La Geste des Chevaliers Dragons
Seules les jeunes filles vierges peuvent approcher les dragons sans se faire repérer. Pour débarrasser les terres de ces monstres, l'Ordre des Chevaliers Dragons a été créé par des jeunes filles entraînées au combats et dont la virginité est précieuse.
Auteurs canadiens Auteurs espagnols Auteurs italiens Dragons École européenne supérieure de l'image Ecole Supérieure des Arts Saint-Luc, Bruxelles Guerrières La BD au féminin Lanfeust Mag Les Roux !
C'est l'aventure de deux jeunes femmes : Jaïna, un chevalier dragon, et Ellÿs, son écuyère. Elles ont pour mission de tuer un dragon dont le veill (pour terrifiant du dragon qui transforme les hommes en bêtes féroces) déjà imposant ne cesse de grandir et désormais menace une grande ville. Jaïna est une jeune femme vierge. Vierge par metier. Elle est membre de la Geste des Chevaliers Dragons. Plus exactement elle est un Chevalier Dragon. Son metier n'est autre que de tuer les dragons qui menacent avec leurs veills les régions peuplées de gens. Ellÿs est l'écuyère de Jaïna. Malgré le fait qu'elle ne soit pas un chevalier dragon, elle est également vierge. Ceci s'impose par le simple fait qu'elle doit pouvoir suivre Jaïna n'importe où, et surtout dans le veill d'un dragon, sans être source de danger. Un chevalier dragon avait déjà été envoyée, mais celle-ci n'est jamais revenue et le veill n'a pas cessé de grandir. Ce chevalier n'était autre que la soeur de Jaïna. Ainsi cette dernière a non seulement pour mission de tuer le dragon, mais aussi le grand espoir de retrouver sa soeur vivante. Nos deux héroïnes partent pour affronter la bête. Cependant pour atteindre le dragon elles devront traverser toute la dévastation de la région sous l'influence du veill de ce dernier. Une région infestée de créatures, qui, pour certaines, étaient des humains depuis transormés en des monstres affamés de chair fraîche.
Scénario | |
Dessin |
Alexe
-
Boutin-Gagné (Patrick)
-
Briones (Philippe)
-
Collignon (Stéphane)
-
Cossu (Brice)
-
De Cock (Elvire)
-
De Rochebrune (Thibaud)
-
Démarez (Thierry)
-
Guara (Ig)
-
Guinebaud (Sylvain)
-
Guiton (Edouard)
-
Looky
-
Martino (Stefano)
-
Meddour (Fabrice)
-
Paty (Christian)
-
Paunovic (Dragan)
-
Reis (Ivan)
-
Roudier (Emmanuel)
-
Ruizge (Francisco)
-
Savarese (Ornella)
-
Sentenac (Alexis)
-
Sieurac (Laurent)
-
Toulhoat (Ronan)
-
Varanda (Alberto)
-
Vax
-
Viacava (Roberto)
|
Couleurs | |
Editeur
|
|
Genre
/
Public
/
Type
|
|
Date de parution | Août 1998 |
Statut histoire | Une histoire par tome 32 tomes parus |
Les avis
Après l’épisode de la collection sept (Sept Dragons), je m’enquille une deuxième série fantasy avec des dragons. Une série plus ambitieuse, en tout cas plus « rallongée ». Chaque tome pouvant se lire séparément, j’ai emprunté les quatre premiers pour me faire une idée. Et j’en resterai là, car ça ne m’a pas captivé outre mesure. D’abord, je n’aime pas lorsque les dessinateurs changent d’un album à l’autre (idem, à un degré moindre, pour la colorisation). Et en plus leurs styles diffèrent quelque peu, sont inégaux (je ne suis par exemple pas fan de celui de Briones, aux manettes dans les tomes 2 et 4). Le premier tome était à l’évidence conçu comme un one-shot. Mais quelques temps plus tard, et après changement d’éditeur, Soleil, adepte de ce type de séries (voir les Arleston et consorts) a sans doute poussé à la reprise et à l’empilement de one-shots. Pourquoi pas ? Mais avec un dessinateur unique ça aurait été mieux (mais j’imagine que les changements peuvent permettre un rythme de sorties plus rapide !). Et il faut aussi que les scénaristes (le duo Ange) aient matière à suivre ce rythme. Sur l’échantillon de la série que j’ai lu, j’ai trouvé l’ensemble inégal. Des bonnes idées de départ. Comme les différentes écoles de chevaliers dragons, les soeurs de la vengeance aux méthodes énigmatiques et destructrices pour les dragons, mais aussi pour toute la région « traitée ». Et ces dragons donc, différents, dont la présence dans une région y provoque des mutations (les hommes se transforment en bêtes féroces et s’entretuent), des destructions et des ravages de plus en plus importants, conséquence du « Veill ». Pour lutter contre ces dragons, une seule solution, envoyer les chevaliers dragons, qui ne peuvent être que des femmes vierges. C’est là que j’ai commencé à tiquer. En effet, ça sent quand même le prétexte à multiplier les femmes dénudées, attifées de quelques lanières de cuir. Si le premier tome (one-shot au départ) évite de trop tomber dans ces clichés, le suivant par contre s’y complait, avec quelques scènes récurrentes et inutiles (dans les deux premiers tomes, deux chevaliers vont dans une taverne mal famée, sont assaillie par des mâles en rut, refusent de se faire peloter et tabassent tout le monde, quittant ensuite cette taverne sans que le lecteur ait compris ce qu’elles étaient venues y faire). Et même après certaines scènes sont inutiles à part exhiber le corps (poitrine surtout, cuisses aussi) des chevaliers (voir dans le tome 3 Mara déchirant ses vêtements avant un combat – et elle n’en avait déjà pas trop !). Les histoires sont inégales, avec certains passages étirant trop les bastons (voir tome 4), des scènes inutiles (voir remarques précédentes). Peut-être certains albums ultérieurs sont-ils de meilleure qualité. Mais je vais m’arrêter là. La série me semble rejoindre une foultitude de séries dont je ne suis pas le cœur de cible (chez Soleil ou ailleurs). Tome 1 : 3/5 Tome 2 : 2/5 Tome 3 : 2,5/5 Tome 4 : 2/5 (vraiment pas aimé le dessin, qui se dégrade même vers la fin de l’album)
Que c'est nul, pour reprendre un terme précédemment (et justement) utilisé pour qualifier cette pitoyable série. Mais quel ennui, les personnages sont vides et la réalisation est médiocre. Pourtant il y'a de l'idée pour chaque album avec en fond une "belle" morale mais l'exécution est un échec. Les dessins sont variables, ou devrais-je dire passable ? Le scénario et la réalisation n'aide en rien cela dit, il tire le dessin vers le bas avec un nombre gargantuesque de planches inutiles et mal conceptualisées. Une impression que ni dessinateurs, ni scénariste n'avaient l'ambition d'en faire une grande bd mais que les chèques suffisaient à motiver pour nous sortir ces piètres albums les uns après les autres. Typiquement le genre de bd qui me fatigue car la série est +/- bien noté et bénéficie d'une certaine renommée qui nous pousse un jour ou l'autre à en consommer quelques albums. Je ne m'attendais pas à lire une série culte mais plutôt une série divertissante et agréable, malheureusement il n'en est rien, c'est nul. Le monde de la bd est vaste et il y a tellement mieux, je déconseille donc cette bd à l'achat.
