Voyage aux îles de la Désolation
Une belle rétrospective du voyage d'Emmanuel Lepage aux pays des manchots (Terres Australes et Antarctiques Françaises) effectué en avril 2010
BD à offrir Carnets de voyages Documentaires Environnement et écologie L'Antarctique Marine moderne Nouveau Futuropolis Profession : bédéiste
Une belle rétrospective du voyage d'Emmanuel Lepage aux pays des manchots (Terres Australes et Antarctiques Françaises) effectué en avril 2010. Nous acccosterons ainsi les îles de Tromelin (bout de terre minuscule accueillant une station météorologique), Crozet, Kerguelen, Saint-Paul et enfin Amsterdam. A chaque île, son histoire et ses petites péripéties.
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Date de parution | Février 2011 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
J'ai découvert le travail d'Emmanuel Lepage avec Un printemps à Tchernobyl puis Ar-Men - L'Enfer des enfers que j'ai beaucoup aimés, je continue à remonter le temps avec cet album qui nous amène loin, très loin, sur un bout du monde à la fois fascinant et hostile. Avec Lepage, on sait qu’on aura des pages à couper le souffle, et je n'ai pas été déçu de ce côté-là. Les paysages sont grandioses, presque irréels, et la façon dont il capte la lumière est impressionnante. Le dessin, c’est clairement la force de l’album. Là-dessus, rien à redire. Mais voilà, une fois qu’on a admiré les images, qu’est-ce qu’il reste ? Pas grand-chose, je trouve, c'est là que le bât blesse. Lepage accompagne une mission scientifique sur ces terres australes, et si l’idée de départ est séduisante, le récit ne décolle jamais vraiment. On reste collé au carnet de voyage, on découvre la routine des scientifiques, quelques anecdotes sur la faune, la météo, les conditions de vie. C’est intéressant, mais ça reste très descriptif. On sent qu’il y a de l’émotion, une envie de partager un moment hors du temps, mais ça reste au bord du chemin, comme si Lepage n’osait pas aller plus loin. Son regard sur ces îles, sur les hommes et les femmes qui y travaillent, manque de relief pour m'emporter. On a l’impression qu’il s’est laissé prendre par la beauté des lieux au point d’oublier d’y chercher une vraie histoire. Le peu d’introspection qu’il glisse dans ses cases paraît léger, presque anecdotique. Tout ça donne une œuvre visuellement puissante, mais narrativement trop faible pour moi. C’est beau, c’est contemplatif, mais je suis resté sur ma faim. J'ai refermé l'album avec une impression partagée : d’un côté, la satisfaction d’avoir voyagé à travers ces paysages incroyables, et de l’autre, une frustration de ne pas en avoir appris davantage, ni sur les îles, ni sur celui qui les raconte. Un bel album pour les yeux.
Si vous êtes amateurs de carnets de voyage au bout du monde, cet album est fait pour vous. D’abord parce que l’aspect documentaire est vraiment bien fichu. On en apprend sur les endroits visités (les îles australes françaises), leur faune, leur localisation, et les scientifiques qui y résident. Lepage ajoute aussi à chaque fois quelques rappels historiques assez courts, mais bien amenés, à la fois instructifs et se fondant bien dans la narration d’ensemble. On en apprend aussi sur le fonctionnement même de ces terres australes, de leur ravitaillement, comment la France les utilise (études scientifiques, stations météo, etc.) et les protège (contrôle de la biodiversité, élimination des espèces exogènes, etc.). Ce qui rend aussi cet album agréable à lire, c’est le côté humain distillé par Lepage. Mine de rien, plusieurs dizaines de personnes se voient « tirer le portrait », cela densifie la narration, et la rend aussi plus humaine. Cela fait déjà beaucoup de raisons de lire cet album. Mais il y manque presque la principale, à savoir, comme toujours pour cet auteur, un dessin franchement très beau, souvent exceptionnel, qui use de différentes techniques, mais qui magnifie réellement ce qu’il nous « donne à voir ». On en prend plein les yeux. Que ce soit ce que Lepage a « croqué sur le vif » ou ce qu’il a retranscrit a posteriori, cet épais album est vraiment d’une grande tenue dans ce domaine. Lecture hautement recommandée bien sûr.
