Motel art improvement service
Bee, dix-huit ans, est parvenue à mettre suffisament de côté pour se lancer dans sa traversée du pays à vélo.
Akileos Dark Horse Comics Format à l’italienne Les petits éditeurs indépendants Les Roux ! Peinture et tableaux en bande dessinée [USA] - Nord Est
Bee, dix-huit ans, est parvenue à mettre suffisament de côté pour se lancer dans sa traversée du pays à vélo. Cependant, elle n’a pas le temps de se rendre bien loin avant qu’un désastre ne la laisse en rade, bloquée dans un motel. Elle fait une montée d’hormones quand elle rencontre un jeune artiste incompris qui s’est donné pour mission d’élever le niveau des « oeuvres d’art » que l’on trouve accrochées dans les chambres des hôtels. Prenant un emploi de femme de ménage, Bee fouine dans le linge sale de l’hôtel et se retrouve empêtrée dans une effrayante histoire de drogue... .
Scénario | |
Dessin | |
Couleurs | |
Editeur
|
|
Genre
/
Public
/
Type
|
|
Date de parution | 07 Juillet 2011 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Ingénu, chaleureux et roublard - Il s'agit d'une histoire complète et indépendante. Lors une soirée dans un appartement à New York en plein été, Bee (18 ans) fait la queue devant les toilettes. L'un des invités en sort et la porte se referme. Elle se rouvre et sa copine l'attrape par la main pour l'attirer vers l'intérieur (elle vient de se taper l'invité en question). Pendant que Bee fait ses besoins, elles papotent un brin évoquant sa virginité, l'approche de sa période de règles et son départ le lendemain. Bee a décidé de traverser les États-Unis en bicyclette. le départ se déroule sans encombre sous un ciel bleu, mis à part qu'elle se fait doubler par un bande de djeuns pas finauds qui se moquent de la largeur de son derrière. La scène change et se déroule dans un motel. le lecteur suit l'homme de ménage (une trentaine d'années) qui fait le lit, remplace les serviettes, pique quelques comprimés dans la trousse à pharmacie et remplace le tableau accroché au mur par un autre. Suite à un accident matériel qui la laisse sans vélo, Bee est obligée de séjourner dans ce motel. Il se trouve qu'un couple de jeunes dealers s'y arrête également. Ça faisait longtemps que je n'avais pas lu une bande dessinée qui me donne envie de la relire aussitôt terminée. Rien que la lecture du titre met la puce à l'oreille : le service d'amélioration des peintures exposées dans les chambres de motel. Jason Little met en scène une jeune femme sérieusement travaillée par ses hormones (il est évident qu'elle part avec l'idée bien arrêtée de perdre sa virginité lors de ce périple) qui n'est ni blasée, ni naïve, avec un esprit ouvert. le lecteur suit Bee dans des aventures qui comprennent leur lot de courses-poursuites. À aucun moment, Jason Little ne se prend au sérieux, il a construit un scénario avec des rebondissements avec une histoire de deal de drogues contrarié. D'un autre coté le ton qu'il adopte montre que si les enjeux sont réels, les principaux personnages (Bee et Cyrus, le peintre - homme de ménage) ne courent pas beaucoup de risques. L'un des attraits de ce récit réside dans l'absence d'angoisse et de violence exacerbée. Pour autant, le lecteur ne se retrouve pas dans un Tintin, ne serait-ce déjà que par la présence de relations sexuelles et par le deal de pilules du bonheur. Encore que les illustrations peuvent également évoquer un parfum de bandes dessinées pour jeunesse avec un style évoquant la ligne claire européenne. La mise en couleurs repose sur des teintes claires (sans être pastels ni délavées) qui évoquent aussi une certaine légèreté. Enfin, Little a choisi un format comics mais en orientation paysage plutôt que portrait, ce qui crée un décalage très agréable. Ces 4 particularités (action sans angoisse, dessins arrondis de formes simples, couleurs gaies sans êtres criardes et format inhabituel) font de cette bande dessinée une lecture très séduisante. Mais ses bons cotés de s'arrêtent pas là et plusieurs éléments lui permettent d'accéder à la catégorie inoubliable. Il est évident que l'inclusion d'une