Beauté

Note: 3.18/5
(3.18/5 pour 11 avis)

Lorsque Morue délivre sans le faire exprès une fée du sortilège qui la retenait prisonnière, elle ne se doute pas du cadeau empoisonné que va lui faire cette dernière. Très laide, Morue sera désormais perçue comme très belle, ce qui au village n'arrange pas vraiment ses affaires.


Fées et féérie Hubert Journal Spirou

Lorsque Morue délivre sans le faire exprès une fée du sortilège qui la retenait prisonnière, elle ne se doute pas du cadeau empoisonné que va lui faire cette dernière. Très laide, Morue sera désormais perçue comme très belle, ce qui au village n'arrange pas vraiment ses affaires. D'objet de répulsion, elle devient objet d'adoration, au point de subir les assiduités de tous les mâles de la région et la haine renforcée de leurs moitiés. Sauvée de justesse par le jeune seigneur local, elle ne tarde pas à languir après une destinée plus brillante... Pas forcément très futée mais belle comme nulle autre femme au monde, elle va se trouver sans s'en rendre compte au coeur d'un imbroglio familial tout ce qu'il y a de royal. Un conte de fée d'un genre particulier d'Hubert et des Kerascoët, qui revisitent les classiques du genre avec une bonne dose d'humour noir.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 06 Mai 2011
Statut histoire Série terminée 3 tomes parus

Couverture de la série Beauté © Dupuis 2011
Les notes
Note: 3.18/5
(3.18/5 pour 11 avis)
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04/05/2011 | Ro
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L'avatar du posteur ThePatrick

Très belle histoire, Beauté nous raconte l'histoire de Morue, fille outrageusement laide et maltraitée par sa marraine qui en a fait une souillon. Croisant le chemin d'une fée à qui elle rend involontairement service, elle reçoit en récompense la beauté qu'elle désire tant. Plus précisément l'apparence de la beauté. Une beauté telle qu'elle surpasse celle de toutes les autres femmes. Bien évidemment, un tel don est à double tranchant, et son excès s'avère rapidement relever plus de la malédiction. Sans compter que Morue, désormais appelée Beauté, n'est pas devenue plus intelligente pour autant, ce qui ne l'aidera donc guère, et ne contribuera pas particulièrement à son bonheur. Cette histoire utilise avec brio les notions de beauté, d'intelligence, de bonheur, de bénédiction qui n'en n'est pas vraiment une et, reprenant tous les codes des contes de fée, va plus loin en montrant le côté obscur de ces fées et leurs intentions propres. Conservant tous les codes du conte avec ses aspects simplificateurs et ses portées morales, Beauté est aussi sombre, dur, cruel, et se révèle pourtant assez complexe et subtil dans ses ramifications - parfois à peine effleurées - et les thèmes qu'il explore. Dénué de manichéisme, cette histoire a été jusqu'à me rappeler Phénix - L'oiseau de feu de Tezuka. Malgré quelques longueurs parfois, toute l'histoire se déroule implacablement, et je n'ai quant à moi pu poser ces albums qu'après les avoir finis.

06/06/2021 (modifier)
Par Jetjet
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Jetjet

Ne vous fiez pas aux apparences, derrière ses allures de conte délicat, Beauté cache en son sein intérieur bien plus de trésors que les apparats auxquels son titre et son trait naïf se prêtent. Il faut dire que du duo Kerascoêt dont je connaissais déjà le travail sur deux tomes (de mémoire) de Donjon Crépuscule et surtout le cruel et surprenant « Jolies ténèbres », je ne pouvais guère m’attendre à un récit aseptisé. C’est cette fois sous la bonne inspiration de Hubert que ce duo prête son talent à une histoire à l’apparence enfantine mais bien sombre… Hubert connait ses classiques pour mieux les détourner. On n’échappe pas ainsi à la destinée morose de Morue, ainsi nommée pour sa laideur et surtout ses forts relents d’écailleuse de poissons. Exploitée par sa vilaine marraine, elle aspire à une destinée toute autre, simplement être appréciée et trouver un amoureux. Ce vœu va être en partie exaucé lorsque Morue délivrera une fée d’un sort funeste. Elle va devenir belle tout simplement mais attention son physique ne change pas, c’est le regard de tout autre être masculin comme féminin qui va être modifié et la considérer comme la plus belle femme suscitant convoitise et jalousie. Dès lors, l’astuce géniale des auteurs est d’alterner entre les deux apparences de Morue (rebaptisée Beauté par la même occasion) selon le point de vue adopté pour n’en faire qu’une seule et même personne pour le lecteur. Le procédé est bluffant et sert une histoire qui ne va pas manquer de bouleversements (les hommes la désirent au point d’en devenir fous et les femmes veulent sa mort). Contrairement à certains avis lus ici et là, j’ai trouvé le pitch sur la relativité de la beauté intéressant à plus d’un égard. Non seulement Hubert truffe son récit de rebondissements incessants mais il offre une réflexion sur les apparences tout à fait habile. Les personnages secondaires entre la princesse Claudine, Eudes et le fameux Roi Sanglier sont détaillés au-delà des stéréotypes et plutôt bien construits. Il y a un véritable souffle sur l’ensemble de ce récit qui n’hésite pas à faire évoluer son personnage principal sur plusieurs époques. La bonne fée ayant accordé la beauté à Morue est loin des clichés des films de Disney car son but avoué est de semer le chaos parmi les hommes par pure vengeance personnelle ! Aucun doute d’être déçu sur l’issue de son projet ! :) Le dessin est juste magnifique. Si le découpage est parfois abrupt, la voix off apporte un peu d’ironie (la sexualité trouble du conseiller du Roi Sanglier par exemple), on passe d’une époque à une autre, d’un environnement à un autre avec une belle aisance. Je dois dire être plutôt impressionné par le trait de ce duo. Il s’agit de vignettes expressives au trait rond et avec un sens du détail pas forcément perceptible au premier abord. Les couleurs employés sont flamboyantes tout en rappelant une utilisation similaire sur les œuvres de Trondheim et de Bruno, deux écoles que j’apprécie fortement. Reste le cruel choix pour déguster ce chaos : en tomes séparés et en couleur ou en intégrale bichromique (noir et bronze), chacune des versions possède son charme indéniable et je n’ai su trancher, me repaissant des deux éditions. A noter que l’édition intégrale dispose également d’un épilogue inédit de 4 pages pas forcément indispensable mais complétant bien de façon ironique la morale pas si manichéenne de ce récit indispensable ! Néanmoins et quel que soit votre choix, peu de chance d’en sortir déçu !

29/09/2014 (modifier)