Elmer
Jake a du mal à trouver sa place dans la société. Il apprend à vivre en lisant le journal intime de son défunt père, décrivant comment les poulets sont devenus les égaux des hommes. Un récit intimiste riche en émotions.
Cà et Là Les petits éditeurs indépendants Noir et blanc Poules et poulets
Octobre 2003. La vie de Jake Gallo est un enfer, il n’arrive pas à trouver de travail, son père vient de faire une crise cardiaque, Son frère Freddie est devenu une star du cinéma, mais le plus difficile à avaler, ce sont les frasques sentimentales de sa sœur May qui s’est mise en tête d’épouser... un humain. Car les Gallo, comme les autres poules et coqs du monde entier, sont subitement devenus conscients en 1979 au grand désarrois de l’espèce humaine. Suite au décès de son père, Jake va découvrir l’histoire de sa famille et de son père, Elmer, qui fait partie de la génération des coqs qui ont dû apprendre à cohabiter avec les hommes. Elmer est l’histoire d’une famille de gallinacés qui lutte pour survivre dans un environnement hostile. Un véritable drame familial dans un monde où toute une catégorie de la population est ostracisée par la classe dominante, et où tous vivent dans un état de défiance mutuelle. A la fois drôle et émouvant, Gerry Alanguilan, maîtrise de bout en bout avec une candeur enthousiasmante cette parabole maquillée en chronique délirante. Philippin, il a auto édité Elmer entre 2006 et 2008. Elmer est le premier roman graphique philippin a être traduit en France.
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Date de parution | 26 Novembre 2010 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Voici une œuvre profonde, dense, véritablement bien construite et réalisée avec soin : de la grande BD !!! "Elmer" c'est d'abord un graphisme, légèrement typé comics, dans une veine assez réaliste. Le dessin est véritablement abouti, les planches sont joliment détaillées : l'encrage est vraiment réussi, assez chargé certes, mais le style général est vraiment agréable à regarder (même si dans l'ensemble, les poulets sont plus réussis que les humains). Par contre, l'histoire est réellement géniale : cela faisait longtemps que je n'avais pas eu un tel coup de cœur pour une BD... Un jour, les poulets acquièrent la parole. Ce qui va suivre va chambouler le monde ; entre un génocide et une grippe aviaire, les poulets seront enfin considérés comme des humains, mais certains ont bien du mal à s'adapter, comme le personnage principal de l'histoire, ou est-ce de la faute des humains et d'une ségrégation ? L'auteur ne va pas chercher à expliquer pourquoi et comment les poulets ont obtenu la parole, et c'est très bien, puisque derrière le côté scientifique farfelu, se cachent pleins de questions liées à la philosophie, à l'histoire, à l'éthique ou encore à la politique. Évidemment certains passages de l'histoire du père du héros rappellent quelques pages sombres de l'histoire (grandes pandémies, et surtout, la shoah et la solution finale métaphorisées ici par un abattoir), mais nous questionne aussi : éthiquement parlant, qu'est-ce qu'un humain (aujourd'hui, on croit pouvoir répondre à cette question grâce à la science, mais il y a quelques décennies, c'était aussi le cas, et on parlait bien de races...). Bref, une excellente BD, magistrale, très intelligente et qui pose de bonnes questions d'actualité quoique qui peuvent déranger (après que des horreurs soient faites à un groupe d'hommes ou une ethnie, est-ce que les descendants doivent "pardonner" ?) 4.5/5
L’utilisation de la métaphore et de la parabole permettent de traiter de sujets forts que des exemples trop concrets rendraient polémiques. Dans ce cas, l’exclusion et la xénophobie seront les sujets traités. Evidemment, le propos tenu dans ce genre d’exercice flirte souvent avec le bon sentiment, la pensée unique, les raccourcis dévastateurs et la morale de quatre sous. Cet opus échappe à ces écueils classiques par le déplacement du sujet sur les poulets. Les poulets deviennent d’un coup capable de parler et de communiquer avec l’homme. Cela va bousculer l’ordre établi puisqu’un inférieur va tenter de devenir égal au grand prédateur de la planète. Le récit nous présente les réflexions de la seconde génération, qui au cours de son parcours va reconstruire le chemin parcouru par les parents pour trouver un équilibre. Divers caractères nous seront présentés. En prenant prétexte