Superman & Batman - L'Etoffe des Héros (Mondes à part) (World's Finest)

Note: 3.75/5
(3.75/5 pour 4 avis)

Tandis que Lex Luthor envisage d'étendre son influence à Gotham City en achetant de nombreux immeubles, le Joker lui propose d'échanger temporairement leur place, ce dernier s'offrant quelques temps de vacances à Métropolis.


Auteurs britanniques Batman Crossover DC Comics Super-héros Superman Univers des super-héros DC Comics

Superman et Batman, peu armés pour affronter des ennemis si différents de leur ordinaire, vont peut-être eux aussi devoir échanger leurs places et s'entraider. C'est sans compter sur l'inimitié flagrante entre le Joker et Lex Luthor, ni sur l'étrange ancien fondateur d'un orphelinat assez particulier.

Scénario
Dessin
Couleurs
Traduction
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution Octobre 1990
Statut histoire Série terminée (Réédité en intégrale) 3 tomes parus

Couverture de la série Superman & Batman - L'Etoffe des Héros (Mondes à part) © Urban Comics 1990
Les notes
Note: 3.75/5
(3.75/5 pour 4 avis)
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18/03/2011 | Ro
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Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
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Intemporel pour tous les âges - Ce tome contient une histoire complète qui peut être lue indépendamment de toute continuité. Il regroupe les 3 épisodes de 48 pages parus en 1990. le scénario est de Dave Gibbons (le dessinateur de Watchmen), les dessins de Steve Rude (surtout connu pour son travail sur la série Nexus), l'encrage de Karl Kesel, et la mise en couleurs de Steve Oliff (l'équivalent de Dave Stewart pour ces années là). La première page montre un enfant se recueillant sur la tombe de ses parents : Oliver Monks. Dans les rues malfamées de Gotham, Batman arrête une petite frappe ayant kidnappé une fillette. Ce dernier se suicide avec un papier imbibé du poison du Joker. Dans les rues resplendissantes de Metropolis, Superman arrête un dealer s'en prenant à un bus scolaire. le criminel est relâché quelques dizaines minutes plus tard grâce à un avocat rémunéré par Lex Luthor. Plus tard, Clark Kent et Bruce Wayne assistent à la cérémonie d'inauguration d'un nouvel orphelinat situé à Midway (une ville à mi-chemin de Metropolis et Gotham). le discours est effectué par Oliver Monks et Adam Fulbright, sous le patronage de Byron Wylie (récemment décédé et précédemment responsable d'un autre orphelinat dans Suicide Slums, le quartier pauvre de Metropolis). Dans les coulisses, Lex Luthor conclut une transaction immobilière ayant trait à cet orphelinat, avec Joker qui déclare vouloir prendre quelques jours de vacances à Metropolis. le temps est venu pour Kent et Wayne (et leurs alter egos) d'enquêter sur les agissements de leurs ennemis jurés. Je me souviens que la première fois que j'avais lu cette histoire, je l'avais trouvé très quelconque. Mais les illustrations de Steve Rude exsudent un pouvoir de séduction irrésistible et je n'ai pas pu résister à l'envie compulsive d'une relecture. La première page est silencieuse (sans texte) et sympathique, mais classique. Suit une double page présentant Gotham vu de haut sous un soleil levant rasant. Puis arrive une séquence en 5 pages toujours muettes où Batman attrape le malfrat. le style est un étrange mélange de dessin animé pour enfant, avec des rues très dégagées dont les façades d'immeuble semblent factices (comme s'il n'y avait rien derrière la façade) avec bizarrement un seul étage (en plein centre de Gotham !). Mais une lecture attentive de chaque case montre que derrière ces apparences enfantines, Steve Rude insère des détails plus adultes : des rats qui passent, le batarang mordant la chair, des expressions de visages torturées, un Batman aussi agile que ténébreux. La séquence suivante emmène le lecteur à Metropolis où le constat est le même : un mélange de candeur enfantine et de détails adultes. Surtout ces 2 séquences muettes se lisent toutes seules. Et en même temps, l'écriture de Dave Gibbons joue également sur ces 2 modes. D'un coté la dichotomie entre Batman et Superman est déclinée à toutes les sauces, d'une manière mécanique et artificielle. Il y a bien sûr la position de l'orphelinat à mi-chemin des 2 cités, l'opposition entre Gotham sombre et gothique et Metropolis claire et rayonnante, la folie du Joker et la froide rationalisation de Lex Luthor, un enfant venant d'un orphelinat de Gotham, un autre de celui de Metropolis, etc. Dave Gibbons matraque tant et plus les