Je viens redorer le blason de cette série après l'achat du tome 30 qui complète ma collection. Pour commencer, je vais répondre à quelques avis ci-dessous. Je suis, ni un ado en mal de silicone, ni un jeune mâle pas encore prêt à lire des bd de cul. Voilà c'est dit, pour clarifier ma situation. Les albums sont indépendants les uns des autres, il est donc possible de commencer la découverte par celui qui vous tombera entre les mains. Même si le mieux serait de commencer dans l'ordre chronologique, quelques personnages sont récurents. D'un côté, il existe plusieurs Ordres de chevaliers dragons avec chacun sa matriarche. Certains plus puissants que d'autres, ce qui amènera à une scission. De l'autre côté, l'empire et ses ennemis. A chaque album, un nouveau dessinateur, cela m'a permis d'en découvrir de très bons : Sylvain Guinebaud, Ruizgé, Looky, Brice Cossu, Vax, Patrick Boutin-Gagné, Alexe. Forcément la qualité n'est pas toujours au rendez-vous, mais dans l'ensemble ça reste acceptable, hormis le tome 10 (style Manga). C'est l'histoire de chevaliers, toutes des femmes vierges, qui vont pourfendre les dragons là où ils apparaissent. Voilà plus ou moins l'idée de base. Cela nous amène donc a de très beaux combats. Heureusement, il n'y a pas que cela. De nombreux thèmes sont évoqués tel que la religion, la famille, le choix, le sacrifice, l'homosexualité féminine, la politique .... Et justement, leur doctrine est : "l'Ordre ne se mêle pas de politique", pas toujours évident de la respecter. Ange, le couple qui s'occupe des scénarios, nous livre un monde complexe avec ses codes. Des sujets forts et d'actualités, avec toujours un peu de politique. C'est souvent assez bien réalisé. Effectivement, ce n'est pas la bande dessinée du siècle, mais si je devais conseiller quelques albums à lire ou posséder : tome 3, 9, 13, 16, 17, 18 et 20. Les incontournables. Note réelle : 3,5. Je reviens juste sur la tenue vestimentaire des Chevaliers Dragons, il est vrai que quelques fois c'est assez léger avec un sein qui dépasse, mais cela n'est pas une généralité. Et fait-on ces mêmes remarques avec Conan, Slaine et consorts ?
Il existe certaines BD qui se trouvent d'emblée pénalisées par leur sujet. Et par conséquent crée un fossé entre ce que le lecteur croit a priori trouver et ce que la série veut raconter. Comme beaucoup, j'ai mis des années à m'intéresser à la Geste, cette série d'héroïc-fantasy made in Soleil avec "des guerrières vierges peu vêtues qui trucident des dragons" qui, on s'en doute, me laissait présager un pur produit cornichonnesque, superficiel et racoleur. Aujourd'hui, j'ai lu 24 albums et la Geste reste à mes yeux, avec quelques rares exceptions comme une certaine Quête de l'Oiseau du Temps, l'une de mes BD de fantasy préférée (alors que, de surcroît, je n'ai jamais été amateur du genre). Il y a donc un problème quelque part. Voyons un peu lequel. Pour aborder la Geste - et prendre la peine d'aller plus loin que le premier tome - le lecteur de BD doit paradoxalement aller au-delà de deux aspects pourtant essentiels de la bande dessinée : son postulat et sa représentation. Dans le second cas, il s'agit d'un singulier paradoxe dans le sens où, en BD, l'image joue forcément un rôle primordial. Et pourtant, il faut bien dépasser à la fois le "pistch" dépréciateur car porteur de préjugés qui se font naturellement dans l'esprit du lecteur potentiel ("des guerrières peu vêtues, etc... etc...") qui y verra a priori au mieux une série frôlant le ridicule et au pire une BD putassière propre uniquement à satisfaire les instincts du lecteur mâle. A son époque déjà, La Quête de l'Oiseau du Temps et particulièrement son héroïne iconique à la poitrine généreuse ne faisait pas autre chose, au point de faire de l'ombre à une histoire qui pourtant infirmait cette impression de départ par sa dimension tragique et crépusculaire. Deux termes qui, justement, reflètent parfaitement les scénarios et l'ambiance générale de la Geste. Tragique, elle l'est (presque) dans chaque tome, par le destin peu enviable de ses chevaliers dragons. Crépusculaire aussi tant l'ambiance générale est grave et mortifère (malgré quelques touches d'humour discrètes) La Geste est ainsi empreinte d'un fatalisme omniprésent puisque les belles guerrières exposées sur les couvertures et les planches sont généralement considérées par leur ordre comme des éléments sacrifiables et remplaçables (pour ceux qui connaissent le manga Claymore, La Geste a de nombreux points communs avec la série de Yagi, la répétitivité décourageante en moins). Dans un tel contexte et contre toute attente, le lecteur (mâle) n'a pas vraiment l'esprit à reluquer le tendron (à moins d'être un cas désespéré). Mais les qualités de la Geste ne s'arrêtent pas à son ambiance sombre et cruelle qui infirment déjà, comme je l'ai dit, les préjugés que l'on pourrait avoir. C'est aussi une série qui marque sa différence (et sa profondeur) par rapport aux habituelles productions fantasy "à la Wollödrin" (même si je n'ai rien contre ce type de fantasy "tolkienniste") par des scénarios aux enjeux davantage tournés vers les rapports humains, la politique, le devoir en opposition aux sentiments, les sujets de société, etc... Petite anecdote révélatrice : c'est à une phrase lue sur le Net que je dois de m'être finalement penché sur la Geste ("rappelons qu’en dépit de sa définition guerrière et chevaleresque, la série est plus volontiers tournée vers la diplomatie, les rapports humains et psychologiques, que vers l’action"). Bref, le lecteur qui s'attendrait à du Lanfeust avec des avatars de Cixi en tueuses de dragons girondes et coquines peut passer son chemin. Cela dit, il y a bien (aussi) de l'action dans la Geste, des affrontements violents et épiques (voir par exemple le tome 4, Brisken, ou le dyptique sur la guerre des Sardes). Et des dragons, certainement (encore que pas systématiquement). Mais, une fois encore, ce n'est pas là que le(s) scénariste(s) ANGE ont voulu fondé leur propos et leur mythologie. Enfin, au niveau de la qualité des albums (tant niveau scénario que dessin), vu le nombre de tomes, c'est forcément inégal. Mais je dois dire que sur les 24 tomes lus jusqu'à présent (et en toute bonne foi), je n'en ai trouvé que 2 que je pourrais qualifier de médiocres et vraiment dispensables (le 21, La Faucheuse d'Ishtar et le 24, Les Nuits d'Axinandrie). Le reste se partage entre le moyen (5, 7, 10, 14, 15) et le plutôt bon pour le reste. Les tomes 3, 4, 8, 9, 16, 17-18 et 23 m'ont semblé au-dessus du lot. Enfin, pour ceux qui voudraient avoir un aperçu rapide en un seul tome (rappelons que chaque tome peut être lu indépendamment) de l'intelligence, la richesse et la densité dont peut faire preuve la Geste, je leur conseillerais chaudement le tome 9, "Aveugles", où il n'y a pas de dragon (mais ce n'est pas le seul de la série dans ce cas) mais qui représente pour moi un "cas d'école" de ce qu'un scénariste de BD peut proposer comme densité sur seulement 48 planches sans abuser de textes kilométriques (façon Blake & Mortimer) ou d'ellipses radicales. Quant aux dessins... plusieurs dessinateurs officiant sur la série, c'est aussi très inégal. Disons que, dans l'ensemble, ça reste souvent correct dans un style plus ou moins réaliste (exception faites de certains tomes, comme le 10, qui d'ailleurs dénotent trop par rapport au reste) même si ce n''est tout de même pas le point fort de la série, il faut l'avouer. PS : si je n'ai pas conseillé l'achat, c'est surtout parce que vu le nombre de tomes, je dirais qu'il faut vraiment accrocher pour en acquérir tous les tomes, le lecteur occasionnel pouvant se contenter de quelques-uns (les meilleurs de préférence). Cela dit, je précise qu'il existe des intégrales (de 4 tomes chaque) qui ne reviennent qu'à la moitié du prix des albums. A bon entendeur...
