Etat de veille (Morti di sonno)

Note: 3/5
(3/5 pour 4 avis)

Diagonale 2011 : prix du meilleur album étranger. Voici la chronique d’une triste cité de banlieue, en Italie. Presque tous ses habitants sont ouvriers à l’usine pétrochimique voisine. Leur sombre destinée est racontée du point de vue d’une bande d’enfants désoeuvrés, tous forcés de grandir à l’ombre des tours d’immeubles, tous ayant fait de longue date l’apprentissage du renoncement…


Auteurs italiens Football Gros albums Italie Prix Diagonale/Victor-Rossel

Le titre en italien, Morti di sonno, se traduit par « État de veille ». Mais sonno, en italien, signifie « sommeil » : le sommeil de gens dont la vie s’écoule entre inconscience et conscience, indifférence et lucidité. Ces gens, ce sont les habitants d’une triste cité de banlieue, presque tous ouvriers à l’usine pétrochimique voisine. Leur sombre histoire est racontée du point de vue d’un enfant, Koper, et de ses amis désœuvrés – tous rejetons des employés de l’usine qui dévore leurs vies sans joie, tous forcés de grandir à l’ombre des tours d’immeubles, tous ayant fait de longue date l’apprentissage du renoncement. Mené sur quelques 350 planches avec une puissance graphique peu commune, Morti di sonno est un accablant réquisitoire contre toutes les formes d’aliénation et de déshumanisation de notre « modernité ». Ce roman graphique exceptionnel a obtenu le prix du meilleur album au Festival de Naples.

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 12 Janvier 2011
Statut histoire Histoires courtes 1 tome paru

Couverture de la série Etat de veille © Casterman 2011
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 4 avis)
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30/01/2011 | Erik
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L'avatar du posteur Noirdésir

Voilà un album assez épais (environ 350 pages quand même !), plutôt étrange, inclassable, et difficile à appréhender. D’abord le côté graphique. Avec un trait brouillon, simple, auquel je me suis fait à la longue, pour lui reconnaître de réelles qualités poétiques. Proche de Gipi je trouve, mais en Noir et Blanc. L’histoire aussi est à la fois originale et difficile d’accès, mais offre un intérêt qui ne s’émousse pas. On y suit les relations de gamins d’une banlieue ouvrière italienne, qui passent leur temps à jouer au football, à singer les tics, surnoms et attitudes des « vrais » footballeurs du Calcio. On y découvre le désœuvrement de ces jeunes, leurs rêves, et la rudesse, la violence de leurs relations. Et puis, omniprésente, il y a l’usine très proche, qui « fait vivre » les gens du coin, en étant le premier employeur. Mais qui les fait mourir aussi. Par des accidents de travail. Mais aussi et surtout par la pollution (de l’air, des sols, des rivières). La catastrophe est plus d’une fois pressentie, épée de Damoclès sur les habitants et le récit, au point que ma seule déception est de ne pas avoir senti de fin très claire à ce propos. A noter que si l’album est très épais, il se lit relativement vite, car beaucoup de planches sont muettes. Et que les dialogues sont peu nombreux, souvent brefs. Quelques passages décorent la triste réalité (Théodoric sur son cheval !), quelques dialogues ou commentaires eux-aussi poétiques fluidifient la lecture (même si certains lecteurs seront peut-être rebutés par ces artifices). Album à découvrir (mais à feuilleter avant d’envisager un achat). Note réelle 3,5/5.

22/11/2016 (modifier)