Au nom du fils (Ciudad Perdida)
Pour son deuxième livre de bande dessinée, Clément Belin, dessinateur autodidacte et marin, s’est associé à Serge Perrotin pour le récit juste et poignant d’un homme simple. Que peut faire un père quand il apprend que son fils a été enlevé par les FARC en Colombie ? Au-delà de l’exotisme, Au nom du fils est une formidable aventure de l’humain.
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Michel Garandeau est ouvrier aux chantiers navals. Pendant une pause déjeuner, il entend à la radio que de jeunes Européens, dont un Français, ont été enlevés par les FARC. La nouvelle le pétrifie. Son fils de 23 ans, Étienne, est en effet parti depuis plusieurs mois en Amérique du Sud. Le salaire de cinq étés de travail, lui a été nécessaire pour s’offrir cette année sabbatique, qui clôt cinq ans d’études avant de se lancer dans la vie active. De retour chez lui, Marie, l’épouse de Michel, lui annonce que le ministère des Affaires Étrangères a appelé, et elle confirme ainsi ce qu’il redoutait. Les FARCS nient l’enlèvement, les autorités tant françaises que colombiennes ont tellement l’air de patauger que Michel, n’ayant confiance en personne, décide de se rendre lui-même sur place, sur le site précolombien de Cindat Perdida, au cœur de la Sierra Nevada. Marie ne pourra pas l’en dissuader. Lui qui ne parle pas espagnol, n’a même jamais pris l’avion, se retrouve dans une drôle d’aventure où rien ne correspond à ce qu’il connaît. Il tient un carnet de bord pour sa femme. Il y figure ses rencontres, Ruth une jeune Suisse qui guide ses premiers pas en terre inconnue ; Martin le Québécois qui a passé deux mois en compagnie d’Étienne… C’est un journal qui retrace aussi l’évolution de ses sentiments à l’égard de son fils. Colère, révolte, incompréhension, perplexité, culpabilité, respect, autant d’émotions exacerbées par la rupture d’avec son quotidien, son éloignement, sa solitude de voyageur et la situation hors norme à laquelle il est confronté.
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Date de parution | 05 Janvier 2011 |
Statut histoire | Série terminée 2 tomes parus |
Les avis
Mon moment préféré dans ses deux albums se situe au début de l'histoire lorsqu'on nous parle des différentes fractions qui secoue la Colombie et aussi les difficultés que semble avoir le ministère français des affaires étrangères pour aider les jeunes qui se sont fait kidnapper. Je pensais donc que le livre serait centré sur la politique et je fus un peu déçu de voir que l'histoire mettait surtout l'accent sur le père d'un des jeunes disparus et que le gros de l'action est son périple à travers la Colombie. Cela reste tout de même intéressant car le père fait des rencontre intéressantes et c'est bien raconté, mais je n'ai jamais été aussi passionné qu'au début. Le dessin est bon. Je le trouve fluide et dynamique. J'ai juste un problème au niveau des visages de certains personnages, mais cela n'a pas gêné ma lecture.
Au nom du fils est un bel hymne à l’amour filial. Ainsi, un père de famille métallurgiste sur un chantier naval va tout quitter du jour au lendemain afin de partir à la recherche de son fils, un jeune globe-trotter parti en année sabbatique en Colombie. Ce dernier s’est malheureusement fait enlever par les FARC ou un de leurs groupes assimilés dans la jungle au milieu de ruines précolombiennes. Le constat de départ pris par ce père de famille est qu’il ne peut faire confiance aux politiques et autres diplomates pour résoudre cette crise. Le sujet étant planté, on suit cette histoire simple avec intérêt car on va se placer uniquement du point de vue du père. Les interrogations ne manqueront pas. Qu’est-ce que son fils est allé faire aussi loin de chez lui dans un pays aussi peu sûr ? Bref, il y aura tout un cheminement logique pour tenter de comprendre les motivations ainsi que les évènements qui se sont enchaînés. Entre doute et questionnement, ce voyage intimiste aura une allure initiatique. En effet, le père est un homme simple qui ne sort jamais de chez lui. Il va connaître des situations et des endroits pour le moins exotiques. J’ai bien aimé ce parti pris sans doute parce que je suis également père et qu’on a du mal à voir ses enfants partir et se fourrer dans des situations inextricables. La question est de savoir si le pouvoir de la volonté pourra triompher de tous les obstacles ? On suivra bien entendu ce périple poignant à la recherche du fils disparu. Et cette seconde partie ne décevra pas jusque dans son dénouement final sur la toute dernière planche. On n'y croyait plus !