activité sexuelle saine qui ne tombe pas dans la pornographie est toujours attirante ; Jason Little présente son héroïne comme décidée sans pour tomber dans la caricature ou la facilité. Il y a la silhouette de Bee qui n'est pas celle d'un top modèle, éloigné des clichés des magazines de mode ou de charme. Puis il y a l'activité de Cyrus : modifier les toiles des motels, activité à la fois subversive et dérisoire. Il y a l'activité même de nettoyer les chambres ; je ne sais pas si Little a déjà exercé ce métier, mais les anecdotes présentes sonnent véridiques. Il y a la page relative à l'architecture de l'hôtel de luxe qui attire l'attention sur une autre dimension de ces lieux de vie. Jason Little truffe son récit de nombreux passages plus calmes qui emmènent le lecteur explorer rapidement un endroit inattendu, qui amène une réflexion surprenante. Jason Little aime bien également insérer des détails superflus (ou en tout cas non essentiel) dans les cases. Dès les premières pages, cette volonté de faire évoluer ces personnages dans des lieux plus développés que ne le nécessite l'histoire saute aux yeux. Lors de la soirée dans l'appartement, chaque invité possède des traits distincts et une tenue vestimentaire particulière. Page 14, il s'attarde sur les décors de la ville que traverse Bee en vélo, ainsi que sur les deux ponts sur lesquels elle passe. Lorsque Cyrus pousse son chariot de chambre en chambre, il s'agit d'un modèle réaliste avec les ustensiles nécessaires à la tâche. Little ne se contente pas d'esquisser vaguement, il apparaît qu'il sait de quoi il parle et qu'il dessine des objets qu'il connaît. Page 54, une dealeuse compte le nombre de pilules pour la commande qu'elle prépare. Little conçoit l'environnement particulier de cette pièce, entre chambre d'adolescente et professionnelle de la chimie (poster de rock, flyer pour une manifestation en faveur de l'homosexualité féminine, peluche, livres de chimie, modèle d'ADN, etc.). L'utilisation d'une ligne claire permet que chaque case reste lisible malgré un nombre de détails qui peut être élevé. Enfin, Little tire le meilleur parti du format paysage, y compris pour les scènes d'action. Page 159, Cyrus est poursuivi par un militaire en goguette, pris en chasse à son tour par Bee, dans les couloirs et les escaliers d'un hôtel de luxe. Little a découpé sa page en trois colonnes : la première pour la course dans les couloirs, la deuxième pour situer en 1 case les 3 personnages sur 3 paliers différents de l'escalier, et de même pour la troisième. Cette mise en page est aussi intelligente qu'efficace et simple. Et Little ne triche jamais sur le plan graphique puisque le lecteur a même droit de contempler plusieurs tableaux améliorés par Cyrus. Le contenu de cette bande dessinée tient toutes les promesses du titre décalé. Jason Little construit une intrigue bien structurée sur fond de deal de drogue mal goupillé, pour raconter l'histoire d'une jeune dame futée, avec un artiste peintre dans une démarche particulière, avec des illustrations plaisantes et riches.
L'Amérique contemporaine avec un vent de liberté un peu détachée de tout, y compris du sentiment. Un dessin avec des couleurs pastelles, au trait gras bien délimité (pas de moment où le trait laisse échapper la couleur, non, chaque zone a son contour), un trait lourd, donc, qui contraste un peu avec cette mièvrerie légère de la couleur. Des formes rondes, et en particulier celles de l’héroïne. Mais rien de vraiment sexy non plus. Une histoire sans sentiment, une histoire de cul, en somme, mais emballée dans une intrigue artistico-délictueuse, où l'écart avec la loi est ressenti comme négligeable, une sorte d'histoire sans importance, assez peu vraisemblable, mais finalement bien ficelée. C'est comme un jeu, cela n'a rien d'émouvant, ni de vraiment drôle, ça se déroule devant nous dans une certaine habileté suave. Curieux...J'ai bien peur que les admirateurs de Walking dead n'apprécieront pas cette expérience décontractée de l'Amérique: pas de flingue, pas de peur, pas d'ennemi, pas d'empathie, même pas de héros...
