MangeCoeur
Quand la magie et la poésie d'un spectacle de marionette rencontre la cruauté de la réalité...
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Le Grand-Père de Benjamin est malade. En son coeur se trouve la larve du plus beau et du plus funeste des papillons. Une larve qui se transforme inlassablement, et qui, à l'issue de sa mortelle mutation, cherchera à prendre son essor. Alors le Grand-Père mourra. Car cette larve est une larve de MangeCoeur. Les MangeCoeurs ne sont pas de simples papillons. Ils sont nés un jour de l'infini tristesse d'un homme abandonné. Alors que faire ? Benjamin doit aller au plus vite dans la Foire, la plus grande de toutes, et retrouver cet homme, pour le convaincre de lui en céder un... puis l'enfermer avant l'aube dans la roulotte de son Grand-Père... Ces papillons sont sensibles et très jaloux des couleurs de leur semblables. Sentant la présence d'un adulte de sa race, plus mûr et plus beau, la larve n'osera pas éclore... elle s'étiolera. Voilà Benjamin parti pour la foire. Mais celle-ci est interdite aux enfants, et recèle de multiples dangers. De plus, nul ne veut lui indiquer le MangeCoeur...
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Date de parution | Mai 1993 |
Statut histoire | Série terminée 3 tomes parus |
Les avis
Prenons les choses dans l'ordre : Les couvertures de ces trois tomes sont une tuerie, avec une mention spéciale pour le trois. Le dessin ensuite, bon ! et dire qu'Andréae en était à ses débuts ! Une claque visuelle, qu'il s'agisse des cadrages, de la richesse du décor, des trognes, de la couleur, de l'inventivité des situations, du dynamisme du trait, c'est limite énervant tellement c'est bien foutu, beau et tutti quanti ! Après il y a bien sur un scénario qui est plus qu'à la hauteur, c'est vraiment très fort ! Les thèmes qui sont abordés tout au long de cette histoire sont prenants mais sans jamais être larmoyants. Là ou d'autres auraient pu tomber dans le pathos de bas étage, M. Gallié sait mener sa barque pour évoquer des choses forts sombres, douloureuses ; grâce à quelques pirouettes, et je ne dit pas raccourcis faciles, il aide et amène le lecteur à se réinterroger sur des angoisses, des peurs d'enfants, voire d'adultes. Récit plombé, triste, mortifère ? En aucun cas car les auteurs ont choisi de situer leur action au sein d'une gigantesque fête foraine où finalement la joie de vivre et de s'amuser n'est pas si évidente que cela. Par le biais de moult informations l'on sait que le clown n'est pas si comique que cela, et je défie quiconque d'apprécier vraiment ce clown gardien ou le Mangecoeur, ici parfaite illustrations de nos peurs les plus primaires. Dans le genre du conte cette trilogie est pour moi un must, un incontournable, aussi si vous ne connaissez pas, et bien foncez !
Un beau dessin, c'est toujours un (très bon) départ pour une BD agréable à lire. Et ici, c'est d'autant plus performant qu'il accompagne le récit par sa teneur. Les couleurs agréables, les formes et les décors colorés, les têtes et les zones d'ombres, tout est déjà en place dans le dessin avant qu'on s'en rende vraiment compte. Et le spectacle commence. On s'approche, on s'installe. Les présentations sont vite faites. Le grand-père dans le rôle de la victime, le jeune dans celui du sauveteur, la mère s'enfuit vite. Mais tout n'est pas fini, un acteur qu'on avait pensé inerte bouge. Et voilà que le chat ailé rejoint le héros. Il sera le mentor. La marionnette s'anime, le marionnettiste n'est plus. Mais qui tient les ficelles ? Il faut partir. Où ? A la foire. Là où se trouve le remède au Mangecœur qui dévore le grand-père. Oui, mais qu'est-ce que ce Mangecœur qui dévore les cœurs des pauvres gens ? Les métaphores ne semblent évidentes qu'après coup. Mais nous n'avons pas le temps de penser ! Le temps joue contre nous, le héros se dépêche, il faut y aller. Les actions s'enchainent. La foire est interdite aux enfants. Peut-être qu'il faut les protéger de ce qu'on peut trouver à l'intérieur. Car après tout, qui est véritablement méchant en dehors ? Et voilà que la foire ouvre ses portes. On y trouve de l'aide, des énigmes, des questions et peu de réponses, de la cruauté, de la douceur, des non-dits, et un Mangecœur. Au centre de tout. Au centre de quoi ? De la foire. La grande foire. Le lieu où tout est permis. On s'amuse, l'ambiance est coloré, on rit et on se distrait, mais tout est cloisonnée, des portes et des grillages sont fermés, des lieux ne sont pas accessible sans payer. Que cachent-ils ? Pourquoi ne pas laisser l'accès libre ? Et puis, qui est cette foule ? Des gens venus s'amuser ? Des visiteurs connus ? Et que viennent-ils faire ici ? Que cherchent-ils ? Ne sont-ils pas là que pour Benjamin ? Toute la foire n'est-elle pas que pour lui ? Qui l'a construite si près de chez lui, à un tir de canon près ? La foire remplie de joie, de festivités, qui cache tout aussi bien les dangers, les zones noires. Les coulisses s'ouvrent et ne sont pas belles, les masques tombent derrière le rideau. La féerie côtoie rapidement les moments dramatiques. La mort et la vie se disputent dans cet endroit. Et la nuit ne semble pas en finir, l'aube sera mortelle. Coup de théâtre, un nouveau personnage intervient. Il n'est pas dans l'histoire, juste en dehors, une ombre qui passe sans interagir. Il n'a pas sa place, mais il n'est pas à sa place. Il veut disparaître, mais ce n'est pas forcément aussi facile. Puis voilà qu'on découvre toute son importance. Les évènements se clarifient, les dessous commencent à transparaitre. On voit devine beaucoup de choses, peu est dit, mais tout ne doit pas être dit. Et lorsque le rideau tombe, on est surpris et en même temps conforté dans notre idée. C'est simple, mais efficace. Le spectacle (de qui ?) est fini, il est temps de rendre aux gens leurs liberté. La vie reprend, et voilà que tout se rejoint. Le final est éclatant de simplicité mais également, et tout simplement, beau. Lorsqu'on referme la BD, les images restent en tête. Tout ne semble pas clair. Ce qui se trouve derrière n'est pas dit explicitement. Et c'est d'autant mieux. Car n'a-t-on pas compris sans pouvoir l'expliquer ? Un sentiment qui trouble, comme un mot qui nous échappe. Il est là, présent dans la tête, mais refuse de s'échapper. Au final, quelle importance ? Il y aura toujours à comprendre à chaque fois. Les délires semblent réel, c'est ce qui compte. Décidément, Manu Larcenet a bien raison : la poésie rachète tout. La poésie sauve le monde. Et cette BD est un poème.
