L'Ascension du Haut Mal
Angoulême 2000 : Alph-Art du meilleur scénario pour le tome 4. Le récit auto-biographique de l'enfance de l'auteur au côté de son frère gravement épileptique. L'auteur poursuit cette "histoire" dans Babel (Vertige Graphic).
Angoulême : récapitulatif des séries primées Autobiographie David B. Ecole Duperré Enfance(s) Handicap L'Association Maladies et épidémies Noir et blanc
Dans ces albums, David B. raconte son enfance qu'il a passé auprès d'un frère souffrant d'épilepsie grave. Il raconte l'évolution de la conception qu'il se faisait du monde, au cours de ces années, sa relation à la maladie de son frère. Et surtout la conception du bien et du mal qui en découle. L'ascension du haut-mal est le récit poignant d'un enfant qui se posa très tôt quelques questions essentielles. Il est aussi le récit d'un auteur qui n'hésite pas à fouiner ses vieux souvenirs et à les exposer pour mieux se découvrir. La série comptera six tomes au final. Prix Jacques Lob, 1997. Prix Coup de Coeur, Sierre 1997.
Scénario | |
Dessin | |
Editeur
/
Collection
|
|
Genre
/
Public
/
Type
|
|
Date de parution | Octobre 1996 |
Statut histoire | Série terminée 6 tomes parus |
Les avis
David B. nous livre ici une œuvre aussi âpre que magnifique, dans laquelle il retrace la maladie de son frère aîné Jean-Christophe, atteint d’épilepsie. Dans cet exercice délicat, l’auteur est parvenu à trouver le ton juste, avec ce qu’il faut d’émotion et de pudeur, sans sensiblerie aucune. Le passé familial y est décortiqué suivant un parcours introspectif très poussé. Le « haut mal », nom médiéval de l’épilepsie, n’épargne personne dans la famille. Pas question ici de se voiler la face, et David B. ne fait pas dans les bons sentiments, allant chercher au fond de lui-même, dans les recoins les plus sombres de son âme… Le graphisme est saisissant, le noir et blanc hyper travaillé, avec des à-plats noirs venant renforcer le côté inquiétant et insaisissable de la maladie. Un style onirique et faussement naïf (son frère a été touché dès l’enfance) vient tenir à distance le « monstre ». Mais au fil des tomes, le trait se fait plus acéré, plus rageur, plus abstrait, alors qu’aucune thérapie ne semble venir à bout du « haut-mal »… Chaque case est un petit chef d’œuvre où le regard s’attarde… le cauchemar de la réalité y est transcendé, confinant avec le merveilleux, mais un merveilleux à mi-chemin entre Cocteau, Picasso et les contes de fée, avec un ogre (ou un loup) toujours en embuscade, prêt à vous dévorer… S’il faut voir cette œuvre comme un exutoire voire une thérapie, elle n’en révèle pas moins un certain courage de la part de son auteur.
C'est en consultant le classement des meilleures BD parues depuis le début du siècle dernier que je me suis aperçu que cet album paru initialement en 8 volumes y figurait. Des grands de la BD comme le défunt Jean Giraud en faisaient même un de leurs 10 albums favoris et c'est vrai que cette autobiographie de David B est d'une grande qualité. Comment vivre au quotidien avec un frère gravement épileptique? Telle est la question à laquelle l'auteur tente de répondre. Très difficilement serait-on tenté de dire en tournant la dernière page. Toute la vie de la famille a été axée autour des soins à donner à ce fils ainé dont les crises se succédaient à un rythme effrené. Aucun remède ne donnant satisfaction, la famille tente toutes les thérapies possibles et imaginables, des plus sérieuses aux plus farfelues, basculant souvent dans l'irrationnel. Avec cette maladie qui ne guérit pas la fratrie se distend et voilà que le frère cadet se réfugie dans des mondes imaginaires, qu'il dessinera ensuite pour devenir le dessinateur que l'on connait aujourd'hui. Le dessin comme thérapie en somme. Une histoire simple et forte, qui ne verse jamais dans le pathos, mise en image avec un dessin en noir et blanc. Un dessin qui caractérise d'ailleurs cette génération de dessinateur issue de la maison d'édition l'Association. Un dessin sans grande virtuosité ni talent apparent, un dessin comme on en faisait parfois dans les marges de nos cahiers d'enfance pour tuer l'ennui face à un enseignant soporifique; mais un dessin au service d'un scénario solide, d'un texte d'une grande qualité et après tout, n'est-ce pas à celà qu'une BD de qualité se définit?