J’avais comme pas mal de monde des appréhensions à l’égard de cette série du couple Anne et Gérard Guéro, alias Ange. Il faut dire que les avis sont très disparates et que ceux qui y sont défavorables n’y vont pas avec le dos de la cuillère, même si c’est souvent immérité. Avec une histoire décousue où presque chaque tome peut se lire indépendamment des autres, la série connaît des hauts et des bas, et il est par conséquent très difficile de poser un avis tranché. Entre le premier et le second tome on perçoit déjà le changement de politique éditoriale. Ce qui devait être un pur one shot tenant un propos intéressant, s’est mué 5 ans plus tard en une saga où il faut composer avec les nombreux changements de dessinateurs et de coloristes, résultant éventuellement d’une volonté de l’éditeur Soleil de plaire à son nouveau lectorat américain (Tales of the Dragon Guard publié par Marvel) peu habitué à la ligne européenne. J’ai débuté ma lecture par le tome 22 et même si globalement j’ai compris de quoi cela parlait, des choses m’ont échappé car il fallait avoir certaines références en tête. On s’aperçoit vite que le postulat de départ, « une histoire par tome », ne tient pas longtemps, et que pour comprendre tout les tenants et les aboutissants mieux vaut aborder la série dans son ensemble. Il y a à boire et à manger ici, on peut dire que le très bon côtoie le risible et le dispensable. Je précise, en aparté, que j’accorde davantage d’importance aux graphismes qu’aux scénarios et qu’en temps normal je ne me pencherai pas sur des albums qui me rebutent sur ce point. Mais dans un souci de me montrer plus juste, et afin de mieux comprendre la série, j’ai dû me « forcer » à lire certains tomes que je trouve moche. Tome 1 Jaïna On sent que le projet de départ était de partir sur un one shot mais que l’auteur en gardait sous le coude pour éventuellement développer son worldbuilding en cas de suite. La trame se veut concise et directe, avec succès. On parvient sans peine à s’immerger dans cet univers fantasy. De prime abord, l’idée de prendre pour protagonistes de vierges guerrières semble saugrenue, mais si on y réfléchit un minimum c’est assez novateur, seuls les quelques mous du bulbe pseudos-féministes à la noix hurlent à l’œuvre misogyne et rétrograde, incapables qu’ils sont de prendre du recul et de comprendre ce qu’ils sont en train de lire. Dans la littérature cliché de la fantasy, qu’elle est généralement le rôle de la vierge ? Celui de victime, qu’on offre en sacrifice à un monstre et qui est sauvé in extremis par le héros, bien entendu un mâle tout en muscles. Le mythe d’Andromède reformaté, voilà l’œuvre machiste arriérée. La Geste propose exactement l’inverse : la victime devient héroïne guerrière, le mâle est rétrogradé au rôle de second couteau et assiste impuissant aux exploits en pied-de-nez de ces « dragon slayers ». Je pourrais presque penser à un récit « girl power » si ce n’était son ton résolument dark fantasy : entre massacres à grande échelle, dénonciation de l’avarice des soi-disant « sages », quête vaine avec une révélation finale ultra pessimiste ; les femmes ont beau avoir le rôle phare, elles doivent quand même faire avec les remarques débiles et sexistes, où quand La Geste nous renvoie à notre réalité de merde inégalitaire et phallocrate… Je disais donc une histoire dark fantasy adéquatement mise en image par Alberto Varanda qui propose l’un des tomes les plus jolies sur les 23 actuellement sortis. Je ne connaissais ce dessinateur que de nom mais j’ai trouvé que son encrage très prononcé et son dessin assez proche de Régis Loisel permettent de planter une ambiance qui se révèle assez prenante. C’est vraiment superbe et il y a cette petite touche qui me fait chavirer avec un dessin d’une cité digne de Minas Tirith en double page ainsi que certaines compositions qui occupent une page entière. La seule chose que je peux lui reprocher c’est sa vision trop masculine de la guerrière fantasy, bonne pour faire fantasmer ces messieurs. C’est un faux-pas car cela vient saborder les bons points féministes du scénario, et j’y reviendrai plus tard mais on peut se désoler que davantage d’albums ne soient pas dessinés par des femmes. Désolé donc pour Varanda, mais la guerrière qui se bat à moitié à poil c’est de mon avis trop ringard et cliché. J’ai lu la version originale avec la colorisation de Jung et je ne vois pas bien ce qu’on lui reproche. On a cette impression de filtre « couché de soleil » et des couleurs qui donnent l’impression de masquer le travail de Varanda mais je n’ai pas trouvé que la colorisation de Delphine Rieu, plus lumineuse et lisible, faisait réellement la différence. Les deux ont leur charme. Celle de Crazytoons en revanche dans la troisième édition n’est pas terrible. C’est un bonne entame à laquelle il manque juste un peu de liant, un peu moins de dialogues convenus et une conclusion qui ne méritait pas d’être ainsi bâclée. Un épilogue aurait été souhaitable. Tome 2 Akanah Akanah n’étant autre que la petite fille sauvée par Jaïna et Ellys dans le tome 1, on note la manière subtile qu’à Ange d’apporter du liant à sa série en tissant un fil conducteur entre chaque album tout en offrant la possibilité de les dissocier. Un scénario intéressant qui met en avant les tergiversations de l’héroïne qui a choisi la voie des Chevaliers Dragons par défaut. Lors de sa première mission elle sera confrontée à la vraie vie en dehors de l’école, et va s’apercevoir qu’un autre chemin que la mort est possible et qu’il n’appartient qu’à soi-même de décider de son futur. Mise à part l’excellente tragédie du prélude, le reste de l’intrigue est marqué par les divisions sous haute tension et ne m’a pas semblé suffisamment convaincant. Il en ressort un tome qui se parcours rapidement mais sans parvenir à marquer les esprits. Reste la bonne synergie entre le dessin de Philippe Briones dont le style est clairement inspiré par les comics US, et les couleurs de Stéphane Paitreau qui fait mieux que ses prédécesseurs sans pour autant emporter mon adhésion. Tome 3 Le Pays de non-vie Ce troisième volet introduit Les Sœurs de la Vengeance déjà évoquées dans les histoires précédentes et dont le lecteur se demandait jusque-là qui elles sont et quelle est