Trouver les mots pour pareil plaisir, c'est difficile. Un seul pourrait résumer le tout : émerveillement. Dubitatif au démarrage, je deviens définitivement convaincu lorsque Emmanuel Lepage découvre et se confronte à la vie dans ces îles ("vie" à prendre dans tous les sens que vous voulez). L'évolution de son carnet de voyages est très intéressante : d'une position d'observateur qui, grosso modo, décrit ce qu'il voit et qui il rencontre, il s'émancipe peu à peu, presque naturellement, jusqu'à exprimer son propre point de vue et libérer des ressentis sans filtre aucun. Comme si toute la magnificence de l'environnement et la pureté de l'air lui avait donné les idées claires. Les croquis mis en BD sont époustouflants, du portrait à l'environnement en passant par le navire ou la faune. C'est rare d'avoir une qualité de ce niveau. Véridique : deux illustrations en doubles page m'ont laissé échappé un nom d'oiseau impossible à contenir. Ces superbes croquis sont entre-coupées de cases aux dessins grisâtres élégants qui permettent de nous conforter dans l'idée que nous lisons bien une BD au sens propre. Quel carnet de voyages! Quel documentaire! Quelle richesse ! 30 jours denses résumés en 150 planches de bonheur. On découvre un mode de vie, celui de ces scientifiques, marins et invités qui choisissent de vivre loin de leurs proches pour une période plus ou moins longues. On découvre l'histoire de l'humanité aussi, que l'on pourrait surnommer de tragédie humaine tant la colonisation de ces terres par l'Homme a pu bousculer un écosystème endémique ou même la mort de sa propre existence. Mais on découvre aussi, et surtout, cet éternel émerveillement sur ce qui nous entoure et sur la nécessité absolue de sauver ce qu'il reste à sauver, et retrouver ce qui n'est pas complètement perdu. Emmanuel Lepage, bien que narrateur permanent, reste assez en retrait niveau discours pour céder la place à la beauté picturale et naturelle des choses et des hommes. L'émerveillement, c'est l'espoir qui continue de briller, et peut-être que l'auteur partage cette idée. Voilà, c'est le genre de BD qui me remplit de joie et où l'on peut se sentir universellement moins con que la veille. A parcourir sans modération pour voyager, apprendre et enrichir son champ de vision.
Emmanuel Lepage embarque sur le Marion Dufresne pour un long voyage vers les terres australes françaises : Crozet, Kerguelen, Saint-Paul, Amsterdam… Un voyage expérimental tant pour l’équipage de scientifiques que pour le dessinateur qui aborde cette mission avec autant d’envie que d’appréhension. J’ai vraiment aimé la narration qui se fait au rythme lent de la navigation. On a le temps de s’immerger dans ces paysages austères et dans la vie du bateau. Emmanuel Lepage dessine la mer avec toutes ses nuances de transparences, de bleu, de gris et noir, fait un portrait très sensible de ses compagnons de voyage en s’attachant à leurs parcours personnels, croque avec discrétion les moments de travail et de détente, les sourires, les conversations. De ces moments pris sur le vif se dégagent une ambiance très particulière, l’intimité du bord, les petits détails du quotidien. On se sent appartenir à l’équipage. Les planches en noir et blanc racontant le quotidien sont entrecoupées de somptueuses aquarelles en couleur sur la mer, le ciel et les îles. S’y ajoutent quelques flashbacks historiques qui rappellent les aventuriers et les drames de ces terres lointaines. C’est beau, dépaysant et intéressant. On apprend plein de choses ! M’a beaucoup plu la place prépondérante que prennent les scientifiques dès que l’équipage est à terre. Ils veillent ! Ne pas déranger la faune, ne rien abîmer, laisser le moins de traces humaines possibles, telles sont les règles à terre. Carnet de voyage, témoignage, hymne à la nature, documentaire passionnant sur les TAAF, cet album est une pépite à lire et à relire pour s’évader et découvrir.