Dans l'ensemble, la série me laissera un souvenir assez moyen et contrasté. En effet, il y a plusieurs éléments qui m'ont plu dans le scénario, et d'autres moins. Je trouve très intéressants tous les passages parlant de l'épilepsie en elle-même, et des différents traitements qu'ont testés les parents de l'auteur (puisqu'on y découvre les communautés, et une certaine mentalité des 70's). J'aime aussi, lors du dernier tome lorsque l'auteur nous raconte sa vie en tant qu'auteur de BD. Par contre, tous les passages censés être touchants sont totalement ratés car dans l'ensemble, la série ne m'a jamais ému (alors que c'est ce que je recherche lorsque je lis un roman graphique, et ce qui fait la différence pour moi entre les bons et les romans graphiques passables). Toute la partie où l'auteur fait son introspection et nous transmet son ressenti par rapport à (la maladie de) son frère ne m'a pas plu non plus car je trouve que David B. se décrit comme étant un enfant particulièrement antipathique. Pour le dessin, je ne suis pas fan du style (mais j'aime beaucoup le concept des couvertures), mais il faut lui reconnaître une vraie force, une réelle identité, un effet oppressant et torturé (surtout pour les monstres) pour un enfant (et un adulte) lui aussi torturé. C'est fort, contrasté et esthétique et jouant habillement avec les contrastes. Bref, une BD que je trouve intéressante, mais pas touchante, avec certains passages trop pathétiques et détestables (d'ailleurs l'option achat conseillé est cochée juste car la plupart des lecteurs ont apprécié la série). En tout cas, une série mi-figue mi-raison pour moi.
Il me semble quelque peu réducteur de voir dans "L'ascension du Haut Mal" l'exercice d'une thérapie quelque peu sauvage de l'auteur pour exorciser tant bien que mal la présence obsédante de "la mort à l'oeuvre", à travers l'épilepsie de son grand frère, tout au long de son enfance et de son adolescence. Je rétorquerai que la mort n'a alors visiblement pas fini son travail de sape et qu'elle continue sans vergogne de hanter les publications de David B. sous forme de spectres, de squelettes divers et variés. Un grand cru de David B. pourrait d'ailleurs se reconnaître au nombre de fantômes qui le hantent. La thérapie aurait donc lamentablement échoué. Plutôt qu'un exorcisme, "L'ascension du Haut Mal" est plutôt l'expression, comme chez certains grands artistes, de quelques motifs obsédants, motifs majeurs, qui en font des artistes à "l'imagination pauvre". C'est ainsi que Julien Gracq définissait son imaginaire par opposition à l'imagination riche, débordante, pléthorique, insaisissable d'un, par exemple, Balzac. Par ailleurs, reprochera-t-on à tel grand écrivain, Dostoïevski ou Proust, d'avoir réalisé sa propre thérapie dans l'acte d'écrire ? Si tel est le cas, si écrire, dans l'acception haute du terme, c'est aller toujours vers le dedans (je ne sais plus qui a dit ça), si nous sommes tous d'accord sur ce point, je ne vois pas l'utilité de le rappeler dans la circonstance présente. "L'ascension du Haut Mal", avant d'être une autobiographie graphique (une des plus grandes réussites du genre avec, par exemple, "Blankets), la thérapie d'un homme en déréliction, obsédé par la mort, la souffrance, la maladie, la culpabilité, est avant tout une oeuvre d'art d'une puissance exceptionnelle. Portrait d'une époque assaillie de contradictions et de ridicules (nous ne voyons pas encore clairement les nôtres, mais ils sont assurément aussi nombreux), portrait d'une famille dans ses rapports complexes et parfois délétères, plongée fascinante dans les eaux troubles de l'ésotérisme, récit d'une maladie qui contamine indirectement tous les membres de cette famille, récit d'apprentissage d'un enfant qui doit grandir dans la promiscuité de la souffrance, récit initiatique de l'artiste en jeune homme, récit à la frontière mitoyenne de la réalité et du domaine du rêve, etc., il serait infiniment réducteur de résumer les 6 tomes à l'aggravation médicale de l'épilepsie du frère de David B. Quant au graphisme, en noir et blanc, d'une grande sobriété, il est tout simplement magnifique. Peuplé, harcelé, envahi de créatures allégoriques inquiétantes, noyé d'ombre, qui semble être celle de temps primitifs, il constitue une tentative aboutie d'inscrire cette histoire personnelle et somme toute banale sur un plan supérieur qui confine au mythe.
