Noé (Le Lombard) (Noah)
L'histoire vraie de Noé. Ou pas.
Anges Image Comics Institut Saint-Luc, Liège Proche et Moyen-Orient Spiritualité et religion
C'était un monde sans espoir, un monde sans pluie et sans récoltes, dominé par des chefs de guerre et leurs hordes barbares. Dans ce monde cruel, Noé était un homme de bien. Combattant aguerri, mais aussi mage et guérisseur, il ne voulait que la paix pour lui et sa famille. Pourtant, chaque nuit, Noé était assailli par les visions d'un déluge sans fin, symbole de la destruction de toute vie. Peu à peu, il commença à comprendre le message que lui envoyait le Créateur. Ce dernier avait décidé de punir les hommes et de les exterminer jusqu'au dernier. Mais il donnait à Noé une dernière chance de préserver la vie sur Terre...
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Date de parution | 07 Octobre 2011 |
Statut histoire | Série terminée 4 tomes parus |
Les avis
J'ai lu l'intégrale où je croyais m'ennuyer grave, pensant que ça me rappellerait mes vieux cours de catéchisme quand j'avais dix ans, et puis en fait pas tant que ça, c'est un récit certes intense et épique qui se veut une relecture de la Bible en "version athée" je dirais, c'est à dire qu'elle est traitée dans une forme très proche de la fantasy en s'écartant ouvertement de la grande histoire biblique classique, comme le film sorti en 2014 que j'avais vu et qui ne m'avait pas emballé des masses par son aspect trop forcé sur le métaphysique et le contemplatif, j'avais surtout admiré le visuel spectaculaire avec plus de 14000 animaux recrées en 3D qui en plus étaient assez éloignés des espèces qu'on connait de nos jours. J'avais donc aussi à cause de cette expérience une petite appréhension. Finalement, le récit se lit relativement vite on va dire, il y a pas mal de passages muets ou avec peu de dialogues, et surtout le dessin aide à tenir. Ce dessin, ouah quelle force ! quellle puissance dans le trait chargé et rugueux, c'est tout simplement somptueux, je ne connais pas ce dessinateur mais il a un énorme talent par sa puissance évocatrice. Aronofsky s'empare donc de ce mythe dont les origines remontent très loin, on le retrouve même dans l'épopée de Gilgamesh, dans la Bible des Juifs, dans l'Ancien Testament des Chrétiens, dans la tradition bouddhiste ou dans les légendes scandinaves, c'est donc un mythe commun à plusieurs religions. Mais Aronofsky en fait un conte touffu où la tradition rejoint le fantastique et le mystique ; sans trop toucher au mythe, il en fait carrément une fable fantastique pleine de bruit et de fureur avec des ajouts qui ne figurent pas nécessairement dans les textes sacrés, notamment les géants aux bras multiples, ou les intrigues interfamiliales, tout ceci est restitué dans une ambiance de fantasy, c'est pourquoi je m'étonne grandement de voir cette Bd classée en aventure, je la verrais plus en fantasy ou à la rigueur en roman graphique, car pour moi c'en est un. Le dessin de Niko Henrichon rend d'ailleurs parfaitement cette impression de souffle enflammé et toute la dimension d'affrontement entre le bien et le mal, on a droit à des scènes titanesques dignes des grandes Bd de fantasy comme celles de Jean-Claude Gal qu'on voit dans Epopées fantastiques (Arn, Les armées du conquérant).
Je viens de lire l'intégrale. Au début c'est très agaçant: le genre Mel Gibson vous raconte la bible, avec des chœurs en arrière plan, des foules innombrables et subjuguées, la silhouette du héros à contre jour le bras en l'air, les cheveux au vent et les yeux mouillés... le film à gros budget, qui promet un retour sur investissement nickel. Mais j'ai fini par me laisser prendre au jeu, la BD n'a pas l'arrogance du cinéma. On s'imagine le dessinateur sincère devant sa table à dessin et c'est moins pesant que d'entrevoir la fumée du cigare du producteur derrière le chef op. Les rapports entre Noé et la société humaine antédiluvienne sont tout-à-fait manichéens, mais c'est de bonne guerre, et j'avoue que la proposition justifie assez bien le choix de Dieu en l’occurrence! Une bande de guerriers assassins dont on ne voit pas bien qui garder face à un Noé pacifique, guérisseur et qui fait des rêves étranges où l'eau engloutit tout. C'est en quelque sorte en cherchant une logique à ses rêves récurrents qu'il se met en devoir de construire son arche. Effectivement les anges déchus qu'il rencontre au pied du mont Ararat sont assez loin de l'image que j'en avais, et assez réussis dans leur genre. Je ne conseille pas l'achat, parce que je crains qu'une seule lecture suffise à recueillir tout le sel contenu dans ce déluge....