Même si je n'ai pas été totalement séduit par cette lecture, je ne peux pas dénier l'évidente originalité de son scénario. Il s'entame en effet par le départ d'une jeune femme de 18 ans pour une traversée des USA en vélo. J'ai alors cru à un road-movie, de motel en motel comme le titre de l'album le laissait penser. En fait de voyage, celui-ci s'arrête très vite pour laisser place à la rencontre avec un artiste d'un genre bien particulier, à une histoire d'amour puis à un drôle d'imbroglio aventureux et dangereux dans les couloirs d'un grand hotel. Il y a pas mal d'idées originales dans cette histoire et dans son déroulement. Les personnages sont bien trouvés, à l'exception peut-être du militaire un peu trop caricatural quoique certes mieux dans son rôle qu'un trop banal trafiquant maffieux. Le réalisme se mélange parfois avec un soupçon de burlesque, d'humour. Le graphisme est adéquat et plaisant. C'est un style qui rappelle d'autres comics indépendants américains, par exemple ceux de Daniel Clowes même s'il est ici nettement plus dynamique et vivant. Je pense ceci dit que j'aurais davantage été charmé par ce récit si l'histoire d'amour avait su plus me toucher. L'héroïne est attachante mais son artiste n'est pas toujours charismatique. J'ai un peu de mal notamment avec sa lubie de récupérer et tester toutes les pilules qu'il trouve, même si je trouve son autre concept artistique bien trouvé. En outre, la fin de leur aventure m'a semblé un peu abrupte au niveau émotionnelle. De la part d'une jeune amoureuse de 18 ans, je n'aurais pas imaginé un comportement aussi expéditif. Ce fut donc une lecture intéressante et originale mais elle ne me marquera pas tellement je pense.
Ce livre racontant les aventures de Bee fait en fait suite à Shutterbug Follies, mais l’auteur et l’éditeur ont préféré le sortir en premier, le jugeant « meilleur ». Le tout début de ma lecture m’a laissé perplexe : le style graphique digne d’un blog et le ton gnian-gnian de l’histoire me donnait l’impression de lire un fanzine amateur (désolé hein), et je m’attendais à une énième histoire d’ado américaine un peu cucul. Et puis j’ai fini par rentrer dans l’histoire. Déjà je me suis habitué au dessin qui, s’il n’en met pas plein les yeux, impressionne par son efficacité narrative. L’auteur avoue d’ailleurs être un grand fan de Scott McCloud. Et puis surtout il faut avouer que les personnages sont intrigants, en particulier cet amateur d’art et sa quête artistique insolite qui consiste à améliorer les tableaux de chambres d’hôtel du pays. J’ai beaucoup aimé sa rencontre pleine d’ambiguité avec Bee, et le ton léger, presque hippy du récit (on y parle entre autre de sexe et de drogues, il ne manque plus que le rock and roll !) Mon attention a un poil baissé lors de l’interminable course poursuite au ¾ de l’album, mais la fin, très belle, m’a finalement laissé sur une bonne impression. Un album qui arrive finalement à se démarquer de la masse roman-graphiquesque de la scène indé américaine, grâce à son originalité et son style graphique. A recommander aux amateurs du genre. (A noter aussi une nomination pour les Eisner Awards 2011 - Best Graphic Album-Reprint)
Site réalisé avec CodeIgniter, jQuery, Bootstrap, fancyBox, Open Iconic, typeahead.js, Google Charts, Google Maps, echo
Copyright © 2001 - 2024 BDTheque | Contact | Les cookies sur le site | Les stats du site