Qu’il est difficile de traiter de sujets aussi personnels… Les autres avis sont rentrés en détail dans chaque tome, ce qui me paraît inutile de reprendre, je vais donc aller au global. D’abord le dessin : il est homogène tout au long de la série. Fait de noir et blanc avec un encrage noir très présent, il alterne des représentations du monde réel et des envolées permettant des ellipses et une mise en image de sentiments intellectuels. Si le monde réel n’est pas beau à voir, l’imaginaire est très poétique, très symbolique et illustre avec justesse nombre de sentiments qui peuvent passer au gré du récit. La violence est par exemple magistralement représentée, tout comme le sentiment de culpabilité ou de haine. Les personnages réels sont très stylisés mais pas très jolis à voir et j’avoue avoir eu du mal parfois à accrocher dans ces passages. Niveau scénario il s’agit d’une thérapie. Notre auteur fait de la sorte une catharsis de sa vie pour lui permettre de créer les bases et de comprendre sa maturité. On ne saura pas si cela s’est effectivement passé comme il nous est narré, à la limite je dirai même que c’est secondaire, il s’agit plutôt de voir comment notre adulte recrée les enchaînements et ses pensées d’enfant avec leur propre logique. On voit cette famille confrontée à cet événement majeur en son sein. On est touché par la motivation systématique des parents pour voir leur enfant aller mieux, on est ému par l’espoir systématique que les parents ont en la moindre théorie. Mais pour ma part j’ai aussi été révolté : révolté de voir cette naïveté perpétuelle de la part d’êtres sensés se laissant berner dans les extrémismes les plus déviants, révolté de voir à quel point la tentative de sauvetage de l’un passait par la destruction des autres en pleine connaissance de cause. Je me suis même demandé en lisant si finalement ces tentatives successives n’étaient pas du déni de réalité égoïste de la part des parents plutôt qu’une volonté de fer comme il nous est présenté. Comment des parents peuvent détruire deux enfants et leur vie pour tenter de sauver un enfant qu’ils ne veulent pas voir comme différent ou du moins différent des autres membres de la famille ? De plus il y a de nombreux passages longs et fastidieux dans le livre, j’ai en mémoire cette page à la manière de Spiegelman montrant que la mère n’a pas vraiment envie de voir raconter ça dans son livre, j’ai en mémoire toutes ces descriptions redondantes de la macrobiotique et des différentes sectes qui en découlent. Si les sentiments mis en dessin deviennent de très belles fresques poétiques agréables à lire, tout n’est pas de cet acabit. Alors certes il y a ce besoin de l’auteur de tout dire pour tout analyser et tout synthétiser afin de pouvoir se savoir construit, mais pour le lecteur que je fus, ce fut fatigant et usant à tel point que je n’ai pas pu aller au-delà du tome 4. Oui le thème est intéressant, oui les 25% d’images irréelles sont belles, mais cela ne justifie pas cette œuvre, lorsque je lis une BD je ne souhaite pas particulièrement devenir le thérapeute d’un auteur, aussi talentueux soit il. A connaitre néanmoins, mais les trop nombreuses longueurs ont eu raison de mon envie.
Après la lecture des 6 tomes. J'ai un avis contrasté sur cette série. Autant les 3 premiers tomes furent plaisants à lire, autant les suivants souffrent de longueurs et m'ont parus parfois trop abstraits. J'ai apprécié l'investissement de David B. dans ce récit. Le thème principal est la maladie de son frère et les différents traitements essayés, mais au final j'ai surtout l'impression que ce projet est son exutoire pour sortir tout ce malaise accumulé. Le dessin est magnifique, il retranscrit bien les pensées de l'auteur. Ce mode imagé accentue le ressenti. Je ne regrette pas ces 3 bonnes heures de lecture, j'ai surtout compris que j'aurai du commencé par cette série pour mieux comprendre la personnalité de David B. et donc de ses BD plus récentes. J'aurai aimé une fin moins ouverte car j'ai vraiment eu l'impression d'être tombé sur un T6 tronqué !!! A découvrir, mais il faut être prêt pour le dessin aux antipodes des standards réalistes ou minimalistes pour enfants.
