La Faute aux Chinois
Angoulême 2012 : Prix du polar "mention spéciale du jury" À l'heure de la mondialisation, est-il possible de survivre quand on est ouvrier dans un abattoir, avec une famille à problèmes et des collègues bas de plafond ? Aurélien Ducoudray et François Ravard signent une comédie jubilatoire, noire, très noire, à l'humour au vitriol
Angoulême : récapitulatif des séries primées Ecole Pivaut, Nantes Tueurs à gages
Alors qu’on parle de plus en plus de la délocalisation de son l’usine et de licenciements, Louis n’hésite pas un instant lorsqu’une proposition imprévue, et somme toute assez surprenante, lui est faite. Afin d’arrondir ses fins de mois, il devient homme de main. Commence alors une nouvelle carrière pour Louis, qui ne trucide plus que des poulets et des cochons, mais aussi des hommes ! La diversification de ses activités ne connaissant pas la crise, il doit même former un apprenti…
Scénario | |
Dessin | |
Editeur
|
|
Genre
/
Public
/
Type
|
|
Date de parution | 03 Juin 2011 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Un album un peu étrange mais pas mauvais qui mélange les genres de la chronique sociale et du polar. Tout le contexte est celui d'un ouvrier d'abattoir qui vit dans son monde d'ouvrier, avec une femme secrétaire rencontrée sur son lieu de travail, avec sa fille malingre et faible de naissance qui envenime les relations du couple, et surtout un beau-frère ultra-présent, dominateur et surprotecteur envers sa sœur, et qui en plus est cadre moyen dans le même abattoir. Une vie médiocre et sans avenir de laquelle le héros va plus ou moins s'extirper en s'associant avec le beau-frère pour devenir... un mélange entre tueur à gages, nettoyeur et tortureur... ce n'est pas clair. S'installe alors une drôle de routine faite de boulot sans âme à l'abattoir et de meurtres commandités : du travail à la chaine dans les deux cas. Quant au dessin, le style de François Ravard y rappelle celui de Davodeau, ce qui accentue encore le côté chronique sociale. C'est le côté étonnant de ce mélange qui a retenu mon attention. De même que cette relation bizarre et assez malsaine entre la femme et le beau-frère. Entre ça et la fuite en avant criminelle des deux associés, on se demande longtemps où tout cela va nous mener, avec la ferme impression que ça ne peut être que dans une impasse. Et quand vient le retournement de situation brutal vers les deux tiers de l'album, il vient de là où on ne l'attendait pas ce qui éveille à nouveau l'intérêt. Pas mal donc mais pas totalement convaincant non plus. Certains comportements des personnages sont bizarres ; on n'a du mal à comprendre leurs choix et actes. Comme celui du héros qui accepte sans trop sourciller la relation entre sa femme et son beau-frère, ou qui ne fait valoir aucun de ses droits après le retournement de situation. Et il y a aussi ce bizarre sentiment d'impunité des actes du beau-frère et de ceux avec qui il s'associe. Toute la partie criminelle du récit parait trop facile. Et puis il y a la conclusion en demi-teinte du récit, qui me laisse sur une certaine frustration, un goût d'inachevé, notamment parce que le héros ne retrouve pas une personne en particulier à qui pourtant il aurait bien des choses à dire. Bref, pas mal et plutôt original sur le fond, mais moyennement convaincant au final.
2.5 Encore une œuvre sociale de Ducoudray. Ça se laisse lire, mais ce n'est pas son meilleur album. Le scénariste mélange le polar et la chronique sociale et cela marche plus ou moins. Il y a des personnages qui sortent de l'ordinaire, ce qui permet de rendre le récit un peu marquant, mais à aucun moment j’ai été captivé. Le truc qui m'a vraiment gêné est que j'ai trouvé qu'il y avait des grosses facilités dans le scénario. Sérieux, les personnages principaux semblent être capables de commettre les pires saloperies sans aucun problème (à croire qu'ils vivent dans un monde sans police), que cela a fini par détruire la crédibilité du scénario. Dommage parce que le dessin est très bon et bien adapté pour ce type de récit.
Étrange album que celui-ci, avec une histoire assez inclassable, qui mélange allègrement des genres très différents. En effet, ça démarre comme une chronique ordinaire de gens ordinaires, un homme et une femme qui se lancent dans un mariage foireux, qui foire. Avec un troisième larron, le frère de la dame, omniprésent, avec une personnalité ambigüe. Puis une couche s’ajoute, avec un passage progressif à un thriller improbable, le type et son beauf montant une affaire de tueurs à la petite semaine. Enfin, comme un fil rouge, initié par le titre, on a aussi une critique assez noire de la mondialisation, des délocalisations et autres « dégraissages » financiers. L’ensemble est parfois un peu bancal, mais globalement la lecture est agréable, aidée en cela par un dessin simple et fluide, la colorisation, ocre et terne, étant raccord avec le ton général de l’intrigue. Le résultat du mélange des genres est intéressant, assez dynamique, même si du coup on peut ressortir frustré qu’aucun ne soit trop développé.