leur utilité. Ces dernières sont un peu l’ultime recours, la solution finale « atomique » en cas d’échec des Chevaliers Dragons. Judicieusement les auteurs n’abuseront pas de cet effet d’artifice. Tout au long de la série elles planeront comme une menace latente. Ce tome ressemble au précédent puisqu’il est encore une fois question de choix et de trouver sa place dans cette société d’hommes. Néanmoins il introduit une touche de folie avec un climax qui arrive à point nommé. J’ai bien aimé la tension grimpante contrairement au tome précédent que je trouvais un peu surfait. Deux histoires sont développées en parallèle dont l’une est consacrée au Chevalier Dragon enquêtrice Mara et qui apporte un peu d’autodérision de la part d’Ange qui met en scène pour la première fois une femme « armurée », ce que les hommes ne manquent pas de faire remarquer. J’ai également beaucoup apprécié la conclusion en clin d’œil au tome 2 : celui-ci étant consacré au futur d’un personnage mineur rencontré furtivement dans le tome 1, le tome 3 est consacré logiquement à l’enfance d’un personnage secondaire du tome 2. Le dessin de Sylvain Guinebaud ne me plaît pas des masses tant je le trouve épuré sur les décors et les seconds plans. Néanmoins les couleurs de Stéphane Paitreau relèvent l’ensemble. D’un autre côté, au pays de non-vie il est un plutôt normal de trouver des paysages désertiques. Mais du coup l’ensemble n’est pas super tape-à-l’œil. Tome 4 Brisken Décidément, j’aime la façon dont Ange construit par bribes son univers. Les fils s’entrecroisent, la toile d’araignée commence à avoir de la gueule. Brisken est cette célèbre bataille évoquée du bout des lèvres par la vieille Oris dans le tome 2. Cette dernière est bien évidemment de la partie. Quel dommage d’avoir rappelé Philippe Briones sur ce tome 4, dessinateur qui a certainement du talent mais pour lequel je ne peux m’enthousiasmer, question de goût. Que ce soit Jarry sur Nains, Gemmell et sa passe de Skeln dans Drenaï, ou moult écrivains de fantasy ; aucun ne peut s’empêcher d’écrire son 300 fantasy et nous rejouer la bataille des Thermopyles, voir ici un côté Starship Troopers. Ange n’y déroge pas. L’histoire est donc supra cool et propose quelque chose de différent pour changer, mais elle est plombée par un dessin que je trouve comics random moyennasse sans constance. De plus Briones est beaucoup moins bon que sur le tome 2. Du gâchis. Tome 5 Les jardins du palais Ce tome marque une certaine rupture par rapport au travail construit précédemment, car là pour le coup et sur les quelques numéros suivants, on passe vraiment à « une histoire indépendante par tome ». Une histoire où Ange avait visiblement envie de se faire plaisir avec pas mal de références à la culture populaire : on débute par du survivalisme clin d’œil au film Predator pour terminer sur un bon vieux Donjon & Dragons des familles, avec son lot d’exploration en huis-clos dans un château abandonné, diverses créatures hostiles de plus en plus grosses et dangereuses, de nombreux pièges et chausses-trappes, et bien sûr un trésor à dénicher. Même si c’est plutôt plaisant pour un rôliste, le fond est d’un intérêt moindre avec une histoire de rivalité entre deux Chevaliers Dragons pour savoir qui qu’a la plus grosse pair. Si on y rajoute le fait que le scénariste s’appesantit trop lourdement sur une scène de menace de viol (« j’te viole, j’te viole pas, oui mais non mais en fait non »), il en ressort un effet « pschitt ». L’encrage de Christian Paty est globalement soigné mais les visages manquent cruellement d’expression et ses compositions ne sont globalement pas à la hauteur. On a envie d’en mettre plein la vue avec une architecture antique et lézardée à la Castlevania mais je n’ai pas été subjugué par le rendu. Il y a néanmoins de bonnes idées en hommage à Frank Frazetta avec la Chevalier Dragon au sommet d’un tas de cadavres fumant. Tome 6 Par-delà les montagnes Danse avec les Loups dure plus de 3 heures. Difficile de faire l’équivalent en 48 pages. C’est pourtant en outre le pari entrepris ici. Le récit débute tambour battant pour mieux nous endormir par la suite, car ce ne sont que palabres et sensibleries de bas étage étalées sur une intrigue plus que poussive. Développée sur plusieurs tomes cela aurait pu faire une chouette histoire car de l’émotion il y en a, malheureusement trop vite bazardée, la mayonnaise n’a pas le temps de prendre. Pas grand-chose à dire sur le dessin de Laurent Sieurac tant j’étais assez stupéfait par la baisse de régime de Paitreau sur les couleurs, pénibles à regarder. Voilà, de la neige, un ciel bleu nuit, beaucoup de montagnes, blanches, et un trait pas toujours lisible, ce n’est pas le meilleur de La Geste assurément. Tome 7 Revoir le Soleil Ange a-t-il les yeux plus gros que le ventre ? Débutant sur un flashforward, l’histoire avait un potentiel intéressant, malheureusement impossible à développer sur un one-shot. Tout va bien trop vite et je n’ai pas eu le temps de m’attacher à ces personnages dont le traitement psychologique n’ait qu’effleuré. Potentiellement captivant car j’ai bien aimé le background sur cette société aristocrate décadente en fin de race, amorale, corrompue mentalement et physiquement par le Veill. La révélation arrive à point nommé, pour « la grande bouffe », cela m’a rappelé une scène de Van Helsing. Mais à côté de ça il y a des trucs qui m’ont fait sortir de ma lecture comme la cérémonie de l’accouplement que j’ai trouvé un peu too much. Je comprends bien qu’on veuille aller à fond dans le vice et décrire le pire du pire, mais ce n’est pas super crédible sur le coup. Et puis pourquoi mettre en scène les salopards en mode tragédie grecque dans le final Pompéien ? Je regrette que Thierry Démarez n’est pas dessiné toute la BD dans le même style que l’illustration de couverture, superbe. Je commence à trouver étrange qu’on change de dessinateur à chaque fois mais qu’en revanche le coloriste Stéphane Paitreau soit toujours de la partie, car celui-ci alterne le correcte et le moins correcte selon le dessinateur. Tome 8 Le Chœur des Ténèbres Le titre est sans ambiguïté en annonçant clairement qu’il s’agit d’une adaptation de la nouvelle Au cœur des ténèbres de Joseph Conrad dont tout le monde