Triangle rose
Dessinateur de publicité et professeur de dessin, Andreas est homosexuel. Pas une 'grande folle' travestie mais un homosexuel discret, joyeux et romantique, dans le Berlin des années 30.
1930 - 1938 : De la Grande Dépression aux prémisces de la Seconde Guerre Mondiale Allemagne Berlin Gays et lesbiennes Nazisme et Seconde Guerre Mondiale, vus par les Allemands Quadrants Racisme, fascisme
Dessinateur de publicité et professeur de dessin, Andreas est homosexuel. Pas une 'grande folle' travestie mais un homosexuel discret, joyeux et romantique, dans le Berlin des années 30. Mais la peste brune envahit peu à peu les rues, la cité, les institutions. Des lois sont promulguées. Andreas fait l'expérience de la violence, physique ou morale. On l'envoie en prison du fait de sa préférence sexuelle, puis dans un camp de concentration. Malgré le refoulement nécessaire, en état de survie durant de si longues années, Andreas n'oubliera jamais qu'il fut l'un des leurs. Devant les interrogations de son petit-fils, Andreas aurait l'occasion de se livrer enfin...
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Date de parution | 29 Septembre 2011 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
J’avais entendu que les homosexuels allemands avaient été également persécutés par les nazis. Il faut dire que les adeptes d’Hitler ne juraient que par la pureté de la race aryenne. Le mariage gay et l’adoption d’enfant avec deux papas n’existaient pas. Autre époque, autre mœurs ? Depuis l’Antiquité (et certainement la Préhistoire), cette pratique a toujours existé tout comme la prostitution d’ailleurs. C’est un sujet très sensible dans une époque où la souffrance des gens peut être exploitée à des fins politiques par une minorité ou un état étranger. Je pense qu’il est nécessaire de rappeler que les persécutions ont concerné également d’autres catégories de personnes. Il est clair que c’est totalement condamnable. On ne devrait pas avoir à souffrir du seul fait qu’on est juif ou homosexuel ou tzigane. Il n’y a pas de monopole à la souffrance que cela soit étoile jaune ou triangle rose. Cette bd est très bien réalisée. Elle nous dit l’essentiel sur le sujet à savoir la féroce répression des indésirables. Il est regrettable que ce grand-père ne soit pas plus compréhensif vis-à-vis de la nouvelle génération. Je n’ai pas vraiment aimé la fin de cet ouvrage, je n’ai pas apprécié sa réaction malgré toute la souffrance vécue et les rancoeurs. Il est vrai qu’il a commencé sa vie de jeune garçon dans l’insouciance du Berlin des années 20 avant de tomber dans l’horreur à partir de 1933. Encore une fois, je peux comprendre ce malaise. Il est consternant de s’apercevoir qu’à la Libération, les choses n’avaient pas évolué pour ce qui était considéré comme un délit à réprimer. L’absence d’indemnisation est également choquante. La moitié des 15000 déportés sont morts. Les survivants ont vécu une douloureuse épreuve en n’obtenant pas le titre de déporté car c’était considéré comme normal à cause du fameux paragraphe 175 du code pénal allemand datant de l’époque bismarkienne. En Allemagne de l’Ouest, la légalité de la répression de l'homosexualité par le régime nazi est confirmée par la Cour fédérale constitutionnelle en 1957. Bref, que de chemin parcouru depuis. En conclusion, une bd prenante, fort bien documenté et malheureusement fort réaliste. Cette oeuvre s’appuie sur un dessin précis et soigné. Cela vaut le détour d’un point de vue historique, c’est certain. Personnellement, j’ai toujours eu en horreur les gens qui nient l’existence d’un génocide ou de ce type d’exaction concernant une minorité. Le devoir de commémoration face à l’Histoire s’impose dans certains cas.