Une belle histoire, toute simple... Intéressant de lire cette histoire d'un père qui part chercher son fils enlevé par des forces rebelles en Colombie... Il y a plusieurs niveaux de lecture : d'abord cet amour paternel, lorsqu'on est prêt à tout pour sauver son enfant. Cette dimension est bien rendue dans les dialogues, les pensées du père mais aussi l'évolution de ses sentiments par rapport à son fils. Ca ne verse pas dans le pathos, ou juste ce qu'il faut, c'est, à défaut d'être touchant, plutôt crédible. La deuxième dimension est celle d'un gars issu d'une classe modeste, qui n'a jamais voyagé, qui se retrouve propulsé dans un pays totalement étranger, dont il ne parle pas la langue. Pas simple au départ, mais les rencontres qu'il fait lui permettent d'avancer sans grande encombre. Là c'est un chouïa moins crédible, j'aurais cru qu'il aurait plus de difficultés, la Colombie n'étant pas un pays très sécurisé, même à l'heure actuelle. Le troisième niveau, qui découle bien sûr du deuxième, est le dépaysement. C'est l'occasion pour Clément Belin d'installer des ambiances, de nous faire sentir l'atmosphère du pays en question. Même si je ne suis pas spécialement fan de son dessin, il s'en sort pas mal, le découpage est intéressant, mais il manque un petit quelque chose pour qu'on s'y croie totalement... Il y a aussi l'évocation de la nature, par l'intermédiaire de ces Indiens, les Kugis, qui essaient de vivre en harmonie avec elle. Jesus sert alors de "passeur", 'initiateur pour Michel qui découvre tout un monde. Il est émerveillé, mais la recherche de son fils occupe la majeure partie de ses pensées. Au final c'est une aventure humaine assez bien racontée, qui peut se révéler touchante par moments. Un petit 3,5/5.
Après la lecture du premier tome. Je retrouve dans ce récit le Clément Belin de Les Marins perdus également paru chez Futuropolis. Il y a comme une continuité dans ses BD, les univers sont proches malgré les différents scénaristes. Dans Les Marins perdus, il adaptait un roman de Jean-Claude Izzo. L'historique contient un gros résumé récupéré sur le site de Futuropolis. Le premier tome ne fait que 48 pages mais son contenu est paradoxalement important. L'histoire avance vite et bien au fil des rencontres humaines. Le récit raconte l'aventure humaine d'un père partant à la recherche d'un fils enlevé en Colombie. Il cherche retracer son long parcours en Amérique du Sud et à le comprendre. En fait, c'est bien plus que la recherche physique de son fils dans laquelle se lance Michel Garandeau, il apprend à connaitre ce fils qu'il ne comprenait pas. Ce dernier a toujours souhaité visiter des sites archéologiques depuis une lecture en boucle d'un album de Tintin : Le temple du soleil. "Au nom du fils (Ciudad Perdida)" est fluide et sincère, l'histoire est prenante, il n'y a pas de jugement à faire mais simplement participer à l'aventure d'un père en quête de son fils. Les réflexions sont amenées habilement, les rapports humains sont simplement décrits avec justesse. Cette BD ne paye pas de mine mais son contenu aux allures de déjà vu fonctionne bien. J'attends une suite du même calibre avec une narration aussi efficace. La mise en image est à mon goût, le trait est perfectible, la mise en couleur est un régal, il y a peu de couleurs distinctes, Belin utilise un grand panel de nuances rendant le dessin doux et agréable. Vivement la suite et fin de cette superbe histoire humaine.
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