connaît l’adaptation cinématographique de Coppola, Apocalypse Now, qui se déroule dans le contexte de la guerre au Vietnam. Ange nous en propose sa vision fantasy mais pour l’originalité on repassera. La présence de Joseph, barbare local taciturne, rappelle le Conan de Robert E. Howard, et sa relation avec la Chevalier Dragon Mary rappellera aux fans la nouvelle La Reine de la côte noire. C’est une histoire où l’action se fait plus discrète, elle ne se manifeste que pour de courts massacres orgiaques. C’est un tome plus psychologique qui travaille sur les remontées de l’inconscience, la folie qui gagne ses personnages à mesure qu’ils s’enfoncent dans la jungle. Le genre qui réclame un dessinateur à la hauteur du projet et auquel Fabrice Meddour répond présent. Son encrage profond et ses compositions minutieuses qui ne laissent aucun espace vide et qui empêchent le lecteur de souffler en font une totale réussite. Il possède un style que je trouve assez proche de celui de Mohamed Aouamri. La ressemblance est même assez frappante puisque j’y retrouve les mêmes erreurs de proportions que pouvait avoir M. Aouamri sur Mortepierre. Une histoire franchement pas évidente à décrypter, honnêtement je suis loin d’avoir tout capté et c’est aussi cela qui me plaît en partie. Conclusion : un dessin immersif et une intrigue qui pour une fois vole au-dessus des marais ont suffit pour me satisfaire. Tome 9 Aveugles Il est pas mal du tout ce thriller. Chronologiquement, Ange revient à l’époque des premiers tomes, 10 ans après le drame Brisken. Il était donc tout naturel de retrouver le Chevalier Oris ainsi que des personnages clins d’œil comme Mara (T3) la petite conteuse de la légende, ainsi que Snejana (T6). Jeu de fausses pistes, trahisons, complots, enquêtes, Aveugles porte bien son nom. Plusieurs fils d’intrigue se nouent avec d’un côté un « Drôles de Dames » horreur survivaliste, de l’autre un récit d’espionnage en lien avec Brisken, et une sous-intrigue dont le dénouement aura des répercussions sur les tomes à venir. Résultat concluant pour un tome de transition, d’autant plus lorsqu’on suit la série depuis les débuts et qu’on commence l’air de rien à s’attacher à l’univers. Qu’on se le dise, La Geste n’a rien à voir avec cette série pour ados boutonneux dont certains l’affublent. C’est plus dark qu’il n’y paraît car ça se termine souvent en eau de boudin. Le dessin de Francisco Ruizgé est au petit oignon, d’une grande finesse avec le sens du détail, je regrette cependant qu’il n’ait pas davantage de planches spectaculaires à réaliser. Tome 10 Vers la lumière Il y a des albums tellement mieux que celui-là que je ne m’étendrai pas longtemps. Je n’apprécie pas ce mélange des genres où on pioche dans le manga pour le charadesign, le comics US dans cette mise en scène très éclatée, le rendu est franchement laid. Pour en rajouter une couche, les couleurs à l’informatique de Paitreau et Takayama sont dégueulasses mais on ne pouvait guère faire mieux à partir de tels graphismes. Même au niveau de la conception je ne comprends pas qu’on replonge dans les trucs anachroniques steampunk des débuts comme les bateaux volants, et qu’on en revienne au délit des « big boobs » dont on a répété que c’était cliché et con. Pour finir, la couverture est vilaine. A part introduire pour la première fois la tribu esclavagiste des Sardes, ce scénario ne propose pas grand-chose hormis une histoire de prophétie capillotractée (MDR le gamin qui se laisse kidnapper avec joie sans aucune protestation alors que sa mère chiale et qu’il a passé son temps à dire qu’il n’aimait pas les esclavagistes. C’est incohérent de bout en bout). Tome 11 Toutes les Mille et une Nuits Nous sommes bien des siècles après Brisken, l’époque du leitmotiv des Chevaliers Dragons « nous ne nous mêlons pas de politique » est désormais bien loin. L’âge héroïque n’est plus et l’ordre ne se soucis plus du bien général, le pouvoir et l’argent l’ont corrompu. De politique, de rites absurdes et inhumains (pourtant condamnés à l’époque du tome 9), de règlements administratifs, il n’est presque plus question que de cela. Et toutes les mille et une nuits les 33 ordres existants se réunissent au Fort pour débattre de la politique militaire à mener. C’est un brûlot sur le pouvoir en lui-même, sur les gens l’exerçant et qui, si l’on n’y prend pas garde sont aisément corruptibles. Le temps ensuite fait sont œuvre, les exploits passés et les nobles intentions qui avaient conduit à la création de l’ordre sont oubliés. Je l’attendais ce tome dessiné par Looky, artiste dont j’apprécie les compositions et les décors souvent bien détaillés. Je regrette qu’il ne soit pas accompagné de son collègue d’Hercule (Soleil), Olivier Thill, avec lequel il fait des merveilles. C’est du beau travail, Looky s’inspire de l’art médiéval notamment les enluminures et l’architecture romane, peut-être aussi de l’art islamique tant le Fort à des allures de Royaume de Jérusalem. Un bémol cependant car si je lis la série c’est parce qu’il s’agit de fantasy, hors ce tome 11 c’est de la low fantasy. Mais vraiment « low » alors ! Je trouve intéressantes les intrigues de palais, histoire d’étoffer l’univers, mais attention à ne pas non plus s’éloigner du sujet de départ. Tome 12 Ellys Retour vers le futur avec un prologue centré sur Ellys, l’écuyère survivante du premier tome, Jaïna ! (ça ne nous rajeunie pas). Une histoire consacrée au thème de la rédemption, Ellys n’ayant jamais pu se pardonner la mort de sa maîtresse, parviendra-t-elle à expier sa faute ? Et c’est bien connu, pour avancer il faut parfois revenir sur ses pas, la confrontation avec un dragon sera l’élément déclencheur pour mettre fin à sa malédiction. Devenue duchesse, elle devra également déjouer les coups tordus de sa belle-famille qui ne l’a jamais acceptée, et venir en aide à l’unique survivante de la tribu de N’aria (référence sympa au tome 6). Une histoire touchante, pleine de bons sentiments, et comme je me suis pris d’affection pour la protagoniste j’ai donc bien aimé ce retour aux origines. Pour ne rien gâcher les graphismes de Brice Cossu sont corrects, sans être renversants. Tome 13 Salmyre Salmyre est une ville commerçante prospère mais en proie à des conflits internes. Le pouvoir