Jetées au cœur d'un océan austral secoué et violenté par les incessants 40ème rugissants, il existe des îles rocheuses au climat tempétueux et hostile, quasi invivable, où pourtant, sur Kerguelen, une base scientifique en milieu extrême s'est installée. Emmanuel Lepage nous raconte son voyage jusqu'à celle-ci et la vie des scientifiques dans la base, avec parallèlement l'histoire de la découverte de cette île comme des autres avoisinantes. C'est très bien réalisé, avec un joli coup de crayon et des planches colorisées grandioses, et l'on se prend totalement au jeu de la découverte de cette région inhospitalière en voguant comme l'auteur sur des mers bien trop houleuses, et devenant à la lecture cet explorateur en terres improbables et peu accueillantes. Magnifique, tout simplement !
Je ne sais pas pourquoi j'aime autant les reportages en bande-dessinée, mais je pense que c'est le mélange des dessins qui font vite voyager dans un autre monde avec la possibilité énorme de narration qu'offre la bande dessinée. Emmanuel Lepage est de ces auteurs que j'avais envie de découvrir et dont j'ai récolté quasiment tout les ouvrages en une fois, histoire d'être sûr. Et je le pensais bien : j'ai apprécié tout autant chacun de ses livres. Le gaillard sait se débrouiller avec une feuille et un crayon, ça je n'ai pas de doute. C'est très réaliste, bien dessiné et extrêmement prenant. On se sent dans l'ambiance, comme si l'on était nous aussi avec ces gens dans le bateau. Rien que pour cette immersion, l'auteur arrive à faire un boulot considérable. D'autre part, l'auteur s'attache à la fois à nous faire retranscrire sa passion qui l'invite à voyager dans ces îles australes si difficiles d'accès et de conditions de vie, tout en nous présentant de façon très factuelle tout ce qui l'entoure : du bateau à l'équipage, en passant par les passagers et leurs motivations, Lepage nous livre une grande quantité d'informations sur ces îles de la désolation, qui m'étaient pour la plupart inconnues (ou alors de nom et peut-être vaguement leur emplacement sur une carte). Au point de nous faire voyager avec lui et d'avoir envie de découvrir ces îles. C'est un excellent documentaire, comme je les aime : il fait voyager et rêver, il nous renseigne et nous distille des connaissances, le tout dans un dessin qui invite au voyage et à la découverte. Bref, que du bon et on en redemande volontiers !
J'ai découvert Emmanuel Lepage grâce à cet album, qu'on pourrait identifier comme le 1er volume d'un dyptique conclu avec le récent La Lune est blanche. C'est un veritable documentaire et Emmanuel Lepage se place en tant que témoin à la fois distant et participant de petit monde des gens ayant la passion de leur métier, de la science et de la nature bien évidemment. On se sent à bord de ce navire, si petit au milieu de ces flots qui ont fait chavirer tant de navires.
Crozet, Kerguelen, Saint Paul, Amsterdam, improbables morceaux de cailloux jetés en plein milieu de l'océan austral. Terres noires et glacées que gardent de hautes falaises noires surplombant les vagues des quarantièmes rugissants. Ces îles du bout du monde qui autrefois ont vu les hommes tenter de les dominer, mais en vain. Aujourd'hui elles ne sont plus que le modeste abri des scientifiques qui viennent y prendre des quartiers d'été ou d'hiver au service de la science. Par les Dieux, que c'est beau ! Que dis-je beau ? Grandiose est sans doute encore un terme bien réducteur face à ces monuments de la nature sculptés, gravés par les éléments. Bien sûr il y a aussi les rencontres humaines mais personnellement ce que j'ai le plus apprécié se sont les magnifiques aquarelles de Mr Lepage. Comment ne pas rester béa, en pure contemplation devant ses planches qui dans un certain sens remettent l'humain à sa juste place sur la planète. Ah, l'arche de Kerguelen !, les albatros et leurs presque quatre mètres d'envergure. Je ne vais pas épiloguer pendant des lignes mais cet ouvrage est à mon sens indispensable par ce qu'il nous dit et ce qu'il nous montre, dans le registre du documentaire un incontournable !!