J'ai lu dans la foulée Terre mécanique et Mangecoeur, du même Andreae, et le second m'a sans doute davantage plu que le premier. L'étrange foire que visite le petit Benjamin, à la recherche du papillon qui sauvera son grand-père, est un festival d'inventions visuelles et d'ambiances étranges, entre fête perpétuelle et menace invisible. Tout y est assez infantile, mais les enfants y sont interdits... et poursuivis sans relâche par les clowns inquiétants qui gardent le lieu. On est ici dans une BD onirique et psychologique, où l'on ne sait jamais vraiment où s'arrête le fantastique, où commence le rêve. La foire, manifestement, est une construction mentale, un labyrinthe freudien. Mais celui de quel personnage ? Benjamin ? Son grand-père ? Un troisième personnage ? Plusieurs personnes à la fois ? En réalité, on n'est pas vraiment sûr, en refermant le 3e tome, d'avoir compris le fin mot de l'histoire. Qui émet vraiment l'idée que c'est une larve de papillon qui tue le grand-père, et que c'est un spécimen adulte du même papillon qui le sauvera ? Ne serait-ce pas un fantasme enfantin du jeune Benjamin ? Les dernières cases, au fond, sont elles encore du rêve ou bien un retour au réel ? Même si cette incertitude est un peu frustrante, peu importe au fond. On se promène avec ravissement dans cette ambiance lynchéenne aux interprétations kaléïdoscopiques. D'autant plus que les mises en pages sont de toute beauté, chaque case rigoureusement construite et merveilleusement dessinée.
Une très belle série, qui fait partie des classiques. Très poétique, elle nous emmène à la fois sur le territoire des rêves, mais aussi au sein de l'univers si particulier du cirque, de la foire... J'aime beaucoup la façon dont le récit est découpé, cela dénote une belle maîtrise technique de Mathieu Gallié. Sur le plan du dessin, comment ne pas tomber sous le charme du trait d'Andreae ? Malgré ses quinze ans, cette série n'a pas vieilli, ses couleurs n'ont pas de côté "passé". Et quelle maturité dans le trait ! Bref, une série qu'il faut avoir lue.
L’avantage d’un site comme BDTHEQUE, c’est qu’il vous permet de faire des découvertes comme celle-ci. Cette série commence à dater un peu, aussi l’on m’a offert l’intégrale… Pour moi, amateur de bulles bien pleines autant que de beaux dessins, ce format a été l’idéal pour découvrir cette œuvre. Une heure de lecture et de pur régale pour les yeux dans un silence religieux… C’est une belle histoire pour ceux qui ont encore l’envie de rêver (c’est notre cas non ? Lecteurs de rêves que nous sommes !) à travers les yeux d’un enfant baigné par les histoires merveilleuses de son grand père qui l’aident à surmonter les peurs liées à la mort d’un être cher et d’un père inconnu qu’il aimerait tant retrouver. Forcément les rêves sont confus, et parfois dans le récit, et même jusqu'à la dernière planche, l’on se perd un peu, mais l’on se sent bien. L’univers riche et ce petit personnage si tendre vous accroche à l’histoire qui ne tombe jamais dans la monotonie. On y parle de maladie, d’espoir sans pour autant tomber dans le gnangnan ou la morale. L’univers est sombre, dure, un peu une atmosphère des romans sur l’Angleterre du 19ème qui fait son effet. Alors forcément, si vous êtes amateurs de blasters et autres massacres héroïco-fantastico-mégahéros, cette trilogie n’est pas pour vous, mais si justement vous avez envie d’un peu de poésie dans un monde de brutes, vous serez vraiment sous le charme. A conseiller aussi à de jeunes lecteurs (12-13ans) qui trouveront une belle histoire, des passages qui font peur et de beaux dessins, de quoi les rendre accros à la BD !
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