est entre les mains d’une famille corrompue, les Pergia (clin d’œil évident aux Borgias), mais le pas si preux Lancelot, oups ! Lancelas, par un concours de circonstances déclenche une révolte avec son ami le comte de Traville (Tréville des Mousquetaires). Ainsi il devient calife à la place du calife. Rien n’aurait été possible sans l’alliance des patriciens (alliés de Lancelas) et de la plèbe, incarnée par la Chevalier Dragon, Alène. Alène est déjà une héroïne à ce moment-là, dont les exploits ne se comptent plus. Cependant, l’ordre des Chevaliers Dragons qui bien entendu « ne se mêle jamais de politique », ne voit pas d’un bon œil le mariage de ces deux héros et réclame la tête de la renégate Alène. C’est la guerre ! Un tome qui surpasse tous les autres jusqu’à présent tant il est chargé d’émotion, de courage mais aussi de machiavélisme. Mis à part l’ordre de Messara dont le véritable intérêt demeure flou et l’invasion limite invraisemblable, point de méchant-méchant ni de gentil-gentil. Du côté de Salmyre, les personnages sont droit comme un « i », ont des valeurs transcendantes universelles, luttent pour la liberté et l’intérêt général, et pour une fois la nouvelle noblesse est à la hauteur et défend la justice et connaît le sens du sacrifice (parfois très lourd…). Un formidable one-shot qui aurait bien mérité deux tomes. Et pas seulement pour mieux développer l’histoire que je trouve déjà pas mal ficelée : on comprend que l’on est plusieurs décennies après le tome 9 grâce à la mention d’Hassan le prêtre et d’une apparition de la matriarche Alia. Non, il est aussi formidable grâce au trait de Vax. Varanda a trouvé à qui parler ici car c’est bien le plus bel album depuis le tome 1. Salmyre est un cité orientale d’une grande richesse visuelle, digne de la Bagdad du califat abbasside. Je n’ai pas pu m’empêcher de penser à Xena la princesse guerrière en voyant Alène. La brune plantureuse possède les mêmes postures, la même carrure et ce tempérament à la fois sauvage et le port altier de Lucy Lawless (d’ailleurs, Xena n’est-elle pas crucifiée à la fin de la série ? ). Sans oublier que comme Xena était accompagnée de la blonde Gabrielle, Alène se bat au côté de la blonde Lore… la relation lesbienne en moins. Pour une fois Stéphane Paitreau a dû vraiment s’éclater aux couleurs, on passe décidément de la nuit au jour selon le dessinateur choisi car là c’est bluffant. Oh, et la couverture ultra badass mettra bien le bouquin en valeur sur mon étagère. Tome 14 La Première « A chaque génération il y a une nouvelle élue, elle seule devra affronter les vampires, les démons et les forces du Mal. Elle s’appelle Buffy... » Bon dit comme ça je donne l’impression de m’être planté de série, mais en fait je me demande comment ai-je fait pour ne pas me rendre compte plus tôt des points communs entre cette BD et cette série télé. Cet album m’y a fait penser car à un moment dans Buffy certains épisodes sont consacrés à l’origine de la Tueuse, d’où lui vient son pouvoir, la première passation tout ça, et dans les deux cas il faudra remonter aux premiers âges pour identifier la source-mère. Buffy, La Geste, même combat au final : idéologie post-féministe, lutte contre les figures patriarcales, pouvoir littéralement féminin. Étrangement, personne n’a jamais traité Buffy de série rétrograde et machiste… Tout ça pour dire que j’ai bien aimé le pitch. J’ai moins aimé la construction qui fonctionne sur le modèle du conte : Ange reprend les apprentis Chevaliers Dragons du tome 11 qui passent par la salle des fresques où une sage leur raconte comme de coutume une geste de leur ordre. Seulement, trop d’interruptions du conte pour revenir au présent ont fini par me sortir de ma lecture. Le dessin de Palma, tout comme la transition sur la fin avec Cossu et Sentenac, ne m’a pas emballé. Je trouve le trait un peu « pâteux » et sans finesses. Tome 15 L’ennemi Clairement dispensable, une histoire qui non seulement n’enrichit pas l’univers mais qui en elle-même n’offre aucune distraction. Les personnages sont idiots à l’image du sultan Sakris, prêt à mettre en péril des accords diplomatiques juste pour satisfaire sa libido. Je n’ai pas bien saisi le thème ici. Toujours-est-il qu’on a une historie d’évasion d’un harem qui m’a rappelé une partie du roman Les Derniers Parfaits de Paul Beorn. Un dessin proche du tome 10 avec un charadesign cartoonesque pas du plus bel effet. Il n’y a aucune cohérence graphique par rapport au tome 11 dont le récit se situe presque à même époque, on passe d’une inspiration médiévale à quelque chose imitant costumes et bals dansant du XVIIème siècle. Tome 16 La Déesse La religion dans le monde de La Geste avait été mise de côté jusqu’à maintenant. Ce tome est logiquement consacré à la religion comme instrument du pouvoir dans le but de manipuler les foules. Après une bataille acharnée contre un dragon, une découverte stupéfiante est faite dans une caverne située alentour : une statue géante sculptée dans la pierre représentant de façon sommaire une femme. C’est la panique chez les syndiqués du dieu unique Hâman dans la ville d’Arsalam située tout proche de la découverte, car l’ordre des Chevaliers Dragons « qui ne se mêle pas de politique » pourrait bien se mêler de religion afin d’étendre un peu plus son emprise. Vous l’aurez compris, un tome une fois de plus politique où toutes les pourritures corrompues se tirent la bourre pour imposer leur domination : d’un côté des mâles conservateurs, de l’autre des femmes réclamant des droits avec le soutien de l’ordre. Objet symbole d’un culte païen de la déesse-mère ? Dans un monde phallocrate faisant écho à notre réalité, Ange (ou Cossu) s’inspire des statuettes préhistorique du paléolithique appelées « Vénus » (en l’occurrence la Vénus de Willendorf) pour rappeler que divinité masculine ou divinité féminine (Ishtar, Amaterasu, Aphrodite, Astarté…), cela importe peu si les dogmes prodigués derrières sont sources de clivages et de divisions alors qu’ils devraient tendre à l’universalité et surtout, être unisexe. Une histoire intéressante brillamment mise en image par Brice Cossu dont je trouve le trait bien plus joli que sur le tome 12. Bien détaillé etc. Les couleurs de Paitreau sont au niveau donc c’est un