Je suis reconnaissant à Emmanuel Lepage d’avoir publié cet ouvrage sur une région du monde dont je ne me souviens pas avoir vu aucun reportage. En effet, ces confettis d’empire rocailleux quasiment inhabitables, perdus aux confins de l’Océan indien, intéressent peu… Et pourtant… L’auteur nous ouvre généreusement la route vers un monde méconnu, indomptable et mystérieux, dont les secrets ne se révèlent que dans un silence millénaire où l’homme ne semble pas avoir sa place. Seuls ceux qui savent rester humbles devant cette immensité auront peut-être une chance d’avoir accès à ces secrets gardés par les géants couchés de Kerguelen… Kerguelen et son arche incroyable, ou ce qu’il en reste, immense porte vers le merveilleux… Lepage, lui, a su rester modeste devant la force des éléments qui l’ont forcé à dessiner dans l’urgence, et les planches en sont peut-être encore plus belles dans leur fragilité. D’un point de vue graphique, c’est une réussite. En noir et blanc ou en couleur, les aquarelles sont splendides, c’est de l’art dans le vrai sens du terme, qui fait que l’artiste devient chamane et sait s’effacer devant son œuvre. Mais devant cette nature à la fois omniprésente et menaçante, au milieu de ces solitudes arides et glaciales, les minuscules humains deviennent un réconfort, et l’on se rend compte que le mot fraternité prend ici tout son sens. L’auteur a su ainsi rendre hommage à ces hommes et femmes, membres d’équipage, marins, scientifiques ou cuisiniers, dont les conditions de vie peuvent s’avérer rudes, avec des portraits plein d’empathie et de respect. Il ne faut pas être pressé pour lire ce carnet de voyage. C’est une expérience étrange et fascinante, hors du temps, parfois émouvante, par exemple lors de l’apparition d’une aurore australe magnifiquement représentée par l’artiste. Emmanuel Lepage est parvenu à nous immerger dans ce monde aux frontières de la civilisation, nous offrant un petit bol d’air loin du tumulte des humains, là où les heures et les jours s’égrènent beaucoup plus lentement, où la contemplation est de mise. Ce sont ainsi nos lectures d’enfance qui reviennent en surface, Hergé avec Tintin évidemment, mais aussi Jules Verne, Stevenson, Frison-Roche ou encore Maurice Herzog, ces derniers aventuriers de l’ère moderne (j’entends par là non équipés de GPS). J'ai préféré Un Printemps à Tchernobyl , mais ce one-shot est de très bonne tenue tout de même !
Dans cette bande dessinée, Emmanuel Lepage nous conte la rotation du « Marion-Dufresne ». Il s’agit en fait d’un navire ravitailleur des bases scientifiques des terres australes, entre les îles de La Réunion, Tromelin, Amsterdam, Saint-Paul, Kerguelen et Crozet. Le Marion-Dufresne, affrété par l’Institut Paul-Emile Victor, est à la fois un paquebot, un pétrolier, un porte-conteneurs et un navire océanographique. Les très beaux dessins d’Emmanuel Lepage mettent en valeur la beauté et l’étrangeté des paysages et surtout les relations humaines qui se nouent entre les participants au voyage, aux métiers très différents : marins, médecins, biologistes, mécaniciens, logisticiens, météorologistes, etc. Je m’attendais à connaître un état de désolation mais c’est plutôt un enchantement que recèlent ces bouts d’îles au bout du monde qui paraissent encore préservés de l’activité humaine intensive. Visiblement, le genre documentaire va très bien à l’auteur dont j’ai lu récemment Un printemps à Tchernobyl. La démarche semble être la même : voyager pour comprendre et pour témoigner. Le message subliminal que l’œuvre véhicule : la préservation d’une nature intacte. Entre carnet de voyage et bd, l’auteur nous fait découvrir l’histoire des lieux, des hommes et des espèces animales ou végétales vivant dans des conditions extrêmes. C’est un travail plus qu’honorable. Du dépaysement garanti avec une richesse du détail et des dessins. La fraîcheur australe va nous emporter…
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