En même temps, j'ai trouvé certains éléments de cette série légèrement dérangeants. D'une part, il y a une forme manifeste de violence, d'autant plus qu'elle s'intègre parfois avec mordant dans la simplicité d'une vie quotidienne. La façon dont le méchant du récit se joue des héros en s'intégrant à leurs côtés à leur insu et dont il en profite pour abuser d'eux et éliminer au sens propre toute menace à ses projets est assez radicale. Ensuite, le comportement de certains personnages ne m'a pas toujours convaincu. Cela provient peut-être du fait de savoir, en tant que lecteur, qu'ils sont manipulés, mais je n'ai pas trop aimé les réactions de mâle vexé du grand frère, ni le côté espiègle du petit frère. Il y a enfin des clés aux conséquences bizarres auxquelles j'ai du mal à adhérer. C'est notamment le cas de celle qui "ouvre l'esprit" que je trouve assez dégoûtante et bancale. De ce fait, je n'ai pas de véritable coup de cœur pour cette série mais j'admire sa qualité graphique, son intrigue originale et complexe et la façon dont elle sait se rendre prenante et bien construite. Une vraie bonne lecture.

16/03/2015 (modifier)
Par Chéreau
Note: 4/5 Coups de coeur expiré

Locke & Key a été l'événement BD des années 2009 à 2012 aux États-Unis. Cette série fantastique remarquable le mérite. Le dessin de Gabriel Rodriguez, efficace et déjà solide au début, mais encore nerveux, se libère d'album en album pour atteindre des sommets dans le dernier tome : construction des pages, cadrages, personnages, scènes d'ensemble, couleurs... tout devient à la fois très maîtrisé et naturellement fluide. Rodriguez parvient paradoxalement à nous offrir une virtuosité graphique époustouflante avec une sobriété et une justesse de vieux maître. La marque des grands. Le choix d'une histoire à la fois contemporaine (elle se déroule aujourd'hui dans l'état du Maine) et totalement fantastique (l'étrange maison de Keyhouse abrite de mystérieuses clés magiques aux pouvoirs inquiétants) permet à Rodriguez de montrer la vaste palette de son talents sur une grande variété de thèmes. A des scènes familiales ou lycéennes, en plan large et lumière zénithale, succèdent des tableaux hallucinants : combat contre des ombres gigantesques dans une semi-obscurité, vision des pensées circulant à l'intérieur de l'esprit d'un protagoniste... Certains personnages devenant géants, d'autres ne dépassant pas la taille d'une poupée, Rodriguez peut également multiplier les angles improbables, plongées et contre-plongées. La construction des pages, enfin, répond à celle de chaque album et de la série toute entière : les cases se répondent, visuellement ou par un jeu d'écho dans leurs dialogues, des scènes se répètent volontairement avec d'éclairantes variations, des jeux de portes magiques offrent un prétexte à jouer avec les codes mêmes de la bande dessinée, des personnages se déplaçant au sens propre d'une case à l'autre comme on change d'univers, parfois simultanément et en sens contraire... C'est dans cet habile jeu de construction qu'on devine l'étroite collaboration entre le scénariste et le dessinateur, qui ne se sont pas contentés de se succéder à la table de travail, mais ont bâti ensemble une énigme où les dessins de l'un peuvent répondre aux mots de l'autre et vice-versa. La maîtrise formelle de Joe Hill est en effet plus qu'à la hauteur de celle de Rodriguez. Son sens du récit, sa construction dramaturgique, la manière dont il bâtit à la fois le grand récit et les petits histoires prouvent sa connaissance fine des règles narratives. On n'est pas pour rien le rejeton d'une famille d'écrivains à succès et le fils de Stephen King lui-même. Joe Hill, qui marche clairement sur les traces de son père, y compris en situant son histoire dans le Maine, s'offre d'ailleurs le chic d'une jolie scène hommage