chouette album au-dessus du panier. Tome 17 et 18 Amarelle – La guerre des Sardes Premier diptyque de La Geste, Amarelle la petite initiée dont on suivait le rite de passage dans le tome 11 a depuis bien grandi. C’est le moment fatidique, une époque charnière dans l’histoire de La Geste, les pièces misent en place dans les précédents albums entre en action : Amarelle et Soriko (T11), Louis (T10), les jumelles Hersana et Rhinna, et Charmont (T15), il y a des héros des deux côtés, envahisseurs comme assiégés. Un superbe récit de guerre sale (prends-toi ça dans les dents Rogue One! ) qui a des allures de guerre de Troie, de prise de Rome par Alaric ou Brennus ou qu’importe… un grand classique que le combat du civilisé en infériorité numérique contre les tribus nomades barbares unifiées qui déferlent par centaines de milliers. Les dragons ne sont en retrait que pour mieux resurgir. Suspense garanti et suite à venir (ça pue les conséquences du traité de Versailles cette histoire…). Les graphismes de Vax sont toujours aussi bons, toujours de nombreux clins d’oeil, excepté le dragon Godzilla que je trouve loupé et pas impressionnant, mais sinon c’est un vrai plaisir de le relire après quelques tomes en-dessous. Et dire qu’il y en a pour dire que La Geste c’est de la fantasy pour young adult décérébrés… c’est devenu vachement sombre et violent la fantasy pour ados… Tome 19 L’Antidote Chronologiquement situé après le tome 9, nous retrouvons un duo de Chevalier Dragon bien connu, les intrépides et complices Akanah et Eleanor. J’ai l’impression qu’avec ces deux-là il y a davantage d’humour, un peu comme un tome de décompression entre deux histoires plus sérieuses, et ce n’est pas pour me déplaire, leur complicité marche à merveille, on respire un bon coup. Elles sont alcooliques, bagarreuses, truqueuses, anti-conformistes, on dirait un duo de flics style Riggs et Murtaugh. Une histoire de portes-flingues dans une ambiance de western habilement nappé du cinéma de baston Hong-kongais et où il est question d’escorter une précieuse cargaison. En résumé comme le dit la Matriarche : « c’est une mission classique ». J’aurai pu marcher à fond dedans si ce n’est la grosse invraisemblance scénaristique qui veut que deux Chevaliers Dragons escortent une caravane de rien du tout alors que la logique voudrait qu’elles voyagent incognito ; et surtout aussi les graphismes de Patrick Boutin-Gagné. Voir mon avis sur le tome 15, je ne suis vraiment pas client même s’il faut reconnaître que sa mise en scène est dynamique. Tome 20 Naissance d’un Empire L’épilogue de la guerre des Sardes prend pour thème l’intégration et l’assimilation. Tandis que d’un côté l’empire d’occident panse ses blessures encore vives, de l’autre l’empire d’orient d’Arsalam a davantage de pain sur la planche : sédentariser la nation Sarde nomade depuis tout temps, rebâtir, et réussir à faire cohabiter tout ce petit monde avec les anciens peuples esclaves et les populations locales qui passent de l’Alsace allemande à française. Cet empire manque cruellement d’un socle commun capable d’unifier, et c’est tout l’enjeu ici. Deuxième tome dessiné par Looky et deuxième fois que j’en ressors frustré car j’admire la patte graphique de cet artiste mais il faut bien dire qu’on ne lui confit pas les meilleurs scenarii. J’ai trouvé intéressant d’évoquer en filigrane le devenir de l’Ancienne qui s’était battu sur le front nord et dont on était sans nouvelle, mais pour le reste, encore des histoires de coups tordus et d’étrangleurs ottomans… Bon d’accord le final est plutôt réussi mais entre parenthèses il faudra m’expliquer comment cela se fait que les dragons ne crachent du feu qu’une fois sur deux et uniquement quand cela arrange bien le scénariste. C’est un des défauts de La Geste, il faut faire avec pas mal d’incohérences. Tome 21 La Hache d’Ishtar Un tome transitoire qui ne met pas cette fois en avant des femmes mais une arme mythique de l’ordre : La Hache d’Ishtar. Cette arme avec ses lames en formes d’ailes de papillon (big up aux lecteurs de Gemmell), est une des trois armes primaires forgées dans les profondeur du Mordor, enfin dans un volcan quoi, où le premier dragon fût inhumé. Cinq histoires illustrées chacune par un dessinateur différent, retraçant le parcours de l’arme maniée par moult Chevaliers Dragons célèbres au fil des millénaires. J’ai apprécié à différent degré selon le dessinateur : un bon gros kif pour la nouvelle des mercenaires dessinée par Ronan Toulhoat et son encrage puissant ; les graphismes très obscurs d’Alexis Sentenac sont bien dans le ton pour ce dernier baroud d’honneur, on dirait la sortie désespérée du roi Théoden à la fin des Deux Tours ; bien aimé retrouvé la non moins glorieuse Oris dans la nouvelle de Stéphane Collignon dont j’ai toujours apprécié le trait ; déçu par Emmanuel Roudier dont j’ai vu mieux, l’histoire qu’il doit mettre en image correspond au récit classique du conte de fée, l’aspect dark fantasy d’Ange en sus ; pas très fan du quatrième chapitre de Thibaud De Rochebrune dans l’ensemble et qui n’amène pas grand-chose. Tome 22 La porte du Nord Voilà un album qui fait parti du bas de l’échelle. On tourne en rond. J’ai débuté ma lecture par celui-ci et il faut reconnaître qu’en lui-même ce tome raconte du rien, que-dalle. C’est Jon Snow (Le Trône de Fer) sur le mur d'Hadrien qui attend la menace de l'autre côté. Va-t-elle va finir par se pointer ? Et ben non. Le contenu est dépouillé d’action, de suspens. L’ennui est là et s’installe de bout en bout, Ange installe un rythme très languissant qui endort le lecteur aussitôt, et même l’ultime soubresaut atomique ne parvient pas à nous sortir de notre torpeur. Le dessin d’Alexe m’a énormément déçu. « Enfin ! » me disais-je, enfin une femme dessinatrice pour illustrer cette saga qui se voulait à la base destinée à un public féminin revanchard. Mais, elle est où la nana sur la couverture ? La Chevalier Dragon badass dans son armure en os de dragons ? Nul part, juste là pour attirer le chaland, vous ne la trouverez pas dans la bédé. Sinon en feuilletant l’album vite-fait j’ai pensé qu’il me plairait avec ce trait fin et lisible. Ben en fait, non, je me suis planté. C’est sobre à l’image du scénario, plat comme ma table basse.