C'est toujours de la faute de quelqu'un d'autre quand les choses vont mal. On ne se remet jamais en cause, ni des choix qu'on opère et qui sont pourtant à l'origine de ses mésaventures. Un brave homme issu de la classe ouvrière va en faire les frais en épousant une secrétaire ambitieuse tenant des rapports assez ambigus avec son frangin. Cet album est bien dessiné et se lit avec une agréable fluidité. Pour autant, il y a des scènes qui font répétition et qui accélèrent une relative longueur dans le récit. C'est une fausse chronique sociale puisque l'on va se tourner vers le polar pur et dur au fil de ce récit. Mon gros reproche est que cela ne sera guère palpitant. Bref, il y avait de la matière mais l'exploitation ne m'a guère convaincu. Pour autant, ce n'est pas totalement à jeter. Le scénariste fera sans doute mieux la prochaine fois.
Attention, ce que vous trouverez à l’intérieur n’a rien à voir avec ce que vous auriez pu imaginer en ouvrant cet album à la couverture ocre… Ouvrez l’album vous sentez une douce brume provinciale de faits divers mêlée d’histoire familiale. Mais soudain que se passe-t-il ? On arrive dans le thriller sur fonds de personnages complètement malades. Enfin malades, disons plutôt prêts à tout pour sortir de la situation dans laquelle ils sont pour atteindre celle du dessus, et quand on dit prêt à tout il s’agit surtout d’exploiter celle qui est en dessous d’eux tout comme eux même se sentent exploités par celle du dessus. Et là on part en graves dérives du type règlements de compte sur base de torture dans un vieux garage, ou plein d’autres trucs vraiment sympathiques. Le tout en gardant cette placidité morne d’une province tranquille et d’un vulgaire abattoir… Cyniques, violents, sans scrupules, voilà une sacrée brochette de personnages dont la face sociale n’est que masque pour mieux dissimuler. On s’amusera finalement du fait que les masques sociaux les plus inhumains sont en réalité les plus humains, alors que les simples à priori sympathiques sont de véritables psychopathes. La fin bascule dans le complet thriller et la vengeance ce qui est somme toute logique vue le scénario, mais qui parait complètement loufoque dans le contexte originel du récit. Si le scénario décoiffe, il en va de même pour le graphisme, il s’adapte parfaitement à un décor quelconque tout en offrant aux personnages des expressions particulièrement vives et lisibles. Les tons ocres et les ombres complètent le cynisme brutal des protagonistes. Au final, l’ensemble décoiffe, et le lecteur se prend au jeu. Tout cela en fait un album pas mal. Il se lit comme un bon roman, j’imagine qu’il doit s’oublier aussi vite que le polar de l’été aussi, mais au moins le lecteur aura passé un moment agréable.
Cette BD pourrait en surprendre plus d'un. A partir de la petite chronique provinciale pas bien méchante, on glisse presque d'un coup dans un thriller au faux rythme, avec plusieurs rebondissements surprenants. On est presque dans le domaine de la caricature, tant par moments certaines situations paraissent un peu surnaturelles, ou plutôt surréalistes. On a l'impression de se retrouver dans une machination un peu étrange. Les personnages sont très détaillés, ils ont des caractères bien particuliers. Cyniques et calculateurs, ils évoluent dans un monde sans pitié. C'est un grand plaisir de retrouver François Ravard aux pinceaux, cette fois-ci il étend son registre, prenant visiblement du plaisir à dessiner des trognes non pas improbables, mais bien marquées, mention spéciale au beau-frère. Au final c'est un album plutôt sympathique, qui fait un peu réfléchir sur la condition des "petites gens", la lutte des classes et les moyens que l'on se donne pour s'en sortir.
La faute aux chinois est une BD qui se lit assez rapidement, fluidité et clarté sont au rendez-vous. Une histoire noire, très noire... Une famille prête à tout pour échapper à sa condition. Aurélien Ducoudray ne fait pas dans le détail, le trio mari, femme et beau-frère ne recule devant rien pour assouvir ses ambitions, personne ne se démarque, ils sont tous aussi pourris les uns que les autres. J’ai souvent trouvé le récit perturbant, parfois même exagéré tant les personnages sont froids, cyniques et calculateurs. Mais Aurélien Ducoudray s’offre quelques facilités scénaristiques car notre trio maléfique ne rencontre pas beaucoup d’obstacles pour atteindre leurs objectifs. Le dessin de François Ravard est plaisant, une mention spéciale pour les expressions du faciès des personnages.
Site réalisé avec CodeIgniter, jQuery, Bootstrap, fancyBox, Open Iconic, typeahead.js, Google Charts, Google Maps, echo
Copyright © 2001 - 2024 BDTheque | Contact | Les cookies sur le site | Les stats du site