C’est une véritable relecture de la bible et plus précisément d’une nouvelle version du déluge dont il s’agit là. Il faut dire que le titre ne laissait planer aucun doute. Pour autant, le décor a de quoi troubler car on dirait Mad Max avec Noé dans le rôle du guerrier. Du coup, j’ai plutôt apprécié ma lecture qui réserve quelques surprises comme l’aspect des anges déchus avec leurs quatre bras. On se croirait presque dans un univers proche de l’héroïc fantasy version Conan le Barbare où l’on peut croiser des monstres. Le mélange est pour une fois plutôt réussi car cela attire l’attention d’autant que le graphisme m’a paru tout à fait correct. Cependant, j’ai regretté une lecture assez rapide car beaucoup de scènes semblent être contemplatives. Cette œuvre sera proposée en 4 volumes. Du coup, j’aurais bien imaginé un gros one-shot. Cet étirement de l’histoire qu’on connait tous déjà me paraît artificiel. On sait qu’il doit construire son arche et y emmener les animaux pour échapper au déluge. Bref, on se demande ce qui pourrait apporter plus de suspense et d’intrigue à ce récit biblique archiconnu. Si le cadre a fini par nous surprendre, il en faudra beaucoup plus pour les tomes à venir. Gageons que la créativité sera au rendez-vous ! L’absence de celle-ci serait d’ailleurs un comble. Le second tome va plutôt se concentrer sur la décision de Noé de sauver ou pas sa famille. Sa mission est avant tout de sauver le maximum d'espèce animale au détriment de l'homme qui est mauvais par nature. Le fait que certains membres n'ont pas de compagne pose également problème. Oui, la question qui se pose est est-ce que l'humanité a vocation à être sauvé ? Au-delà de ces considérations bibliques, cette aventure sera un peu moins fantastique avec toujours de magnifiques planches. Le départ approche. Le déluge aussi.
Depuis The Fountain (comic et film), on connaît la propension de Darren Aronofsky à raconter des histoires de dimensions bibliques, des récits ambitieux qui ne rencontrent pas forcément leur public. Ici il revient en quelque sorte aux sources, puisqu'il s'attaque, avec son complice Ari Handel, au mythe de Noé, celui-là même qui sauva l'humanité et les animaux de l'extinction au cours du Déluge que le Créateur déversa sur les Hommes pour les punir de leur vanité. Je ne connais pas les Saintes Ecritures, et je ne saurais dire à quel point cette adaptation s'en écarte (pour peu qu'il y ait UNE histoire d'origine). En tous les cas la façon dont les deux co-scénaristes s'approprient le mythe est vraiment intéressante. Noé est une sorte d'ermite, un peu à la Thorgal, un homme à la fois pieux, courageux et meilleur avec les animaux qu'avec les hommes. C'est aussi une sorte de mage, craint par ses congénères. Guidé par la parole du Créateur (le mot de Dieu n'est jamais écrit ni dit), il pressent qu'une catastrophe va déferler sur le monde, puisque ses congénères ont oublié toute mesure, tuant la terre qui les héberge à petit feu. Il va se retrouver aux prises avec les anges déchus, devenus des êtres presque monstrueux que les Hommes ont commencé à traiter comme des esclaves, et qui eux-mêmes ont perdu le contact avec leur créateur. L'approche d'Aronofsky et Handel est assez intéressante, car ils mettent autour de Noé plusieurs personnages qui pour l'heure sont un peu effacés, mais on se doute par exemple que la petite fille que lui et sa famille sauvent de la barbarie des hommes d'Akkad (le monarque qui règne sur Bab-Ilim et qui réfute les prophéties de Noé) va avoir un rôle crucial. Curieusement j'ai trouvé des ressemblances avec l'oeuvre de Christophe Bec dans cette histoire. Lui aussi s'est intéressé aux mythes fondateurs, comme celui de Prométhée dans la série du même nom. Mais il a transposé le mythe dans notre époque, histoire d'obtenir peut-être un écho plus favorable en étant plus actuel. C'est Niko Henrichon qui a pris en charge la destinée graphique de ce Noé. Le trait puissant du Québécois fait une nouvelle fois bonne impression, même si pour le coup je trouve son trait plus européen que nord-américain. J'adore par exemple sa représentation de Babel, avec la tour obscène qu'elle ceint, et qui est un défi aux dieux. Ses ambiances et sa mise en scène sont aussi très réussis, je pense par exemple aux séquences oniriques où Noé perçoit le futur apocalyptique qui l'attend. Pour l'heure je ne suis pas plus enthousiaste que cela car le récit n'est pas extrêmement prenant, mais je lirai la suite avec intérêt et curiosité.
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