différences entre Gotham et Metropolis, tout en respectant scrupuleusement un temps d'exposition rigoureusement identique pour l'un et l'autre, au point d'en devenir fastidieux dans ce dispositif enfantin. Il faut donc un peu de temps à un lecteur adulte pour pouvoir se laisser charmer par ce récit à la forme un peu enfantine. Et puis surviennent Luthor et le Joker pour leur première rencontre. Rude s'amuse à montrer Luthor sortant de sa limousine dans une contreplongée qui accentue son coté vain et ridicule. le joker est un pitre dégingandé, sautillant et sémillant. Les dialogues de Gibbons en font plus un bouffon qu'un fou dangereux. Sauf que la combinaison du texte et des illustrations fait naître des sous-entendus à destination des adultes sur l'intelligence du Joker (il a tout de suite deviné la cause du décès des parents de Luthor) et sur le jeu dangereux que mène Luthor (sa grimace exagérée en comprenant que Joker sait). À chaque séquence, le lecteur peut ainsi apprécier ce double niveau de lecture : une histoire bon enfant, et des sous-entendus sur des motivations peu reluisantes et des environnements moins riants qu'il n'y paraît. Et puis il y a les illustrations de Steve Rude. Ce dernier indique dans la postface qu'il s'agit du projet sur lequel il a passé le plus de temps sur chaque page. Régulièrement le lecteur s'arrête sur une case ou une séquence pour en apprécier l'humour discret, ou la fusion improbable des genres. Quelques exemples seront plus parlants que de longs discours. Page 42, la quatrième case montre l'ombre du buste de Clark alors qu'il enlève ses lunettes dans un réduit à balais ; en 3 tâches noires Rude suscite l'anticipation impatiente liée au changement de costume. Sa façon de représenter Batman est tout aussi iconique et tout aussi économe, en particulier sa cagoule entièrement noir où seules se distinguent les 2 fentes blanches pour les yeux. Page 43 deuxième case, le Joker à bord d'un véhicule loufoque de taille démesurée roule sur les véhicules pris dans un embouteillage. À la fois il s'agit d'une vision digne des dessins animés pour enfant les plus loufoques (ambiance renforcée par une mise en couleurs pimpante) ; à la fois il est possible de croire en cette action délirante grâce aux conducteurs apeurés, au véhicule de police essayant de suivre en empruntant les trottoirs, aux différents modèles de véhicules représentés avec soin. 2 cases plus loin, Rude fait dépasser 2 jambes d'une dame en jupe couchée à terre ; il ne dessine pas de petite culotte (hors cadre), mais le sous-entendu est bien là. de même le lecteur adulte ne pourra pas se tromper sur le métier de 2 femmes étrangement accoutrées page 64 (le plus vieux métier du monde paraît-il) et il pourra apprécier une secrétaire ramassant un papier par terre (page 84). À l'instar de Dave Gibbons, Rude ne se gargarise pas avec les apparitions des personnages secondaires, mais un lecteur attentif peut facilement déceler le fauteuil roulant de Barbara Gordon de temps à autre, ou encore Lucy Lane la sœur de Lois. Une fois détectés ces éléments graphiques à destination des connaisseurs des personnages, le lecteur peut se délecter de visuels dégageant une bonne humeur organique (personnages souriants, couleurs claires, éléments de décors évoquant une sorte d'âge d'or des années 1950, etc.) et comportant des détails sophistiqués. Rude dispose également d'une capacité surnaturelle à marier une approche réaliste, avec une légère exagération propre aux dessins pour enfants. Page 136, il représente Tweedledee et Tweedledum assommés ; leurs visages est à la fois celui de 2 messieurs un peu simplets dans leur quarantaine, et celui de 2 hommes de main idiots tels qu'on en croise dans les ouvrages pour la jeunesse. L'encrage de Karl Kesel respecte parfaitement les crayonnés de Steve Rude, en particulier sa maîtrise de l'épaisseur et de la forme des traits. Steve Oliff réalise une mise en couleurs d'apparence simple, mais avec une sensibilité en totale cohérence avec les ambiances développées dans l'histoire. Dave Gibbons et Steve Rude ont réalisé une histoire pour tout public, de 7 à 77 ans. Pour chaque tranche d'âge, le lecteur pourra trouver un niveau de lecture qui le divertira, du premier degré d'émerveillement devant ces deux superhéros bons copains, à l'histoire pour rire disposant de visuels sophistiqués et intelligents. Par la suite Dave Gibbons a continué sa carrière de scénariste avec entre autres Batman versus Predator, tome 1 (1991/1992), et Steve Rude a travaillé pour Marvel, par exemple une histoire de Thor Godstorm.

