Des Nouvelles d'Alain
Alain Keler est reporter photographe. Quand on lui demande de ses nouvelles, il donne des nouvelles des Roms qu'il visite depuis 10 ans au volant de sa vieille Skoda. Couleurs et mise en page : Frédéric Lemercier
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Alain Keler est reporter photographe. Quand on lui demande de ses nouvelles, il donne des nouvelles des Roms qu'il visite depuis 10 ans au volant de sa vieille Skoda. Regardez les photos, laissez-vous raconter ce qu'il y a dessus : c'est l'histoire de l'Europe d'aujourd'hui vue depuis les fenêtres sans vitres d'une caravane sans roues.
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Date de parution | Janvier 2011 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Avec son style de dessin bien à lui, Emmanuel Guibert arrive encore une fois à faire vivre la BD documentaire d'une façon humaine et pour autant instructive. Et si j'avais déjà lu plusieurs planches de cette BD dans le magazine XXI (qui en a publié dans son intégrale de BD d'ailleurs, cf Grands reporters) je me suis tout de même intéressé à cette BD qui tente de dresser un tableau de la situation des Roms en France, loin des clichés et des idées convenues. Un tableau orienté, biaisé, mais qui tente d'être le plus honnête dans ses valeurs humaines. Parler de Roms, c'est généralement risquer un conflit entre les personnes avec qui l'on discute, et je l'ai déjà constaté plusieurs fois : roms voleurs, roms immigrés, roms victimes, roms dérangeants ... Ils sont multi-facettes et bien souvent chacun à son avis, orienté par un paysage médiatique qui nous matraque des tableaux peu glorieux, une histoire floue et seulement connue pour ses massacres, pogroms et déportations, et une tradition culturelle totalement inconnue du grand public. Pour ma part, les roms ont toujours fait partie de ma vie, une communauté vivant non loin de l'endroit où j'ai passé mon enfance. Et entre les idées de voleurs de poules ou de gens peu sûrs, je me rappelle surtout les caravanes, les logements précaires et sales, et une attitude générale de méfiance envers eux. C'est pour cela que j'ai aimé cette BD : elle nous présente ici son point de vue, de l'intérieur de leur communauté. Tout ne sera pas rose et ils ne seront pas mis sur un piédestal, mais simplement considérés comme des humains à part entière, avec leurs vies, leurs coutumes, leur culture et leur histoire. Et c'est très instructif de découvrir un peu l'envers du décor. Entre les expulsions, la défiance globale vis-à-vis d'une communauté en marge et les difficultés quotidiennes, Alain nous invite à regarder comment l'on considère au sein même de l'Europe des personnes humaines, dans un beau méli-mélo de problématiques (politique locale et globale, environnement, sécurité, immigration, ...). Tout se mélange autour des Roms, et c'est une BD qui aide à remettre quelques petites priorités en avant. Je ne dirais pas que cette BD m'a ouvert les yeux et changé ma vision du monde, mais il est certain qu'elle me fait poser plus de questions sur ces communautés "itinérantes" (une partie étant bien plus sédentaire maintenant) et la façon dont nous traitons les étrangers dans notre pays. C'est une BD instructive, certes, mais aussi appelant à plus de considération pour l'humain et à revoir nos façons d'envisager le monde. Et mine de rien ... Ça fait parfois du bien de se remettre en question !
Avez-vous des nouvelles d'Alain ? Je pensais naïvement que c'était un otage. Mais non, c'est un reporter photographe passionné par les roms. Il arpente toute l'Europe depuis une décennie à l'afflux de la moindre photo pour décrire leur situation précaire. C'est un peu le genre de discours de bobos qui déclare que les expulsions ne sont pas une solution car elles cassent brutalement les soins et la scolarité en favorisant les épidémies et les trafics en tout genre tout e ruinant l'avenir des enfants. Bref, les expulsions ne règlent pas le problème, elles l'amplifient et le perpétuent. C'est écrit noir sur blanc dans cette oeuvre. Je n'invente rien. Alors, ouvrons nos frontières allègrement à l'ensemble des roms de la planète car il n'y a jamais assez et c'est le paradis chez nous ! Un tel discours ne peut que favoriser les thèses les plus extrémistes et nous mener tout droit un jour à la guerre civile. Je pense que la saturation et l'exaspération des plus modérés est proche et qu'il convient de ne pas souffler sur les braises. Dans un monde parfait, c'est un beau discours auquel je souscrirais volontiers; j'ai dit dans un monde parfait... Cette bd mélange la photographie avec des planches pour nous délivrer un témoignage de la misère humaine subi par ces roms européens. Certes, l'auteur évite le voyeurisme (encore que car il s'est tout de même payé une fracture en essayant d'éviter un rom subitement en colère à cause d'un cliché).
Cet album est-il réellement une bande dessinée ? En effet, la question peut se poser, étant donné que les dessins n’occupent qu’une part minoritaire de l’album, au milieu de photographies et de textes en pleine page. Mais ce serait vraiment chipoter. Car cet album est de toute façon une œuvre de salubrité publique. Une œuvre qui met des noms sur des termes génériques, qui nous montre l’envers d’un décor que les actualités évitent de mettre en avant faute de temps. La faute aussi à un certain nombre de préjugés, largement entretenus par un battage médiatique délétère et à de petits calculs électoralistes où le mesquin le dispute à la bêtise, sur fond de racisme. Mais le racisme naît de l’ignorance, c’est bien connu. C’est pourquoi cet album est nécessaire pour en combattre les certitudes. Les textes sont emplis d’humanisme et, par leur calme évidence, alliée aux rappels historiques et bibliographiques, tentent de mener un combat dépassionné au profit de ces éternels parias que sont les Roms (dont le génocide perpétré par les Nazis pendant la Seconde guerre mondiale n’a entraîné que peu de compassion – y compris en France). Sur des images quelque peu désespérantes, le travail d’Alain Keler permet finalement de ne pas désespérer de certains hommes, même s’il remet en question la notion d’humanisme. A lire !
