La Mort dans l'âme
Mourir est notre seule certitude. Incontournable, la mort est pourtant le sujet dont on parle le moins dans nos sociétés occidentales, alors que la parole pourrait aider à envisager sa réalité et son accompagnement. Avec La Mort dans l’âme, Sylvain Ricard et Isaac Wens racontent, dans une oeuvre grave, intime et poignante, ce que pourraient être les derniers jours entre un père et son fils…
Cancer Maladies et épidémies
Atteint d’un cancer généralisé, 3 kilos de tumeur, M. Vanadris est pris en charge dans un centre de soins palliatifs. Il suivait jusqu’ici une chimiothérapie, qu’il a été décidé d’abandonner. Le personnel soignant règle les détails de son séjour. Une perfusion d’analgésique, puis deux, puis trois, puis des tuyaux dans le nez, puis une sonde… Malgré la morphine, le vieillard souffre de plus en plus physiquement, et surtout psychologiquement. Il se sent diminuer de jour en jour, il pressent sa déchéance et redoute plus que tout de ressembler aux autres pensionnaires qu’il aperçoit dans leur chambre, squelettes vivants reliés à tes tubes. On lui propose de rencontrer un psychologue, mais c’est auprès d’un prêtre qu’il cherche un soutien moral. La mort s’installe inéluctablement. Puis un jour, il demande à son fils de l’aider à en finir... Texte : Editeur.
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Date de parution | 15 Septembre 2011 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Le récit est bien mené, et montre de façon graduée les derniers jours d’un homme, atteint d’un cancer incurable, de son entrée dans un services de « soins palliatifs » jusqu’à sa mort. Il est conscient de sa déchéance – de plus en plus visible au fur et à mesure que son état se dégrade et qu’il est « entubé » et abreuvé de morphine – et, au cours des discussions qu’il a avec son fils (la seule personne à lui rendre visite, mis à part un curé), il essaye de le convaincre de l’aider à mourir dignement. Se pose alors la question du suicide assisté, de l’euthanasie. Si la situation est bien posée, le récit est hélas très linéaire – on connais la fin, le seul doute restant relevant de la manière de mourir), et il n’y a quasiment pas « d’à côtés » pour aérer l’intrigue ou la rendre « captivante ». Un sujet délicat, globalement bien présenté, mais une lecture qui reste assez froide.
2,5 Cet album raconte les derniers jours d'un homme atteint d'un cancer et je trouve que c'est un sujet intéressant. Sauf que le récit m'a laissé un peu indifférent et je me suis presque ennuyé alors que j'adore 'Paul à Québec' qui a un sujet similaire. Il faut dire que les personnages m'ont laissé indifférent et cela a fait en sorte que le récit m'a paru froid et sans émotion alors que les auteurs voulaient clairement que je ressente des émotions ! En fait, il n'y a que les dernières pages que j'ai adorées et qui m'ont touché, mais une dizaine de pages sur 122 c'est peu. Le dessin est pas mal.
Le débat sur l’euthanasie n’est actuellement toujours pas clos. A ce jour, tout proche peut être poursuivi comme un criminel lorsqu’il provoque le décès d’un parent atteint d’une maladie incurable qui lui inflige des souffrances morales et physiques intolérables. Il est vrai qu’avec l’intensification des moyens médicaux modernes, les médecins pratiquent un véritable acharnement thérapeutique afin de maintenir en vie leur patient. L’Eglise a également pris une position assez ferme et non équivoque : c’est à Dieu de décider de votre sort. L’ensemble de ces éléments seront repris dans cette oeuvre avec la position non tranchée du médecin ou encore celle du prêtre reprenant les arguments du Vatican. On ne pourra que constater l’hypocrisie de la médecine qui ferme les yeux sur les actes des proches. On se dit que la loi très rigoureuse est vraiment inadaptée car elle ne suit pas l’évolution des mœurs et de notre époque. Le sujet bien que contemporain a été rarement abordé dans une bande dessinée. C’est une bonne chose d’autant que cela amène à une réflexion assez profonde. On sera sans doute confronté à ce problème un jour dans notre vie qui défile vite. Et puis, le traitement est assez fin pour ne pas sombrer dans le pathologique. A découvrir et à méditer !
