Je ne suis pas un homme (Ningen Shikkaku)
Comment Yôzô Ôba, si séduisant et conquérant alors qu’il entrait dans l’âge adulte, a-t-il pu devenir moins de dix ans plus tard cet homme décharné, malade et totalement passif que l’on sent osciller au bord du gouffre, à deux doigts d’y basculer ?
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Telle est l’étrange histoire qu’entreprend de raconter Usamaru Furuya dans Je ne suis pas un homme. L’histoire d’un jeune homme riche et beau à qui tout semblait sourire, mais qui en vérité ne savait rien faire d’autre qu’interpréter les rôles que les autres attendaient de lui, comme une marionnette, pour mieux masquer le vide abyssal tapi à l’intérieur de lui-même… Je ne suis pas un homme est une libre adaptation du roman La Déchéance d’un homme d’Osamu Dazai (1909 – 1948), l’un des plus célèbres écrivains japonais du XXe siècle, auteur de la désespérance et du renoncement.
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Date de parution | 11 Mai 2011 |
Statut histoire | Série terminée 2 tomes parus |
Les avis
Attention, manga dangereux ! Si vous êtes un tant soit peu déprimé, dans un passage un peu vide, passez votre chemin, ce n'est pas avec ce genre de manga que vous arriverez à remonter la pente. Parce qu'ici, c'est sombre comme pas permis. J'avais entendu parler de ce manga plusieurs fois et l'on m'avait mis en garde contre sa noirceur, mais je ne m'attendais pas à ce que ce soit à ce point-là. C'est noir charbon, avec un personnage principal qui connaitra toute la déchéance possible et imaginable. C'est tellement réaliste et tellement bien mis en scène que rien ne permet de tempérer ce qu'il se passe. On assiste impuissant à toute cette dégradation physique et mentale d'un homme torturé depuis son enfance. Le fait de le voir être un salaud est horrible, mais tout l'est, dans ce manga. Évidemment, le tout est renforcé par le dessin qui arrive à tirer parti de son réalisme pour sombrer dans la noirceur, et qui renforce le côté progressivement malsain. On a le droit à de très belles planches, mais aussi à des planches bien malaisantes. Bref, un manga sombre, violent dans son propos et extrêmement noir, mais terriblement bien fait. Si vous avez la force mentale pour le faire, n'hésitez pas. Mais attention, c'est vraiment dur comme lecture.
Ce manga est une vraie claque ! Usamura Furuya adapte librement un roman de 1948 de Osamu Dazai. Il replace son histoire dans le Japon contemporain. Autant le préciser tout de suite, Je ne suis pas un homme est extrêmement dur. On assiste avec effroi à la déchéance inéluctable d'un jeune homme qui avait pourtant tout pour réussir et être heureux. Son désespoir et son incapacité à comprendre les autres et à tisser des liens sincères avec eux (les femmes notamment) vont progressivement le faire basculer. Narré d'une main de maître, le récit est aussi noir que passionnant. La plongée dans l'âme torturée de Yôzô Ôba est une vraie réussite. L'auteur a su rendre toute la complexité de la personnalité de son (anti)héros. Visuellement, c'est remarquable. Le trait réaliste de Furuya accentue le ton très sombre de l'histoire. Le choix de publier le manga en grand format permet une meilleure perception de la grande qualité graphique de l'ouvrage Je ne suis pas un homme est un manga dérangeant, intense et complexe, à découvrir de toute urgence.
On va assister à la déchéance d'un fils de riche, séduisant et à qui l'avenir promettait beaucoup de belles choses. L'argent ne fait pas nécessairement le bonheur. Renié par son père, notre héros va sombrer dans l'alcool, le sexe et la déchéance. En 10 ans, il ne sera plus que l'ombre de lui-même. Sur un mode résolument pessimiste, on va ressentir toutes ses souffrances même si on ne peut totalement les comprendre. Certains thèmes m'ont tout de même interpellé comme la question de savoir ce qu'est la normalité ou une forme de pensée unique qui tiendrait comme acquis la popularité d'idole déchue. Il est bon de se remettre en cause et de s'interroger sur notre condition humaine. Graphiquement, c'est très beau sur ce papier glacé. Les décors arrive à nous impressionner avec des dessins façon encre de chine à tomber. C'est un travail impeccable qui traduit une certaine ambiance oppressante. Bref, c'est une autre manière d'appréhender la société qui nous entoure avec des apparitions semi-fantastiques dans les moments les plus cruciaux. On notera un sens de lecture à l'européenne afin de faciliter le confort. Malgré quelques lourdeurs, cela se laisse lire avec une certaine fluidité. C'est bien entendu réserver à un public averti. Pour une fois qu'un manga n'est pas niais, on aurait tort de s'en priver. On sort véritablement des stéréotypes classiques. Le posséder est autre chose. A t-on envie de fleurter avec le désespoir, le suicide et la mort ? Pas nécessairement et surtout pas si on est en dépression. En tout cas, une lecture subversive qui invite à la réflexion.
Il fait froid dans le dos ce diptyque... Impuissant, j'ai tristement accompagné le personnage principal (non, je n'arriverai pas à lui attribuer le nom de héros) dans sa chute aux enfers. C'est malsain, dérangeant et parfois difficile de suivre au fil des planches une déchéance, certes parfois volontaire, si forte. Bien que je ne connaisse pas le roman original, j'ai trouvé que le récit et sa construction étaient de très bonne qualité. Il n'y a pas d'action, juste de l'inaction et de l'immobilisme face aux injustices de la vie. Mais ce n'est pas tout, le récit ne se contente pas de montrer le désespoir d'un jeune homme, il montre également la noirceur humaine dans toute sa “splendeur” et le triste choix de tourner le dos aux difficultés de la vie en se réfugiant dans l'alcool et les stupéfiants. N'y a-t-il pas une touche de Mémoires d'un incapable dans cette histoire ? La narration à la première personne, remplie d'états d'âme, s'en approche clairement. Pour accompagner ce récit et cette narration, j'ai eu droit à une très belle réussite graphique. Le trait est précis, fin et certaines planches sont à couper le souffle tant elles arrivent à retranscrire parfaitement les sentiments et remords du jeune garçon; une claque tout simplement! Vous l'aurez compris, cet album est loin d'être réjouissant. C'est pesant, lourd et triste. Je ne suis pas sorti indemne de cette lecture... Et vous, une descente aux enfers le temps d'une lecture vous tente ?
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