Il faut une certaine dose d’audace pour publier à notre époque un ouvrage sur un sujet qui n’intéresse quasiment personne, si ce n’est lorsqu’il est question de les stigmatiser, j’ai nommé : les ROMS ! Et ceux qui l’ont fait savaient parfaitement que cela ne rapporterait pas grand-chose d’un point de vue pécuniaire. Ces « inconscients », qui ont épaulé l’« irresponsable » Alain Keler, reporter-photographe, se nomment Emmanuel Guibert, dessinateur connu pour Le Photographe et La Guerre d’Alan, Frédéric Lemercier à la couleur, et surtout la maison d’édition indépendante Les Arènes. Et moi je leur tire mon chapeau. Cela donne un objet hybride, entre la BD-docu et le reportage photographique noir et blanc à l’allure d’anti-roman-photo, où les dessins de Guibert jouent avec sobriété le rôle de liant. Au milieu de cette misère noire, les photos font ressortir la beauté des portraits d’un peuple vivant qui refuse de mourir sous la crasse de nos égoïsmes. Depuis une première rencontre avec ces « damnés de la Terre » au Kosovo en 1998, Alain Keler n’a cessé d’aller à leur rencontre pour témoigner de leurs conditions de vie, prenant des photos pour surmonter, dit-il, le choc de la misère. Il explique le processus tragique qui l’a conduit à défendre leur cause : la mort prématurée de son père et la perte de mémoire de sa mère qui n’a jamais pu lui raconter le massacre de ses grands-parents et de sa petite sœur à Auschwitz. Car comme les Juifs, les Roms aussi ont été persécutés par les Nazis. C’est ainsi que l’on voyage d’un bidonville à l’autre à travers l’Europe, avec à la clé exodes, maladies, destructions ou attaques de campements, érections de « murs de la honte », défilés néo-fascistes, avec les Roms tout est permis, c’est open bar ! Pour autant, l’auteur ne fait pas d’angélisme et se contente de décrire la réalité telle qu’il la voit. Notamment en évoquant sans faux semblants les pratiques mafieuses de certains usuriers roms exploitant sans vergogne les membres de leur propre communauté… mais il nous donne aussi à voir des notes d’espoir avec ceux qui se démènent pour aider leurs frères et sœurs de galère avec plus ou moins de bonheur, et les autres, les justes et anonymes… Un épilogue signé de l’auteur (racontant à l’aide de quelques photos la destruction d’un camp en région parisienne) vient clôturer l’ouvrage. Keler y parle de ses inquiétudes à propos du climat ambiant (« Les Roms, c’est le premier verrou démocratique qui saute ») et fustige la mollesse de l’Europe, encline à verser des fonds pour aider ces communautés sans s’attaquer à la corruption qui règne dans les pays bénéficiaires (« L’Europe se fortifierait notablement à résorber ses poches de misère, elle se ferait du bien à tous égards (…) Elle secouerait ses insignes néo-nazis qui empèsent son costume ». Un ouvrage très instructif que je conseille fortement en ces temps tonitruants où l’empathie se fait tout doucement la malle, un ouvrage pour nos permettre (peut-être) d’ouvrir les yeux et de faire un pas, si petit soit-il, vers notre propre humanité, si éloignée soit-elle. Encore bravo aux auteurs et à l’éditeur pour ce travail salutaire et nécessaire ! Et en passant, merci à cac de mentionner le lien vers kesajtchave
Pas inintéressante cette suite de récits courts. On suit donc Alain Keler, photo reporter qui s'est intéressé à la galaxie Rom. Cela se présente sous la forme de petits récits où Alain raconte ses rencontres, photos à l'appui. Il trace le portrait de communautés charmantes, accueillantes, très attachées à leurs traditions et victimes d'ostracismes aveugles. Emmanuel Guibert apporte sa patte de documentariste chevronné depuis Le Photographe. Ce n'est pas inintéressant, mais un peu austère.
Dans la droite lignée de la série Le Photographe de Didier Lefèvre, un de ses amis, Alain Keler raconte en différents chapitres ses rencontres avec les Roms un peu partout en Europe que ce soit dans les pays de l'Est ou en Italie ou même en région parisienne... La misère est noire et les photographies sont parfois dures à capturer et à montrer. Pré-publié dans le magazine XXI, l'album est un mélange entre photos le plus souvent en noir et blanc et cases dessinées par Emmanuel Guibert et Frédéric Lemercier. Parmi les rencontres, celle de Kesaj Tchavé une chanteuse en Slovaquie (http://www.myspace.com/kesajtchave). Celle de Milan en Italie à qui la serveuse ne veut pas donner de menu au restaurant. Et plus proche de nous les rencontres avec le milieu associatif qui aide ces communautés. Cela nous relie à une actualité très récente, le gouvernement ayant décidé d'accélérer la destruction des camps et le retour des illégaux dans leur pays d'origine (duquel ils repartent quelques jours plus tard car la vie n'y est pas possible non plus...) tout en amalgamant Roms et gens du voyage. Alain Keler raconte en fin d'album l'expulsion d'un camp qu'il a pu vivre à Fleury-Mérogis. Bref une bande dessinée témoignage qui a au moins le mérite de raconter les faits sur une communauté marginalisée depuis des décennies et qu'on feint de ne pas voir à nos portes par manque de solutions.
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