Kamasultra (Kamasutra)
Quand l'excellent Jacovitti s'empare du Kama Sutra, les corps se mélangent en un joyeux bazar, qui s'apparente davantage à un gros plat de pâtes qu'à un déchaînement érotique. Une partie de ces gags avaient été publiés une première fois en France par Artefact en 1983, sous le titre de Kamasutra.
Auteurs italiens Le sexe (pour de rire) Les petits éditeurs indépendants
Des personnages tout en rondeurs se livrent frénétiquement à l'acte sexuel, dans les positions les plus invraisemblables. Comme dans toutes les histoires de Jacovitti, le décor est réduit à l'expression les plus simple et la plus surréaliste : petits serpents à rayures, salamis et os dépassant du sol… Le sexe par l'absurde… une allégorie sur l'extrême complication des relations entre hommes et femmes.
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Date de parution | Juin 1983 |
Statut histoire | Strips - gags (Intégrale érotique prévue en 3 tomes) 2 tomes parus |
Les avis
J'ai pu lire en bibli cet album dans l'ancienne édition Artefact de 1983, je connaissais de nom et je connaissais bien Jacovitti surtout pour Coccobill, mais ce recueil qui hésite entre le dessin humoristique et la bande dessinée, a de quoi réjouir ; ces dessins étaient diffusés au début des années 70 dans le magazine italien de charme Playmen, équivalent du Playboy américain, sorte de bible de la fesse chic dont les lecteurs devaient bien rigoler, car c'est un véritable festival de frénésie sexuelle débridée qui revisite un ouvrage hindou écrit vers le VIIème siècle. C'est de l'érotisme loufoque 100% délirant, un formidable éclat de rire qui en même temps, réduit la portée érotique de l'ouvrage tant c'est drôle, mais c'est sans doute le but recherché. Cette adaptation décapante du Kama Sutra permet au plus fou des dessinateurs italiens de brosser un survol des positions les plus abracadabrantes, dans des situations ubuesques et des gestuelles fornicatrices déjantées, le tout dans une insouciance irrévérencieuse joyeuse, car c'est toujours l'humour absurde qui prime. Dans des décors réduits à l'essentiel, voire inexistants, des petits messieurs et de grosses dames donnent aussi une image très critique du mâle italien des années 70 qui subit plus qu'il ne domine, ça m'a fait penser aux dessins de Dubout, ce cartoonist français célèbre pour ses grosses bonnes femmes qui écrasent de tout petits bonshommes. On retrouve le dessin tout en rondeur avec les ingrédients habituels de Jacovitti : salamis, arêtes de poisson, os et crayons qui parsèment le sol, auxquels s'ajoutent de petits serpents rayés. Un chouette album à l'humour dévastateur.
Je connaissais Jacovitti par ses Coccobill, qui nous faisaient voyager dans un univers de western totalement déjanté, avec des cases bourrées de gags visuels, d’anachronismes, et des textes volontairement loufoques et absurdes. Ici c’est beaucoup plus sobre en matière de texte, puisqu’il n’y en a quasiment pas. Mais pour le reste, l’érotisme de l’auteur italien, sa vision du kamasutra, sont aussi totalement loufoques. Les corps s’imbriquent dans des poses improbables, parfois plus proches du Tétris que du tantrisme, dans une esthétique qui fait parfois penser à Mordillo, avec des personnages aux formes généreuses, agités, frénétiques, assez cartoonesques. Et, autour d’eux parfois, les habituels objets ou bestioles (souvent des serpents) hétéroclites et incongrus. L’esthétique – et quelques délires, mais aussi le ton général font souvent penser à Edika, dont je ne serais pas surpris d’apprendre qu’il était lecteur attentif de cet auteur italien trop méconnu à mon goût. Inutile de dire qu’on est là davantage dans l’humour que dans l’érotisme ! Mais en tout cas c’est souvent amusant et si vous tombez dessus, jetez un coup d’œil à ce condensé d’humour burlesque, voire surréaliste. A noter que le souhait du posteur précédent a été exaucé, puisqu’une réédition permet depuis 2017 de découvrir plus facilement ce petit délire (c’est cette version que j’ai eu l’occasion de lire). Note réelle 3,5/5.
Benito Jacovitti a développé un style graphique unique, reconnaissable au premier coup d'œil. Ses personnages sont rondouillards et expressifs : des bonshommes avec des crânes allongés et un sourire carnassier côtoient des dames plantureuses et irascibles. Tous se battent et s'invectivent copieusement au milieu d'un décor des plus étonnant : un sol fait d'une terre battue uniforme d'où émergent des objets hétéroclites (des crayons, des os, des dés à jouer, des salamis…) et sur lequel évoluent d'étranges petits serpents à rayures (Jacovitti adore les rayures !). D'habitude tout ce petit monde est extrêmement bavard et, en bons Italiens, les héros de Jacovitti parlent beaucoup avec les mains, y compris pour se distribuer mutuellement des baffes à un rythme effréné. Dans cet album, ils sont le plus souvent muets, mais ne se contentent pas d'utiliser leurs mains… L'auteur les déshabille et réinvente le Kama Sutra ; les corps se heurtent, se déforment et se mélangent en une orgie burlesque, aussi idiote que les positions improbables qui sont décrites dans l'œuvre originale. C'est drôle, absurde, jamais vulgaire. Voici un album rafraîchissant, réalisé par l'auteur à la fin des années 1970 et publié en France en 1983. Il est composé d'illustrations ou de strips de quelques cases. Pour l'heure, on ne le trouve plus guère que chez les bouquinistes, mais puisque les éditions « Les Rêveurs » ont eu la bonne idée de rééditer certains albums de Jacovitti (Pinocchio et Don Quichotte), peut-être son interprétation du Kama Sutra aura-t-elle droit elle aussi à une réédition de la même qualité.
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