La Théorie des gens seuls
Neuf courts récits qui s'inspirent des hauts et des bas de la vie de couple, de l'amitié et de la vie professionnelle. Le livre a le format d'un roman, plutôt que celui d'un album. Les planches sont en noir et blanc. Prennent place dans la chronologie des volumes de la série des Monsieur Jean.
Ecole nationale supérieure des Arts décoratifs La Comédie Urbaine Tohu-Bohu
Les apartés de Monsieur Jean. A coup sûr, la collection Tohu Bohu est le bol d’oxygène que la bande dessinée attendait depuis des lustres. Alors que le cinquième volume des aventures de Monsieur Jean patiente dans les starting blocks, Dupuy et Berberian sacrifient à leur tour à un tome décalé et intimiste de la vie de leur héros. Laissant libre cours à son crayon gras, Berberian dessine un Monsieur Jean en noir et blanc, esquissé et sans fioritures. Petit rappel. Au cours de sa troisième aventure (Les femmes et les enfants d’abord), Monsieur Jean rencontre Félix, qui est à la rue. Jean l’invite à s’installer chez lui, provisoirement… Squatteur du genre Michel Blanc dans Viens chez moi, j’habite chez une copine, Félix joue au séducteur, mais se fait remballer à chaque coup. De plus, il ne se gêne pas pour rendre infernale la vie de couple de Monsieur Jean. Disséquée sur une demi-douzaine de planches, chaque histoire contribue au malheur de Félix, qui n’en finit pas de disserter sur sa condition de célibataire. Petit joyau de cynisme au format poche, La théorie des gens seuls permet de découvrir la face cachée de notre Parisien adoré. Si jubilatoire soit-elle, cette lecture ne doit pas faire rire pour autant. Car on ne se moque pas du malheur des autres. Mais si vous rigolez quand même, c’est pas grave. Monsieur Jean vous le pardonnera. (copié-collé de http://www.lagruyere.ch/culture/bd/humanoides/gensseul.htm)
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Date de parution | Mars 2000 |
Statut histoire | Histoires courtes 1 tome paru |
19/06/2002
| ThePatrick
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Les avis
Rrraahhhrg ! le grille-pain ! Aah ! oui, oui ! - Ce tome est initialement paru après le tome 4 Monsieur Jean, tome 4 : Vivons heureux sans en avoir l'air (1997), mais son action se situe entre le tome 3 Monsieur Jean, tome 3 : Les femmes et les enfants d'abord (1997) et le tome 4. Sa première édition date de 2000 en noir & blanc, et il a été réédité en 2010, en bichromie. C'est le deuxième album hors-série après Journal d'un album (1994). Cet album a été réalisé à quatre mains pour le scénario, les dessins et la bichromie, par Philippe Dupuy et Charles Berberian. Il comprend cent-vingt-quatre pages de bandes dessinées. Chapitre un, dix pages : ça commence mal. Monsieur Jean est en train de dormir paisiblement dans son lit double, avec quelques livres sur ses draps. le réveil sonne ; il reprend conscience. Il voit dans sa chambre, devant lui trois hommes en costumes noir avec des lunettes noires, pointant chacun un pistolet vers sa tête. Il se fait la réflexion que cette journée commence assez mal. Il sort les jambes du lit et s'assied sur son séant, et se rend dans la salle de bain. Il constate sa mine défaite et pas fraîche dans le miroir. Il urine debout. Il se rend dans la cuisine et prend un bol de café, pendant que les trois tueurs sont assis, pistolet en l'air, chacun une tasse de café devant eux. Monsieur Jean leur demande s'ils vont le tuer sans lui expliquer pourquoi ou pour qui. Il souhaite qu'ils lui laissent dire au revoir à ses amis une dernière fois. Ils lui répondent que ses amis ne sont pas vraiment des amis, désolé. Il va ensuite se couper les ongles, se faire couleur un bain, et se glisser tranquillement dedans, en fermant les yeux pour mieux en apprécier la sensation. Il les rouvre en sursaut quand il entend éternuer : les trois porte-flingues, toujours en costume, sont dans le bain avec lui. Puis Monsieur Jean s'habille, se coiffe, se regarde dans la glace. Il tombe à genoux et il les supplie de lui accorder de voir une dernière fois son film préféré : Baisers volés (1968) réalisé par François Truffaut. Chapitre deux, cinq pages : Félix dans le bus. Félix, un copain de Monsieur Jean, lit le dernier numéro de Science & Vie, assis dans le bus. Un couple s'assied en face de lui, une jeune femme fluette