à son paternel, dans le 6e tome. Soyons clairs : cette maîtrise formelle offre un merveilleux plaisir de lecture. Tout est dosé, les événements s'enchaînent avec juste ce qu'il faut de temps morts poétiques. Même si le récit paraît flotter un moment, au milieu du 4e tome, le rythme ne faiblit pas, les coups de théâtre fonctionnent à chaque fois. Mais on reste, c'est un peu dommage, dans l'application d'une recette. Puisqu'un des personnages de Hill porte le nom de Caravaggio, j'ose la comparaison avec la peinture classique : comme le Caravage, Hill parvient à renouveler le genre en appliquant strictement le cahier des charges d'un thème imposé et archi-rebattu. Caravage peignait des pélerins d'Emmaüs et des Christ en croix en y ajoutant une vie, une flamme intérieure, une puissance charnelle que personne d'autre que lui n'avaient su créer. Joe Hill, lui, s'attaque à la trame américaine si connue, mille fois brodée et rebrodée au cinéma, dans les romans et les comics américains des "adolescents-qui-sauvent-le-monde-d'une-invasion-des-forces-du-mal" et il le fait mieux que personne avant lui. Mais il reste dans le thème. Il applique la recette avec un professionnalisme génial, mais il applique la recette. Les coups de théâtre sont à l'endroit habituel, le bouquet final est aussi gothique et sanglant qu'espéré, les flashback arrivent au bon moment pour éclairer le présent tout en donnant de l'épaisseur à l'histoire. Joe Hill pourrait être premier de la classe d'une école de scénaristes, avec mention spéciale du jury. Son histoire est classique aussi dans la mesure où elle met en scène de manière particulièrement insistante les névroses habituelles de la littérature américaine : solitude fondamentale des êtres, murés dans leur exigence de réussite individuelle, idéalisation de la famille, d'autant plus forte que les relations interpersonnelles dysfonctionnent, fascination pour la violence physique extrême comme exutoire des émotions que chacun refoule en permanence. Peu d'autres littératures abordent ces thèmes de manière aussi insistante. Mais peu d’œuvres américaines ne les abordent pas. C'est presque une marque de fabrique, un code de reconnaissance. Pour un lecteur européen, même habitué à la psyché américaine, ces obsessions restent toujours une source d'étonnement. L'extrême violence finit même par lasser un peu. Trop de morts, trop de sang... C'est d'autant plus brutal qu'on s'attache aux personnages. C'est sur ce point, d'ailleurs que j'aimerais conclure. Parce que c'est la plus belle réussite de Joe Hill : sa galerie de personnages est une réussite. Il parvient à tisser un destin singulier à une bonne douzaine de personnages principaux, tous singuliers, tous crédibles, tous profonds et attachants. Il les fait douter, grandir, évoluer. Leurs dialogues sonnent toujours juste, même et surtout ceux des adolescents, alors qu'il est si difficile de saisir avec justesse la vérité de cet âge d'entre-deux et de paradoxes, cet âge du double refus de l'enfant et de l'adulte, qui danse sur une ligne de crête et se réfugie dans les stéréotypes pour échapper à toute classification. Joe Hill les peint comme s'il avait su garder son âme adolescente et acquis en même temps la maturité suffisante pour se comprendre lui-même. Son histoire, au fond, est d'abord une histoire de passage à l'âge adulte, la découverte d'eux-mêmes et du monde par de jeunes américains du XXIe siècle, par delà leurs peurs et leurs doutes. Et ce particularisme fort du contexte permet à l’œuvre d'accéder à l'universalité. Tous les adolescents pourront sans doute se reconnaître dans Tyler, Kinsey, Jamal, Scot, Jackie et les autres. Le charme principal de Locke & Key est là. Et ne faut-il pas, au fond, chercher dans ces rites de passage le sens profond des verrous et des clés du titre ?