Décidément, je n'accroche pas au style de David B. Pourtant, j'avais bien aimé le premier tome. Je le trouvais intéressant et j'avais bien hâte de lire la suite. Malheureusement, le deuxième tome se concentre surtout sur les différentes méthodes qu'emploient les parents de l'auteur pour guérir son frère et j'ai trouvé ces passages chiants. D'ailleurs, plus rien ne m'a captivé hormis les passages sur les grands-parents de David B. Le troisième tome a été très dur à finir. Je me suis ennuyé pendant le 3/4 de l'album. La maladie du frère est totalement en second plan et l'histoire se concentre plutôt sur l'auteur. En plus, j'avais plus l'impression de lire des idées mises ensembles qu'un vrai récit. J'ai arrêté ma lecture au début du quatrième tome. Je ne saurai donc jamais la fin et je m'en fiche complètement.
C'est une oeuvre sur un sujet qui n'est pas du tout facile à traiter en bande dessinée et ceci mérite beaucoup d'indulgence. En même temps, ce n'est pas la première oeuvre qui décrit la lutte des parents contre la maladie de leur fils. Au-delà de l'entreprise tout à fait louable de l'auteur, je n'ai pas réussi à m'accrocher dans ce foisonnement débordant d'idées diverses. On mélange toutes les guerres. On raconte la généalogie de la famille. On penche pour les médecines non traditionnelles pour verser finalement dans des sectes dirigées par des gourous qui prétendent au miracle. Je crois que ce n'est pas l'apanage de tous les parents qui essayent de sauver leur enfant d'une maladie incurable. Il existe d'autres voies et la plus raisonnable est bien celle de la science qui peut également faire des miracles pourvu qu'on garde confiance en la médecine. Il y a des décisions qui ne sont jamais faciles à prendre mais une fois le risque pris, on peut reculer l'inévitable. Je n'adhère absolument pas à la façon dont les parents de ce malheureux garçon s'y sont pris. Je respecte cependant le choix tout à fait honnête de l'auteur de conter cet épuisement dans la quête d'une guérison. J'en arrive à le comprendre parfaitement. De toute façon d'un point de vue objectif, c'est une oeuvre autobiographique parfaitement réussie dans son potentiel narratif. Les dessins en noir et blanc parviennent à créer ici ou là des ambiances oniriques assez angoissantes.
Excellent série que celle-là. Une histoire très personnelle, mais qui finalement, touche beaucoup de monde : l'histoire de la confrontation avec une maladie difficile, et, partant, avec l'univers médical et paramédical. Bref, une histoire pas franchement rigolote tout le temps, mais d'une justesse exceptionnelle, et pleine d'humanité. Quant au dessin, il est vraiment exceptionnel lui aussi.
Une série "prenante", où l'auteur m'a raconté son enfance, son adolescence, sa famille et -aussi- la maladie de son frère aîné. Avec lui, j'ai découvert cette saloperie de maladie qu'est l'épilepsie ; et dont les effets s'attaquent à vous n'importent où, à n'importe quel moment. J'ai découvert le système médical inadapté, des charlatans qui vous font croire que "ça va aller" grâce à leur intervention, des parents qui n'en peuvent plus et sont prêts à tous les sacrifices, à tout tenter, pour un peu d'espoir... L'auteur m'a ici traduit en images ses rêves et -surtout- ses cauchemars. Son graphisme ?... un curieux trait expressionniste renforcé par une belle utilisation du noir et blanc. J'ai eu à lire une oeuvre fort curieuse de par son postulat, sensible, remarquable en de très nombreux aspects ; une oeuvre prenante qui ne peut laisser indifférent. Une oeuvre qui fait que j'ai ressenti "quelque chose en plus" en fin de lecture.
Site réalisé avec CodeIgniter, jQuery, Bootstrap, fancyBox, Open Iconic, typeahead.js, Google Charts, Google Maps, echo
Copyright © 2001 - 2024 BDTheque | Contact | Les cookies sur le site | Les stats du site