28/07/2024 (modifier)
Par Bruno :)
Note: 4/5
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Un "exercice de style" assez réussi ayant pour but de mettre en exergue les différences (flagrantes) entre les univers très fictifs (Gotham et Metropolis n'existent pas) de Batman et Superman, héros de cette aventure plutôt intimiste qui réunit aussi leurs adversaires les plus emblématiques, à savoir le fameux Joker et l'impitoyable Lex Luthor. D'abord le dessin de Steve Rude, ici parfaitement maitrisé et aux seconds plans extrêmement fouillés : l'action y est quasi non-stop et complimente très efficacement la progression de l'histoire "en direct". Et ce quelle que soit la scène : incendie d'immeuble ou repas "familial", attaque à main armée en pleine rue ou arrivée en gare, la richesse des détails "humains" qui emplit les cases (sans jamais les étouffer : remarquable) offre un plaisir de lecture redoublé quand on y revient. Véritables bulles d'ambiances, elles permettent une immersion immédiate dans l'atmosphère voulue par le scénariste sans l'obliger à multiplier les descriptions -d'ailleurs complètement absentes des pages ! Choix généreux de la part de Dave Gibbons, qui doit du coup se contenter des dialogues -serrés et précis- pour s'exprimer. La caractérisation des personnages est particulièrement soignée, elle aussi : assortis à l'imagerie résolument artificielle de leurs citées respectives, ils accusent un "look" très daté qui magnifie encore le contraste entre les deux. Batman est paré de ses atours les plus "Irv Novick" qu'on puisse imaginer et Superman redevient le monsieur muscle tout en coffre et biceps de ses débuts (tout en demeurant spectaculairement humain au niveau des proportions : talent graphique manifeste oblige !). Dans la même optique Retour aux sources, le Joker et Lex Luthor abandonnent toute leur violence et cruauté modernes pour incarner, respectivement, un clown ridicule et un malfrat ordinaire -mais toutefois loin d'être inoffensifs... Économie des traits pour les expressions (très subtiles) et mouvements plein de vigueur et de naturel des héros, Steve Rude prouve la maturité de son art en donnant à l'ensemble un dynamisme typique du médium, et ce malgré un dessin tellement léché qu'on s'étonne qu'il puisse véhiculer autant d'énergie -bon, ce n'est pas du Miller, non plus, hein ! C'est -volontairement !- suranné mais même le décorum un poil "enluminé" échoue à alourdir les planches, et on suit leurs avatars sans être obligé de s'appesantir (on le fait -pour le plaisir- à la relecture, comme je l'ai dit plus haut). L'histoire est assez originale, surtout dans la modestie de ses proportions : voilà les deux icônes des éditions DC affrontées à des magouilles immobilières ! Mais ça marche ; et c'est un plaisir de les voir jouer "à chat" avec leurs Némésis retorses. Peu de bagarres : l'accent est mis sur le sauvetage des populations, et c'est un vrai soulagement de voir des Super-Héros employés à leur mission originelle ! Ras-le-bol des replâtrages supersoniques... Assez surprenamment, la noirceur inhérente au drame du cofondateur de l'orphelinat (Pauvre Ollie !) clashe avec le reste et donne une profondeur (un peu inconfortable, dans ce qu'elle sous-entend...) au reste de l'intrigue, franchement et délibérément légère. LA touche "moderne" du scénario. Du divertissement de grande qualité et un hommage classieux, très calibré, à une grande époque du genre.