Une bonne partie de la population l'oublie, mais les Juifs n'ont pas été les seules victimes de la répression nazie. Il y eut aussi les Communistes, les Tsiganes, les handicapés, et... les homosexuels. Les livres d'Histoire ont peu à peu rétabli cette vérité, après que la répression de l'homosexualité ait cessé définitivement (en 1982 en France, en 1988 en RDA...). Mais cela reste un tabou, la portion homosexuelle étant toujours mise à la marge (et alors que la question du "mariage pour tous" enflamme les débats -si toutefois débats il y a). Cette BD se propose donc de revenir sur le sujet, et ma foi, j'ai trouvé que c'était plutôt bien fait. le scénariste, Michel Dufranne, évite les scènes spectaculaires, nous proposant de suivre l'évolution de l'histoire du point de vue d'un "bon Allemand", qui a le seul tort d'aimer les hommes... Si j'étais au courant (par le biais, donc, de mes livres d'Histoire) de cette répression, j'étais loin de savoir comment, concrètement, cela pouvait se passer dans les camps de concentration... Et bien sûr je suis révolté. Lorsque j'ai terminé l'album, c'est un immense sentiment de tristesse qui m'a envahi. Par contre je n'ai pas compris l'épilogue... Certes, les trois adolescents qui viennent voir ce vieillard pour qu'il leur raconte sa déportation sont loin d'être des lumières, mais pourquoi a-t-il cette réaction aussi violente envers eux ? Ou alors c'est parce que son arrière-petit-fils ne comprenait pas pourquoi, initialement, il se retrouvait dans les camps alors qu'il était allemand ? J'avoue que ce n'est pas clair. d'ailleurs toute la partie contemporaine m'a semblé assez bancale. Ce qui m'empêche, d'ailleurs, de donner une meilleure note à l'album. Sans cette partie, qui n'a pas vraiment d'intérêt (à part de nous montrer qu'on n'apprend décidément rien à l'école...), il y aurait un joli 4/5 au-dessus de mon avis. Le dessin de Maza est de bonne facture, classique, mais... trop sage, trop propre. Certes, on est essentiellement dans un milieu petit-bourgeois, propret, mais lorsque les choses dérapent, cela reste trop lisse à mon goût, ce qui est dommage...
Cet album n’est pas sans rappeler En Italie, il n'y a que de vrais hommes. On y traite du même sujet, à savoir la violence et la discrimination à l’encontre des homosexuels dans un pays fasciste. Le procédé narratif est également le même : un ancien raconte son calvaire à la jeune génération. Triangle rose, sous ses airs pédagogiques, est très plaisant à lire. Les dessins sont d’excellente qualité même si certains personnages sont difficiles à différencier. Le travail sur la couleur est intéressant et renforce l’ambiance berlinoise des années trente. Le récit est bien maîtrisé et documenté. On suit avec beaucoup d’émotion la répression progressive et systématique contre les homosexuels allemands. Voilà un joli travail de mémoire à la fois sérieux, didactique et agréable à feuilleter.
Triangle Rose, c'est encore un récit sur les années 30 en Allemagne, la montée du nazisme, de l'intolérance puis des camps de concentration. Je dis encore car c'est un sujet que j'ai tellement vu et lu que j'en sature littéralement. Et pourtant celui-ci est particulièrement édifiant et instructif. Dans cette bande dessinée, vous apprendrez que ce sont des allemands qui ont été les premiers déportés en camps de concentration, longtemps avant la seconde guerre mondiale elle-même. Vous apprendrez aussi qu'après d'interminables années d'enfer, alors même que la guerre était terminée, ces mêmes allemands ont continué à endurer une cruelle injustice et un châtiment permanent alors même que les peuples se réconciliaient sans eux. Ces allemands, le titre de l'ouvrage l'indique évidemment, sont les homosexuels, visiblement encore plus haïs par les nazis et même par le peuple après-guerre que les autres déportés juifs, communistes ou tziganes. Faut-il voir en cet ouvrage une course à qui aura le plus souffert durant la guerre ? Non, sûrement pas. Mais par contre informer sur une intolérable et injuste réalité historique si peu inculquée que ce soit à l'école ou ailleurs, ça oui. Contrairement à ce que l'on peut imaginer, le sujet des camps de concentration en lui-même y est brièvement abordé. Les auteurs se focalisent surtout sur la situation de ces jeunes allemands avant-guerre, sur l'état d'esprit inquiet mais ironiquement confiant des homosexuels pressentant le danger sans avoir la volonté de le fuir. Puis ensuite sur le cynisme et la cruauté renouvelée de la situation des rares survivants après guerre. Un peu lent à se mettre en place, le récit se révèle tout de même très intéressant et particulièrement édifiant. Graphiquement, l'ensemble est bien foutu. Je reprocherai cependant des protagonistes qu'on confond assez facilement. Leurs traits de visage sont certes différents mais leurs morphologies sont identiques ce qui les rend peu différenciables. Anatomiquement parlant, leurs mains sont également souvent trop petites. J'ai été aussi surpris par la fin dure et un peu inattendue, le comportement du vieil homme envers des jeunes à qui justement il aurait pu transmettre ses informations. Cette fin, évidemment voulue par les auteurs, indique clairement combien tout ce qu'il a vécu lui a fait perdre confiance en la société humaine. Cela ajoute au réalisme du récit et à l'intérêt de son témoignage.
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