et un gros malabar. Ce dernier se montre agressif vis-à-vis de sa compagne, finissant par se lever et la gifler. Félix intervient, mais les deux lui répondent agressivement, et la femme lui décoche un coup de pied dans le tibia. Chapitre trois, sept pages : la théorie des gens seuls. Félix, Clément, Monsieur Jean et deux copines sont assis sur un banc dans un patio en train de papoter tranquillement. Félix monopolise un peu la parole en exposant sa théorie des gens seuls : le problème des gens seuls, c'est qu'ils sont seuls. Et que tant qu'on est seul, on n'est pas attiré par une autre personne seule. Les gens seuls ne sont pas attirés par les autres célibataires, mais pas quelqu'un qui est déjà avec un autre. En découvrant cet ouvrage, le lecteur note deux particularités qui sautent aux yeux : les dessins plus lâchés que dans les autres tomes avec une apparence parfois presque crayonnée, et le retour à des chapitres autonomes plutôt qu'un récit à l'échelle de l''album. Dans la version en bichromie, les artistes ont choisi un bleu entre bleu bleuet et bleu pastel pour habiller les dessins, tout en laissant quelques zones de blanc pour des reflets, des ambiances lumineuses, la plupart des visages, ainsi que les phylactères. Les traits semblent avoir été réalisés avec un crayon gras, ce qui donne des contours parfois un peu irréguliers, pour une apparence plus spontanée, plus vivante. le lecteur éprouve également la sensation que la densité des informations est un peu moindre que pour les albums de la série, avec une grille de six cases comme principe, en trois rangées de deux cases. Dans certaines planches des cases peuvent être fusionnées pour ne donner qu'une case de la largeur de la page. Pour l'histoire de Félix dans le bus et quelques pages éparses, les dessinateurs passent à la grille de trois (cases) par trois (bandes), dite gaufrier. le lecteur éprouve une sensation de pages moins denses, très faciles à lire, plus animées, avec un certain nombre de gros plans et de plans poitrine. Pour autant, elles ne semblent pas vides. En effet, la taille un peu plus grande des cases donne de l'espace aux personnages, et permet également de contenir un nombre d'informations visuelles important sans donner l'impression de saturer l'espace délimité par les bordures. Ainsi dans la planche d'ouverture avec son dessin en pleine page, le lecteur peut voir les cinq livres sur la couverture du lit, les deux sur la descente de lit avec les chaussures juste à côté, la table de chevet avec sa lampe et son verre d'eau, les chaussettes au pied du lit, le rebord de la fenêtre, un rideau non tiré et le grand cadre qui surplombe la tête de lit. Par la suite, le lecteur découvre les autres pièces de l'appartement de Monsieur Jean : l'autre côté du lit, la salle de bain avec son lavabo et sa cuvette des toilettes sans oublier une petite étagère de livres, la table de cuisine et quelques placards de rangement au mur, la baignoire, le miroir en pied. Tout du long des neuf chapitres, les artistes vont l'emmener dans de nombreux endroits différents : un petit restaurant de quartier où mangent Clément & Jean, un bus, des rues parisiennes, le salon de Monsieur Jean avec son canapé et son poste de télé, un square avec ses bancs, un pavillon à la campagne pour un anniversaire, un plateau de télévision pour une interview, un autre restaurant, une gare parisienne, une cabine d'ascenseur, une autre maison à la campagne. À chaque fois, le dosage des ingrédients s'avère parfait : assez pour que chaque lieu soit spécifique, pas trop pour ne pas alourdir la case ou ralentir la lecture. Pas de doute, c'est bien les mêmes dessinateurs, avec les mêmes caractéristiques pour les personnages : des gros nez ou parfois très allongés pour les hommes, des nez plus menus et plus effilés pour ces dames, des silhouettes aux contours un peu arrondis et très normales pour les hommes, des morphologies plus affinées et allongées pour les femmes, des tenues peu recherchées pour les hommes, et élégantes pour les femmes même lorsqu'elles sont simples. Les yeux des personnages se réduisent souvent à un simple point, ou un trait, de même que leur bouche. Les expressions de visage peuvent être exagérées pour un effet comique à l'occasion d'une émotion plus intense. le langage corporel