Cent mille journées de prières
Louis a huit ans. Il vit avec sa mère, Laurence, dans une morne banlieue normande, au début des années quatre-vingt.
Amnesty International École européenne supérieure de l'image Enfance(s) Guerre civile cambodgienne et Khmers rouges La BD au féminin Les meilleures séries terminées en 2012
Louis a huit ans. Il vit avec sa mère, Laurence, dans une morne banlieue normande, au début des années quatre-vingt. C'est un enfant solitaire et contemplatif. Il n'aime pas parler, il « préfère être seul, en groupe, il se sent stupide », il est le premier de sa classe, mais il ne sait s'il aime l'école ou pas, il s'ennuie... Seul Eurasien de son quartier, il est en but au racisme ordinaire des enfants, des adultes aussi... Sa mère, française, est infirmière dans un hôpital et travaille beaucoup. Elle pleure souvent aussi et Louis ne sait pas pourquoi. Il ne sait pas non plus qui est son père, où il est, ce qu'il fait ou a fait... Louis traîne sa différence comme un étrange fardeau. Laurence, visiblement tourmentée par la séparation d'avec le père de Louis, élude toute conversation à ce sujet. Pour tromper la solitude de son fils, elle lui offre un canari. Peu à peu, un lien intime et secret se tisse entre l'enfant et l'oiseau. Louis est persuadé que l'oiseau connaît tous les secrets de sa famille, et il pense qu'il essaye de lui expliquer, de l'aider à trouver la vérité... Texte : Editeur.
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Date de parution | 06 Mai 2011 |
Statut histoire | Série terminée 2 tomes parus |
Les avis
Cette BD m'intéressait surtout par son sujet, qui est assez peu abordé par chez nous en occident. Le génocide perpétré par les Khmers Rouges est encore bien mystérieux pour moi, et c'est assez délicat de se renseigner sur cette période, effacée de l'histoire même du Cambodge. Cela dit, la BD s'intéresse autant à ce qu'il s'est passé là-bas qu'aux conséquences ici-bas, dans notre France, où le protagoniste se retrouve en but au racisme ordinaire (de par ses origines), au secret de famille sur le devenir de son père et à ses propres interrogations sur ses origines. Fils d'un médecin chinois et d'une française, sa vie est liée au Cambodge, bien qu'il n'y ait jamais mis les pieds avant la fin du récit. Et c'est bien porté, comme récit. A la fois traitant des difficultés qu'il connait en tant que fils d'étranger, connaissant le racisme ordinaire réservé aux populations asiatiques, mais également aux non-dits dans la famille et aux conséquences de la guerre au Cambodge. L'auteur utilise plusieurs procédés bien vu pour symboliser tout ce qui ronge le héros, entre le trou dans le sol et l'oiseau mort qui sert de passeur de message. Il y a des bonnes idées visuelles et narratives qui rajoutent beaucoup à l'ensemble du récit et le rendent touchant. Ma note est un peu abaissé par rapport au sentiment général de la narration, et c'est principalement parce que je reconnais des faiblesses au dessin. Surtout dans le deuxième volume d'ailleurs, où j'ai remarqué plus spécifiquement des visages assez similaires et des difficultés à reconnaitre certaines personnes. Sans dire que l'auteur manque de maitrise, j'ai l'impression que certaines planches sont plus confuses, peut-être par manque de temps pour les finaliser (j'ai surtout eu ce ressenti sur les dernières planches). Bref, il manque un petit quelque chose dans le dessin pour que j'adhère complètement à cette BD, qui sait pourtant utiliser des trouvailles visuelles saisissantes. Une très bonne BD, mais qui a quelques faiblesses m'empêchant de trop bien la noter. Cela dit, elle m'a plu et je serais ravi de la relire d'ici quelques temps, lorsque ma mémoire aura été un peu défaillante et que je souhaiterai me replonger dans les affres d'une guerre sanglante et impitoyable qui se déroula il y a peu de temps, dans un pays appelé le Cambodge ...
Eh bien quelle claque ces deux albums ! Décidément Loo Hui Phang est vraiment une scénariste à suivre de près ! A la fois initiatique, historique et travail de mémoire, avec "Cent mille journées de prières", Loo Hui Phang signe une magnifique histoire, toute en nuance et subtilité, profonde, humaine, sensible et universelle par les thèmes qu'elle aborde. Le récit est habilement construit, patiemment, comme la longue quête de vérité du jeune Louis au travers duquel on vit cette histoire, et la grande Histoire. Le dessin simple et reposant, très efficace et collant parfaitement au récit, répond à la même profondeur grâce à une habile mise en scène et une grande place laissée à l’introspection du personnage comme du lecteur. Un tandem totalement complémentaire et en parfaite harmonie. Je ne savais rien de cette histoire avant de lire, sauf la préface du livre premier mais curieusement — et tant mieux pour moi — c'est comme si je l'avais mise de côté dans ma tête pendant ma lecture. Je déconseille de la lire avant, mais plutôt après la BD. Et pour cette raison je ne parlerais pas des thèmes abordés, pour laisser toute l'ampleur du récit vous prendre à votre tour. Gros coup de cœur pour cette œuvre qui va rejoindre les BD qui m'auront le plus marqué dans ma collection ! Merci aux auteurs pour leur travail... 4,5/5
La première partie n'était qu'une base, la seconde permet de remettre dans le bon ordre le puzzle. Loo Hui Phang a choisi de raconter le génocide perpétré par les Khmers rouges dans les années 1970 au Cambodge par le petit bout de la lorgnette, au travers de l'histoire d'un médecin qui mène une double vie avec une Française et qui tente de sauver sa famille dans cette tourmente de l'Histoire... Et face à cela, nous avons l'histoire de son fils, héritier des contes et légendes cambodgiens mais élevé dans la tradition européenne. Un enfant qui ne connaîtra jamais son père, sinon au travers d'histoires, sans toutefois être sûr de son rôle dans cette période troublée... La métaphore du canari, messager des morts, est très bien trouvée et bien développée, surtout dans le second tome. J'aime bien le dessin de Sterckeman, même si je trouve que parfois ses personnages manquent d'expressivité dans le premier tome ; ce défaut s'efface dans le second. Ma note reste à 3/5, mais je rajoute un coup de coeur pour la sensibilité de l'écriture dans le second tome, mieux maîtrisé à mon sens que le premier.
Le premier tome m’avait laissé sur ma faim. La préface semblait suggérer des sujets sérieux présentés dans un contexte historique lourd (le régime sanglant des Khmer Rouges), mais l’auteur se contentait finalement d’introduire ses personnages avec une histoire très « roman graphique ». Heureusement les choses bougent vraiment avec ce deuxième tome. On se retrouve cette fois plongé au cœur de la crise, le contexte historique nous est présenté succinctement mais efficacement, et on suit avec effroi les horreurs commises par le régime des Khmer Rouges, « qui déportèrent et assassinèrent 1,7 millions de personnes entre 1975 et 1979. » La narration est très éloignée de l’austérité des reportages graphiques de Joe Sacco. Elle est onirique et remplie de métaphores… un choix intéressant, et finalement efficace, puisqu’on en apprend énormément sans jamais se perdre dans les méandres métaphoriques de l’auteur. J’ai trouvé ce récit prenant et surtout très touchant. La planche montrant la maman sortir du mémorial (vers la fin de l’histoire) m’a presque fait fondre en larmes (oui bon j’ai un cœur d’artichaut !). Ce 2eme opus confirme que « Cent mille journées de prières » est un diptyque de qualité, qui mérite toute votre attention. (je passe ma note de 3/5 à 4/5)
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