La série présente une fin de vie terrestre. Un homme se sachant condamné va rejoindre un mouroir fait pour accompagner la fin de vie. A défaut de soulager le mort en sursis, le lieu aura souvent permis de protéger les futurs survivants. Dans ce lieu morbide, notre personnage va subir un quotidien en décalage avec la finitude des pensionnaires. Là réside surtout la force de ce récit : notre personnage ayant toutes ses capacités intellectuelles va voir de façon cynique et brutale toute l’inutilité de certaines précautions ou habitudes des intervenants de cet univers. Le simple fait de voir l’évolution des pensionnaires laisse un message fort au nouvel arrivant. Cet épisode sera le plus puissant de ma lecture. Ce qui se passe ensuite est un peu cousu de fil blanc, aussi bien dans le fil de l’évolution de la maladie et du nombre de tuyaux que dans la relation père fils et cette question de l’euthanasie si à la mode dans le débat social. Les personnages choisissent leur voie, à vrai dire j’ai l’impression dramatique que le choix se fait par accident ou défaut sans réellement penser les conséquences. Si l’opus se voulait partisan de l’euthanasie en tous cas c’est loupé pour l’argumentation. Graphiquement le trait sombre et agressif cadre avec cette écorchure perpétuelle du condamné refusant les voiles qui lui masqueraient la fin. Et pourtant j’aurais préféré une plus grande technicité des perspectives et des physionomies, par moment j’ai même l’impression que le dessin fait « amateur ». La colorisation en nuances de marron perpétue l’ambiance sourde et dramatique sans arriver à dégager les moments de grâce ou de désespoir soudain extrêmes. Au final, bof, le thème délicat se traite ici sous une forme de témoignage presque documentaire. Si l’écueil d’un propos trop facile est évité, l’opus ne fait pas plus que relater une expérience et n’entame pas la prise de conscience et l’envie de réfléchir du lecteur. Je me suis même senti voyeur sur la fin du récit, comme s’il s’agissait d’une émission de téléréalité devant laquelle je ne pouvais qu’être spectateur et non en tirer quoi que ce soit d’un point de vue spirituel ou social. Alors j’aime bien l’extrême cynisme du père, mais les autres personnages sont beaucoup trop fades. Dommage, l'emprunt peut s'envisager.
Eh bien, je ne suis pas sorti complètement indemne de cette BD et pour avoir déjà vécu de telles situations, j’ai trouvé le récit poignant, vrai, au ton très juste et une fin évidement attendue mais très émouvante. Sans sombrer dans la sinistrose mais au contraire avec beaucoup de simplicité et de talent, Sylvain Ricard nous rappelle que tôt ou tard nous jouons les deux rôles. Le dessin d’Isaac Wens renforce l’authenticité et la gravité du récit.