reste dans un registre naturaliste, sauf pour les poses vives ou intimidantes des trois porte-flingues. Les scènes avec de nombreux personnages montrent des interactions sociales très policées, entre gens de bonne éducation. Il se produit bien un ou deux agacements pouvant aller jusqu'à l'énervement de temps à autre, toutefois le lecteur sent bien qu'aucune situation ne peut virer au drame. Pour autant, les sentiments exprimés le touchent, ainsi qu'à nouveau la situation du jeune enfant Eugène, née de Marlène qui ne s'en occupe plus et qui l'a confié à Félix dont elle s'est séparé et qui n'est pas le père, l'enfant étant souvent pris en charge par Jean. Les deux créateurs racontent neuf histoires courtes allant de cinq à vingt-six pages, avec des situations comme la présence intermittente des porte-flingues, un voyage dans le bus, du papotage entre potes, des considérations sur le désir masculin, un anniversaire à une soirée à la campagne, l'usage d'un grille-pain, Félix éméché et quelque peu désenchanté, Félix coincé dans un ascenseur, et pour finir Monsieur Jean acceptant d'aller se mettre au vert dans la maison de campagne des parents de Cathy. Dans un premier temps, l'artifice des trois tueurs laissent le lecteur perplexe. Par la suite, il retrouve cette ambiance parisienne et même parisianiste, entre personnes sans soucis financiers (sauf pour Félix) peu stressés par les responsabilités. Félix endosse le rôle de grincheux, de déçu de la vie, avec une vision certes pessimiste, mais aussi lucide. Au cours de l'incident dans le bus, il finit par faire le constat au profit d'un couple que dans la vie, il n'y a que les mauvaises choses qui peuvent tomber sur quelqu'un par hasard, jamais les bonnes choses. Il en conclut que c'est la raison pour laquelle partout ça va mal. le lecteur finit par se dire que ces porte-flingues qui n'apparaissent que dans la première et la dernière histoire incarnent littéralement les oiseaux de mauvais augure, la dépression qui guette, la tentation de succomber au pessimisme, sans plus essayer de lutter. Finalement ces trois tueurs relèvent bien d'une incarnation de la mort au premier degré, le risque d'estimer qu'il ne sert à rien de faire face aux aléas de la vie car ceux-ci sont trop en trop grand nombre et de trop grande ampleur pour pouvoir espérer les surmonter. Dans le même temps, Monsieur Jean fait tout pour préserver sa bulle de protection, et surtout ne pas se laisser toucher par le malheur des autres. Comme pour les dessins, la tonalité de la narration tient tout drame à distance, avec des touches humoristiques légères et touchantes, pouvant aller jusqu'à l'absurde dans cette histoire de panne d'ascenseur, et encore plus dans ce mystérieux accessoire érotique qu'est le grille-pain. Un album hors-série : est-ce bien la peine de s'investir dans une telle lecture ? Il suffit que le lecteur feuillète l'album pour qu'il tombe sous le charme des dessins d'une rare élégance, sans afféterie, d'une belle expressivité sans moquerie, d'une clarté remarquable. Il découvre une nouvelle après l'autre, et retrouve cette intimité émotionnelle pudique avec les personnages qui lui permet de se sentir frère en humanité, même s'il n'est pas parisien.
Je ne connais pas encore très bien la série Monsieur Jean, mais j’apprécie l’humour gentiment mordant des frères « siamois » Dupuy & Berbérian, dont le trait stylé est reconnaissable entre mille. Les personnages rappellent forcément quelqu’un de notre entourage, et pourquoi pas nous-mêmes, si l’on met de côté notre propension si humaine à ne voir que la paille dans l’œil du voisin… quant aux situations, on a également l’impression de les avoir plus ou moins vécues. C’est léger et profond en même temps, un vrai témoignage sociologique de la vie urbaine contemporaine, un peu dans l’esprit Woody Allen.
J'ai commencé la série Monsieur Jean avec ce hors-série et j'ai bien failli ne pas lire les autres albums tellement cette lecture ne m'a pas captivé. Les différentes petites histoires m'ont ennuyé et je me suis forcé à finir "La Théorie des gens seuls". La seule exception est l'histoire où Félix raconte ses théories débiles qui m'ont fait un peu rire. Le reste du temps je n'ai pas compris l'intérêt des récits et je n'ai pas été touché par les émotions des personnages.