11/02/2024 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
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2.5 Lu cet album à cause du nom de Dave Gibbons et je fus déçu de voir qu'il n'était que scénariste. Le dessin n'est pas mauvais et il a un certain charme, mais j'adore le dessin de Dave Gibbons et j'aurais bien aimé le voir dessiner, par exemple, le Joker. Le scénario possède des bonnes idées. J'aime particulièrement l'idée de faire changer de ville le Joker et Lex Luthor. Sauf que ce qui aurait pu être une bonne histoire est gâché par des défauts qui rendent le tout moyen. Je ne sais pas combien de scénarios Gibbons avait écrit avant celui-ci, mais cela n'aurait pas fait de tort s'il avait eu un co-scénariste d'expérience. Il y a des problèmes de narration et je retiens surtout des scènes qui auraient pu être plus passionnantes sous un autre scénariste.

03/09/2016 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
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Note : 2.5/5 Ce comics est un vrai gâchis. J'aurais aimé pouvoir lui donner une meilleure note mais c'est impossible. C'est un gâchis car il y a beaucoup de bonnes choses dans cette histoire complexe. D'abord, l'idée de départ, qu'on pourrait prendre pour un simple prétexte bidon pour mélanger les univers de Superman et de Batman, est plutôt intelligemment menée. La relation conflictuelle entre Lex Luthor et le Joker est plausible et intéressante, ainsi que leurs méthodes très différentes pour étendre mutuellement leurs influences sur Gotham City et Metropolis. De même, le relation entre Superman et Batman n'a rien d'une alliance superficielle où les gentils s'entendent bien et gagnent à la fin. Les personnages sont montrés dans toute leur différence et leur incapacité à se faire confiance. Une incommunicabilité qui trouvera son point d'orgue dans l'une des scènes les plus fortes à mes yeux dans cette série mais aussi dans la plupart des récits de Batman, scène où Superman offre à Batman une vidéo de la Marque de Zorro (cf. galerie), ce film qui rappelle immanquablement à Bruce Wayne la mort de ses parents. Ironique. Et j'ajouterai aux qualités de ce comics une intrigue assez intelligente et un dessin de très bonne qualité, même si Batman y a des allures un peu kitsch héritées dirait-on des années 70. Malheureusement, la narration bousille tout. La mise en page est mal foutue, le rythme est haché, les scènes sont trop souvent difficiles à lire. Il vaut régulièrement mieux lire les textes après coup pour comprendre plus ou moins ce qu'il s'est passé. Du coup, on ne profite pas du tout du scénario et la qualité du dessin est gâchée par la pauvreté de la narration graphique. C'est désagréable à lire et on a l'impression de ne voir que des bribes d'une intrigue nébuleuse. Certaines scènes paraissent en outre idiotes ou trop faciles comparées à la profondeur que laisserait espérer un tel scénario. En définitive, il y a de bonnes idées et un bon dessin dans cet album, mais le scénario et la narration finissent par trop décevoir et empêchent d'en profiter. Dommage.

18/03/2011 (modifier)