Dans la mythologie, les histoires de chevaleries et l'inconscient collectif, le dragon est un animal fabuleux qui a quelques caractéristiques sur lesquelles on ne peut faire l'impasse. Il crache le feu, il possède sur l'ensemble du corps des écailles que l'on peut supposer rugueuses, des griffes capables de vous débiter en steak et une puissante mâchoire garnie de dents acérées qui peuvent faire du dégât. Au cours des siècles moult chevaliers bien virils et machos, déguisés en boîte de conserve y ont perdus la vie. Pour en revenir à nos moutons, il n'était donc pas totalement idiot, dans un juste souci de parité, de faire intervenir la gente féminine pour aller occire cette vilaine bestiole. Mais attention!, hop là, pas n'importe quelle gente féminine des Chevaliers Dragons. Bon, pas encore grand chose à redire mais le suite commence à me faire sourire et puis franchement poiler. Jugez plutôt: Ces chevalières, non chevaliers, doivent impérativement êtres vierges pour si j'ai bien compris, pouvoir approcher le dragon sans que celui-ci ne les voit. Soit, mais une fois devant lui, il les voit et ça bastonne. Autre aspect croquignolet et qui me fait dire que nos amies lectrices ne trouverons finalement pas leur compte avec ce type d'héroïnes, c'est la tenue de combat. Dans le premier tome, ça doit être pour faire genre amazone, il faut dégager le sein droit, l'armure,(ouarf!ouarf!) est ridiculement minimaliste et le reste est du même niveau. Je rappelais plus haut les caractéristiques du dragon, avouez que pour aller au turf, il y a mieux comme vêture. Quoi se serait pour appâter l'adolescent boutonneux moyen? Holà bon messires! médisance que cela. Bon reprenons notre sérieux quelques instants pour dire que dans ces aventures il ne se passe finalement pas grand chose, le plus gros suspense étant de savoir si en cours de mission une de nos chevaliers ne va pas perdre se virginité en chemin ce qui foutrait le truc en l'air. De plus comme déjà dit par d'autres camarades, les dragons sont peu présents, alors je veux bien croire que la suggestion amène plus de tension mais là , à mon goût c'est raté. Mention spéciale pour le dessin vraiment bon du tome 1, après tout cela reste quand même de la Bd pour ados, (je n'ai rien contre), en mal de silicone apparent.
Cette série d'heroic fantasy devrait plaire à un lectorat féminin qui s'intéresse de plus en plus au fantastique féerique, car les héroïnes sont des guerrières au caractère indépendant, non soumises au pouvoir machiste comme c'est parfois le cas dans ce type de récit. Leurs formes plantureuses et leur aspect sexy avec leurs tenues d'amazones épiques, plairont aussi bien-sûr au public masculin, mais moi, ça m'a laissé froid. Le concept du récit complet à chaque tome qui change de dessinateur aurait pu constituer un intérêt, mais finalement, je me suis aperçu que ce n'était pas un atout, ça handicape un peu la série dont le changement de graphismes peut dérouter. Mais le gros problème de cette série, c'est son scénario qui n'a pas beaucoup de consistance, c'est souvent confus, ça s'égare dans des relations entre personnages et on ne voit que peu les dragons. Même le tome 1 dessiné d'une façon sublimissime par Varanda, n'échappe pas à cet ennuyeux postulat qui est de combattre des dragons ; donc pas de combats bien saignants et sauvages, ou si peu. Même si cette geste explore un univers riche, avec une mise en page très cinématographique, on perçoit un essoufflement du genre, avec des situations communes à beaucoup d'autres séries fantasy. De plus, on ne s'attache absolument pas à ces belles guerrières, malgré leur beaux physiques, on se fout complètement de ce qui peut leur arriver. A l'arrivée, on a une impression de gâchis, le scénariste ayant galvaudé un sujet qui présentait un fort potentiel. Une vraie déception.
Bon début de série, des dessins soignés, une une histoire intéressante même si celle-ci reprends un peu les classiques. Malheureusement, au fil des tomes, les changements de dessinateur sont un peu perturbant, certains personnages vus dans des tomes précédent deviennent méconnaissable . de plus, après 8 tomes, l'histoire ( qui se répète à chaque fois ) devient un peu lassante. Pour conclure, je dirais que je conseille tous de même l'achat des premiers tomes qui ont beaucoup plus de "forces" que les derniers. Je pense également que le premier tome en EO est presque une pièce indispensable dans la collection des amateurs d' héroïc fantasy.
Aprés la lecture de 10 tomes. Voici une série de one shot dont la qualité varie grandement selon les albums. Pas grand chose à dire sur les dessins sinon qu'il y en a pour tous les gouts (puisque l'on change de dessinateur quasiment aprés chaque tome) et qu'ils s'avèrent dans l'ensemble assez réussi ; allant d'une qualité moyenne à trés bonne. Le gros problème se situe au niveau des scénarios. Moi qui m'attendais à voir des combats épique contre de terribles dragons, que nenni, des fois on en voit même pas la queue d'un ; me voila fortement déçu. Déjà, je n'avais pas du tout apprécié le travail fourni par Ange sur la série Paradis Perdu. Aussi j'espèrais que le scénariste se ressaisisse dans celle ci. Malheureusement il n'en est rien car même si les meilleurs albums racontent des histoires acceptables mais pas franchement transcendantes et en plus plutot réservé à un public de male assez matcho ; les pires des aventures (beaucoup trop à mon gout hélas) sont d'une nullitée affligeante, parfois même incomprehensibles, dépourvues de sens et d'intéret. Au final, une série qui me laisse un sentiment d'énorme gachi et qui aurait pu posséder un gros potenciel si elle avait été traitée de manière différente.
Ce que j'ai apprécié avant tout dans cette BD c'est le souffle (anima dragonis) qui s'en dégage. Ange utilise des ressorts scénaristiques déjà usés mais il s'accroche aux codes du genre comme seul je l'avais rencontré dans Weëna. Le graphisme est inégal mais il y en a pour tous les goûts. J'aime bien le parti pris commun de ne pas renoncer au gore de certaines scènes. Je trouve que les 5 premiers tomes sont très bons. Les tomes 6, 7 et 8 (je n'ai pas encore lu les autres) sont moins à mon goût et d'un genre différent des précédents. On explore plus une région et un thème plutôt que d'être plongé dans une quête. La diversité des histoires me semble être un atout majeur de la série. Elle permet une grande liberté dans les thèmes abordés et je trouve ça plutôt bien exploité pour le moment. J'espère que ça va continuer...
Site réalisé avec CodeIgniter, jQuery, Bootstrap, fancyBox, Open Iconic, typeahead.js, Google Charts, Google Maps, echo
Copyright © 2001 - 2024 BDTheque | Contact | Les cookies sur le site | Les stats du site