Je dois dire que je me suis ennuyé en lisant cette BD. Je n'étais déjà pas trop accroc à la série de base, Monsieur Jean, de même qu'aux autres séries du même genre qui parle du quotidien de trentenaires "comme vous et moi". Je lis ces séries sans déplaisir mais, à moins qu'elles contiennent beaucoup d'humour comme Les formidables aventures de Lapinot par exemple, ça ne me passionne pas. C'est plus une sorte de sentiment de voyeurisme qui me pousse à la lecture de ce genre de série, l'envie de voir comment vivent les autres, de voir s'ils vivent des choses semblables à ce que j'ai vécu, ou s'ils ont vécu des moments particulièrement anecdotiques. Mais rien de tout ça n'est vraiment présent à mes yeux dans la théorie des gens seuls. Les premières histoires traitent de discussions entre trentenaires célibataires et parisiens, discussions dans lesquelles je ne me retrouve absolument pas. Le copain turbulent de Jean n'a rien du charme et de l'humour du même copain de Lapinot de Trondheim. La seconde moitié de l'album porte plutôt sur des anecdotes et les petites misères du début de la vie de couple de Jean et sa fiancée. Et... Ben, c'est pas passionnant, quoi. Les vrais amateurs de Monsieur Jean ne seront pas vraiment déçus par cet album "bonus" par rapport à la série de base, mais ceux qui n'apprécient pas trop ce type de récit du quotidien ne seront pas convaincus, je pense.
En tant que fan absolu de Monsieur Jean, je me suis procuré ce tome, un peu à part dans la série, sur Bd.net. On retrouve avec plaisir notre trentenaire écrivain souvent en mal d'inspiration, accompagné de sa croix, son boulet, Félix. Dans ce tome on insiste sur l'aspect le plus antipathique de ce dernier et on nous rappelle plus que jamais son statut de vert solitaire dans l'appartement de Jean. Ce tome est comme vous avez pu le constater, en noir et blanc, simplement broché et avec un format réduit. On retrouve le trait simple et agréable (je suis fan) de la paire Dupuy-Berberian, même si il supporte moyennement la monochromie. En effet, c'est tout de même plus agréable à lire en couleur, surtout pour apprécier les décors parisiens. L'humour reste inchangé par rapport au reste de la série. Comme dans chaque tome de la série on retrouve des personnages en fil rouge qui apparaissent uniquement dans les rêves de Jean. Cet album est immanquable pour tous les fans de la série puisqu'il est tout aussi bon que les autres. Néanmoins je ne mets pas 5/5 en raison d'un prix un peu élevé pour un petit format noir et blanc. Pour ceux qui ne connaissent pas encore Monsieur Jean, je conseille de plutôt commencer par les 3 premiers tome de la série originale, pour la mise en couleur qui met en valeur le dessin.
la Théorie des gens seuls, une surprise qu'elle est bonne. J'avais lu il y a un certain moment déjà un album de Monsieur Jean qui m'avait laissé de marbre, et j'ai un peu traîné la patte pour aborder ce recueil d'histourinettes. Etat d'esprit confirmé sur les 2 premières, puis finalement, les auteurs parviennent à toucher juste, à être très pertinents tout en étant drôles sur des moments de vie quotidienne, tout ça... Agréablement surpris donc. Le noir & blanc y est peut-être pour quelque chose...
Voilà un album sympa. Dans l'air du temps, sans autre intention que de montrer qu'on est bien mal quand on est seul. On est aigri, on se monte des films, on élabore des théories abracadabrantes, on se repose sur les copains... Voilà des clichés que l'on colporte sur les célibataires (de fait) et ceux qui le sont dans leur tête. mais dupuy & berberian contournent ces clichés pour nous livrer un album très frais, qui nous fait souvent sourire ou grincer des dents, car ces gens seuls ressemblent à s'y méprendre à certaines de nos relations...
J'ai adoré la forme de cette histoire, se glissant entre les tomes de la série "monsieur jean". Le fait que le tout soit dessiné en noir & blanc, le petit format, c'est excellent. Le fond est aussi intéressant, on apprend à mieux connaitre Félix, l'ami un peu "pique-assiette" de Mr Jean. A lire pour les fans de la série ! :)
Un tome qui se lit avec plaisir si on aime Monsieur Jean. Cet album me semble d'ailleurs plus abouti que Monsieur Jean puisqu'il ne cherche pas à tout faire tourner autour de la crise de la 30aine mais vraiment autour des rapports sociaux en general. Le dessin est tres agréable, comme d'hab' :) Je pense que cet album est une bonne approche pour ceux qui veulent connaitre Monsieur Jean.
Très sympa. Ces histoires ont un goût de doux/amer, car sur fond d'humour grinçant, ce sont quand même quelques questions existentielles qui sont soulevées. Tout ici est relativement fin; pas d'humour gras, donc. Bon, c'est sympa mais en même temps je ne trouve pas cet album culte. Je le relirai à l'occasion (là ça fait un petit bout de temps...) A noter, la 1ère histoire est... un peu bizarre, on a l'impression de pouvoir lire chaque page indépendamment des autres...
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