de la perte du père, notre poulet héros principal va revivre par le journal de celui-ci le parcours l’ayant porté vers la situation actuelle. On y comprendra les différentes étapes de l’acceptation du poulet tout en vivant au quotidien la résistance de l’ancienne norme que des humains ne souhaiteront pas remettre en cause. Comprenez bien que pour nombre d’humain, voire un animal passer du statut de nourriture bon marché à égal devant la loi va être dur à digérer ! De fait nous allons revivre ces autodafés et ces groupuscules de la mort, voulant sauver l’espèce humaine de cette nouvelle menace sur leur suprématie. Devant vous va ce dérouler sur nos poulets en condensé tout ce que l’homme fait de pire à ses propres congénères au nom de la différence. Le clin d’œil grippe aviaire – solution finale diantrement bien exploité nous rappelle toujours devant une situation de poulet nombre d’atrocités commises sur d’autres hommes dans la vraie vie. Nous allons également toucher la propre xénophobie au sein des persécutés avec cette aberration que pourrait représenter l’amour entre un Homme et un poulet, l’auteur nous rappelle également que le combat du couple mixte se joue dans les deux milieux. Démonstration des relations entre les êtres, cet album parle aussi des relations entre proche et des incompréhensions et fausses idées que l’absence de communication fera naître. Graphiquement, le trait en noir et blanc se veut précis et net. Le découpage classique ne m’a pas paru particulièrement créatif, mais donne au scénario un cadre crédible. Certaines scènes inégalement dessinées rendent le cours de la lecture non linéaire. L’auteur semble avoir sciemment rendu son trait moins précis au fur et à mesure de l’augmentation de la barbarie du discours. Les massacres en flash back font donc mal aux yeux, au contraire de certaines scènes actuelles plus léchées. Au final, voici un gros album qui nous plongera au cœur du quotidien de la xénophobie. Le discours ici appliqué au poulet nous montre sans détours les méandres de l’espèce humaine dans ses sombres recoins. Le récit accompagne le lecteur dans un moment de réflexion. Mais le discours reste sans surprise, entendez qu’il n’y a rien de magique dans la dénonciation contenue dans l’album. Il s’agit peut être du seul défaut que je lui trouve, je n’ai rien appris à la fin. Certes l’album évite les écueils habituels, certes il apporte une touche de fraicheur, mais c’est insuffisant pour en faire un très bon album que j’aurai envie de relire. En fait j’aurai fort envie de le conseiller, mais je doute avoir envie de le relire. Cet album coup de cœur pour son contenu n’en demeure pas moins qu’un simple bon album que je n’ai pas envie de relire particulièrement.
Quelle richesse !!!! L'auteur Gerry Alanguilan est parti d'une idée saugrenue pour nous pondre un récit d'une rare richesse. Jake, un poulet, apprend grâce au journal intime de son père, la vérité sur les premiers gallinacés qui sont devenus intelligents. Il aura fallu bien des années et des massacres, pour qu'ils deviennent les égaux des hommes. Le scénario aborde énormément de sujets contemporains avec précision et sensibilité. La narration est juste et fluide, la lecture est plaisante et aisée. J'ai été surpris de voir les pages défiler sans m'en rendre compte, j'ai été capté par le récit. "Elmer" pose beaucoup de questions et y répond globalement avec intelligence. Cet hymne à la tolérance n'épargne pas l'être humain. On découvre avec consternation les réactions classiques de l'homme devant des situations incompréhensibles ou défavorables. Les poulets revêtent pour leur part l'habit de toutes les minorités souffrant de discriminations. L'auteur ne s'arrête pas en si bon chemin, il aborde la relation père/fils, la famille, l'amitié et tant d'autres valeurs. On ne peut qu'être touché par "Elmer", le ton sonne vrai de bout en bout, on en oublie l'idée farfelue servant de base au récit car celui-ci prend une rare consistance dans sa progression. Cerise sur le gâteau, j'ai aimé également le dessin noir et blanc, sobre et assuré. "Elmer" est indispensable dans toute bonne collection, ce comics ne joue pas la carte du superficiel, son contenu est maitrisé et intelligent, les émotions sont au rendez-vous. C'est à lire absolument car seule une lecture peut retranscrire la richesse de cette merveille.
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