05/10/2014 (MAJ le 05/10/2014) (modifier)
L'avatar du posteur Michelmichel

Une excellente série, assurément. Le scénario est original, mêlant habilement fantastique, frissons, suspense, émotion, et j'en passe, bref, cette lecture ne laisse pas indifférent. Le tome 1 est particulièrement généreux en sentiments d'effroi, chair de poule garantie sur certains passages !!! Le graphisme de Gabriel Rodriguez est magnifique, et pourtant, a priori, ce genre n'est pas ma tasse de thé. Cependant, ce dessin aux couleurs informatisées est très travaillé, dans les moindres détails, même les polices utilisées dans les phylactères ne sont pas choisies au hasard. Grâce à quelques bonus en fin d'album, on peut encore mieux apprécier ce travail, en le redécouvrant étape par étape. Les plans utilisés sont très variés, très originaux eux aussi, et permettent toujours de saisir l'atmosphère de la double page en cours d'un coup d’œil. La lecture est donc très fluide, ce qui est une qualité essentielle. J'étais un peu réservé sur l'ambiance dans laquelle pouvait se passer certaines scènes, particulièrement le lycée, car j'avais peur d'y retrouver les impayables clichés vomis années après années dans les séries TV abrutissantes destinées aux ados, et que j'avais pu aussi découvrir pendant mon enfance. Néanmoins, on ne retrouve pas ce côté lourdingue, manichéen ,et démodé des clichés de la belle pom pom-girl, du footballeur costaud avec un pois-chiche dans la tête, et autres. J'ai tout de même quelques griefs sur cette série, en fait, seulement sur le tome 4, qui m'a tout de même un peu déçu, car il n'est pas à la hauteur des trois précédents. Dans cet opus, il faut attendre de passer la moitié des pages pour que l'action débute vraiment. En gros, jusqu'à ce que le petit autiste rencontre le fantôme de Sam Lesser. Avant, je trouve que les auteurs ne respectent vraiment pas les lecteurs. Déjà, ce tome contient beaucoup moins de pages que les autres, et je ne trouve donc pas normal qu'il soit aussi cher. De plus, la première partie, un peu mollassonne, est composée d'un premier chapitre dessiné à la Bill Watterson, ce qui m'est apparu des plus dispensables, car ça casse vraiment le côté sérieux du récit. Ensuite, dans les chapitres suivants, l'action est menée bien trop rapidement, les scènes se déroulent après que les auteurs aient appuyé sur "avance rapide", même les moments importants, sans complexe. Franchement, le minimum aurait été de développer les scènes dans lesquelles la dame en noir/Zack attaque les enfants Locke, Ty en premier lieu. Là, on a droit à un enchaînement de pages de deux cases, et démerde toi avec ça, lecteur. Enfin, on nous fait découvrir pas mal de nouvelles clés dans cet album, pourquoi pas, mais c'est trop. La plupart d'entre elles n'apporte rien à l'intrigue, et on a l'impression que c'est juste du meublage en attendant que l'action arrive. Heureusement donc que la deuxième partie du tome 4 vaut le coup, sinon, j'aurais été plus sévère dans ma note. Et franchement, vu comment ce tome se termine, il est clair que l'on a très très envie de se ruer sur la suite. Au final, une série récente de très bonne qualité, dont je vous conseille la lecture (et même l'achat, ce qui n'est pas rien venant de moi !) . J'espère juste que Joe Hill sait où il mène sa barque et qu'il ne nous égarera pas dans des méandres inutiles et tirés par les cheveux ou manquant d'originalité. Edit: Je viens de lire le tome 5 après avoir relu les 4 premiers. La relecture fut très plaisante, j'ai redécouvert les nombreux détails et recoupements entre les différents tomes, qui ne m'avaient pas frappés de prime abord. Même le tome 4 qui m'avait un peu déçu par rapport aux 3 premiers m'a plus contenté que lors de ma première lecture. Quant au tome 5, j'en reste sur le cul...Pondre un scénario aussi original, bien ficelé, intrigant, et crédible....Gros coup de chapeau. J'en mets un p'tit coup de coeur. Edit 2/9/14: dernier tome décevant...Celui-ci est bâclé, le rythme de la narration n'y est plus, l'histoire devient confuse, alors que, jusque là, les rouages étaient parfaitement huilés. Quant à la fin, c'est le coup de grâce. En voulant à tout prix faire un happy end, nos auteurs ont carrément dépassé les bornes du possible, et ne cherchent même plus à nous conter une histoire logique. Je baisse ma note de 5 à 4/5. ( 238 )

28/06/2013 (MAJ le 02/09/2014) (modifier)
Par Alix
Note: 3/5
L'avatar du posteur Alix

Les histoires de démons ne sont pas vraiment ma tasse de thé, mais je me suis laissé tenter par les avis ci-dessous. Je ressors de ma lecture mitigé. J’ai beaucoup aimé le début de l’histoire, cette famille troublée, cette demeure mystérieuse, les clés… et puis ça traîne en longueur, et les tomes 2, 3 et 4 m’ont vraiment semblé interminables et confus. Le tome 5 est sans doute le meilleur, et apporte enfin toutes les réponses aux questions que le lecteur se pose depuis le début. Le tome 6 conclut l’histoire habilement, il est vraiment prenant, impossible de le reposer avant de connaitre le dénouement. Par contre la toute fin (30 dernières pages) m’a un peu déçu, j’ai trouvé ça convenu. Une lecture agréable mais un plaisir irrégulier, malgré une idée de départ très originale. Et puis le dessin est superbe.

01/09/2014 (modifier)