Le sujet de l'euthanasie est un thème tabou, sensible, un véritable enjeu éthique et politique dans notre société. A l'heure actuelle la question n'est toujours pas tranchée, et les cas médiatisés s'enchaînent, attisant les invectives des deux bords. En parler dans une bande dessinée est une idée qui va de soi, car le poids des mots, que ce soient ceux de la personne en phase terminale ou de ses proches, mais aussi les regards, les attitudes, les ambiances, pèsent autant dans la balance. Sylvain Ricard, s'il n'a pas vécu une telle situation, a pourtant choisi d'en parler. Mais sans forcément trancher, ou donner son opinion en la matière, puisqu'il convoque dans son récit les parties prenantes (ou qui se sentent concernées par la question), à savoir : le malade, ses proches, le corps médical et le clergé. Chacun avance ses arguments, qui ont leur propre logique interne, et même si, bien sûr, on passe beaucoup plus de temps avec Monsieur Vanadris et son fils, il faut saluer ce choix de laisser la parole à tout le monde. Lorsque le malade s'en va, on ne sait pas, finalement, si son fils a accédé à sa demande ou pas. Et finalement cela n'a pas d'importance. C'est à chacun de nous de savoir ce qu'il souhaiterait en de telles circonstances. Je l'ai dit en préambule, c'est un sujet fort, et le scénariste a placé des moments d'une grande émotion dans sa trame. Curieusement, celui qui m'a le plus touché, parlé, n'est pas celui où le père passe en compagnie de son fils sa dernière nuit. Mais plutôt celle où face à une crise de son père, le fils voit toute sa détresse, sa douleur et ses supplications dans son regard. Encore plus que dans son corps qui se meurt. Et c'est là qu'intervient Isaac Wens ; ils sont rares, les dessinateurs capables de faire passer ce genre d'émotions dans deux pupilles dessinées. Isaac Wens, dont je découvre presque le travail à cette occasion, est bouleversant d'efficacité. Peut-être parce qu'il a été confronté à une situation semblable, il a su interpréter, mais aussi infléchir le récit de son compère. Ro, dans son avis, souligne l'aspect lent, peut-être un chouïa ennuyeux de celui-ci ; je pense qu'au contraire c'est le meilleur tempo pour parler d'un sujet ayant trait à la souffrance, au deuil, à la dignité et à l'amour. Cela m'a permis de réfléchir sereinement, le temps d'une lecture, aussi prenante que fugace, à la question. Merci messieurs.
Le sujet abordé par cette bande dessinée est louable et sincère mais je trouve le résultat assez plat, presque ennuyeux. Il s'agit de suivre les derniers jours d'un père atteint d'un cancer, de son arrivée dans l'unité de soins palliatifs jusqu'au dernier moment, avec en permanence les visites et le soutien de son fils qui l'aime. Le sujet est dur mais il n'est pas abordé de manière trop sombre, tout en restant réaliste. Ayant perdu des membres de ma famille récemment dans des circonstances similaires, je n'ai pas appris grand chose à la lecture de cet album mais je n'ai pas non plus été particulièrement touché. Le dessin est correct sans être attirant. Le récit est réaliste mais du coup se révèle sans autre intérêt que de mettre en image un parcours que des milliers de malades et leurs familles ont déjà suivi. Il ne ressort rien de particulier ou de vraiment fort de cette intrigue qui apparaît juste comme un témoignage de plus parmi tant d'autres. Et même si le sujet de l'euthanasie est abordé en fin de récit, par le biais de quelques dialogues abordant l'angle de la foi d'une part et de la simple société humaine d'autre part, il ne reste que survolé à mes yeux. La sincérité du récit et la forme de témoignage réaliste qu'il affiche m'interdisent de donner une moins bonne note à cet ouvrage, mais je ne pense pas en garder un souvenir bien marquant...
« La mort dans l'âme » aborde le thème sensible de l’euthanasie, sur fond de maladie terminale et de relations père-fils tendues. L’ensemble n’est pas aussi noir qu’on pourrait le croire, les remarques sarcastiques du papa aigri ajoutant des touches d’humour bienvenues à une histoire par ailleurs sérieuse et difficile. La première moitié de l’album ne m’a que moyennement enthousiasmé. Je trouvais le rythme un peu lent, le propos un peu vide, et le fils insupportable. Et puis la 2ème moitié m’a énormément plu. Les relations père-fils deviennent plus intéressantes, et leurs conversations permettent une réflexion intelligente sur la place de l’euthanasie dans notre société, mais aussi face à la religion (le papa étant croyant). Le final est très beau, et ne verse pas dans le larmoyant ou le sensationnel. Un bel album, assez dur, à découvrir si vous appréciez les « romans graphiques » sur des thèmes un peu noirs.
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