Les Dossiers du B.I.D.E.
Le B.I.D.E. (Bureau d'Investigations pour la Défense des Espèces) est la plus formidable organisation secrète du monde. Auprès d'elle, l'Intelligence Service, la C.I.A., le F.B.I., la N.K.V.D. ne sont que de minables, ridicules et risibles groupuscules dont la seule évocation fait pouffer. Peu de gens connaissent ses activités et rarissimes sont ceux qui ont pu approcher son chef : le prince Vrougnard des Alfiges du Tarpoin-Bossuet que les plus grandes personnalités mondiales nomment avec un infini respect : Monseigneur.
Politique
Astra Khan, le secrétaire de l'O.N.U., fait appel au B.I.D.E. dont le QG secret est situé dans le pilier nord de l'Arc de Triomphe à Paris, à chaque fois que l'ordre mondial est menacé. Le chef du B.I.D.E., le prince Vrougnard des Alfiges du Tarpoin-Bossuet, est assisté dans sa mission par miss Polly Esther, Graffiti, le roi du camouflage urbain et TAR 100, l'ordinateur le plus perfectionné au monde. Leurs aventures se déroulent, juste après les évènements de mai 68. Richard Nixon, Mao et le Général De Gaulle sont au pouvoir dans leurs pays respectifs tandis que les Beatles, Frank Sinatra, Brigitte Bardot, Sylvie Vartan et Daniel Cohn-Bendit font la une des médias dont l'ORTF est le premier d'entre eux. Les flics tabassent les étudiants et les communistes mangent de la langouste... De l'aventure, des calembours et des couleurs psychédéliques, ce sont les Dossiers du B.I.D.E.
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Date de parution | 1969 |
Statut histoire | Série terminée 2 tomes parus |
Les avis
Jean Yanne est un personnage intriguant, intéressant, et multicarte : il possède un talent certain en tout cas. Souvent abonné aux rôles de salauds dans les films des autres (chez Chabrol par exemple), et jouant plutôt sur le loufoque et la parodie lorsqu’il est à la baguette, que ce soit au cinéma ou dans la chanson (voir l’inénarrable « Camille » !). Le plus souvent pointe, ou surnage une critique de la société. Il y a souvent chez Jean Yanne un côté corrosif dans son humour, qui force son auditeur ou spectateur à réfléchir, malgré les absurdités débitées au kilomètre par ce maître artificier. On retrouve un peu de tout ça dans ces deux albums. Qui m’ont plusieurs fois fait des yeux doux, mais à chaque fois que je les trouvais dans des bacs de librairie, c’était en mauvais état. Et voilà que je découvre il y a quelques temps l’existence de cette réédition intégrale – en bon état donc, et me voilà à me plonger dans ce délire soixante-huitard. Visuellement, ça fait bien son âge et surtout son temps ! En effet, plus psychédélique et power flower que ça tu meurs ! Le dessinateur, Tito Topin, travaillait surtout pour la décoration, la publicité, et a donné ici une touche flashy très typée, voire kitchissime. Quant aux textes de Jean Yanne, les connaisseurs du bonhomme ne seront pas déçus. Le premier tome donne surtout dans le loufoque, le n’importe quoi, avec un scénario qui visiblement avance au radar, au fil d’une improvisation pas toujours maîtrisée, mais qui donne une certaine fraicheur à l’histoire (abracadabrantesque). Le second tome en ajoute une couche, mais Yanne, fort du succès du premier tome, et sans doute moins « bridé » y glisse davantage d’humour corrosif, les piques contre l’intelligentsia, les pouvoirs politiques de l’époque, la culture estampillée officielle (Sorbonne, Académie française, etc) se multiplient, avec des attaques sans fleuret moucheté. Si l’on sent ici aussi de l’improvisation, l’ensemble donne l’impression d’être davantage maîtrisé. Même si les jeux de mots à deux balles fusent, au risque d’une overdose parfois, mais le ton potache empêche Yanne qu’on le soupçonne trop de se prendre au sérieux ! Yanne avait dans l’idée de poursuivre l’aventure visiblement, si j’en crois l’épais dossier qui ouvre l’intégrale (intéressant pour resituer le contexte de cette publication aux airs d’ovni). Mais finalement cela s’arrêtera là. Lassitude de Yanne, qui passera à autre chose ? Surtout prise de conscience de l’éditeur, Casterman, qu’il publiait là quelque chose de très éloigné de ses autres publications boy-scout de l'époque – Tintin y compris. Si vous avez l’occasion de tomber sur ces albums, jetez-y un coup d’œil, c’est un témoignage intéressant d’une époque, et de la créativité d’un bonhomme atypique.
C'est avec des yeux incrédules que j'ai découvert cette BD chez un bouquiniste des bords de Seine. Jean Yanne avait fait une BD ! Grand fan du monsieur, j'ai été absolument ravi de redécouvrir son humour, ses jeux de mots et son esprit moqueur, autrement que par ses sketches, ses films et ses émissions de radio. Le style Pop Art de la BD est clairement ancré dans son époque. Ses couleurs psychédéliques et son apparence kitch pourront en choquer certains au premier abord mais pour ma part, j'ai ressenti un grand plaisir à feuilleter ma découverte. N'ayant pas vécu cette époque, une bonne partie des très nombreuses références politiques ou artistiques m'ont échappé. On y retrouve aussi plusieurs clins d'oeil aux sketches de Jean Yanne (les camionneurs) et même les prémices de ses futurs films (la mention "Liberté, égalité, choucroute" est présente dans les 2 tomes). En tout cas, c'est un plaisir de dénicher à chaque page un nouveau petit détail satirique ou un calembour passé inaperçu. Le premier tome fut tout d'abord publié en feuilleton dans Télé 7 jours et sa sortie en album a été un grand succès contrairement au deuxième album et l'aventure s'arrêta là. Tito Topin mis un terme à sa jeune carrière de dessinateur pour devenir entre autre, scénariste pour la télé (Navarro) et écrivain de romans. Jean Yanne refera appel à lui peu de temps après, notamment pour l'affiche et le générique de son premier film en tant que réalisateur, "Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil".
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